vendredi 5 mars 2010

Les P.I.G.S. : allons, ne jouons pas au racisme économique, nous y passerons vite.

As-tu noté, cher lecteur, cette jolie appellation qui fleurit dans les articles économiques des journaux, concernant la Grèce mais aussi d'autres pays de l'Union ? Ce terme qualifie quatre pays de l'Union qui sont actuellement très endettés : le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Espagne (Spain en anglais). Cette terminologie est actuellement employée dans les salles de marché apparemment, où l'on est très angoissé.

Cela me rappelle les articles de journaux des années 1990, dans lesquels on dénonçait ces pays incapables de gérer leurs dettes et préférant se nourrir des subventions européennes venant des pays les plus riches. Ces discours étaient lisibles au moment de l'accès de l'Italie et de la Grèce à l'euro, alors que leurs finances étaient truquées et que tout le monde le savait. Il y avait là une espèce de condescendance de bourgeois à l'égard de cousins éloignés du Sud, plus pauvres à cause de leurs négligences.

Cependant, dans cette petite liste, on trouve l'Irlande, pays qui fut montré il y a quelques mois comme un modèle de croissance et de libéralisme pour l'ensemble de l'Union. Voilà qu'on acoquine ce merveilleux pays du Nord, pourtant habité de gens blancs et rouquins (contrairement aux trois pays du Sud, peuplés de personnes petites, poilues et sombres) à ces pays mauvais gestionnaires. Ah, cependant, je te rassure de suite, cher lecteur : les Irlandais ont très longtemps été victimes d'un réel mépris de la part des élites anglo-saxonnes. On a cru, pendant un moment, que ces gens étaient sortis de leur condition de peuple méprisable, mais finalement, non, pas du tout : ils sont vite retombés dans leurs errements.

On pourrait rire de ces termes employés par les riches capitalistes dans les salles de marché. Pourtant, fondamentalement, ce n'est pas drôle. La dette française s'accumule, et l'idéologie néolibérale est en pleine contre-offensive. Il est certain que la France fait partie des espaces de relâchement généralisé sur lesquels les salles de marché voudraient jeter leur dévolu. Cependant, pas d'inquiétude, vu leur niveau d'endettement, les pays du Nord, qui traitent les autres de cochon maintenant, vont suivre très vite et devenir les plus gros jambons de l'histoire des activités des salles de marché.

La cure d'austérité que vit la Grèce aujourd'hui, et que nous allons vivre dans quelques temps très proches, va permettre une prise de contrôle de l'ensemble des structures publiques par le capital financier, et une captation de plus en plus forte du PIB par une toute petite minorité.

PS : pour ceux que ces problématiques intéressent, un passionnant entretien donné à Daniel Mermet par Frédéric Lordon.

8 commentaires:

  1. Putain d'Adèle ! je suis content d'être vieux et de mourir bientôt ! Je n'aimerais pas vivre dans ce monde qui sera le vôtre et que vous vous obstinez à ne pas voir arriver...

    (Un conseil : ne faites pas d'enfant : ce serait vraiment sadique de votre part...)

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  2. @ Didier : justement, il ne faut pas que je prive mes futurs enfants de ce merveilleux monde qui vient...

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  3. C'est vrai que c'est pas très sympa de les avoir appelé comme ça !

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  4. j'ai vu un com de Filoche qui proposait à la Grèce d'effacer sa dette, histoire de la renvoyer aux auteurs de la crise... et de faire payer ceux qui se sont engraissés (sans mauvais jeux de mots) sur son dos. Voila qui serait intéressant. Marre de ces cyniques qui gagnent sur tous les tapis....

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  5. @ GDC : oui, mais cela n'empêchera pas l'État grec d'en finir avec la corruption endémique dans ce pays et de réformer son système de prélèvement. Connaissant un peu le pays, c'est un vrai problème local, et la corruption ne peut être tolérée, car elle bénéficie aux puissants en priorité.

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  6. Cette "appellation" AOC (arrogance d'origine contrôlée) est vraiment lamentable. Et ces perspectives financières vraiment inquiétantes...

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  7. @ Artémis : je souscris à ton commentaire.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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