lundi 25 mars 2013

Dites, et si on reprenait un peu de hauteur ?

Bon, ce qui est sûr, c'est que le climat politique actuel n'est pas à la sérénité.

Il y a quelques jours, j'ai écrit un billet sur Cahuzac, où j'écrivais qu'on se moquait des personnes, et que ce qui comptait était la ligne politique. Si on est en désaccord avec le gouvernement, on l'attaque sur sa ligne, pas sur ses membres.

Ce week-end, les camarades du PG ont dit des conneries. Si on acceptait l'idée que Moscovici puisse être un salopard, il suffirait donc de le virer et de mettre un autre membre du PS à sa place, et tout irait bien. C'est ce qu'on disait d'ailleurs de Sarkozy à l'époque. Or, le problème n'est pas là : ce qui compte, c'est la ligne politique. Un autre socialiste, du fait de la ligne adoptée par le président, ferait la même chose.

Ce qu'il faut combattre, c'est la ligne de la rigueur, et inutile pour cela d'être insultant: les faits suffisent à eux-mêmes.

Après, les multiples réactions des socialistes étaient tout aussi stupides. Le coup de l'antisémitisme, c'était quand même énorme, et cela démontre juste qu'Harlem Désir n'a pas la carrure d'un chef d'un grand parti national.

Et je voudrais dire quelque chose à mes amis socialistes (et à d'autres) : si Mélenchon est aussi peu important et se contente d'être simplement un populiste insultant, pourquoi lui consacrer autant d'énergie (surtout que les résultats électoraux du Front de Gauche ne sont pas à la hauteur encore et que c'est plutôt le FN qui devrait inquiéter tout le monde), de même qu'aux blogueurs du FdG ? C'est bien que vous utilisez la forme pour essayer de détruire le fond, car en réalité, la politique d'Hollande ne vous satisfait pas pleinement non plus et vous trouvez certaines critiques du Front de Gauche tout à fait pertinentes.

Et si vous perdez des élections partout, si le gouvernement est au plus bas dans les sondages, ce n'est pas à cause de la critique du FdG (et c'est dommage, parce que j'aimerais bien) mais bien du fait de la politique menée, et c'est elle qui sera sanctionnée en 2014 puis en 2017, si rien ne change.

En fait, là où Mélenchon fait une erreur tactique, c'est qu'en devenant insultant (et en étant obligé de se justifier en permanence pour expliquer ses insultes), il donne des armes au PS pour riposter durement et pour qu'on oublie le fond, et il empêche toute alliance future si les socialistes changent de ligne. J'espère qu'on va rapidement changer de posture et revenir à une critique raisonnée et constructive. C'est comme cela qu'on pourra éventuellement faire bouger ce gouvernement, et sinon, espérer le remplacer à la tête de la gauche.

Et encore, je ne parle pas de la droite. La défense outrancière de Sarkozy était ridicule. Là encore, attendons que la justice fasse son boulot, et arrêtons les bêtises. La France mérite mieux que ça. Et que dire des manifestants qui découvrent que c'est la préfecture qui fixe le parcours, qu'elle le fait dans l'intérêt du pouvoir et que, quand on obéit pas, les CRS frappent ? C'est pathétique...

mercredi 20 mars 2013

Démission de Cahuzac : on s'en fout.

La polémique monte dans la blogosphère à propos de la démission de Jérôme Cahuzac. Certains veulent en profiter pour se faire le Front de Gauche, alors que Mélenchon avait été très clair avec Cahuzac sur France 2 lorsqu'ils avaient débattu, affirmant son refus de rentrer dans cette polémique (ce qui n'avait pas empêcher après un débat très vigoureux). Il faudrait se rappeler, à gauche, les critiques que nous émettions durant le mandat de Nicolas Sarkozy sur sa personne, car le problème est le même.

Alors, qu'en dire ? Quelques réflexions :
  1. Il est positif qu'un ministre démissionne (ou soit démissionné) dès que la justice le met en examen, tout simplement pour qu'il puisse se défendre et qu'il n'entame pas l'image globale du gouvernement. Les ministres mis en examen de Sarkozy, voire condamnés, ne l'ont pas aidé à se faire réélire, j'en suis sûr : Woerth évidemment mais aussi Hortefeux condamné pour injures raciales.
  2. Est-ce que cette démission représente cependant une défaite du social-libéralisme ? Aucune, puisque la même ligne est toujours au pouvoir. Les électeurs ont fait un choix, et ce n'est pas par les déboires fiscaux d'un ministre qu'il sera remis en question.
  3. Cette affaire révèle les affres de la personnalisation. On en avait souvent parlé sous Sarkozy. En soi, Sarkozy était très pénible par son côté agité, désordonné et parfois totalement irresponsable, et par sa manière de concevoir le rôle du président. Par contre, sa défaite n'a pas remis en cause la ligne politique qu'il défendait à droite, puisque Copé a réussi à se maintenir à l'UMP sur un programme presque plus à droite et que certains pans de ce parti souhaitent le rapprochement avec le FN.
Que tirer de tout cela ? On ne combat pas des personnes mais des idées. Et si on veut faire bouger les lignes, attaquons sur le fond.

Quant à Cahuzac, laissons-le se débrouiller avec la justice. Mais je dois te dire, cher lecteur, que je me moque pas mal de ce qui se passera durant cette enquête. La seule chose importante est que s'il y a eu délit, il y ait bien condamnation, comme pour tout citoyen de notre pays. Et là-dessus, s'il y a une quelconque entrave à la justice, le blogueur que je suis sera le premier à le dénoncer.

vendredi 8 mars 2013

Les 11 questions du vendredi.

Malgré le fait que je ne blogue presque plus, voilà que je suis visé par une chaîne ! Bordel !

Bon, il faut répondre à onze questions. Allons-y :

1/ Alors, en weekend ? Oui, demain, mais en même temps, je suis en vacances, alors...
2 / Chien ou chat ? Plutôt chat. Les chiens, ça bave partout. Je me demande ce qu'ils donnent dans les lasagnes.
3/ Appréciez-vous cette presse spécialiste du foot ? Je n'y connais rien en foot, mais j'ai déjà eu So Foot entre les mains, et j'ai trouvé ce magasine plutôt bien fichu.
4/ Les verts, dont la seule préoccupation visible est de déranger le conseil constitutionnel pour demander à instaurer une parité homme – femme à la présidence des groupes parlementaires, sont-ils grotesques ou vont-ils sauver la patrie des droits de l’homme ? Les Verts sont surtout occupés à préserver leurs mandats électoraux...
5/ La dernière fois où vous avez mangé des lasagnes ? C'était le 29 novembre dernier (je sais, c'est précis) et c'était fait avec de la viande du boucher. Miam !!!
6/ Que penser des élections en Italie ? Que l'austérité suscite un sacré bordel...
7/ A-t-on le droit d’être réticent sur l’adoption d’enfants par des couples de même sexe sans être traité d’homophobe, et d’être opposé au droit de vote des étrangers sans être traité de raciste ? Je suis contre le droit de vote des étrangers mais pour l'adoption d'enfants par les couples homo. Après, tout dépend de la manière d'argumenter ses idées.
8/ Si on traitait une dame de « mi femme, mi cochonne », les féministes nous recommanderaient elles au Nouvel Obs pour faire sa une ? Vous pouvez répéter la question ?
9/ Bon, c’est qui Laurent Obertonne au final ? Je ne connais pas, mais vu le bouquin, cela ne va pas être ma tasse de thé.
10/ Quand est ce que Montebourg va quitter le gouvernement ? Pas avant les prochaines législatives.
11/ Ca vous branche, une escalope avec une belle salade ? De veau, pas de dinde SVP.
Ah, ça faisait longtemps que je n'avais pas répondu à une chaîne. Ouf...

Loi d'orientation : l'école du socle au programme.

Vincent Peillon est un type malin : depuis plusieurs semaines, il occupe les médias en injectant sans arrêt des éléments nouveaux sur une question clivante, celle des rythmes scolaires. Et pendant ce temps, la loi d'orientation sur l'école avance et a commencé à être analysée et modifiée par les parlementaires. Et le moins que l'on puisse dire est que, contrairement à ce qui est dit un peu partout, cette loi va assez loin.

On risque d'entendre beaucoup parler dans les prochains jours du concept d'école du socle. C'est un très vieux débat, cher lecteur.

Pour le résumer de manière très caricaturale (on est sur un blog, pas sur un site de sciences de l'éducation), il s'agit, en réalité, d'une division organisationnelle du système scolaire. Je te résume les positions existantes :
  • actuellement, le système scolaire est divisé en trois morceaux bien distincts qui permettent de mettre en place des ruptures dans la vie de l'enfant. On trouve l'école primaire, le collège et le lycée. L'école primaire et le collège font partie de la scolarité obligatoire (à l'exception de l'école maternelle, même si l'ultra-majorité des gamins y vont). Cependant, les deux sont nettement séparés. Au primaire, les enfants sont face à un enseignant généraliste qui traite l'ensemble du programme (même si des intervenants extérieurs sont fréquents, en fonction des moyens des communes). A partir de la 6e, les enfants sont face à plusieurs enseignants qui, eux, sont spécialisés dans un petit nombre de disciplines. Cette rupture est très critiquée, les enfants ressentant apparemment une vraie souffrance à ne plus avoir un seul enseignant qui les cajole toute la journée. La réalité est que, après une ou deux semaines d'attentisme, la plupart des 6e se comporte comme s'ils étaient au collège depuis toujours. Par contre, il est vrai aussi que les gamins en grande difficulté au primaire ne s'en sortent pas mieux ensuite au collège ;
  • les tenants de l'école du socle considèrent qu'il faudrait réunir le primaire et le collège avec une transition progressive et non pas brutale, en s'appuyant sur le célèbre socle commun de compétences, de connaissances et de culture, vieille marotte des libéraux qu'une partie de la gauche a aussi entretenu. La vraie rupture se placerait alors à l'entrée en 2nde. Le socle est très populaire au PS, mais c'est pourtant la droite qui en a mis en place une première mouture, que Peillon n'a pour le moment pas modifiée. Je ne vais pas me lancer ici dans le débat sur ce conflit à mon sens stérile sur l'opposition entre compétences et connaissances que je laisse à mes collègues qui préfèrent s'entretuer plutôt qu'avancer.
Cette division actuelle date de 1989. A cette date, Jospin a tranché entre le collège et le primaire et a provoqué de profonds remous dans le monde syndical enseignant. En effet, jusque là, enseignaient au collège des certifiés, des agrégés, mais aussi des PEGC, professeurs pouvant enseigner plusieurs disciplines. Or, ces PEGC se syndiquaient au grand syndicat du primaire de l'époque, le SNI-PEGC, alors que les autres émargeaient au SNES, au SNEP (pour le sport) ou au SNETAA (pour le professionnel). Ces deux syndicats (SNES et SNI-PEGC) appartenaient à la FEN, mais étaient chacun tenus par deux tendances opposées, Unité, indépendance et démocratie (plutôt proche du PS) pour le SNI-PEGC et Unité et Action (proche du PCF) pour le SNES. UID espérait, en permettant aux professeurs du primaire d'aller au collège, donner une perspective professionnelle à ses adhérents et rééquilibrer un peu les rapports de force au sein de la FEN car UA y progressait. En faisant ce choix, Jospin a choisi UA, et de fait, la FEN a explosé en 1992. La tendance UID a gardé la FEN qu'elle a transformé en SE-UNSA, et les membres d'UA, avec les autres tendances de la FEN, ont fondé la FSU.

Tu vas me dire, cher lecteur, que cette incise sur le syndicalisme ne concerne pas le sujet. En réalité, il est en plein dedans, car il faut bien voir que cette organisation actuelle de l'école n'est pas forcément venue de "l'intérêt de l'élève" mais bien de toute une série de rapports de force. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi Jospin a privilégié les proches du PCF, mais si un ancien du PS de l'époque passe par là, je serais très intéressé par son commentaire.

La loi d'orientation revient sur ce choix historique. En effet, elle met en place des conseils école-collège et prévoit que les enseignants des deux bords pourront aller enseigner chez les autres. Le PS est resté très accroché à cette idée que le SE-UNSA continue à défendre mordicus. Cependant, après réflexion, je continue à ne pas bien comprendre ce que le fait de faire venir des profs du primaire au collège, et inversement, pourra bien changer.

Les difficultés scolaires, dans le système actuel, apparaissent tout au long du système. Souvent, les gamins qui sont largués dans le primaire continuent à l'être ensuite. Dans le cadre actuel, nous sommes tous en échec sur les 120 000 gamins qui sortent du système sans diplôme. Ces 10% d'une classe d'âge restent notre grosse difficulté.

A partir de là, la question de l'école du socle apparaît plus comme une réforme institutionnelle que comme une réforme dans l'intérêt des élèves. Un enseignant du primaire a l'avantage de bosser 27h par semaine par rapport à un prof du secondaire qui en fait 18 ou 15. D'autre part, envoyer des profs du secondaire de certaines disciplines (langues, musique, arts plastiques, sports) permettrait de faire sauter tous les intervenants qui font souvent ces missions aujourd'hui.

En clair, où est l'intérêt des élèves dans tout cela ? Si quelqu'un a une idée...

mercredi 6 mars 2013

Où va donc Libération ?

Je ne sais pas comment le vivent les journalistes de Libération, mais en lisant cet édito de Nicolas Demorand, je me suis vraiment demandé quelle était la ligne politique du journal aujourd'hui.

Espérons, même si on peut partager la colère de certains, que le reste de la rédaction peut encore se démarquer de son patron.

Laissons Chavez tranquille et travaillons !

Hugo Chavez est mort...

Il faut, à ce moment du récit, faire une première mise au point de principe : en France, il est totalement impossible de se faire une idée claire sur ce qu'est vraiment le Venezuela d'aujourd'hui. Le personnage de Chavez n'a cessé de révéler des clivages idéologiques dans notre pays. La droite et les réacs considèrent le Venezuela comme un nouveau Cuba (il faut dire que la droite locale s'est faite virer du pouvoir et n'est pas parvenu à le reconquérir, par la force comme par les urnes), les sociaux-démocrates comme un modèle très critiquable (il faut dire que le PS local n'a pas été associé au pouvoir), les gauchistes comme une espèce d'icône à suivre sur tous les points (enfin un candidat radical qui gagne des élections, ce qui n'est pas notre cas en France).

En réalité, on ne sait rien de rationnel et d'objectif par les médias. Par curiosité, j'ai cherché sur le site d'Amnesty International pour voir ce qui ressortait, et je n'ai trouvé qu'un article, mais là encore, le fameux rapport annuel n'est pas consultable sur le site.

De notre côté, cher-e-s camarades, il faut quand même un peu se calmer. On peut certes regarder avec intérêt ce qui se passe au Venezuela et dans l'ensemble des pays d'Amérique Latine et essayer d'en tirer des leçons pour la gauche française voire européenne, mais avec toutes les limites de l'exercice. Ces pays sont loin de ressembler à la France : niveau de développement, population aux dynamiques démographiques de pays en développement, ressources naturelles, structures économiques et sociales... On ne pourrait pas ici appliquer le même système politique, et d'abord parce que la France a des traditions démocratiques bien plus ancrées. On peut supposer qu'en cas de victoire électorale du Front de Gauche, la droite de ce pays ne ferait pas de tentative de putsch et que le PS participerait au pouvoir sur la base du programme du FdG. En tout cas, on peut l'espérer.

Je suis toujours très mal à l'aise de cette volonté de trouver partout ailleurs un modèle qui s'appliquerait tel quel ici, en prenant pour exemple des pays très différents. D'habitude, c'est à droite qu'on est coutumier de cette stratégie. Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis : tous les pays qui ont fait des réformes libérales y passent, jusqu'à ce qu'ils se cassent la binette et qu'on en trouve un autre. Les réformistes ont longtemps mis le blairisme en avant, sans oublier l'Allemagne de Schröder et les pays scandinaves. De notre côté, il est vrai qu'on a souvent parlé du Chili, de l'URSS et parfois de la Chine, sans oublier Cuba. Dommage qu'on ait eu cette manie (Chili excepté) de promouvoir des dictatures bien loin de notre idéal démocratique...

Bon, et si on parlait de la France et des questions qui la concerne, plutôt que de passer notre temps à chercher des lendemains qui chantent ailleurs ? C'est pour la France que nous devons trouver des solutions, pas pour les Vénézuéliens qui ont l'air de très bien se débrouiller seuls.

Au travail !