Ces deux derniers jours, j'ai vu
passer deux billets de deux apparatchiks de la blogosphère, Corto et
Marc Vasseur, dont je trouve le postulat totalement incohérent.
Je m'explique.
Ces deux vénérables auteurs
présentent deux camemberts de notre nouvelle Assemblée nationale.
Le premier montre la situation issue des élections, et le second ce
qu'il se serait passé si la proportionnelle intégrale avait été
appliquée aux résultats du premier tour. On obtient évidemment une
assemblée bien différente, avec beaucoup plus de Front de Gauche
(un groupe plus gros que celui d'EELV) et de Front National, un peu
moins d'UMP et beaucoup moins de PS. La droite serait majoritaire si
elle acceptait de gouverner avec le Front National. Dans le cas
inverse, le PS et ses croupions pourraient gouverner mais avec une
obligation de composer avec EELV et le Front de Gauche.
Je suis totalement d'accord sur le
fait que ce système électoral pose des difficultés de
représentativité. Ayant soutenu le Front de Gauche, je ne peux que
constater que malgré une hausse du score en nombre de voix, ce
mouvement perd des députés. Cependant, le but de notre constitution
est que l'Assemblée nationale représente la majorité. A
l'évidence, c'est une réussite, puisque nous avons bel et bien une
majorité qui va pouvoir gouverner. Pour se faire élire, lorsqu'on
est pas un des partis dominants, il faut faire des alliances. Le
Front National connaît bien le problème : ne pouvant s'allier avec
qui que ce soit, il n'a pu gagner que dans deux triangulaires, cette
configuration n'ayant pu arriver que parce que deux candidats locaux
ont refusé de suivre la discipline des partis.
Le Front de Gauche en a moins
souffert car, s'il n'a pu nouer d'accord électoral avec le PS, il a
pu profiter de la règle républicaine de désistement à gauche. Je
reviendrai, à froid, sur les résultats du Front de Gauche qui
s'expliquent finalement assez facilement.
Surtout, le PRG et le MRC, qui
n'existeraient pas en nombre d'élus si le PS ne les soutenaient pas
(sauf peut-être dans quelques bastions du Sud-Ouest pour le PRG, et
encore...) et le Nouveau Centre et les Radicaux Valoisiens à droite
seraient réduits au rôle du NPA et de LO...
D'autre part, ce postulat est faux
car, si le système était différent, les électeurs feraient des
choix différents. Il est évident que nos concitoyens ont choisi de
désigner une majorité PS. Si nous étions en proportionnelle, les
choix auraient été très différents, tout simplement parce que le
système ne donnerait pas le même résultat. D'autre part, certains
partis auraient adopté des stratégies autres, comme le Nouveau
Centre qui aurait pu se lancer seul ou les Verts qui n'auraient pas
été obligés de signer un accord de gouvernement avec le PS avant
les législatives. On pourrait même imaginer de ressusciter les
apparentements, comme à l'époque de la Troisième Force...
Il n'est donc pas possible de
s'appuyer sur les résultats actuels pour imaginer une chambre à la
proportionnelle. Cela ne veut pas dire que la question d'introduire
ce mode de scrutin n'est pas posée. Cela veut juste dire que les
chefs de partis ne doivent pas penser qu'ils auraient x députés si
le système avait été proportionnel.
Un nouveau système signifierait
obligatoirement des recompositions.
Le postulat n'est pas incohérent. Il y a des pays où cela fonctionne ainsi.
RépondreSupprimerL'objectif de ce schéma, et pour ma part je n en vois pas d'autres, est juste de montrer l'énorme décalage de représentativité entre le système intégral et l'actuel. Ces graphiques pointent juste une anomalie démocratique. Ni plus, ni moins. Peut-être, s'il en fallait une autre, une explication supplémentaire à l'abstention.
@Corto : on peut voir les choses de cette manière, mais je maintiens que les résultats auraient été différents dans ce cas précis du fait de l'adaptation au système des électeurs comme des candidats et de leurs partis.
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