vendredi 27 février 2009

Les ados d'aujourd'hui : des drogués du sexe ?

Depuis ce matin, il y a un fait divers qui a un peu fait réagir la blogosphère. Le 13 février, deux gamins de 12 ans auraient violé, apparemment à deux reprises, une élève de 13 ans, dans un collège d’Arras. L’affaire, si elle peut être choquante, ne semble pas avoir, à priori, d’impact politique particulier.

Pourtant, j’ai été linké par Homer qui, dans ce billet, s’interroge sur le rôle de la sexualité chez les jeunes et sur la possibilité, dans un collège, qu’un viol puisse se reproduire deux fois. Quelques heures plus tard, le Chafouin s’est lancé aussi sur ce thème, impliquant cette fois la pornographie accessible à tous dans notre société, par différents moyens, et influençait les gamins. Son billet a suscité un débat assez intense que je t'invite à consulter.

J’admets avoir été assez étonné par ces deux billets. Évidemment, je ne vais pas aller me prononcer sur cette affaire, mais, travaillant tous les jours dans l’éducation, je sais que les affaires de viol entre élèves sont d’une grande rareté. Certes, lorsque cela arrive, c’est impressionnant, mais c’est souvent davantage lié à des cas très particuliers (familles décomposées, situations sociales complexes, souffrances du criminel…) qu’à une situation globale et incitative au viol de notre société.

Peut-on penser que les jeunes d’aujourd’hui sont plus portés sur le sexe à cause de la pornographie qui serait ambiante ? Franchement, cher lecteur, moi qui fréquente des ados tous les jours, je n’ai pas le sentiment qu’ils soient tous devenus des dingues du sexe depuis 15 ans. Les états d’âme de l’adolescent ont l’air d’être très identiques à ce que j’ai moi-même connu à leur âge. Si la pornographie a un impact, c’est sûrement dans les premiers ébats sexuels, mais chez la plupart des gamins, cela doit se réduire à quelques échecs avant de se découvrir un peu mieux.

Nos deux blogueurs proposent des solutions pour tenter de cadrer mieux la pornographie accessible aux jeunes. Homer invite au retour de l’uniforme dans les écoles, pour éviter les vêtements provocateurs. Si cela réglerait le cas des signes religieux et politiques distinctifs, je ne pense pas du tout qu’un uniforme diminuerait la libido de nos élèves. De même, dire qu’un uniforme effacerait les inégalités sociales est très illusoire : tout le monde sait d’où vous venez, uniforme identique ou pas.

Le Chafouin s’inquiète lui de l’influence sur les esprits faibles du porno. Le terme d’esprit faible est central, car les gamins influencés par ces conneries sont justement déjà des gamins fragiles. Le porno peut être un catalyseur, mais ces gosses en trouveraient d’autres s’ils n’avaient accès au porno.

Attention, chers camarades blogueurs, à ne pas utiliser un fait divers absolument pas significatif pour en profiter pour mener une campagne réactionnaire visant à restreindre nos libertés. Je ne suis pas plus que cela fan de la pornographie, mais la censure de la sensualité n’apporte pas forcément de bonnes choses non plus. Dans ce cas, je préfère quand même la liberté. Il faut protéger les mineurs, mais la loi le fait déjà. Appliquons-là.

Ce qui est davantage questionnant, c’est d’abord de savoir pourquoi l’Éducation ne détecte pas ces gosses en souffrance, et pourquoi un viol peut se reproduire deux fois dans un bahut, le même jour. Dans un établissement scolaire, je ne dirais jamais assez à quel point l’encadrement humain par des adultes compétents est important. Homer le souligne d’ailleurs : la diminution des effectifs dans les établissements est un vrai problème et un non-sens dans l’Éducation.

Par contre, le Chafouin souligne l’utilisation dégradante de l’image féminine dans les médias actuels. Là, je ne peux que le rejoindre, et espérer que les choses évoluent.

16 commentaires:

  1. Je te remercie de m'avoir cité, et t'invite à commenter également chez moi si le coeur t'en dit!

    Je ne pense pas que mon idée soit d'interdire la pornographie, et si tel était le cas, je ne crois pas qu'on puisse parler de "restreindre nos libertés"!

    Quelle liberté? Ta liberté de contempler un spectacle navrant, où une femme est considérée par les hommes comme une chienne? Bof.

    Je suis peut-être réactionnaire, mpais seule l'image de la femme m'importe ici. Ceci dit je ne m'intéresse pas tant que ça à ce faits-divers en tant que tel, et n'en tire aucune conclusion particulière. Je m'interroge juste sur ces deux gamins qui disent avoir voulu singer un film porno Les gens éclairés savent qu'ils ne représentent pazs la vraie sexualité. Mais les esprits faibles?

    D'où l'intérêt, premièrement, de limiter la pornographie douce qui encombre notre société. C'est surtout cela qui m'importe. Toutes les femmes à poil qu'on voit partout, et qui franchement ne servent à rien d'autre qu'à exciter les faibles.

    A bientôt mathieu!

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  2. Sans compter les interventions de Zac Efron.

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  3. @ Le Chafouin : je viens de te répondre ici, je ne vais pas en plus me mêler à tes discussions amicales avec Roman. ;)

    Je sais parfaitement que la pornographie est dégradante, mais n'empêche que le public est très important. Certes, l'image de la femme est nulle dedans, mais les acteurs et actrices sont libres de leurs métiers. Il n'y a rien de dérangeant. Quant aux mineurs, cela leur ait interdit, et il n'y a pas de raisons que cela change.

    Sur les esprits faibles, le viol a toujours existé : l'impact de la pornographie relève, à mon avis, au mieux du prétexte.

    Enfin, je suis assez d'accord, mais l'interdiction est trop radicale. Il faudra pouvoir jouer sur les sociétés qui en font, mais comment ?

    @ Nicolas : Ah, Zac et ses gros arguments...

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  4. Dans ce domaine là comme dans d'autres l'éducation et la parole sont importantes. Il y a je crois des séances de rencontre garçons-filles dans les collèges sur le sujet de la sexualité organisées par des assocs (y-a-en-t-il dans ton établissement ?) qui permettent à chacun de se rendre compte que l'autre est un sujet et non pas un objet. Si les ados ne prennent pas conscience de cela interdire la pornographie ne servira à rien.

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  5. C'est moins la nudité omniprésente de la femme qui est en cause que son image d'objet. On peut penser que l'utilisation de la première entraîne l'autre : cela est souvent le cas (une femme à poil pour vendre un yaourt) mais le lien nudité/image dégradante n'est pas automatique.
    Ce qui rend le viol possible c'est la négation de la dimension humaine de la personne. C'est cette banalisation-là qu'il faut combattre. La publicité, mais aussi la télé réalité, les médias, ont banalisé le non respect de la souffrance et exacerbé le culte des apparences. Le danger se situe ici.

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  6. C'est exactement ce que je voulais dire MG ;-)
    le problème c'est de traiter l'autre comme un objet :-)

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  7. "Ce qui rend le viol possible c'est la négation de la dimension humaine de la personne. C'est cette banalisation-là qu'il faut combattre. La publicité, mais aussi la télé réalité, les médias, ont banalisé le non respect de la souffrance et exacerbé le culte des apparences. Le danger se situe ici."


    Je ne dis pas autre chose... Pour moi la pornographie est une exacerbation de ce phénomène.

    Et j'insiste pour dire, mathieu, que je n'ai pas prôné l'interdiction de la pornographie. Je rappelle juste que sans lutter contre cette déshumanisaiton de la femme, il sera vain de chercher à désamorcer al pornographie vis à vis des mineurs!

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    1. Il n'y a pas que dans la pornographie que des viols sont montrés. Dans les films, articles de journeaux, livres.. Le viol est largement banalisé. On le montre.
      On ne montre pas ses conséquences.

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  8. Oui et la meilleure manière de lutter c'est d'éduquer à l'âge où c'est possible.

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  9. et de faire en sorte, du côté de l'Etat,de ne pas laisser perdurer cette ambiance érotique afin de ne pas saper le travail des éducateurs!

    car il ne faut pas se leurrer : tant que le sexe rapportera du fric, il continuera de s'exhiber.

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  10. @ Polluxe : oui, l'infirmière anime régulièrement des ateliers sur le sujet, mais je ne sais pas trop de quoi il retourne. La question de la femme-objet me semble au-delà de l'école : c'est un problème global de notre société, à mon sens...

    @ MGP : oui, il faut faire le tri. Qu'on en profite pas pour interdire non plus la nudité : là, ce serait un sacré contrôle social...

    @ Le Chafouin : ambiance érotique ? Attention, il y a quand même une sacrée différence entre érotisme et pornographie.

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  11. Entièrement d'accord avec cet article. Le débat s'étend.

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  12. @ Mathieu : "La question de la femme-objet me semble au-delà de l'école "

    Tout à fait, mais l'école est un lieu important des changements de mentalité à venir.

    au chafouin : "et de faire en sorte, du côté de l'Etat,de ne pas laisser perdurer cette ambiance érotique afin de ne pas saper le travail des éducateurs!"

    Ne sombrons pas dans le puritanisme d'Etat.

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  13. @ Homer : j'avoue que j'ai du mal à suivre, vu que mon billet réagit au tien, mais enfin...

    @ Polluxe : tu as raison, mais ne mettons pas trop de choses sur le dos de l'école. La société ne peut pas maintenir des comportements idiots, et ensuite attendre que l'école les corrige...

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  14. Pardonnez moi cette petite réflexion
    vous n'avez pas tendance à généraliser un peu trop et faire du tout réglementaire? certes on parle de personnes spécifiques (difficulté familiale ect.) mais c'est un peu oublié que nous sommes une génération qui a toujours vécu dans ce type d'image. Un certain nombre d'entre nous avons déjà conscience de ce culte des apparences. Aprés il s'agit d'un sens critique à développer pour nous jeunes plus que de faire une société "tout réglementaire". Je vois cette difficulté à raisonner seul avec mon devoir de communication justement sur le culte de la minceur et l'impact des images dans notre société...

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  15. @ Stessie : je n'ai pas bien compris votre commentaire. Où est-ce que je prône la réglementation ? Quand au développement du sens critique, entièrement d'accord.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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