jeudi 12 janvier 2012

L'Allemagne, nouvel eldorado idéologique de la classe politique française.

Ah, l'Allemagne, quel beau pays...

Bon, je parle sans connaître, vu que je n'ai jamais eu la chance de passer le Rhin, mais en ce moment, cher lecteur, soyons clair : l'Allemagne est clairement l'eldorado de toute la classe politique.

On pourrait s'en réjouir. N'oublions pas, cher lecteur, qu'il y a encore peu de temps, nous avions la redoutable habitude de nous entre-tuer, environ tous les 30 ans, avec parfois des conséquences tout à fait considérables à l'échelle mondiale. Depuis la Guerre de Trente Ans, les conflits entre les Etats allemands et la France ont été récurrents. Voir maintenant toute la classe politique française louer l'Allemagne marque donc le triomphe de notre réconciliation et du choix stratégique du général de Gaulle et d'Adenauer.

Malheureusement, je crains qu'on n'en soit pas là. Les médias et les politiciens n'ont cessé de chercher des modèles pour essayer de réformer notre pays. Il y a eu, bien sûr, le modèle américain, mais malheureusement, les Français ont un gros problème relationnel avec les Etats-Unis (deux pays arrogants, cela a du mal à s'entendre), et cela n'a jamais vraiment pris. Les communistes ont longtemps voulu nous vendre le rêve soviétique, parfois suppléé par le rêve chinois ou le rêve cubain, et récemment par le rêve chaviste.

De leurs côtés, les droites ont longtemps mis en avant le joyeux modèle britannique, certes inégalitaire mais créateur de croissance. Malheureusement, ce pays vient de s'écraser dans la crise économique et a cette fâcheuse manie de refuser la politique européenne qui rend tout le monde heureux, surtout les Grecs et les habitants des Pays Baltes. On a aussi beaucoup mis en avant l'Espagne, jusque récemment...

Du côté des sociaux-démocrates, on a utilisé les mêmes idées. Tony Blair fut le modèle à suivre, avec un petit renfort de Zapatero. Déjà, on a vu poindre la tentation allemande à gauche à l'époque de Schröder, mais cette période a été assez courte, le dirigeant du SPD se vautrant dans les relations contre-nature avec la Russie, pendant que la qualité de vie des milieux populaires de son pays ne cessait de se dégrader.

Aujourd'hui, l'Allemagne est au centre du débat. En effet, c'est l'un des rares pays de l'UE qui ne se porte pas trop mal au niveau de la croissance de son PIB.

En face, les Français, des fainéants, et la France, un pays sur le déclin...

Je ne vais pas me mettre à disserter, cher lecteur, sur les caractéristiques de l'organisation politique et sociale de notre grand voisin. En effet, s'appuyer sur un pays frontalier pour y trouver des idées impliquerait qu'il nous ressemble un minimum. Or, c'est loin d'être le cas.

L'Allemagne est un pays vieillissant et dont la population va baisser, nettement plus industrialisé, ayant axé sa croissance sur l'offre et sur une distribution inégalitaire des richesses.

En fait, en y réfléchissant bien, je ne vois pas vraiment de pays comparable à la France : un pays en croissance démographique, en voie de désindustrialisation mais ayant une forte puissance agricole et des services de qualité, avec des services publics forts mais un Etat en difficulté et une distribution des richesses elle aussi de plus en plus inégalitaire, une place de l'Etat particulière dans nos mentalités (que ce soit en négatif ou en positif).

Cher lecteur, vois-tu un pays qui nous ressemble ?

Moi, non. Ce n'est pas en s'appuyant sur l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni, la Chine, le Vénézuela ou Cuba qu'on va trouver des solutions politiques. On y trouverait peut-être de l'inspiration, et encore...

Ce que ces arguties révèlent, ce sont les difficultés de nos politiciens à trouver des solutions originales et innovantes pour un pays particulier. Et là, on devrait à la fois s'inquiéter et se dire qu'il faudrait que les citoyens s'investissent un peu plus dans tout cela pour réanimer le débat public.

Ce sont des voeux pieux, mais enfin, on peut toujours rêver...

dimanche 8 janvier 2012

Rumeurs électorales en salle des profs.

Alors que nous entrons en année électorale, se pose la question fondamentale qui taraude tout citoyen un minimum conscient de ses droits et devoirs : "mais pour qui vais-je bien pouvoir voter ?"

En 2007, dans mon lycée dit difficile, la salle des profs s'était joyeusement divisée entre Ségolène Royal et François Bayrou au premier tour. Celui-ci avait séduit par son positionnement centre-mou peut-être de gauche, alors que celle-là inquiétait, comme dans tous les secteurs de la société. Il faut dire qu'elle avait fait fort en annonçant les profs à 35 heures dans les établissements, mais maintenant, cette idée semble largement partagée par la classe politique. Nous attendons juste de savoir comment elle va se réaliser en pratique. Si cela signifie qu'on me met un bureau, une connexion internet, un ordinateur et des livres à disposition, tant mieux : je ferai des économies. Cependant, s'il faut équiper tous les bahuts de France de cette façon, l'Etat et les collectivités vont payer le prix fort. Les modalités vont donc être primordiales, et certainement pas à notre avantage.

Il est plus difficile de mesurer le nombre d'électeurs sarkozystes dans notre milieu, car si les profs de droite existent, ils ont souvent du mal à assumer le vote Sarkozy. Pourtant, en 2007, celui-ci nous avait largement dragué en annonçant une revalorisation de notre profession. Celle-ci n'a pas eu lieu.

Le discours de jeudi risque de moins séduire. Sarkozy y a simplement annoncé la mise en place d'un modèle scolaire qui séduit très peu dans les salles des profs. Il est à craindre que nos collègues de droite se tournent plutôt vers Bayrou ou de Villepin.

Bayrou adopte d'ailleurs un positionnement résolument plus droitier que la dernière fois. Hier soir, dans On n'est pas couché, il a certes fustigé une politique en faveur des riches mais en a profité pour annoncer que certains droits sociaux étaient mal acquis. Le couperet est tombé sur les 35 heures, pourtant déjà largement détricotées par le président en exercice. Ce positionnement est relativement cohérent : face à un président en perte de vitesse, il est plus facile d'aller chercher des voix à droite qu'à gauche, où plusieurs candidats forts se positionnent, contrairement à 2007.

Et du côté des profs de gauche ? Sur les 90 collègues de mon lycée dit difficile, je ne suis pas parvenu à savoir combien d'entre eux s'étaient déplacés pour voter aux primaires socialistes. Les quelques-uns qui ont dit l'avoir fait ont plutôt choisi Aubry ou Montebourg qu'Hollande au premier tour, et Aubry au second. Un collègue militant PS m'avait d'ailleurs indiqué que les résultats du premier tour des primaires montraient qu'Hollande avait plutôt séduit les électeurs PS masculins, ouvriers, âgés et ruraux. Il est vrai qu'une salle des profs du 93, largement féminine, de petite classe moyenne, jeune et urbaine ne colle pas avec ce stéréotype.

Reste donc la question du vote au premier tour. J'entends peu de collègues vanter les mérites du candidat socialiste, mais on ne peut pas dire que Mélenchon et Joly suscitent plus d'enthousiasme pour le moment (même s'il est clair qu'Eva Joly est régulièrement victime de blagues pas très charitables). Il est donc très difficile de percevoir ce qui va se passer, d'autant plus que la vrai campagne n'a pas encore commencé.

Une dernière question m'a toujours taraudé, depuis maintenant trois présidentielles que je passe dans cet établissement. Qu'en est-il du vote Le Pen ? Je n'ai jamais entendu un collègue se vanter d'avoir choisi le FN, mais je suis certain que, au moins statistiquement, ce choix existe.

Je vais donc, durant les prochains mois, laisser traîner mes grandes oreilles dans ma salle des profs, et j'essaierai, cher lecteur, de te faire ressentir ce qu'il se passe.

Une sorte de sondage régulier, en somme...

samedi 7 janvier 2012

Ah, enfin des petits chefs à l'Education nationale !

Il est toujours passionnant de voir comment quelques idées, qui paraîtraient saugrenues dès qu'on prendrait le temps de réfléchir, subsistent dans le subconscient de la population.

Le président de la République en a aligné une bonne série lors de ses voeux aux profs aux militants de l'UMP. Il a annoncé comment il allait continuer à massacrer l'Education nationale si jamais il gagnait, comment il allait réutiliser la stratégie du bouc-émissaire, déjà employée en 2007 contre les retraites des cheminots, pour gagner des voix.

Parmi les idées étranges, existe dans l'inconscient collectif l'idée toujours vivace de l'homme providentiel. Ah, cette réincarnation permanente du roi, qu'on a injustement assassiné il y a quelques siècles, a survécu dans la peau magique du président, et dans l'entreprise, de l'entrepreneur. Souvenons-nous à quel point cet entrepreneur, personnalité centrale des doctrines économiques capitalistes, parvient, à lui seul, à susciter la création de richesse que le commun des mortels ne peut décidément pas faire par lui-même. Un vrai petit Louis XIV miniature...

Face à lui, il n'y a que des incompétents. On trouve le capitaliste, incapable de générer de la richesse autrement que par la rente mais qui sent parfois qu'il faut faire confiance à l'entrepreneur ; le salarié, qui n'est bon à rien d'autre qu'à obéir ; le syndicaliste, idiot fainéant qui ne pense à rien d'autre qu'à préserver ses propres privilèges, et éventuellement ceux de ses collègues ; le fonctionnaire qui est surtout là pour entraver l'entrepreneur.

L'Etat est d'ailleurs aujourd'hui dirigé comme cela, avec son entrepreneur en mouvement perpétuel à sa tête, entouré de gentils organisateurs très dynamiques, et gênés en permanence par toutes les pesanteurs de ce beau pays de citoyens à l'esprit obsolète, la France.

Mais voilà, cher lecteur, dans l'appareil d'Etat, d'entrepreneurs il n'y a point, le petit chef du haut ne pouvant tout. Et encore moins dans l'Education nationale. Comme on passe notre temps à étriller les profs, on considère que ceux-ci ne sont absolument pas innovants et qu'ils n'inventent jamais rien. On se demande presque ce qu'ils font, d'ailleurs, à part attendre tranquillement que cela se passe.

Les libéro-droitiers cherchent donc à mettre en place, dans l'Education, un entrepreneur qui va enfin donner à ce petit monde un peu de dynamisme. Ils ont trouvé pour cela le chef d'établissement, qu'ils rêvent de transformer en un petit entrepreneur qui mènerait tout ce petit monde grâce à son génie inné mais néanmoins flamboyant. Ce chef, mettant en place des projets, gérant les équipes, soutenant les enseignants plein d'initiative, deviendrait un moteur. Aujourd'hui, il est tellement contraint.

Par ailleurs, ce chef aurait la faculté de recruter ses profs et donc, par là-même, de les mater. La réforme en cours de l'évaluation, même si elle a été repoussée d'un an, est une nouvelle pierre de cet édifice.

Ainsi, quand, dans la classe politique, on parle d'autonomie des établissements, on parle en fait d'autonomie du chef d'établissement, qu'on conçoit comme une sorte de petit chef.

Le rêve est donc là :

  • des établissements indépendants dirigés par des petits chefs, eux-mêmes complètement soumis au pouvoir de l'administration, et donc, du politique, mais sans que cela ne soit dit ni clairement énoncé par le pouvoir politique en question,
  • des petits chefs qui se vengeront de cette réalité sur des enseignants vassalisés,
  • des enseignants frustrés, qui n'auront pas le droit d'enseigner comme ils le souhaitent, alors qu'ils sont maintenant recrutés à haut-niveau, et qui se vengeront sur les élèves, car ils seront jugés par le petit chef qui leur imputera les réussites et surtout les échecs des bambins,
  • des élèves aux parcours individualisés, qui seront bien évidemment responsables de leurs échecs et les profs n'arrêteront pas de le leur reprocher.
Cette école apprendra à tous l'art de la soumission. Fera-t-elle rêver les gamins ? J'en doute fortement. Mais après tout, le but n'est pas que les gamins rêvent, mais qu'ils soient soumis.

Cette utilité du petit chef, tu y crois, cher lecteur ? Je parierais que vous êtes tous, à un moment ou à un autre, tombé sur un petit chef qui avait enfin trouvé une raison à son existence : embêter les autres en étant chef. Ces personnes suscitent-ils plus de création de richesse que les autres ? Là encore, j'en doute fortement.

mercredi 4 janvier 2012

Elections en Grèce : pour qui voter ?

Je n'aimerai pas être citoyen grec en ce moment.

Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, la Grèce est dirigée depuis novembre 2011 par un gouvernement d'Union nationale visant à rassurer les marchés qui vident le pays depuis 2009. Cette coalition reste dominée par le PASOK, mais elle est maintenant menée par un Premier ministre technicien, Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque Centrale Européenne, qui avait participé au truquage des comptes de la Grèce lors de son accès à l'euro... Ça doit rassurer tout le monde...

Ce gouvernement accueille deux ministres du parti conservateur, autant mouillé dans les truquages que le PASOK, mais aussi un ministre issu du parti d'extrême-droite, Mavroudis Voridis, qui se trouve aux transports. Un secrétaire d'Etat est aussi issu de ce parti, Adonis Goergiadis.

Ces nominations n'ont pas franchement soulevé de tollé en France. On ne peut que s'étonner de cette évolution, car ces avancées de la droite extrême se produisent partout en ce moment, comme en Hongrie. Et en France, Marine le Pen caracole dans les sondages autour de 20% au premier tour des prochaines présidentielles.

L'extrême-droite grecque fait maintenant campagne sur le thème de la protection de la souveraineté nationale et de l'arrêt des privatisations et des baisses de salaire et des pensions de retraite, que le PASOK a rigoureusement appliqué suite aux demandes de l'UE.

Aux dernières élections, le parti Laos n'était qu'à 5,63% des voix. Il est à craindre que son score, avec ce programme et malgré sa participation au gouvernement, soit en nette hausse.

Avec une telle alliance, que reste-t-il comme choix au citoyen lambda grec qui rêverait d'une autre politique ?

Aucun, je le crains...

Et les élections législatives ont lieu dans un mois...

Sale mec, capitaine de pédalo, pauvre con...

Il y a quelques temps, le président de la République en exercice avait traité un de nos concitoyens de "pauvre con". On aurait pu trouver cela scandaleux, que le chef de l'Etat du phare culturel qu'est (ou qu'a été) la France, s'exprime ainsi.

Aujourd'hui, les médias se passionnent pour les petites phrases, souvent déformées et sorties de leur contexte. On avait Mélenchon et son "capitaine de pédalo", et voici François Hollande avec son "sale mec".

Finalement, Sarkozy n'a peut-être pas été aussi incompétent qu'on le prétend parfois : il a réussi à amener toute la classe politique et tous les grands médias à son niveau.


PS : et aujourd'hui, la Hongrie est en train de devenir une dictature, l'extrême-droite est au gouvernement en Grèce, l'un des candidats les plus conservateurs du Parti Républicain a failli gagner la primaire de l'Iowa, la TVA sociale est sur la table... Ce n'est pas comme s'il se passait quelque chose...

lundi 2 janvier 2012

Burn-out ta mère !

Suite au drame de Béziers, on a pu voir fleurir dans les médias des interrogations diverses à propos du burn-out des enseignants (barbarisme terrible, et je ne suis pas parvenu à trouver un mot simple en français  résumant ce concept : si quelqu'un a une idée). Evidemment, on voyait poindre une certaine forme d'étonnement devant un malaise dans cette profession de privilégiés patentés qui, avec leurs vacances, ne devraient pas être fatigués.

Dans l'esprit populaire, domine souvent l'idée que ces syndromes viennent, dans la plupart des cas, des comportements incontrôlés d'élèves de moins en moins gérables. Nos concitoyens font ainsi preuve d'un masochisme sans borne, puisque ces élèves sont aussi leurs enfants...

Pourtant, ce problème est loin d'être le seul.

Il y quelques années, se trouvait dans mon lycée une collègue particulièrement reconnue par tous les acteurs de l'établissement. Cette collègue faisait preuve d'une inventivité pédagogique évidente, était très sympathique, savait se faire apprécier et, surtout, était littéralement adulée par les élèves dont elle avait la charge. Elle était d'autant plus touchante qu'elle passait son temps à se remettre en question et à venir demander conseil à tous ses collègues, dont, souvent, à certains d'entre eux bien moins capables qu'elle.

A une rentrée, tout a basculé. Après quelques jours de cours, alors qu'elle n'avait pas de classe plus difficile que d'habitude, elle a brusquement éprouvé un sentiment de mal-être terrible. Elle nous disait ne pas parvenir à sortir de chez elle le matin. Si elle y parvenait, elle finissait par faire faire demi-tour à sa voiture sur le chemin du lycée. Elle a fini par demander à son médecin de la mettre en arrêt-maladie, après avoir tout de même pris la peine d'achever toutes ses séquences en cours et d'avoir corrigé au moins un paquet de copies dans chaque classe. Consciencieuse, jusqu'au bout...

Bien évidemment, on s'est tous interrogé, et comme son travail ne semblait pas différent des années précédentes, on a pensé, au début, que cette évolution devait correspondre à une situation personnelle compliquée, dont la très grande majorité d'entre nous ne savait absolument rien. Et puis, nous pensions que la collègue allait tout simplement reprendre après quelques semaines de repos, comme cela pouvait parfois arriver dans notre profession.

Et puis, non, elle n'est pas revenue. Le chef d'établissement a tout fait pour qu'elle puisse faire un retour en douceur et plusieurs collègues ont gardé des contacts avec elle, mais rien n'y a fait. Elle a tout simplement quitté la profession.

Je l'ai recroisé quelques temps plus tard. Bien sûr, elle ne niait pas que ses questionnements personnels avaient eu un impact sur son explosion en vol. Cependant, elle évoqua aussi des raisons strictement professionnelles.

Elle ne supportait plus qu'on passe notre temps à se faire culpabiliser. Dans sa discipline, tous les deux ans, l'inspecteur passait pour indiquer aux collègues qu'il fallait tout reprendre à zéro, que la pédagogie d'il y a deux ans ne servait plus à rien et ne donnait aucun résultat, et qu'il fallait donc tout refaire depuis le début. Ainsi, sérieuse comme elle était, elle remettait tout à plat. Mais ce qui semblait l'ennuyer le plus, c'est qu'elle était obligée, à chaque fois, de remettre en cause des séquences qui avaient bien fonctionné et que les élèves avaient appréciées. Elle en avait développé un fort sentiment de culpabilité, estimant que ce qu'elle croyait être bien n'était en fait que mauvais et que, tous les deux ans, elle était de fait en échec.

Bien sûr, ce cas individuel n'illustre pas les grands nombres, mais il a été pour moi, à l'époque, une révélation de quelque chose d'important. Les individus réagissent tous différemment à des situations identiques, en fonction de multiples facteurs très difficiles à démêler. Les collègues de sa discipline, pourtant soumis à la même logorrhée, ne réagissaient pas de la même manière. Certains refaisaient leurs cours mais sans éprouver de culpabilité, d'autres s'en moquaient comme de l'an 40 et poursuivaient avec les cours qu'ils estimaient efficaces, les derniers piochaient dans les discours de l'inspecteur tout en gardant les points positifs de ce qu'ils faisaient avant.

En clair, il est finalement très compliqué d'imaginer ce qu'une modification de l'environnement de travail peut avoir comme effet sur les salariés. Certains résistent mieux que d'autres à une situation donnée. Contrairement à ce que l'on pense, ce ne sont pas forcément les professeurs visés qui craquent lorsqu'on les met en difficulté. Cette collègue, au strict plan de la réussite des élèves, n'aurait jamais dû partir et quitter le système éducatif.

Tu vas me dire, cher lecteur : "elle ne devait pas être assez solide pour ce job !"

Sans doute.

Mais est-il normal qu'une personne fragile, par ailleurs très douée, soit broyée par le système ainsi ? Est-il normal que les élèves ne puissent plus profiter de la qualité de son travail, celle-ci ayant sûrement été issue aussi de sa fragilité ?

Je ne le crois pas.

PS : après relecture de ce texte, j'ai du mal à capter mon propre propos politique dans cette affaire. Cependant, je souhaitais partager cette histoire avec toi, cher lecteur. Je reviens un autre jour avec des textes plus politiques et, je l'espère, plus clairs.

dimanche 1 janvier 2012

Meilleurs voeux pour 2012 : la droite annonce sa politique sur l'éducation.

2012, je le disais hier, s'annonce comme une année faste, en particulier pour un individu comme moi qui aime à s'épancher sur internet de ses jugements et opinions. Les élections présidentielles vont nous apporter l'occasion de le faire à de multiples occasions.

Donc, bonne année à tous ! On aura besoin d'énergie pour supporter toutes les idioties que les candidat-e-s de tout bord vont se sentir obliger de dire durant les prochains mois.

Au moins puis-je me satisfaire d'un point : à l'évidence, l'éducation sera un des thèmes majeurs des prochaines présidentielles. Depuis septembre, la presse pullule de tribunes diverses sur le sujet. Encore une fois, beaucoup de bêtises vont être dites. Cela aura l'avantage de me donner plein de sujets de billets sans avoir besoin de me creuser trop la cervelle.

Tiens, un petit signe de l'ambiance du moment. Je te parlais, cher lecteur, il y a deux jours de la réforme de l'évaluation des profs. Un décret très récent vient de reporter l'application de ce texte au 1er janvier 2013.

En conséquence, Luc Chatel vient de passer un message clair à son électorat : je laisse le truc en suspens jusqu'aux élections, mais après, je peux vous assurer qu'on va se faire ces feignasses gauchistes de profs ! Donc, vous qui n'aimez pas les fonctionnaires, votez pour nous !

Allez, ne perdons pas le moral. Cette année, je le répète, s'annonce passionnante.