vendredi 18 mai 2012

Quelques réflexions sur un mandat qui débute.

Quand on réfléchit au nouveau quinquennat qui débute, on ne peut que s'inquiéter de l'avenir, et particulièrement des élections de 2017. Tu vas me dire, cher lecteur, que je prends de l'avance, mais il faut bien y penser.

Je n'aimerais pas être à la place de François Hollande. Déjà, il faut déjà avoir de sacrés névroses pour vouloir occuper ce poste (égo surdimensionné, surmoi énorme). Ensuite, l'avenir proche est tellement sombre pour le continent qu'il faut y ajouter de sérieuses tendances masochistes, dans ce contexte, pour l'avoir voulu maintenant.

Surtout, le président est face à une sacré responsabilité.

Les Français ont choisi l'une des composantes de la gauche, le Parti socialiste, pour exercer le pouvoir. Cette désignation s'est faite dans le cadre d'une crise économique grave, d'un niveau élevé de l'extrême-droite et d'un rejet fort de Nicolas Sarkozy. En clair, nos concitoyens sont inquiets, ont fait un choix en grande partie par défaut et peuvent maintenant observer les actes du président et de son gouvernement sans avoir l'objectif de virer le précédent.

Pourtant, la situation historique, d'une certaine façon, oblige le président et la majorité à la réussite ! 

Si la gauche échoue, vu l'évolution de l'UMP, il est possible que nous ayons au pouvoir un attelage FN-UMP. Certes, j'aimerais croire que le Front de Gauche pourrait succéder au PS, comme le crie Mélenchon partout, mais je ne suis pas naïf : la tradition dans notre pays est de faire alterner la gauche et la droite, et nous ne sommes pas encore dans une situation grecque (même si cela nous pend au nez).

Il va donc falloir à la fois résoudre la crise économique que nous vivons et améliorer les conditions de vie des plus pauvres de notre pays : une belle croix à porter...

Un collègue m'a transmis un article de Gérard Filoche qui appelait le Front de Gauche à bouger son positionnement pour relever ce défi avec le PS. Il faudrait que Mélenchon abandonne son kominternisme maladif et, en contre-partie, que le PS abandonne le social-libéralisme. Les deux me semblent totalement hors de portée pour le moment.

Filoche critique vigoureusement la tactique anti-Le Pen de Méluche. D'autres l'ont fait dans la blogosphère. A mon sens, ils se trompent complètement. Depuis 30 ans, on a hésité entre une ignorance du FN, une diabolisation ou sa normalisation. Tous les partis ont navigué là-dedans, y compris d'ailleurs les composantes actuelles du Front de Gauche. Ces trois tactiques ont échoué. Mélenchon veut affronter Le Pen sur le plan des idées et de la théorie. Je ne sais pas si cela marchera, et sans doute pas si Mélenchon s'obstine à manier parfois l'insulte. Je crois qu'il faut combattre le FN sur le plan des idées pour montrer que cette femme à un programme qui n'est pas de gauche, contrairement à ce qu'elle dit, mais qui n'est pas de droite non plus et qui n'est même pas républicain. Certains s'inquiètent du risque de médiatisation à outrance du FN : son absence des médias entre chaque élection depuis 30 ans ne l'a pas empêché d'avancer, alors, mettons ses contradictions en lumière ! Cependant, je l'admets complètement : le seul moyen de faire vraiment reculer le FN est de sortir ses électeurs de la mouise, en sachant qu'on ne pourra pas ramener de toute façon une part de l'électorat habituellement d'extrême-droite.

Filoche dit une seconde bêtise. Il affirme qu'il faut que le FdG concentre ses attaques sur la droite globalement pour faire baisser le FN. Au contraire, il ne faut pas faire cela. Les deux camps sont différents et n'ont pas les mêmes objectifs. Si l'on se concentre sur l'UMP, on laisse à penser que le FN, lui, est moins dangereux. De toute manière, le FdG n'a pas cessé aussi d'attaquer Sarkozy durant la campagne, mais pas sur les mêmes motifs. Pour moi, l'UMP reste un parti républicain. On n'est pas d'accord sur un grand nombre de points, mais on ne peut la ranger dans le camp de l'extrême-droite. Sinon, on diffuse dans la population l'idée que, hors de la gauche, la démocratie serait menacée. Ce n'est pas vrai, et l'alternance que nous venons de vivre le prouve.

Après, si l'UMP fait le choix de l'alliance avec le FN, il faudrait changer de position, mais pour le moment, heureusement, ce n'est pas le cas.

lundi 7 mai 2012

Très vite, François Hollande va pouvoir montrer s'il a du cran !

Certes, cher lecteur, on est content que Sarkozy ait perdu et on peut savourer ce moment. Je ne me fais que peu d'illusion sur les capacités du président élu à imposer une autre politique à l'Union européenne, mais on va le savoir très vite. En effet, le président élu va devoir rapidement se mettre à l'ouvrage.



Dès aujourd'hui, l'Europe doit affronter la crise grecque qui vient de connaître un nouveau rebondissement. Les médias français se sont focalisés sur l'entrée au Parlement du parti néo-nazi Chryssi Avghi et on ne peut que le déplorer : voir des nazillons au Parlement dans un pays où, pendant la seconde guerre mondiale, un Grec sur sept a trouvé la mort, c'est affligeant. Cependant, la Grèce souffre terriblement et ce score est un signe de cette crise. 

Pourtant, il faut largement le relativiser. Ensemble, tous les partis de gauche ont la majorité en voix (et personne ne le dit ici). Ils ne peuvent cependant pas gouverner ensemble car le parti conservateur a reçu un bonus de 50 sièges pour être arrivé en tête, et le PASOK et les autres s'opposent totalement sur l'austérité. Le parti conservateur va tenter de trouver une majorité avec le PASOK, qui a assumé avec lui les plans de rigueur. Il lui manque juste le soutien d'un autre parti pour pouvoir gouverner (les deux partis ont 149 sièges sur 300). S'il n'y parvient pas, François Hollande va rapidement pouvoir montrer ses capacités de leader de caractère européen en essayant de pousser Angela Merkel à bouger sa position sur la gestion de la crise de la dette, avant que la Grèce ne claque la porte de l'euro et fiche la monnaie unique en l'air.


A propos de la Grèce, les médias ne disent rien, ou très peu, sur les scores très importants des partis équivalents à notre Front de Gauche, avec une des formations qui se place devant le PASOK et un total de plus de 30% des voix. On reproduit ici ce qu'on a fait en France ces deux dernières semaines, en occupant la scène avec une extrême-droite très minoritaire et en nette baisse, puisque le LA.O.S. (équivalent du FN) a nettement baissé suite à sa participation au gouvernement. On évite ainsi de parler des différents choix possibles face à la crise de la dette. 

Une seconde échéance permettra à François Hollande de montrer qu'il a du cran : le sommet de l'OTAN a lieu à Chicago à partir du 20 mai. Le président élu s'était positionné pour un retrait d'Afghanistan d'ici à la fin de l'année, avançant d'un an l'échéance fixée par Nicolas Sarkozy. On verra vite s'il parvient à résister aux pressions de nos alliés pour rester dans ce pays. Tiens, si on quittait l'Afghanistan, on réduirait les dépenses publiques au passage.

En attendant, le nouveau président peut profiter, pour très peu de temps, du bénéfice du doute...