samedi 2 mai 2009

Une belle journée de mai, de l’intérieur.

Comme tu le sais, j'avais des doutes divers et variés sur la manifestation d'hier. Le 19 mars, j'avais été bloqué par un voyage scolaire intempestif malgré mes appels à la manifestation. De même, Fabrice, mon camarade blogueur, m'avait fait part de ses doutes profonds sur le sens de cette manifestation.

Cependant, j'ai décidé de m'y rendre, comme, d'après ce que j'ai pu lire, de nombreux blogueurs. Même Nicolas a participé et a quitté le Kremlin-Bicètre pour quelques heures, c'est tout dire…

Donc, je me suis mis en route en début d'après-midi. Ayant éprouvé de réelles difficultés la dernière fois, mes collègues avaient proposé que l'on se retrouve à Port-Royal, pour éviter de rester coincé des heures au départ. Je débarque donc dans le cortège à cet endroit-là, et pas à Denfert-Rochereau. Nous arrivons au moment où les chercheurs de la CGT passent. Après avoir attendu un peu, nous commençons à avancer très lentement en prenant le Boulevard Saint-Michel. Le cortège est bloqué par les installations du Front de Gauche, qui s'est installé là. Un écran géant et des échafaudages trônent : je me demande encore comment ce regroupement de partis a pu mettre autant d'argent là-dedans malgré son faible poids électoral. Il semble bien que les moyens du PCF soient mobilisés.

Le cortège est lent mais l'ambiance est bonne. J'adore ce type de manifestations car on y retrouve une véritable variété de personnes de tous horizons. On croise ainsi les vieux ouvriers retraités de la CGT, des chercheurs très propres sur eux, des médecins en blouse blanche, des familles entières avec enfants et grands-parents, des cortèges de sans-papiers de la CGT et de la CNT, des salariés des entreprises de nettoyage en lutte à cause de leurs conditions de travail, des fonctionnaires un peu noyés dans tout cela, et même un stand du Modem, avec des militants qui tentent de montrer que l'avenir de la gauche réside chez François Bayrou, et donc que François Bayrou aimerait bien sortir de son isolement en racolant à gauche. C'est le collectif qui s'exprime, et qui montre qu'il peut encore exister devant les puissants.

Ainsi, cette manifestation ressemble bien à une immense fête populaire, dans l'esprit historique des 1er mai. Par contre, malgré cette bonne ambiance, les slogans, comme durant la manifestation du 29 janvier, restent très violents, très anti-Sakozy, anti-patrons et anti-banquiers. Malheureusement, comme j'en suis sûr, il est à craindre que nos syndicats ne donnent aucune réponse à tous ces messages : la perspective politique reste absente.

Les retraités de la CGT, en entrant sur la place de la Bastille, lèvent le poing et entonnent l'Internationale. J'ai beau ne pas être communiste et ne pas avoir d'atomes crochus avec l'idée de révolution, je ressens une véritable émotion : entendre ces voix brisées chanter un avenir meilleur pour tous m'atteint malgré tout. Le cortège est suspendu. Et puis, les slogans repartent de plus belle dès que nos vieux camarades laissent leurs voix s'éteindre, trace d'un passé d'espérances pour eux.

La manifestation s'arrête, les bistros sont pleins et les gens s'attardent, profitant du beau soleil de mai. Je repars de la manifestation fatigué, satisfait d'être venu dire mon mécontentement, mais en même temps sûr de l'inutilité de cette action…

PS : à l'angle du Boulevard Saint-Michel et du Boulevard Saint-Germain, des touristes prennent en photo les CRS en tenue de Robocop. L'un des policiers réagit mal et se met à hurler sur les passants, des Russes majoritairement. Peut-être ont-ils voulu voir si la police locale était mieux que la leur : j'espère pour nous qu'ils n'ont pas été déçus…

6 commentaires:

  1. Tiens, j'y étais, le poing levé, chantant l'internationale :)
    On a chanté jusqu'à ce que les effluves lacrymogènes nous fassent tousser...
    On ne s'est pas croisés, dommage. Mais quelle foule, quel beau premier mai ! Moi je reste bêtement attachée à cette fête du premier mai. J'émets moins de réserve que toi, dans le sens où ce n'est pas une manif comme les autres. Et je tenais à être là pour saluer cette idée d'unité syndicale.

    RépondreSupprimer
  2. @ MGP : je sais que ce n'est pas une manif comme les autres. Je suis juste agacé parce que rien ne bouge ensuite, et cela me déprime. A quand un vrai mouvement social ?

    RépondreSupprimer
  3. C'était une belle manifestation pour beaucoup de monde, par ailleurs en lutte.

    Elle a surtout permis de montrer une manifestation unitaire avec une forte participation.

    Mais l'objectif n'était pas nécessairement de faire le plein (le 1er Mai reste symbolique) tant on sait bien les mobilisations d'importance vont se multiplier (éducation, santé, emploi...).

    Les leaders syndicaux ont donc raison de prévenir le gouvernement de ne pas fanfaronner. A charge pour eux cependant de lancer dans les jours qui viennent des appels unitaires et forts, en accord avec les mobilisations et luttes actuelles, et d'intensifier avec intransigeance leurs pressions envers la classe politique.

    Reste la question de la surdité non assumée des dirigeants. Ce qui explique pour moi que ce ne sera pas, loin s'en faut, de la seule responsabilité des syndicats si la situation empire.

    (D'ailleurs, enchanté d'avoir fait ta connaissance !)

    RépondreSupprimer
  4. @ Jon : en fait, je suis mitigé sur ton commentaire. Certes, le 1er mai est symbolique. De plus, je suis d'accord aussi que nos dirigeants sont sourds. Il faudra donc, si on veut obtenir quelque chose de leur part, aller à l'épreuve de force très lourde.

    Or, vu que nous n'avons que peu de perspectives politiques, nos syndicats vont sans doute se dégonfler. La surdité de nos dirigeants vient aussi de l'assurance que les syndicats sont dans le flou et assez peu sûr d'eux.

    J'espère qu'on aura l'occasion de discuter davantage, lors d'une prochaine RDB.

    RépondreSupprimer
  5. Je comprends bien ta circonspection et tes attentes, bien normales pour qui est un peu éclairé. Cela dit je peux t'assurer que la base syndicale fait beaucoup pression vers le dessus, notamment dans une perspective de convergence. Nous verrons dans les jours à venir.

    RépondreSupprimer
  6. @ Jon : j'aimerais bien savoir où. Pas dans l'éducation en tout cas.

    RépondreSupprimer

Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.