vendredi 29 juillet 2011

Le Coucou chantera au printemps.

Le Coucou est mort.

Que vive son blog, pour nous et pour tous.

Toutes mes condoléances à ses proches et à tous ceux qui l'aimaient, comme homme et/ou comme blogueur.

mardi 26 juillet 2011

Concours d'affichage au Raincy : Eric Raoult en tête.

Si la vie de la commune est on ne peut plus calme, en cette fraîche période estivale, on profite au moins de la trépidante vie politique raincéenne. Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, l'édile local n'est autre qu'Eric Raoult, député, ancien ministre et président de la fédération départementale de l'UMP. Nous avons donc ici un maire connu à l'échelle nationale, régulièrement utilisé par le pouvoir pour lever des polémiques et récemment proche de la droite populaire (même si ce courant semble être en perte de vitesse).

Je t'avais fait part, en février dernier, des enjeux de la campagne des cantonales en Seine-Saint-Denis, et j'avais souligné l'importance symbolique du canton de Clichy-sous-Bois-le-Raincy, attelage de deux communes aux antipodes l'une de l'autre. Il s'avère que, dans ma torpeur bloguesque, je ne t'ai même pas informé du nom du vainqueur. A la surprise générale, c'est Claude Dilain, le célèbre maire de Clichy-sous-Bois, socialiste de surcroît, qui l'a emporté sur le favori du maire du Raincy, Ludovic Toro.

Tu vas te demander pourquoi je remonte aussi loin dans le temps à ces élections cantonales qui n'ont pas franchement passionné les Français. Tout simplement parce qu'ici, elles ne sont toujours pas terminées.

Plusieurs recours ont été déposés au tribunal administratif concernant cette élection. L'UMP accuse le PS d'avoir bourré les urnes à Clichy. De son côté, l'opposition socialiste a déploré de nombreux incidents depuis les élections. La mairie du Raincy refuse de reconnaître Claude Dilain comme le véritable conseiller général du Raincy, ne lui ouvre pas de local sur la commune pour pouvoir assurer une permanence et enfin, n'avait toujours pas actualisé l'affichage municipal.

Ces affiches sont vite devenues le symbole de cette guerre larvée entre l'UMP et le PS. Depuis mars, elles continuaient à proclamer Ludovic Toro comme conseiller général. Depuis, la commune est suspendue aux décisions diverses et variées du tribunal administratif.

Or, à mon retour de Grèce, j'ai pu constater une très légère évolution sur les panneaux d'affichage de notre belle commune, montrant un léger pas en avant de la mairie. Je te la montre ci-dessous :


Il s'agit exactement de la même affiche, cher lecteur. Un fonctionnaire a donc apposé sur celle-ci une feuille de papier portant cette nouvelle mention, exécutant partiellement les demandes de l'opposition. Si tu cliques sur l'image pour l'agrandir, tu verras que la mention du canton y figure toujours. Cela n'est donc pas parfait, mais il y a une avancée.

Il semble donc bien qu'un dégel s'amorce et que la mairie fait doucement le chemin visant à reconnaître la victoire de Claude Dilain. Cependant, point encore d'affiche dudit conseiller général. Peut-être qu'à la rentrée, cette nouvelle surprise sera visible...

lundi 25 juillet 2011

Norvège : le terroriste était apparemment un individu isolé...

De nombreux billets ont déjà fleuri dans la blogosphère concernant les attentats en Norvège. Il faut tout de même essayer de se poser un peu et tenter de regarder froidement cet évènement.

Au départ, juste après la fusillade, j'ai pu lire sur le site du Monde que l'attentat avait été revendiqué par une organisation islamiste. Je n'ai pas pu retrouver cette information plus tard, mais sur le moment, elle ne m'a pas semblé du tout illogique. En effet, les islamistes, parmi les nombreux extrémistes de droite qui fleurissent dans nos démocraties européennes, sont quasiment les seuls à avoir utilisé le terrorisme de masse, à l'exception de certains mouvements régionalistes, ces vingt dernières années. Cependant, je voyais mal l'ETA ou l'une des multiples branches du FLNC faire un attentat à Oslo... Lorsque les médias se sont rendus compte qu'on était face à un Norvégien blond aux yeux bleus et absolument pas musulman, ils se sont mis à s'étonner. Certes, l'expression "de souche" était tout à fait malheureuse et condamnable, mais elle marquait l'habitude diffuse dans la population, répercuté par les journalistes, de voir le terroriste comme étant un type à la peau foncé, barbu et habillé en djellabah et la surprise devant un virage potentiel de l'extrême-droite européenne. Peut-être découvrait-on qu'il existait en Europe une tendance qui venait de réactiver l'emploi du terrorisme comme moyen d'action politique...

Le terrorisme, depuis le milieu du XIXe siècle, a régulièrement été employé par des mouvements pour atteindre des objectifs d'éveil de la conscience des masses. L'islamisme est le dernier avatar de cette tendance, mais il ne faut pas oublier que l'extrême-gauche comme l'extrême-droite européenne ont régulièrement utilisé ce moyen d'action, particulièrement en Italie et en Allemagne il est vrai. La France a été concernée, avec l'OAS dans les années 1960, et, plus proches de nous, les assassinats d'Action Directe.

Lorsque la nouvelle de l'identité du terroriste est tombée, je me suis tout de suite demandé si nous n'étions pas à l'aube d'un virage des groupuscules d'extrême-droite, se décidant à repasser à l'action violente pour réveiller les masses blanches du continent submergées par l'invasion des musulmans ayant le coran et couteau entre les dents. Il allait encore falloir supporter des attentats, supporter les contrôles, les soldats dans le métro, les colis suspects... Avec le recul, je trouve que le questionnement était totalement pertinent, du fait des idées en question et de leur aspect violent.

Je suppose qu'immédiatement, les services de renseignement de tous les pays européens ont été faire un tour dans les groupuscules nazillons et fascisants contenant toujours un lot de dingues plus ou moins importants.


Heureusement, il semble bien que nous soyons face à l'action d'un déséquilibré qui a trouvé dans les idées islamophobes un prétexte pour se livrer à son propre goût du meurtre. Nous sommes toujours à la merci de ce genre de dingue, comme nous sommes à la merci d'un accident d'avion ou de voiture ou de n'importe quel autre évènement hasardeux. La vie reste risquée...

Nous n'allons donc pas devoir à nouveau supporter des restrictions à nos libertés individuelles à cause d'un virage de l'extrême-droite. Ouf... J'espère juste que nos dirigeants, à l'approche d'une campagne électorale, ne vont pas trouver intelligent de jouer à nouveau sur la peur du terrorisme pour nous faire voter pour eux.

PS : en écrivant ce billet, je découvre que le terroriste a affirmé aujourd'hui devant la cour qu'il était membre d'un groupe. Il y aurait donc des complicités. Espérons là encore qu'il ne s'agisse que d'un groupe de psychopathes norvégiens, et rien de plus...

vendredi 22 juillet 2011

Je suis allé me faire voir chez les Grecs : quelques impressions.

Ça y est, cher lecteur ! Une nouvelle fois, sous nos yeux ébahis, les dirigeants européens se sont réunis pour sauver la Grèce du gouffre financier dans lequel elle est plongée. Après avoir fermé les yeux pendant dix ans sur les trucages que les différents gouvernements grecs pratiquaient dans leurs comptabilités, les moralistes européens continuent de mettre en place des plans de sauvetage. Hier, c'est la vision de l'Allemagne qui l'a emporté.


Dans ce maelström financier, on pourrait penser que les Grecs seraient tentés par des idées révolutionnaires. Plusieurs choses pouvaient laisser le penser. On ne s'en rappelle que peu, mais en 2008, ce pays a été secoué par des violentes émeutes sur la question salariale. Aujourd'hui, les salaires et les pensions de retraite sont en train de baisser ! D'autre part, la population grecque pourrait largement se sentir en colère devant les manipulations de leurs hommes politiques. Faut-il rappeler que les fameux plans de sauvetage, s'ils exigent des réductions drastiques des budgets sociaux et des privatisations massives, ne demandent pas du tout au gouvernement grec de taxer les plus riches (tiens, leurs impôts viennent de baisser) alors que les inégalités sont parmi les plus fortes d'Europe, de baisser les exorbitantes dépenses militaires (dont la France et l'Allemagne profitent largement) ou de taxer l'Eglise, l'un des principaux propriétaires du pays et qui bénéficie de l'exemption fiscale ?

Il s'avère qu'avec la Privilégiée, nous avons passé quelques jours en Grèce et nous venons de rentrer, ce mercredi. J'étais impatient de découvrir cette ambiance pré-révolutionnaire joyeuse et positive qu'en tant que bon gauchiste, j'aimerais trouver partout. En effet, les médias français avaient un peu joué sur ce risque ces derniers temps. On avait abondamment vu des images des quelques affrontements qui s'étaient déroulés en juin dans le centre d'Athènes. De plus, la ville était touchée par une extension du mouvement des Indignados, apparu en Espagne, et qui avait fait des petits en Grèce, sur la place Syndagma, place centrale d'Athènes où se situe en particulier le Parlement. Si tu es venu à Athènes, cher lecteur, c'est là où les touristes viennent voir les gardes en robes et à pompon faire leur relève.



Nous nous sommes donc lancés dans Athènes, dans notre arrivée sur place. En plus, le hasard faisait bien les choses : nous avions trouvé un hôtel dans le quartier d'Exarchia, quartier étudiant et très à gauche, où nous espérions bien pouvoir observer la révolution en marche.


D'ailleurs, mes compatriotes étaient assez compatissants envers nous : "mais vous êtes sûrs que c'est une bonne idée ? Et si jamais le pays faisait défaut, dans quel désordre vous allez vous retrouver ! Vous devriez peut-être prendre des Travelers et éviter d'utiliser vos cartes de crédit. Et surtout, pas de liquide ! Faites bien attention à vous à Athènes, hein ?"

Je dois te dire que nous n'avons pas du tout trouvé ce que je cherchais. Certes, la présence policière à Athènes est réelle et même un peu pesante, mais nous ne nous sommes jamais, à un quelconque moment, senti menacé par qui que ce soit, de jour comme de nuit. Certes, un vague campement subsiste sur la place Syndagma, mais il doit rester au maximum 300 personnes présentes. D'ailleurs, lorsque nous étions présents, le maire d'Athènes a convoqué les représentants des Indignés pour leur demander de lever le camp, histoire de préserver la saison touristique : bonne preuve de la faiblesse de ce mouvement. Ailleurs, dans le pays, que ce soit dans la région d'Athènes ou sur les îles, nous n'avons vu aucun signe d'une éventuelle révolution en marche.


Dans les discussions que nous avons pu avoir avec quelques Grecs, l'idée révolutionnaire était pourtant présente, mais de manière très lointaine, et c'était le désespoir qui dominait. Très souvent, revenait l'idée que les Grecs eux-mêmes avaient des responsabilités et qu'ils allaient devoir changer. Cependant, les plans d'austérité et l'intervention de l'UE et du FMI sont vus comme des diktats et l'idée dominante est que les vrais responsables (la classe politique et la bourgeoisie grecque) ne sont pas du tout remis en cause. D'ailleurs, nos interlocuteurs se demandaient bien pour qui ils pouvaient bien voter, vu la compromission générale de leurs politiciens, que ce soit la droite qui avait participé au trucage des comptes ou le PASOK qui mettait en musique les plans d'austérité.

Ce désespoir se manifestait aussi dans l'abord de la saison touristique. Les Grecs en espéraient apparemment beaucoup, histoire de soutenir l'économie et de mettre un peu d'huile d'olive sur la fêta. Certains médias ont malheureusement fait leur office. D'après une hôtelière, si les Français, les Anglais et les Scandinaves restaient massivement présents, en ce début du mois de juillet, les Allemands, très importants d'habitude et gros consommateurs, étaient totalement absents, de même que les Américains. La saison touristique s'annonce donc moins bonne que d'habitude.

En clair, les Grecs que nous avons rencontré se partageaient entre résignation et désespoir. Pas d'espérance en un monde meilleur pour le moment, semble-t-il.

Certes, je n'y ai pas trouvé le vent révolutionnaire que j'attendais, mais plutôt une sourde inquiétude. Il faudrait quand même que nos dirigeants comprennent qu'en assommant les populations et en brisant les possibilités d'espérance, on ne rend pas service à la démocratie. Les conséquences pourraient être graves sur le plan politique, dans un futur assez proche. Quand un peuple n'a pas d'issue, que fait-il, cher lecteur ?

jeudi 21 juillet 2011

Désaffection des concours d'enseignement : quelques éléments complémentaires.

Laurent, dans un billet récent, s'est lancé dans une tentative d'analyse de la faible participation des étudiants aux concours d'enseignement de cette année. Il conclut sur une désaffection réelle à l'égard du métier et propose quelques pistes pour tenter de corriger le problème. Il loupe pourtant, à mon sens, les causes très récentes mais réelles de cet effondrement.

En effet, les chiffres sont spectaculaires. Malgré les suppressions de postes, l'Education nationale a été obligée d'embaucher moins que nécessaire pour maintenir le niveau des nouveaux enseignants. Il manque donc un tiers des profs nécessaires pour l'année prochaine. Laurent pointe certains facteurs, mais pas tous.

Certes, je l'ai dit de nombreuses fois sur ce blog, le métier est difficile et à eu tendance à se durcir. Cependant, ce n'est pas directement à cause des élèves. Etant prof depuis dix ans maintenant dans des établissements dit difficiles, il est clair que le comportement des élèves reste équivalent. Par contre, les conditions d'exercice du métier se sont dégradées indéniablement, du fait de la politique de réduction des dépenses. Il ne faut pas oublier, cher lecteur, que la dépense publique d'éducation a baissé régulièrement depuis les années 1990 et que, si l'Etat s'endette aujourd'hui, ce n'est pas en augmentant l'investissement dans l'éducation ! L'impact des suppressions se marque par la hausse du nombre d'heures supplémentaires exigé (de plus en plus par la pression de la hiérarchie), l'augmentation du nombre d'élèves par classe et la multiplication de missions souvent sans intérêt, allant largement au-delà de la mission de base de l'enseignant (enseigner, hein, faut-il le rappeler ?). Cependant, cela a-t-il un impact sur les vocations ?

Je ne le crois pas. Lorsque j'ai passé les concours, il y a dix ans, la difficulté du travail dans l'Education nationale était déjà un marronnier. Pourtant, à l'époque, pour 1 200 postes au CAPES d'histoire-géographie, il y avait 10 000 candidats inscrits contre 3 000 cette année. De même, la question salariale était déjà sur la table. Il faut d'ailleurs relativiser la question de la paie. Certes, le pouvoir d'achat s'érode régulièrement (un tiers de moins depuis 1980 et 10% depuis 2000) et il est de plus en plus difficile pour un jeune prof de vivre en région parisienne, mais tout de même, dans la majorité des régions françaises, débuter avec un salaire de 1 500 € par mois vous met déjà dans la moitié haute de la société. Personnellement, étant à l'échelon 7 de l'agrégation, je touche 2 500 € par mois, ce qui me place parmi les 20% des Français qui gagnent le plus... D'autre part, les vacances et la sécurité de l'emploi restent de forts leviers d'attractivité.

Alors, que se passe-t-il ? Laurent oublie une réforme très importante initiée Xavier Darcos et mise en musique par Luc Chatel : la réforme de la formation des enseignants. Pour résumer très rapidement :

  • les profs sont maintenant recrutés à BAC+5, soit au niveau master 2, ce qui implique que les étudiants financent sur leurs propres deniers deux années d'étude supplémentaires,
  • et là, ils n'ont plus de formation professionnelle et doivent directement enseigner, souvent dans les académies les plus difficiles, comme Créteil qui va encore accueillir l'année prochaine plus de 800 stagiaires,
  • et, malgré cette hausse du niveau de recrutement, le salaire n'a pas augmenté. Le gouvernement a simplement tassé les premiers échelons du statut pour simuler une augmentation de salaire qui n'aboutit pas ensuite. En clair, un agrégé masterisé à mon échelon gagnera exactement la même chose que moi, alors qu'il aura dû étudier deux ans de plus...
  • Il faut ajouter que cette nouvelle organisation du recrutement brise complètement le lien avec la recherche universitaire. Les étudiants devant préparer les concours et le master en même temps, ils ne s'investissent plus dans la recherche, et les universités sont d'ailleurs en train de mettre en place des masters dit enseignement.
Dans la plupart des cas, les étudiants réfléchissent et arbitrent. Il n'y a plus d'intérêt pour eux à faire encore deux ans d'étude pour avoir la même chose qu'avant, voire pire. Dans les disciplines, comme les mathématiques, où de nombreux débouchés existent, l'impact est immédiat. Il existe aussi en histoire où les débouchés sont faibles ailleurs.

En dehors de ce que Laurent a indiqué, il faut donc reprendre à zéro cette réforme pour ramener les jeunes vers ce métier. De nombreuses pistes sont possibles. Une contre-réforme devrait allier, pour moi, une hausse du niveau de recrutement, une formation professionnelle réelle et un lien fort avec l'université. J'y reviendrai dans un prochain billet.

Reste à comprendre ce que le gouvernement veut avec cette réforme. En fait, cher lecteur, les adultes seront bien là l'année prochaine devant les élèves. Ce seront des étudiants sortant de licence et qui seront embauchés sur contrat précaire, voire bientôt sur CDI, voire des profs de disciplines supprimées reconvertis. Ils seront encore moins bien payés que les titulaires, n'auront pas de formation et auront l'avantage pour l'Education nationale d'être corvéable et de ne pas embêter le monde à faire grève tout le temps. L'objectif visé derrière est le statut de fonctionnaire des enseignants. Tiens, cela aussi, il faut que j'y revienne, mais ce sera pour une autre fois.