Ces faits sont peu médiatisés, nos organes de presse ne s'intéressant que peu à ce qui se passe dans nos quartiers au niveau du racisme. On pourrait avoir l'impression que le phénomène se limite aux blancs issus des milieux réactionnaires, souvent friqués, de notre beau pays.
Cependant, j'ai pu constater, depuis que je bosse, que les gamins des milieux populaires peuvent exprimer aussi des formes de réactions de rejet à l'égard de certains groupes. Je parle bien des gamins de milieux populaires, et pas seulement des gamins d'origine immigrée, car les schémas se ressemblent très souvent.
Il y a d'abord un rejet profond de l'homosexualité, toujours exprimé de manière assez vigoureuse, "PD" restant une insulte très commune entre les jeunes des cités, quelle que soit leur origine. L'homosexualité reste vu comme une maladie ou un vice. Il y a ensuite, à l'évidence, des conflits de communauté entre tous les groupes. Manuel évoque le racisme des Africains envers les Asiatiques, mais l'inverse existe aussi : j'ai déjà entendu des élèves asiatiques expliquer que leurs camarades maghrébins étaient particulièrement fainéants. On ne parle pas non plus d'une certaine xénophobie dans les communautés arrivées récemment d'Europe de l'Est, mais elle s'exprime malgré tout. Quant au pauvre d'origine vieille France habitant les cités, le Maghrébin reste son adversaire principal.
Ensuite, ces jeunes expriment souvent un rejet du blanc bourgeois habitant l'Ouest parisien, mais est-ce une phobie de classe ou de race ? C'est très souvent nébuleux... Enfin, les juifs sont des victimes régulières dans nos coins, le discours des islamistes ayant souvent porté et les vieux réflexes subsistant chez les autres. Nos racistes partagent donc la haine du juif, même s'ils se détestent par ailleurs.
Ainsi, donc, il y a des racistes chez les jeunes de banlieue, comme partout ailleurs, et je ne vois pas pourquoi cette population parviendrait à faire sans. Cependant, il faudrait ajouter que ces gamins restent une minorité réduite, comme ailleurs, et ce malgré un contexte économique et sociale bien plus défavorable. Quelques jeunes ont tendance à s'exprimer et à étaler leur connerie à la surface du monde dès qu'ils le peuvent. On en croise un ou deux par an dans nos lycées, en fonction du nombre de classe que l'on suit. Cependant, je parle de ceux qui s'expriment publiquement, et je ne peux savoir ce qui traîne dans la tête des autres, et dans quelle proportion... C'est un peu comme sur internet, où quelques racialistes, racistes et xénophobes prennent la peine de tenir des blogs...
Tiens, d'ailleurs, le MRAP vient de publier un rapport sur le racisme et la xénophobie sur internet, traitant de tous les types de racisme et abordant toutes les discriminations. Immédiatement, toute la réacosphère s'est mise à hurler. J'ai trouvé cette réaction démesurée, sauf à se complaire dans la position de victime très habituelle chez nos petits camarades, se sentant toujours oppressés par le diktat des médias bienpensants. Didier Goux se retrouve classé dans la catégorie "Droite extrême". Il n'a pas réagi, et cela m'étonne de lui. Je m'attendais à le voir s'adresser à la HALDE pour se plaindre de discrimination...