dimanche 31 janvier 2010

Tiens, il y a des racistes partout ? Ben oui...

Aujourd'hui, mon camarade Manuel, prenant appui sur les expériences personnelles de sa conjointe, s'est lancé dans un récit concernant le racisme dont les Asiatiques sont victimes en banlieue de la part de personnes issues d'autres communautés immigrés, principalement d'origine africaine.

Ces faits sont peu médiatisés, nos organes de presse ne s'intéressant que peu à ce qui se passe dans nos quartiers au niveau du racisme. On pourrait avoir l'impression que le phénomène se limite aux blancs issus des milieux réactionnaires, souvent friqués, de notre beau pays.

Cependant, j'ai pu constater, depuis que je bosse, que les gamins des milieux populaires peuvent exprimer aussi des formes de réactions de rejet à l'égard de certains groupes. Je parle bien des gamins de milieux populaires, et pas seulement des gamins d'origine immigrée, car les schémas se ressemblent très souvent.

Il y a d'abord un rejet profond de l'homosexualité, toujours exprimé de manière assez vigoureuse, "PD" restant une insulte très commune entre les jeunes des cités, quelle que soit leur origine. L'homosexualité reste vu comme une maladie ou un vice. Il y a ensuite, à l'évidence, des conflits de communauté entre tous les groupes. Manuel évoque le racisme des Africains envers les Asiatiques, mais l'inverse existe aussi : j'ai déjà entendu des élèves asiatiques expliquer que leurs camarades maghrébins étaient particulièrement fainéants. On ne parle pas non plus d'une certaine xénophobie dans les communautés arrivées récemment d'Europe de l'Est, mais elle s'exprime malgré tout. Quant au pauvre d'origine vieille France habitant les cités, le Maghrébin reste son adversaire principal.

Ensuite, ces jeunes expriment souvent un rejet du blanc bourgeois habitant l'Ouest parisien, mais est-ce une phobie de classe ou de race ? C'est très souvent nébuleux... Enfin, les juifs sont des victimes régulières dans nos coins, le discours des islamistes ayant souvent porté et les vieux réflexes subsistant chez les autres. Nos racistes partagent donc la haine du juif, même s'ils se détestent par ailleurs.

Ainsi, donc, il y a des racistes chez les jeunes de banlieue, comme partout ailleurs, et je ne vois pas pourquoi cette population parviendrait à faire sans. Cependant, il faudrait ajouter que ces gamins restent une minorité réduite, comme ailleurs, et ce malgré un contexte économique et sociale bien plus défavorable. Quelques jeunes ont tendance à s'exprimer et à étaler leur connerie à la surface du monde dès qu'ils le peuvent. On en croise un ou deux par an dans nos lycées, en fonction du nombre de classe que l'on suit. Cependant, je parle de ceux qui s'expriment publiquement, et je ne peux savoir ce qui traîne dans la tête des autres, et dans quelle proportion... C'est un peu comme sur internet, où quelques racialistes, racistes et xénophobes prennent la peine de tenir des blogs...

Tiens, d'ailleurs, le MRAP vient de publier un rapport sur le racisme et la xénophobie sur internet, traitant de tous les types de racisme et abordant toutes les discriminations. Immédiatement, toute la réacosphère s'est mise à hurler. J'ai trouvé cette réaction démesurée, sauf à se complaire dans la position de victime très habituelle chez nos petits camarades, se sentant toujours oppressés par le diktat des médias bienpensants. Didier Goux se retrouve classé dans la catégorie "Droite extrême". Il n'a pas réagi, et cela m'étonne de lui. Je m'attendais à le voir s'adresser à la HALDE pour se plaindre de discrimination...

samedi 30 janvier 2010

Manifestation du 30 janvier 2010 : le syndicalisme enseignant à l'agonie.

Depuis quelques jours, tu auras remarqué, cher lecteur, que je suis resté silencieux. D'abord parce que les thèmes d'actualité ne me convenaient pas, parce que je me traînais une charrette (qui n'est d'ailleurs pas arrivé), mais surtout parce que je me sens de plus en plus déprimé par le contexte de l'éducation.

Il y a quelques mois, cher lecteur, je t'informais de l'ambiance difficile dans les salles des profs. Loin de s'améliorer, la situation n'a cessé de se dégrader. Le gouvernement est en train d'étendre aux lycées les recettes qui ont fait tant de mal en collège et dans le primaire. En parallèle, il finit d'achever la formation des maîtres, et met en place un stage scandaleux pour les futurs enseignants.

Quelles réactions dans la profession ? Depuis le début de l'année, les syndicats majoritaires ont tenté de mobiliser à trois reprises. La première tentative du 24 novembre avait été un semi-échec. Le 21 janvier avait mobilisé davantage mais était apparu dans les médias comme un véritable échec. Dans mon propre lycée dit difficile, les collègues sont restés l'arme au pied, sous divers prétextes que je ne décrirais pas ici, de peur de perdre mon self-control et de jeter mon ordinateur par la fenêtre.

Or, aujourd'hui, cinq syndicats assez divers se lançaient dans une manifestation nationale à Paris. Parmi eux, le SNES (syndicat majoritaire), SUD, la CGT et le SNALC (syndicat enseignant très corporatiste et marqué à droite). Normalement, les manifestations nationales mobilisent beaucoup. Elles évitent de perdre une journée de salaire, sont visibles médiatiquement et autorisent les enseignants de toute la France à se retrouver, avec des parents et des élèves (la FCPE, la FIDL et l'UNL appelaient aussi).

Cette journée restera pour moi comme un échec grave pour l'ensemble du syndicalisme enseignant. Même lorsqu'il n'y a pas de journée de salaire à perdre, les profs ne répondent plus à l'appel. D'après la FSU, 10 000 personnes ont défilé, ce qui correspond à une manifestation normale, un jour de grève en région parisienne uniquement. Cette journée illustre la faillite des méthodes de lutte inventées par les syndicats suite à l'échec de la grève de 2003. En comparaison, le 15 mai 2008, la FSU mettait 300 000 personnes dans la rue et 67% de la profession en grève.

Cette situation va bien sûr pouvoir bénéficier au gouvernement qui fera passer toutes les réformes qu'il souhaite. D'ailleurs, je rigole nerveusement en pensant aux déclarations de Sarkozy de 2008 sur la dangerosité de la FSU : cette centrale n'a plus gagné un seul combat depuis 2003, à l'exception du report de la réforme du lycée l'an dernier, grâce au soutien massif des lycéens.

D'autres vont se satisfaire de cette faillite du syndicalisme enseignant, dernier bastion de résistance gauchiste dans cette forteresse marxiste que serait l'Éducation nationale (là aussi, je rigole vraiment).

Pour moi, cette défaite marque la fin programmée de ma vision de l'école, et le triomphe des idées que j'abhorre. Ma déception est d'autant plus forte que les partis de gauche sont totalement absents de cette contestation, ne semblant plus considérer que l'éducation soit un terrain intéressant pour la politique. Plus que jamais, le PS suit les mouvements de droite, et c'est vraiment regrettable. Seul Mélenchon s'est montré dans le cortège, comme le 21 janvier d'ailleurs.

Évidemment, on peut toujours rester optimiste et espérer que le vent tourne. Les mouvements sociaux peuvent parfois être très surprenants.

Cette situation nous confirmera au moins dans quelque chose : sans relais politique, un syndicat ne peut que difficilement lutter, car les salariés n'ont aucun espoir, même s'ils rencontrent parfois des victoires ponctuelles dans leurs entreprises ou leurs services publics, de voir leurs conditions de vie s'améliorer. On aimerait que les leaders de gauche sortent de leur médiocre suivisme idéologique de la droite et se mettent vraiment au travail, en reprenant leurs fondamentaux et en les faisant évoluer.

Pour la première fois, j'ai entendu des collègues déconseiller à leurs élèves de chercher à devenir enseignant plus tard. Cela m'a fait mal, vraiment mal. J'espère que je n'en arriverai jamais là, et que j'aurai alors la force de changer de métier.

mardi 26 janvier 2010

Quelle cohérence de Sarkozy sur la titularisation des précaires de la fonction publique ?

On va encore m'accuser d'être un antisarkozyste primaire, mais j'ai vraiment du mal à suivre.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président de la République a soutenu une politique visant à supprimer des postes de fonctionnaires pour réduire les dépenses publiques. L'effet est minime car le président s'est évertué à dézinguer le budget par ailleurs, mais passons, ce n'est pas le sujet.

Depuis, comme le travail existe, la fonction publique embauche des vacataires, soit des CDD qui ont l'avantage d'avoir un statut encore moins avantageux et qui sont mal payés et non-formés. Dans l'Éducation nationale, nous en voyons passer de plus en plus, des profs qui n'en sont pas, qui n'y arrivent pas et qui n'ont aucune formation. Merci pour les élèves et pour ces personnels eux-mêmes.

Or, voilà que le président vient d'annoncer hier soir, parmi un éventail très restreint de propositions, que ces vacataires allaient obtenir une titularisation. En clair, on va donc recréer des postes de fonctionnaires, si je comprends bien, en embauchant des gens souvent mal qualifiés, alors qu'on aurait pu les embaucher par la voie des concours sans condamner des vacataires à une vie infernale.

Quelqu'un pourrait m'expliquer le sens de tout ça ? Des fois, on essaie de le comprendre, Sarkozy, de saisir ses fondements idéologiques. Mais franchement, la...

Précision du PS sur les retraites.

Tiens, il semblerait que Martine Aubry lise ce blog.

lundi 25 janvier 2010

La stratégie du PS sur les retraites, déjà un échec !

J'ai la chance, cher lecteur, d'avoir dans la salle des profs de mon lycée dit difficile des militants du PS. Remonté, je me suis présenté à eux en leur demandant poliment à quoi correspondait la déclaration de Martine Aubry sur le recul de l'âge de départ à la retraite. Cela a donné cela : « putain, c'est quoi ce bordel ??? Vous servez la soupe à Sarkozy, c'est n'importe quoi ! »

L'un d'entre eux, un peu haut placé dans le PS, m'a expliqué la stratégie de Solferino (car il y a une stratégie !), et je voudrais la partager avec toi.

Pour Martine, la gauche ne peut pas laisser passer une nouvelle réforme des retraites sans gagner quelque chose. Il s'agit d'abord de réaffirmer la logique de la répartition (ce que Sarkozy a dit aussi ce soir) et surtout d'obliger la droite à ne pas ignorer certains sujets, comme la politique fiscale du gouvernement, la question de la pénibilité (que le MEDEF s'évertue à bloquer) et la question du chômage de longue durée chez les vieux.

Face à cette analyse, je n'ai pu m'empêcher de demander au camarade comment il expliquait alors cette déclaration, vu la liste importante de préalable. Rien de plus simple : « les journalistes n'ont retenu que cette phrase. » Mais alors, pourquoi l'a-t-elle prononcée ? « Pour montrer que le PS est prêt à discuter éventuellement de sujets difficiles si on pose les bonnes questions. »

Comme cela, cette stratégie est très jolie, mais le problème, c'est qu'elle est déjà caduque. La droite a déjà imprimé dans la tête des Français que l'allongement de la durée du travail fait consensus là-haut (alors que nos concitoyens sont contre) et il est sûr que les sujets qui tiennent à cœur au PS n'avanceront pas plus qu'avant. Cette déclaration a aussi permis à la CFDT de faire de nouvelles propositions dans la droite ligne du « toujours moins pour les salariés ». Les autres syndicats sont d'ores et déjà braqués, et l'extrême-gauche se frotte les mains.

J'aimerais bien savoir comment Martine va se sortir de l'ornière. En tout cas, une nouvelle fois, c'est l'ancrage à gauche du PS qui est discuté, et le débat sur les retraites démarre n'importe comment. Espérons que nous parvenions à sortir des petites phrases et des caricatures pour avoir un vrai débat démocratique sur ce sujet.

dimanche 24 janvier 2010

Appel au No Sarkozy Day - 27 mars 2010.

Je reste toujours très modéré sur cette initiative qui n'aura que peu d'impact, à mon avis, et qui doit s'accompagner de bien d'autres actions. Cependant, j'ai signé ce texte que je trouve cohérent.

No Sarkozy Day

- Appel au peuple -



NO_SARKO_DAY-rimbus.jpg Inconséquence politique, échec économique, casse sociale, rupture du pacte républicain, atteinte à l'égalité des chances, politique de la peur, stratégie de la division, lois liberticides, pratiques autocratiques du pouvoir, favoritisme, népotisme, manipulations médiatiques, ingérences judiciaires, collusion avec le monde des affaires et les forces de l'argent…

Nous avons tous nos raisons pour nous opposer à Sarkozy et à son clan, pour résister au sarkozysme. Mais ce président sans envergure, effrayé par le peuple, prend grand soin de le tenir à l'écart, muselant au besoin sa parole derrière des cordons de CRS.

Alors, ENSEMBLE, nous élèverons la voix plus haut, nous nous ferons entendre plus fort, unis dans la défense des valeurs de notre République :

Liberté - Egalité - Fraternité – Laïcité – Démocratie




Nous, simples citoyens, vigilants et inquiets, en conscience et indépendamment de tout parti ou syndicat, appelons toutes celles et tous ceux qui ressentent l'envie, le besoin de dire NON ! à Nicolas Sarkozy, à se rassembler pour un No Sarkozy Day.

Le 27 mars 2010 : une journée pour lui dire NON !



Des rassemblements seront organisés partout en France, à partir de 14 Heures devant les préfectures et les sous- préfectures, à Paris place de la Bastille, et dans le monde entier devant les ambassades de France.

A l'issue de cette journée de mobilisation, se tiendront partout des réunions ouvertes, où nous pourrons ensemble, démocratiquement, décider de la suite à donner à ce mouvement de contestation populaire du sarkozysme, contestation que nous espérons aussi large que possible.

*****

Nous appelons l'ensemble des blogueurs à diffuser cet appel sur leurs blogs et à nous en informer via un message adressé à blogs@no-sarkozy-day.fr

Nous appelons l'ensemble des citoyens à signer et faire signer cet appel (signatures).

Nous sommes cinquante blogueurs et plus à diffuser simultanément, ce dimanche 24 janvier 2010, l'appel pour un No Sarkozy Day.

Blogueurs Signataires :

Aliciabx - http://aliciabx.blogspot.com/
André Orphal - http://jusqu-alacensure.over-blog.com/
Antennerelais - http://antennerelais.canalblog.com/
Antidote Démocratique Antisarkozy - http://rpubliquejetaime.typepad.fr/
Antoine - http://just4kiss.blogspot.com/
Arnaud Mouillard - http://hern.over-blog.com
B.Mode - http://ruminances.unblog.fr/
Benjamin Ball - http://blog-zero-un.over-blog.fr/
Bloguerilla - http://bloguerilla.org
Carrefour Anticapitaliste - http://kropotkine.jimdo.com/
CC - http://www.bahbycc.com/
Clarky - http://ruminances.unblog.fr/
Conseil national de la Résistance en Midi Pyrénées - http://cnr-midipyrenees.blogspot.com/
Cpolitic - http://www.cpolitic.com/cblog/
Dan29000 - http://danactu-resistance.over-blog.com/
David Noël - http://www.lheninois.com
Dedalus - http://sarkononmerci.fr
Des pas perdus - http://www.despasperdus.com
Dessins d'AMAD - http://riposte.gauchepopulaire.fr/
Dominik Vallet - http://dominikvallet.over-blog.com/
Enriqueta - http://enriqueta.over-blog.com
Eric Citoyen - http://monmulhouse.canalblog.com/
Gauchedecombat - http://gauchedecombat.wordpress.com/
Gilles Pommateau - http://gillespommateau.over-blog.com
Gwendal - http://gwedenis.blogspot.com/
Hypos - http://www.hyposblog.info
Ijahsista - http://une-autre-vision-du-monde.over-blog.fr
Jean-François Vionnet - http://lespenseesdunvieuxcon.blogspot.com
JeandelaXr - http://jeandelaxr-lejouretlanuit.blogspot.com/
Juan - http://sarkofrance.blogspot.com/
Le Canard de Mulhouse - http://canard68.20minutes-blogs.fr/
Le Coucou - http://unclavesien.blogspot.com
Le journal de Geed - http://lejournaldegeed.wordpress.com/
LePetitSauvage - http://on-nous-prend-pour-des-cons.fr
Lost in Chartres - http://lostinchartres.wordpress.com
Louis Lepioufle - http://powolicu.wordpress.com/
Marie - http://engagee.fr/
Martin P. - http://sauce.over-blog.org/
Mathieu L. - http://lespriviliegiesparlent.blogspot.com
Maximilien - http://maximilienrobespierre.blogspot.com/
Monsieur Poireau - http://monsieurpoireau.blogspot.com
Mtislav - http://mtislav.blogspot.com
Nicolas J. - http://jegpol.blogspot.com/
Philippe Marx - http://www.philippemarx.net/
Raphaël Rezvanpour - http://revoltecitoyenne.wordpress.com/
Rebus - http://sarkobasta.blogspot.com
Rimbus - http://rimbusblog.blogspot.com
Rodolphe Lediazec - http://ruminances.unblog.fr/
Samuelle - http://souvenirsdufutur.blogs.courrierinternational.com/
Seug8520 - http://www.lisoloir.com
Skal - http://www.lespenseesdeskal.fr
Slovar les Nouvelles - http://slovar.blogspot.com
Trublyonne - http://trublyonnevoitlavieenrouge.blogspot.com/
Yann Savidan - http://www.yann-savidan.com/


Profils Myspace et autres :
Axel - http://www.myspace.com/libertik
Camille BB - http://www.myspace.com/459439819
Felocydz - http://www.myspace.com/felocydz
Jacinte G. - http://myspace.com/asfodelle
Julie - http://www.myspace.com/170102103

Karyn - http://www.myspace.com/uztaila
Lea -
http://www.myspace.com/reallioness2
Leslie -
http://www.myspace.com/leslie381
Mimosa67 -
http://mimosa67.spaces.live.com/
Navarrete Pierrot -
http://www.myspace.com/mecclass
Paulo Barrosa -
http://www.myspace.com/paulobarrosa
Zone Nono -
http://www.myspace.com/zonenono

Votre Signature


NO_SARKO_DAY-SaT.jpg

jeudi 21 janvier 2010

Que proposeriez-vous si la démocratie directe existait en France ?

Voici donc la seconde chaîne du jour, postée par LOmiG aujourd'hui, qui s'est adressé à Nicolas, mais aussi à plusieurs blogueurs libéraux et de droite.

La question consiste à citer une question que nous souhaiterions poser aux électeurs français si la démocratie existait vraiment dans ce pays.

Soit ! Ne voulant pourtant pas ressusciter la guerre scolaire, je poserai la question suivante :

"Acceptez-vous que l'État et les collectivités territoriales cessent de subventionner les écoles privées et se consacrent uniquement au service public d'éducation ?"

Bien évidemment, il ne s'agit pas pour moi d'interdire la création d'écoles privées, mais de permettre à l'État de s'occuper de sa réelle mission (fournir un service public) avec utilisation de l'impôt pour cela, et de signifier aux familles souhaitant aller dans le privé qu'elles devront l'assumer de leur poche tout en continuant à payer le service public d'éducation.

Ah, je sais qu'avec ça, je vais me faire des amis.

En attendant, je transmets la chaîne à Manuel, Fabrice, Eric, Peuples, ÇaRéagit et Reversus.

PS : à noter cette intéressante réponse du Coucou.

Deux excellents billets sur les profs et leurs grèves, à lire d'urgence !

Vous trouverez ces deux perles chez les Trois zélés remplaçants !

La première partie est ici, la deuxième est !

Amusez-vous bien.

Une chaîne sur ce que doit être le prof.

Aujourd'hui, je voulais faire un billet sur la grève du jour et un autre sur le démarrage calamiteux de la discussion sur les retraites. Las... D'abord par le sentiment d'échec qui ressort de cette journée, ensuite par la fatigue d'une journée de réunions diverses et de manifestation.

Aussi, comme j'ai deux chaînes de retard, je vais en profiter pour me soumettre, à nouveau, au jeu.

Cette première chaîne a été lancée par June Prune concernant les profs, à travers quelques questions auxquelles je vais tenter de répondre :

A. Un "bon prof" en 5 mots

A cette première question, je vais reprendre un extrait d'un commentaire que j'avais laissé chez l'Hérétique suite à un de ses billets sur le frère Cohn-Bendit. Un bon prof est équitable, respectueux avec un sens de la justice, bienveillant, tout cela appliqué avec de la fermeté, de la patience et de la pédagogie.

B. Ce que les profs devraient apprendre

Tout ! Je ne suis pas de ces personnes qui croient que certaines compétences sont innées. Un prof doit évidemment acquérir son savoir disciplinaire, et le maintenir en état, mais aussi développer des compétences pédagogiques tout au long de sa carrière. Pour cela, il est nécessaire de construire (puisqu'il faudra la reconstruire, du fait de la suppression des IUFM) une véritable formation professionnelle.

C. Pour faire un prof... ce qui s'apprend, ce qui ne s'apprend pas

Cette question se répète un peu par rapport à la question précédente. Après, reste la personnalité de chacun et la façon dont il va adapter son enseignement.

D. Taggez 3 personnes

Eh bien, je vais tagger trois personnes qui se consacrent peu aux questions éducatives d'habitude : cela les changera et les obligera à réfléchir à leur passé d'élèves. Allons-y pour Olympe, Nemo et Disparitus.

mercredi 20 janvier 2010

Une analyse des absences des profs.

Tiens, quand un journaliste fait un boulot cohérent, je me dois de le souligner. Vous trouverez ce papier sur l'absentéisme des profs ici.

Juste une remarque cependant. Le journaliste affirme que l'administration ne peut pas prévoir les départs et les mutations des profs. Ce n'est que partiellement vrai, parce qu'en ce moment, notre problématique est surtout constituée par les départs en retraite. Or, cela ne devrait pas être impossible de faire un peu de prévisionnel là-dessus, vu que les administrations connaissent les âges de leurs salariés et que le départ est obligatoire à 65 ans chez nous.

Bonne lecture !

mardi 19 janvier 2010

Quelques remarques sur un billet sur le SNES, syndicat enseignant.

Un aimable commentateur m'a signalé un billet publié sur Causeur par Luc Rosenzweig, qui traitait du SNES-FSU en le qualifiant de syndicat voyou. Bien évidemment, connaissant Didier, il y avait un peu de provocation chez lui, dans le but de m'énerver contre un homme de droite exprimant une opinion anti-syndicale finalement très classique. On n'est pas loin de la citation de Nicolas Sarkozy, publié dans le Canard Enchaîné en 2007, qualifiant la FSU de pire syndicat possible.

D'autre part, la rhétorique utilisée par l'article part d'un exemple totalement anecdotique d'une section syndicale qui dysfonctionnerait (j'emploie cette tournure pour signifier que l'auteur n'amène aucune preuve de son récit, mais on va admettre qu'il est juste) pour jeter toute l'organisation aux orties. C'est un procédé classique. Enfin, l'article aboutit au fait que le SNES a pris position contre l'occupation de la Palestine par Israël. On peut certes s'étonner qu'un syndicat traite ce genre de questions, mais il le fait en général en se référant aux problèmes éducatifs et en soulignant le fait que les Palestiniens reçoivent aujourd'hui une éducation catastrophique. Cependant, j'admets que certaines motions syndicales auraient parfois plus de place dans des partis politiques.

Il y a cependant deux aspects sur lesquels je voudrais revenir, un peu plus sérieusement. Tout d'abord, l'auteur dit des choses justes lorsqu'il évoque la prise en main du syndicat par le courant "Unité et Action", qui le dirige encore aujourd'hui, et sur sa filiation avec le PCF, et sur les difficultés idéologiques que rencontre maintenant le SNES. D'ailleurs, il est intéressant de constater en ce moment que ce sont les courants minoritaires du SNES, plutôt affiliés à des partis d'extrême-gauche, qui sont les plus dynamiques idéologiquement. D'autre part, le SNES souffre de l'absence de reprise de ses thématiques par les partis de gauche. Contrairement à ce qu'affirme l'auteur, il existe une vraie théorie au SNES et des propositions, issues des congrès, mais qui ne ressortent jamais dans la presse. En fait, le SNES devrait plutôt se payer un bon service de communication et tenter de trouver des moyens de briser le plafond de verre médiatique. Par ailleurs, l'auteur évoque les propositions du SNES en les qualifiant de démagogique, alors que dans mon département, les militants du SNES sont souvent considérés comme trop mous...

Une autre question m'intéresse, qui concerne la gestion du mouvement des enseignants. L'auteur se plaint du contrôle que les syndicats auraient sur le mouvement des personnels. Il est pourtant, à l'origine, une volonté de l'État, qui a trouvé un moyen pas cher de se débarrasser d'une mission très lourde. Plutôt que de payer des fonctionnaires toute l'année pour travailler deux mois, on utilise les élus du personnel pour faire le boulot, et comme ils sont militants, ils le font sérieusement. Par contre, je suis entièrement d'accord avec Rosenzweig sur le fait que l'on mette les jeunes dans les quartiers les plus chauds, mais le syndicat ne fait que suivre les demandes des collègues, qui veulent quitter ces bahuts dès que possible. Ce serait à l'État d'offrir des compensations attractives pour pousser les plus anciens dans ces zones, ce qu'il ne fait pas, préférant que les profs les plus expérimentés aillent dans les quartiers bourgeois. Là où l'auteur montre d'ailleurs sa partialité, c'est en oubliant de dire que cette structure se retrouve dans toute la fonction publique, par exemple dans la police ou aux impôts. Dans la ville difficile où je travaille, tous les policiers ont moins de 30 ans...

Enfin, reste une déformation que je voudrais souligner : la France n'est pas en fin mais en milieu de tableau des évaluations PISA. Pour vous le prouver, je vous invite à aller consulter ces résultats. Je ne dis pas que je me satisfais de ce classement, d'autant plus qu'il démontre que la France fait du mal aux familles pauvres, plus que d'autres pays, et que son système maintient voire creuse les inégalités sociales.

Bon, maintenant, Didier, je vous laisse troller allègrement...

dimanche 17 janvier 2010

Appel à la grève dans la fonction publique le 21 janvier 2010 par la CGT, la FSU et SUD.

Pour débuter cette semaine de mobilisation, voici ci-dessous le texte de l'appel à l'action que j'ai trouvé sur le site de la CGT.

Comme souvent dans ces appels vastes, ils sont mous et ne demandent même pas de choses si précises que cela. Par exemple, pourquoi ne pas indiquer un pourcentage d'augmentation du salaire plutôt que de rester vague ? Enfin, il va bien falloir s'en saisir et en faire quelque chose. Pour le SNES, qui est membre de la FSU, on exploite cette grève pour structurer une lutte contre les décrets de masterisation et la réforme des lycées, et d'autres débats introduits par notre majorité. SUD-Education semble dans la même stratégie.

Voici le texte :
"Dans la Fonction publique, les organisations CGT (Union générale des fédérations de fonctionnaires, Fédération de l’ensignements de la recherche et de la culture, Fédération nationale des travailleurs de l’état pour les fonctionnaires, Services publics, Equipement, Finances), FSU et Solidaires appellent les agents à une journée de grève le 21 janvier, jour de l’examen par le Sénat du projet de réforme territoriale.

Les syndicats veulent également s’opposer à la loi dite de mobilité et des parcours professionnels, votée fin juillet 2009 et qui remet en cause, de fait, la garantie de l’emploi pour l’ensemble des fonctionnaires.

Les trois fédérations de la fonction publique CGT, FSU et Sud exigent ainsi dans leur préavis :
- le retrait des projets actuels de réforme territoriale et de suppression de la taxe professionnelle ;
- le maintien et le renforcement des garanties statutaires pour assurer aux citoyens un service public égalitaire, ce qui passe notamment par l’abrogation de la loi dite de mobilité ;
- un vaste débat citoyen, avec les personnels et les usagers, sur l’organisation des missions publiques en préalable à toute réforme ;
- une refonte de la fiscalité locale permettant le financement pérenne des missions et de l’emploi, et la résorption des inégalités de ressources entre collectivités ;
- le rattrapage des pertes de salaire et l’augmentation significative de la valeur du point d’indice ;
- une loi de titularisation pour les près de 30% d’agents non titulaires de la Fonction publique territoriale."

samedi 16 janvier 2010

La difficile gestion de l’aide humanitaire dans les situations d’urgence.

Parmi les divers engagements que j'ai eus dans ma courte vie, j'ai appartenu à une importante association humanitaire. Lorsque je suis entré dans ce mouvement, nous nous trouvions en plein dans l'une des grandes crises qui suscita un important élan de dons de la part de la population française. Il s'agissait de la guerre qui frappa le Kosovo en 1999.

Souviens-toi, cher lecteur. A ce moment-là, l'armée yougoslave tentait d'écraser les Albanais du Kosovo, et la situation s'aggrava lorsque l'OTAN commença à bombarder celle-ci. Des flots très importants de Kosovars se jetèrent sur les routes et passèrent dans les pays voisins, en Albanie et en Macédoine particulièrement. Cette détresse, répercutée sur toutes les télévisions du monde, provoqua chez nos compatriotes une énorme vague de générosité. Mon association, comme beaucoup d'autres, se lança dans d'énormes collectes qui nous demandèrent, à nous bénévoles, un travail très important. Nous dûmes collecter pendant plusieurs semaines des produits alimentaires, des produits d'hygiène et des produits pour bébé. Nous dûmes préparer des palettes, même dans de toutes petites associations locales, et attendre que les services centraux viennent récupérer tout ça pour l'expédier vers ces régions.

Pour nous, cette campagne fut une déception. Malgré des collectes impressionnantes, une bonne partie est restée en France (du fait de l'incapacité logistique à acheminer cette masse sur place), les belligérants (et l'Albanie en particulier) en ont détourné beaucoup et finalement, les populations visées n'en ont que peu profité. Prenant acte de cet échec, les associations ont réorienté leurs actions vers la collecte de dons financiers, pour avoir une meilleure maîtrise, mais elles n'ont pas encore réussi à exploiter cette stratégie correctement. Par exemple, suite au tsunami en Asie, là encore, plusieurs milliards d'euros ont été collectés mais n'ont pas tous été utilisés, encore aujourd'hui. En effet, la loi interdit d'affecter un don à une autre cause que celle pour laquelle il a été envoyé. Cet argent va donc rester bloqué dans les comptes. Si on voulait le réaffecter ailleurs, il faudrait demander l'accord de chaque donateur. Je sais que mon association a détourné le problème en achetant des matériels qui pourront être mis en œuvre ailleurs, comme des systèmes de purification d'eau, mais on ne dépense pas plusieurs centaines de millions d'euros comme cela.

Malgré ces échecs, la population ne lâche pas et souhaite toujours contribuer. Encore aujourd'hui, plusieurs personnes sont passées dans nos locaux pour demander ce qu'ils pouvaient faire pour Haïti, et même, un jeune est venu se proposer pour partir sur place. Le problème est que le secours nécessite une organisation réelle, une réflexion forte, des processus de coordination et une estimation des besoins, humains et matériels, au plus près. Cet impondérable se confronte à un désir tellement fort d'aider, mais aussi à l'urgence de la souffrance sur place, qu'il provoque souvent de la frustration dans la population, qui se voit freinée dans son acte de générosité.

La situation haïtienne, au-delà de l'urgence du moment, devrait nous inciter pourtant, vu les expériences passées, à l'humilité. Cette île vient de subir un choc terrible, sa capitale a été frappée, une bonne partie de son gouvernement, de ses services publics et de ses infrastructures ont disparu. Il en est de même de la structure mise en place par l'ONU, la MINUSTAH. En clair, nos associations vont s'engager sur un terrain inconnu car reconfiguré, totalement détruit et où le naufrage pourrait très bien arriver.

Suis-je en train de dire qu'il ne faut pas donner ? Non, je n'irai pas jusque là, mais il faut que nos concitoyens se rendent compte qu'il ne suffit pas d'envoyer de l'argent ou une boite de pâtes pour qu'il arrive sur place dans l'assiette d'un habitant de Port-au-Prince. Tout cela demande une réflexion, une stratégie et une organisation, et les dons ne correspondront pas forcément aux besoins. Les associations ont certes une expérience maintenant, mais tout se jouera sur la coordination entre elles, les États intervenant sur place, l'ONU et l'État haïtien.

C'est pour cela que le don en argent reste encore le plus efficace, puisqu'il permet de s'adapter dans le temps, alors qu'un paquet de pâtes reste un paquet de pâtes…

vendredi 15 janvier 2010

Peillon se plante dans les médias, mais cartonne sur les blogs.

La blogosphère est parfois mystérieuse. Les billets sur l'affaire Peillon ont foisonné aujourd'hui, alors que tout cela ressemble bien à une tempête dans un verre d'eau.

Pour qu'on en garde une trace, voici une petite perle souvenir :

 L'affaire Peillon-Chabot. 

Bonne lecture !

mercredi 13 janvier 2010

Première victime de la phraséologie gouvernementale : la société Kärcher.

Un article drôle sur le site de Libération : la société Kärcher souffre d'avoir été utilisée à plusieurs reprises comme symbole et demande qu'on cesse d'utiliser son nom.

On pourrait suggérer à nos amis de Kärcher de faire un procès à Fadela Amara, histoire de rigoler un peu...

Un tramway nommé conflit, dans le 9-3…

Alors que je rentrais du boulot cet après-midi, nous avons assisté, avec deux collègues, à une scène étonnante sur l'une des lignes de tramway de Seine Saint-Denis. Étonnante ? Pas tant que cela.

Nous approchons d'une station et deux hommes, sans doute entre 20 et 25 ans, et habillé dans le style « z'y vas » de banlieue, se lèvent de leurs sièges et se dirigent vers la porte. Personne ne les avait remarqués auparavant. Ils discutaient dans un coin, comme tous les voyageurs. Or, lorsque le tramway se range à la station, nous constatons qu'une troupe impressionnante de la RATP se trouve en position, prête à bloquer les accès et à contrôler les billets. Ils sont au moins une vingtaine, cinq par porte, et certains sont en uniforme de la « RATP sûreté » et équipés de matraques et de bouteilles de gaz lacrymogène. Les contrôleurs de la RATP se déplacent maintenant en groupes très nombreux, et la moitié d'entre eux sont des malabars que je ne serais pas rassuré de croiser la nuit dans une rue sombre.

Là, s'engage une scène classique. Les deux hommes, n'ayant apparemment pas de billets en règle, tentent de sortir quand même, mais se retrouvent bloqués. Ils se mettent alors l'un derrière l'autre et poussent pour s'extraire de la mêlée, mais ils subissent un échec. Les contrôleurs parviennent à les séparer et les plaquent, l'un à l'extérieur, l'autre dans le wagon. Les deux camps s'invectivent quelques instants, puis l'homme coincé à l'intérieur finit par dire : « bon, c'est bon, faites votre boulot et donnez-moi votre amende ! », comme si le jeu était fini. Les agents de la RATP lui assènent un : « oh, mais on ne va pas se contenter de ça ! Tu nous as poussés, mon gars ! ». Tous les acteurs semblent alors se rendre compte que tout un wagon les observe. Par un accord étonnant, et sur proposition du contrevenant, tout ce petit monde sort alors sur le quai pour « régler les comptes ». Le tram repart, sans que le contrôle ait pu être effectué. Tout le wagon est hébété.

Ce qui reste, c'est le côté faux de toute la scène. On avait l'impression que les acteurs avaient répété avant, que tout le monde était à sa place et jouait parfaitement son rôle : les deux hommes fraudeurs, habillés comme ils l'étaient, parlant comme ils parlaient et tentant de jouer les petits bras, un peu, pour finalement brutalement se calmer lorsqu'ils eurent admis leur défaite ; les agents de la RATP, usant de la violence pour riposter, subissant l'agression en gardant leur calme, tout en utilisant une procédure apparemment bien huilé.

Ces postures, en tant qu'enfant du coin, je les connais bien. Je vois les mêmes acteurs jouer les mêmes jeux depuis que je suis né et que j'erre dans le coin. Tout le monde y participe, une partie cherchant à imposer une autorité immanente à une autre qui joue le rejet. Toute cette scène n'a finalement gêné que les autres voyageurs, surpris, interloqués, et laissés là, tout s'étant déroulé très rapidement.

Dans tous ces problèmes de soi-disant insécurité, beaucoup est affaire de posture des uns et des autres, d'idées préconçues. On peut y voir l'effondrement de la notion de collectif, personne ne voyant plus rien d'autre que le personnage qu'il s'est donné. Sans un minimum de perception d'une société prenant en compte l'existence de tous, il n'est pas certain que nous puissions aider les acteurs à sortir de ces rôles qui satisfont si bien toute notre société.

PS : au passage, on peut constater qu'il s'est déroulé devant nous une véritable opération policière, sans que la police y participe. Où est donc passé le monopole de la violence légitime ?

lundi 11 janvier 2010

En Martinique et Guyane, encore des élus qui n’assument pas.

Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, les électeurs martiniquais et guyanais ont massivement rejeté la proposition de transformer le statut de leur territoire, passant de l'article 73 de la constitution à l'article 74. La participation a été élevée (l'abstention est forte par rapport à un scrutin en métropole, mais c'est traditionnel dans les DOM), rendant le résultat encore plus clair : un non franc et massif.

Il semble difficile de tenir un discours cohérent sur ce qui se passe sur place. En lisant la presse ce matin et en écoutant les médias, on a une impression qui domine très clairement : tout est de la faute de la peur. Eh oui, cher lecteur, les habitants de l'Outre-mer sont des gens paniqués qui ne peuvent pas garder leur calme devant les manipulations des hommes politiques venus de métropole. Pour certains, il s'agit de la crainte de la perte du soutien de la métropole. Christiane Taubira a même évoqué la perte des aides sociales, indispensables dans des îles où les situations économiques et sociales sont difficiles. Il faut se rappeler des grèves de l'an dernier…

Apparemment, personne n'a l'air de considérer que les électeurs ont pu faire un choix libre et conscient. Encore une fois, et même si l'on peut entièrement comprendre que les soutiens du oui soient déçus, c'est le manque de respect pour l'électeur qui domine. Peut-être est-ce la caractéristique des insulaires, puisqu'on avait traité les Irlandais de la même façon l'année dernière. L'électeur des DOM ne fonctionne que sous le coup des pulsions ou sous celui de la pression du portefeuille. Personne ne songe au fait que les électeurs ont fait un choix conscient, en prenant en compte le contexte, la situation politique locale mais aussi métropolitaine, les discours des deux camps…

Certains s'imaginent que ce vote est un soutien massif de la population des DOM au statut actuel. Ce qui semble surtout évident, suite à ces différents commentaires, c'est le manque de respect que les élus locaux ont pour leurs électeurs. En clair, l'électeur local doit se partager entre le mépris de la métropole et le mépris des élus insulaires.

Sans doute les Guyanais et les Martiniquais connaissent-ils mieux les dirigeants du coin et ont-ils fait un choix par défaut. Ce n'est pas un bon signe pour les édiles.

On va peut-être les faire revoter l'an prochain ? Ah, mais non ! Les Martiniquais avaient déjà dit non à 50,48% en 2003, contre 78,9% hier. L'évolution semble claire.

On respecte les électeurs, pour une fois ?

dimanche 10 janvier 2010

Lutter contre la politique de Sarkozy, c’est mener toutes les actions.

« Franchement, Mathieu, la grève du 21 janvier ne servira à rien. Par contre, aller manifester pour le No Sarkozy Day le 27 mars, là, oui. »
Voilà ce qu'un collègue m'a balancé à la figure il y a quelques jours, alors que nous discutions des futurs appels à la grève des organisations syndicales de la fonction publique. Je voudrais y revenir un peu ici, pour tenter de faire un peu le tri.

Le 21 janvier, un appel important des syndicats de la fonction publique à la grève a donc été déposé. Bien évidemment, les syndicats n'étant pas des organisations politiques, ils n'appellent pas à lutter contre Sarkozy, mais posent des exigences auprès d'un employeur, l'Etat, concernant ses salariés. Comme d'habitude, se mêlent à cela des revendications sur la qualité du service public. Il y a donc dans cette action une véritable stratégie de lutte contre la politique du gouvernement, même si on peut douter de son succès si les fonctionnaires ne se saisissent pas de l'occasion pour lancer un mouvement dans la durée, au risque de perdre pas mal de jours de salaires.

Ensuite, on a le No Sarkozy Day. J'ai déjà exprimé mon opinion à son sujet ici. Cette initiative vient d'un collectif qui ne dépend pas d'un des grands partis politiques d'opposition. Elle vise à demander la démission du président. Même si je doute grandement de son efficacité et que je suis persuadé que Sarkozy remporterait une élection s'il démissionnait et se présentait dans la foulée (ce qui serait le pire scénario), je considère qu'il ne faut pas perdre une occasion de manifester pour donner son opinion, à partir du moment où Sarkozy incarne à ce point une politique.

Pour moi, ces deux formes de mouvement sont liées car, d'une certaine manière, il s'agit d'une forme de résistance à une politique. Or, on voit souvent se développer un rejet de la première et une vision favorable de la seconde. Il s'agit à mon sens d'une erreur politique grave qui est liée aux acteurs et au type de mouvement :

  • La grève du 21 janvier est lancée par des syndicats et impliquerait, pour avoir un succès, une reconduction qui va coûter cher. De plus, elle ne peut pas mêler les salariés du privé si les syndicats ne tentent pas d'élargir. Pour de nombreuses personnes de gauche, elle porte la marque d'une stratégie syndicale usée. Ce n'est pas ma vision. Il me semble important d'habiter ces mouvements et d'essayer de leur donner le sens qui nous plaît. Certes, les syndicats se sont beaucoup fourvoyés ces dernières années, mais les délaisser est le meilleur moyen de nous tirer une balle dans le pied. Repeuplons-les, prenons-en possession, et faisons-en un nouveau moyen d'action, modernisé et efficace.
  • Le NSD a une image positive parce qu'il ne vient pas d'un parti de gauche traditionnel et semble inaugurer un nouveau type d'action, plutôt festif et sans perte de salaire à la clé. Cependant, il risque bien d'être aussi inefficace à terme sans une alternative crédible à gauche. Il me semble pourtant intéressant d'y participer, dans un but contestataire mais aussi pour voir s'il est possible d'y trouver une énergie pour organiser une contestation plus large, en attendant les élections de 2012. On pourra toujours essayer de briser l'élan réformateur du président. Un candidat à gauche parviendra peut-être à s'appuyer dessus (même si j'en doute beaucoup).

En clair, les deux mouvements participent d'une même dynamique. Vu que le danger sarkozyste est une réalité, je ne vois pas pourquoi on dirait non à un mouvement inefficace (parce qu'il est lancé par des syndicats), pour dire oui à un mouvement inefficace (parce qu'il est lancé par des inconnus qui ont des objectifs politiques par ailleurs). Soit on considère que contester le roi le président est une nécessité (même sans impact, la beauté du geste est aussi très importante), et dans ce cas, on se saisit de tous les moyens disponibles, soit on laisse tomber et on attend 2012.

Personnellement, je saisis toutes les possibilités que je peux attraper. Je manifesterais le 21 janvier et le 27 mars, de même que le 30 janvier, et sans doute plusieurs fois en février. Je ne peux pas dire que j'y crois vraiment, mais enfin… Au boulot, camarades !

PS : pour te motiver, pourquoi ne pas réécouter un album de Mano Solo ?

samedi 9 janvier 2010

Ouh, le beau système de stage pour les enseignants que voilà !

La réforme du recrutement des enseignants suscite de nombreuses inquiétudes parmi les enseignants, et à priori, parmi les organisations de parents d'élèves et de lycéens. Plusieurs questions se posaient et sont en train de progressivement être éclaircies par le gouvernement, à coup de décrets de plus en plus inquiétants. Et puis, il y a des situations qui n'apparaissent pas dans les textes de loi, mais qui vont pourtant poser de sacrés problèmes. La réforme des lycées, très médiatisée depuis l'annonce de la suppression de l'histoire-géographie en terminale S, masque ces transformations de fond.

Dès l'an prochain, le nouveau système de stage va se mettre en place. Un stage, cher lecteur ? Une fois le concours passé, tout fonctionnaire doit passer une année en stage, dans le but d'apprendre son métier mais aussi d'être évalué par les autorités. Pour les profs, ce stage se composait d'une année avec 44% de l'horaire devant élève pour un certifié (soit huit heures de cours par semaine) et par une ou deux journées de stage par semaine à l'IUFM (en fonction des académies et des disciplines). A cela s'ajoutait, entre novembre et février, un stage dans un autre établissement, soit un collège si le stagiaire était affecté en lycée, et un lycée dans le cas contraire. Le ministre avait annoncé que les stagiaires passeraient à douze heures par semaine, avec une formation non plus à l'IUFM, mais à l'université. Les IUFM vont fermer à la fin de cette année scolaire.

Or, voilà que nous venons d'apprendre que les stagiaires feront en fait un temps-plein. Pour cela, les établissements devront supprimer des postes de titulaires et les remplacer par des postes de stagiaire (les titulaires délogés iront combler les trous ailleurs). Ces stagiaires seront encadrés par un compagnon sur place (un prof plus ancien et, à priori, compétent). Ils n'auront donc plus du tout le temps de se former. Qu'à cela ne tienne : pendant six semaines, ces collègues seront libérés de leurs cours et iront à l'université, sur la période janvier-février. Pendant ce temps, un admissible au concours, encore à l'université en master 2, viendra remplacer le stagiaire sur 18 heures/semaine, pendant la durée des six semaines, payé 3 000 euros brut pour l'ensemble de la période. Ces six semaines équivaudront en partie au 6 heures que les stagiaires feront finalement.

Tu pourrais me dire, cher lecteur, qu'après tout, il était scandaleux que des fonctionnaires payés à plein ne fassent que 44% de leur temps et aillent se former sur ce temps-là, et qu'après tout, qu'ils se démerdent et qu'ils bossent, ces fainéants.

Pour te répondre, je vais me placer dans ta position. J'ai un souvenir très difficile de ma première année d'enseignement à plein-temps (et j'avais été formé), car on gère tout en même temps. On doit préparer tous les cours, les élèves nous bordélisent parce qu'on est le petit nouveau du coin, et finalement, on est mauvais et étrillé tout au long de l'année. Les nouveaux vont affronter cela sans avoir eu une première année plus light pour s'essayer un peu. S'ils sont dans des bahuts très durs, il est à craindre qu'ils souffrent considérablement. En clair, ton enfant, cher lecteur, aura un prof mauvais et qui risquera de craquer rapidement, sans être remplacé puisqu'il n'y a quasiment plus de remplaçants. Et cela ne concernera pas que ton gosse : plusieurs classes subiront ce prof, qui ne sera pas contrôlé avant la fin de l'année et qui aura donc le temps de faire beaucoup de bêtises et de bévues.

Et cela ne s'arrêtera pas là : pendant six semaines dans l'année, c'est un étudiant non-formé qui fera le boulot à sa place, pour un salaire finalement assez bas, et qui va sans doute se retrouver rapidement en grande difficulté. Et si on n'en trouve pas, on embauchera bien un vague vacataire… En clair, ton gosse vivra une année pourrie dans la discipline concernée.

Pourquoi faire cela, cher lecteur ? Parce qu'affecter des stagiaires sur des postes complets permet de faire des économies budgétaires, au mépris des élèves et de l'efficacité des futurs enseignants, privés de formation.

Le ministre te dira ce qu'il dit depuis 2007 : il y a un adulte devant chaque enfant. Un adulte, oui, mais un prof…