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samedi 10 janvier 2015

Contre la peur, sortons par le haut de ce délire.

C'est évident, en ces journées difficiles, nous sommes tous choqués. Rien de plus normal. Notre pays vient de traverser un épisode atroce, ponctué de massacres, de coups de feu, de sirènes de police et d'alertes multiples partout où l'on pouvait passer en Île-de-France.

Dimanche, beaucoup d'entre nous vont manifester, se recueillir et se tenir chaud.

Mais après ?

Il va être très urgent que les femmes et hommes de gauche se mettent à réfléchir sur tout ce qu'il vient de se produire et à émettre des idées et des raisonnements pour construire.

Tout d'abord, il faut prendre la mesure de l'influence des réseaux islamistes en France et proposer des solutions qui ne soient pas celles de la droite et de l'extrême-droite. La tentation va être forte pour beaucoup de plonger dans le sécuritaire, poussés par l'extrême-droite qui va en rajouter dans le "on vous avait prévenu, les musulmans, y sont très dangereux". Cela fait pourtant de nombreuses années que les islamistes labourent le terrain des quartiers populaires et séduisent. J'en ai parlé à différentes reprises dans ce blog, dans le cadre du système éducatif sequano-dyonisien, et tous ces éléments sont toujours d'actualité. Évidemment, la répression a son rôle à jouer, mais on ne peut non plus oublier la question sociale, la déshérence des quartiers populaires, le retrait progressif des services publics de ces zones, l'abandon des milieux populaires et des classes moyennes et enfin l'absence d'alternative politique progressiste crédible, ne laissant plus à cette jeunesse que l'extrême-droite franchouillarde ou l'extrême-droite islamiste pour espérer sortir de son trou.

Ensuite, il faut réaffirmer la volonté de la gauche de défendre la liberté d'expression et de défendre ses valeurs. Il est intéressant de constater que nos dingo-islamistes ont frappé trois adversaires qu'ils estiment centraux : la gauche progressiste, les juifs et l'autorité républicaine. On a beaucoup dit ces derniers jours, du fait du métier des journalistes de Charlie, que c'était la liberté d'expression qui était attaquée. C'est vrai, bien sûr, mais cela ne résume pas tout le sens politique de ce crime. Nos dingos auraient parfaitement pu canarder le siège du Front National ou encore tenter d'agresser Nicolas Sarkozy, qui, rappelons-le, est à l'origine de la légitimation de l'islamophobie par le lancement du débat sur l'identité nationale. Ils auraient pu essayer de frapper les tenants de la théorie du grand remplacement qu'on a beaucoup entendus dans les médias ces derniers temps. 

Mais non, ils ont attaqué Charlie, journal militant mais aussi en difficulté financière importante et dont l'audience pouvait laisser penser qu'il ne représentait pas un adversaire substantiel, pour une raison simple : ceux que j'ai cités auparavant sont leurs alliés objectifs, car ils entretiennent l'amalgame entre musulmans et islamistes, et ils servent donc leurs intérêts en renforçant les craintes du reste de la population. Ces fachos jouent en permanence sur toutes ces ambiguïtés et ils les exploitent : un homme qui se moque des religions est un raciste, un juif est forcément un soutien total des politiques israéliennes, un policier est forcément un xénophobe. Les islamistes ont donc frappé la gauche progressiste, qui se permet de se moquer ouvertement d'eux et d'ouvrir les consciences, et qui est un réel adversaire politique qu'ils doivent faire taire.

Nous devons donc à la fois défendre la liberté d'expression mais aussi la liberté de se moquer de tout le monde, y compris d'ailleurs de nous-mêmes. Nous devons défendre une laïcité militante, pas celle qui vise à stigmatiser les musulmans et qu'on a trop souvent vu à l’œuvre ces dernières années, mais celle qui nous permet à tous d'être libres et de pouvoir se moquer et critiquer tout le monde.

Pour terminer, je crois qu'il faut aussi combattre un certain discours visant à dire que Charlie avait d'une certaine façon une responsabilité du fait de ses attaques récurrentes contre l'islam. Et quand bien même, un républicain ne peut laisser passer cela : en République, un journal peut être condamné lorsqu'il dépasse les bornes posées uniquement par la loi. Charlie a régulièrement été trainé en justice. On pourrait d'ailleurs demander à ceux qui soutiennent cette idée si la policière municipale de Montrouge l'avait aussi un peu cherché, ou si les clients de cet Hyper Cacher avaient aussi une part de responsabilité dans ce massacre qu'ils ont subi... Ensuite, nous devons dire que ce qui permettra à la situation des musulmans d'évoluer, c'est le traitement de la question sociale. Ce n'est qu'en améliorant la situation des Français dans leur ensemble, en réduisant le chômage, en permettant à l'école d'être plus égalitaire, en diminuant le temps de travail, en faisant monter les salaires et en partageant mieux les richesses, en réformant pour l'améliorer notre sécurité sociale, en faisant progresser la démocratie sous toutes ses formes, qu'on viendra à bout de tous ces abrutis qui n'ont qu'un rêve : nous pourrir la vie et vivre sur la peur que nous éprouvons.

mercredi 18 juin 2014

La pénurie de moyens remet en cause le redoublement en 2nde.

On entend toujours, dans les milieux conservateurs et réactionnaires, une petite musique visant à dissocier la question des moyens dans l'éducation et la question du niveau des élèves.

La situation des lycées du 93, en ce moment, démontre que les deux notions peuvent être intimement liées.

Depuis 2002, l'Etat a régulièrement diminué les postes dans notre ministère. L'arrivée des socialistes a interrompu ce processus, mais la situation ne s'améliore pas pour autant. En effet, le département est en forte hausse démographique (environ 1 600 élève de plus par an dans le second degré). Les quelques moyens attribués ne permettent pas de faire face et le nombre d'élèves par classe augmente régulièrement.

Pour y pallier, l'administration tente de faire augmenter chaque année le nombre d'heures supplémentaires des enseignants. En 2007, cela marchait bien parce que la situation du pouvoir d'achat était telle que les collègues acceptaient de gagner un peu plus en travaillant plus. Cependant, le nombre augmentant, il devient de plus en plus difficile de les caser.

Pour faire augmenter artificiellement le nombre d'HS, l'administration ferme et/ou n'ouvre pas les classes nécessaires en janvier, laisse les mutations se faire puis ouvre les classes en juin. Les collègues ayant déjà bougé, on ne peut plus ouvrir de postes et tout se fait donc en HS.

Or, en ce mois de juin, le Rectorat vient d'être pris à son propre jeu. Il a découvert la semaine dernière qu'il y avait beaucoup trop d'élèves en 2nde. En effet, il a donné ordre aux principaux de collège de faire passer un maximum d'élèves  de 3ème vers la 2nde (pour éviter les réouvertures) mais n'a pas anticipé les redoublements de 2nde.

Résultat : plus d'une vingtaine de 2nde à rouvrir en catastrophe, soit beaucoup trop d'HS à absorber.

Quelle conséquence ? En ce moment, les proviseurs font passer en masse des élèves qui devaient normalement redoubler, et les commissions d'appel de demain feront de même.

Les opposants au redoublement seront sans doute très satisfaits de cela. Cependant, par manque de moyens, le système en vient à se contredire et à envoyer à l'abattoir des élèves en difficulté.

Chatel l'avait dit en 2007 : le redoublement coûte 7 milliards par an à la nation. Il semble qu'il ne soit pas nécessaire de le supprimer officiellement. La pénurie s'en charge toute seule...

Camarades réacs, attention, vos propres dogmes jouent contre vous.

lundi 9 juin 2014

Leçons pour la gauche des municipales dans le 93.

Parmi les défaites multiples des partis de gauche lors des dernières municipales, le cas de Bobigny a été, dans notre département, particulièrement marquant. Gérée depuis 1920 par le PCF, alliée ici avec un PS quasiment inexistant sur le terrain, la ville est passée à l'UDI, après une campagne extrêmement violente sur le terrain.

Je vais passer tous les épisodes de cette campagne, car ce sont les causes de la défaite qui me semblent particulièrement intéressantes pour le FdG mais aussi pour la gauche dans son ensemble.

Depuis quelques années, la ville avait développé une politique d'accueil à l'égard des Roms et de lutte pour améliorer leurs conditions de vie. Plusieurs campements s'étaient installées sur la commune et la mairie tentait de les consolider. Cette politique marquait la volonté du PCF d'aider tous les pauvres, y compris les plus pauvres et ceux qui sont le plus en difficulté.

La droite a attaqué à fond sur ce point, en développant le slogan "Rendez-nous Bobigny", en allant chercher les électeurs issus des autres groupes d'immigrés et en jouant les immigrés les uns contre les autres. Cette stratégie a apparemment fonctionné.

On peut d'ores et déjà en tirer trois leçons :

  • le PCF n'a apparemment pas eu suffisamment de remontées de terrain l'avertissant des craintes des habitants de la ville à l'égard des campements de Roms. C'est inquiétant concernant le réseau de militant-e-s du FdG qui aurait dû, normalement, avertir les élu-e-s du risque que courait la majorité ;
  • le PCF n'est pas parvenu à tranquilliser le reste de la population, soulignant d'ailleurs la difficulté de gérer la question des campements de Roms pour un maire qui voudrait faire autre chose que de les envoyer quinze kilomètres plus loin ;
  • le FdG ne parvient pas à convaincre les populations issues de l'immigration de Bobigny, alors qu'il est le parti qui les défend le plus, qu'il est plus intéressant de voter pour lui que pour la droite.
Un autre point a été fortement utilisé durant cette campagne et a peu été rapporté par les médias. Le futur maire de droite a diffusé une proposition de campagne qui a été mise en oeuvre à Drancy par Jean-Christophe Lagarde : la gratuité de la cantine à l'école.

Cette mesure a rendu Lagarde très populaire à Drancy. Bien évidemment, le prix de l'ensemble de la cantine est passé sur l'impôt, mais les familles ont adhéré à ce système malgré cela. A Bobigny, ville pauvre, cette idée a porté. De même, le nouveau maire a promis un ambitieux programme de rénovation des écoles.

Cette existence de la problématique scolaire illustre là aussi une faiblesse du PCF qui a laissé l'école de côté, alors que ce domaine représente un marqueur traditionnel fort de la gauche.

Cependant, tous ces facteurs ne suffisent pas à tout expliquer. Globalement, les campagnes de l'opposition municipale ne marchent que quand la mairie ne répond pas aux besoins basiques des habitants d'une commune (école, propreté, voirie, sécurité, place en crèches...). Si la droite est parvenue à l'emporter, c'est que la majorité était déjà affaiblie sur ces points cruciaux.

D'ailleurs, dans plusieurs villes de gauche tombées aux dernières élections, il est intéressant de constater que ces maires sortants étaient souvent persuadées que le 93 ne voterait jamais à droite et qu'ils n'avaient quasiment pas besoin de faire campagne, sauf en cas de division à gauche, même en cas d'insatisfaction des électeurs. Ainsi, le même phénomène s'est produit à Livry-Gargan, vieille commune socialiste.

En clair, pour garder une ville, le premier point est déjà d'en administrer convenablement les services de base. Une bonne leçon que toute la gauche devrait retenir, au-delà de l'impact du contexte national. Le PCF le prouve d'ailleurs, en gagnant des villes largement comme Tremblay, Stains ou Villetaneuse.

vendredi 15 juin 2012

Au Raincy aussi, on a nos faux tracts !

Tiens, tiens, tiens...

En rentrant ce soir, je trouve dans ma boite aux lettres un tract du Front de Gauche.

Un tract sans numéro de téléphone, sans imprimeur, sans adresse, sans contact...

Un tract dans une circonscription où les faux tracts apparaissent régulièrement...

Un tract dans lequel le FdG annonce qu'il pèsera sur le futur député PS, alors qu'avec une majorité absolue, Popelin se moquera du FdG comme du Front Populaire...

Je me demande bien qui peut avoir intérêt à ces manoeuvres dans notre bonne ville du Raincy. Philémon et Domitille, qu'en pensez-vous ?


jeudi 14 juin 2012

Campagne de second tour en Seine-Saint-Denis : simplement minable !

Je te parlais avant-hier, cher lecteur, des difficiles relations internes à la gauche en Seine-Saint-Denis.

Traditionnellement, les médias affirment que c'est Mélenchon qui, durant la campagne, a été très agressif avec le PS, alors que celui-ci s'est contenté de l'ignorer. En réalité, les conflits sont nettement plus anciens.

Dans le 93, les problèmes ont commencé au début des années 2000. A l'époque, le PS a décidé, sûrement sous l'impulsion de Claude Bartolone, de s'attaquer au Conseil général, alors que les mairies communistes commençaient à tomber. Le PS a donc attaqué des cantons tenus de longue date par le PCF et a progressivement pris l'avantage. En 2008, l'assemblée départementale a basculé au PS, même s'il y a encore 30% de conseillers généraux au Front de Gauche aujourd'hui.

Cette tactique s'est faite dans une violence réelle, qui s'est matérialisée aussi aux législatives et aux municipales dans plusieurs communes du département. Ce fut le cas à Saint-Denis, La Courneuve, Pantin, Aubervilliers et surtout Montreuil, où le PS a participé à l'éviction progressive de Jean-Pierre Brard de la mairie et aujourd'hui de l'Assemblée nationale. Evidemment, cette évolution est intimement liée à la chute du PCF mais, contrairement à d'autres zones du territoire, le PS n'a pas préservé ici les élus communistes, préférant s'appuyer sur les Verts. Depuis la fondation du Front de Gauche, les votes en sa faveur ont augmenté, mais le PS a gagné plus d'électeurs du fait de la gentryfication de l'ouest du département.

A cette élection, le Front de Gauche présentait quatre députés sortants, tous des vieux routiers du PCF et Braouezec, actuellement à la FASE mais ancien du même PCF. Cependant, ces députés ont été frappés par la poussée du PS suite aux présidentielles : Marie-George Buffet est passée de justesse (et son adversaire PS est majoritaire à la Courneuve), Braouezec et Brard sont arrivés deuxième et seul François Asensi a largement devancé son adversaire EELV soutenu par le PS dans le Nord-Est du département. Là encore, la campagne a été très dure et assez loin du débat d'idées gauche-droite. Je n'incrimine personne : les deux camps sont autant responsables l'un que l'autre, et les inimitiés restent durables. On est très loin d'un quelconque Front populaire ici.

Or, comme je te le disais mardi, Patrick Braouezec a choisi de mener une stratégie solitaire et de se maintenir contre son jeune concurrent PS, Mathieu Hanotin, en allant à l'encontre de l'accord de désistement traditionnel à gauche. Comme je te le disais hier, je pense que c'est une grosse connerie : c'est la droite et l'extrême-droite qui vont choisir et en général, ils préfèrent le PS au FdG.

Cette décision aurait pu faire échouer l'accord général et entraîner la disparition de tous les députés FdG du département. Heureusement, les autres se sont tenus et le PS n'a pas rompu l'accord.

Or, tout n'est pas facile. Marie-George Buffet aurait émis deux communiqués, soutenant tour à tour le candidat PS et Braouezec. François Asensi s'est aussi prononcé pour un soutien. Là encore, c'est le désordre. On peut comprendre : tous ces gens sont dans le même mouvement et ils ont du mal à lâcher un copain. En plus, on en profite pour essayer de régler ses comptes avec le PS local...

Et celui-ci réplique ! Par exemple, voici un communiqué minable de la candidate PS battue de La Courneuve, qui accuse Marie-George Buffet d'être liée à des fraudes électorales au Blanc-Mesnil et d'avoir négocié une circonscription au poil avec l'UMP, circonscription qu'elle a pourtant failli perdre. S'il y a soupçon de fraude, qu'elle attaque ! Et sinon, qu'elle se rappelle que les adversaires, ce sont l'UMP et le FN, pas le FdG.

En clair, on n'est pas sorti du bordel ! Personnellement, je crois que le PS fait une grave erreur en éliminant tous ses concurrents de gauche (EELV s'est bien fait avoir durant ce scrutin, et le FdG a été un adversaire plus qu'un concurrent, comme à Hénin-Beaumont) tout en maintenant en vie des mouvements sans réelle implantation et sans militants comme le MRC ou le PRG. Au final, le PS va diriger seul et aura les mains libres. Cependant, il devra aussi assumer seul toutes les conséquences de la politique qu'il va mener, sans accepter aucun amendement d'autres mouvements de pensée.

Et là, cela peut faire très mal dans les prochaines années. L'évolution du PASOK devrait pourtant servir de leçon à tout ce petit monde...

mardi 12 juin 2012

Braouezec : dommage pour le Front de Gauche.

Tiens, suite à l'article que j'ai publié hier, voici exactement une illustration de ce qu'il ne faut pas faire !

Patrick Braouezec aurait décidé de se maintenir à Saint-Denis, dans la 2ème circonscription, contre Mathieu Hanotin. Il rompt ainsi le pacte républicain à gauche et autorise les candidats PS à se maintenir contre les deux députés FdG restants du 93 qui allaient donc gagner sans aucun problème. Jean-Pierre Brard a apparemment été plus intelligent en se retirant à Montreuil.

Depuis 2000, le PS, sous l'impulsion de Claude Bartolone, a été à l'origine d'une lutte fratricide à gauche pour virer le PCF des mairies et du Conseil général, et pour prendre progressivement tous les sièges de députés. Certes, le PCF traînait des casseroles dans le coin, rien qu'avec l'endettement du Conseil général, mais il aurait sans doute finit par perdre de lui-même, les électeurs acceptant assez mal les hausses brutales d'impôts et les dégradations des services publics locaux. Le PS a pourtant choisi une stratégie fratricide et qui a fait beaucoup de mal dans le département, créant des inimitiés durables qu'on peut souvent voir à l'oeuvre dans les syndicats locaux par exemple. Le PS a d'ailleurs eu assez peur de la dynamique du FdG et il doit être maintenant rassuré localement, pouvant poursuivre sa stratégie d'uniformisation de la gauche locale.

Or, cette campagne pouvait servir d'exemple et montrer que, si le PS avait fait le choix de poursuivre ce chemin et de faire des gains sur le dos des autres mouvements de gauche, le FdG privilégiait la victoire contre la droite.  En effet, les tracts du PS sur Saint-Denis, Montreuil et la Courneuve ont été particulièrement violents, alors qu'il n'y avait aucune menace à droite et finalement une menace très réduite du FN qui n'a pu se maintenir que dans la 9ème circonscription à cause de l'effondrement du candidat Nouveau Centre soutenu par l'UMP qui a perdu 7 points par rapport au score de Sarkozy au premier tour des présidentielles.

Dans la plupart des cas, c'est bien ce qu'il va se passer. Et heureusement !

Quant à Braouezec, il donne la possibilité à la droite de choisir, et elle va sans doute voter PS. C'est dommage, vraiment, car cet élu démontre qu'on fait parfois passer ses ambitions personnelles avant l'intérêt du collectif.

Espérons vraiment que l'ensemble des militants du PCF ne suivront pas cette voie dans les prochains mois.

mardi 24 avril 2012

Sarkozy vient chez nous le jeudi 26 avril.

L'information avait été communiquée par mes camarades locaux mais j'ai eu la confirmation dans notre boite aux lettres, puisque nous avons reçu ça :



Si la volonté du président est de rencontrer le vrai peuple qui travaille, venir à 11h00 dans l'une des villes les plus riches de France, c'est finalement assez comique. En plus, il ne risque pas de croiser d'électeurs du Front National ici, avec des scores assez bas par rapport à la moyenne nationale (12,89% des voix).

Et en plus, si vous regardez bien en bas, il faut apparemment s'inscrire à l'avance.

Au moins y a-t-il un parking surveillé, si jamais des militants du Front de Gauche, des faux travailleurs voire des étrangers de Clichy-sous-Bois ou de Montfermeil venaient à s'en mêler...

lundi 23 avril 2012

Le mystère du vote FN en Seine-Saint-Denis.

Le haut score du FN a ramené l'ensemble de notre pays face à des réalités que nous ne pouvons ignorer plus longtemps : en France, l'extrême-droite a réussi à consolider son assise, particulièrement dans ses bastions ruraux de l'Est et du Nord, dans les villes du Sud-Est et dans les zones périurbaines des grandes villes. Cette répétition du vote FN ne peut plus nous leurrer, et il faut admettre qu'un cinquième des habitants de notre pays adhèrent aux idées du parti d'extrême-droite. Certes, il y a aussi sans doute un rejet de Sarkozy, mais je ne crois pas que cela suffise à expliquer ces résultats.

De ce fait, je persiste à dire que la stratégie du Front de Gauche (FdG) était la bonne, et qu'il fallait attaquer Marine Le Pen, en particulier sur le fond idéologique de la plupart de ses propositions. Les médias et les autres candidats ont préféré la banaliser, voire même s'intéresser gentiment à elle. Maintenant, nous voilà corsetés pour les vingt prochaines années par un vote utile qu'on ne va pas cesser de nous rabattre à la figure. Au moins, le changement est-il maintenant impossible : vous avez le choix entre la politique de centre-droit et celle de l'extrême-droite (qui ne gagnera jamais tant que la droite n'aura pas signé d'accord avec elle) et si vous avez d'autres idées, attention au chien de garde !

Dans cet océan de malheur, il y a un cas qui tend à me rassurer quelque peu. On a peu lu encore d'articles pour analyser l'évolution du vote Le Pen. Intéressons-nous à un vieille zone électorale du FN : le 93.

Ah, le 93... A priori, c'est la terre idéale pour le discours frontiste : une pauvreté persistante, un grand nombre d'étrangers et de Français d'origine étrangère, des tas de cités dans tous les coins du département, une délinquance récurrente, un chômage toujours élevé... Le département ne manque pas de contradiction (voir le Raincy, Coubron et les bobos des Lilas et du Pré) mais le FN a là un très bon terrain pour draguer tous les peureux de la Terre. D'ailleurs, dans les années 1980-1990, le FN y faisait des scores tout à fait importants. En 2002, le père Le Pen avait accumulé plus de 70 000 voix, avec 17,74% des exprimés.

Que se passe-t-il cette année ? Eh bien, Marine Le Pen chute. Malgré une baisse nette de l'abstention par rapport à 2002, le FN tourne à 13,55 et à 72 335 voix, soit une toute petite progression en voix. J'évacue 2007, parce que Le Pen avait baissé partout, et je crois que le siphonnage de Sarkozy restera comme une triste exception de l'histoire.

J'ignore totalement la cause de cette évolution et de la baisse du FN ici, mais il faut absolument s'y intéresser. En effet, il n'y a pas de raison facilement visible, car les facteurs traditionnellement évoqués du vote FN sont bien là. Est-il logique qu'on vote à 21,4% Le Pen dans le Lot-et-Garonne et seulement à 13% en Seine-Saint-Denis ? Cette évolution ne se retrouve pas dans d'autres grandes villes, comme Marseille par exemple où, dans certains quartiers, la population est similaire.

Il y a sans doute des explications. En tout cas, elles invitent à revoir totalement notre vision du vote FN. C'est important pour la suite de notre action et de notre militantisme politique. C'est important car maintenant que ce vote est un vote d'adhésion, on ne peut plus éviter de le combattre de front. 

Au travail !

dimanche 8 janvier 2012

Rumeurs électorales en salle des profs.

Alors que nous entrons en année électorale, se pose la question fondamentale qui taraude tout citoyen un minimum conscient de ses droits et devoirs : "mais pour qui vais-je bien pouvoir voter ?"

En 2007, dans mon lycée dit difficile, la salle des profs s'était joyeusement divisée entre Ségolène Royal et François Bayrou au premier tour. Celui-ci avait séduit par son positionnement centre-mou peut-être de gauche, alors que celle-là inquiétait, comme dans tous les secteurs de la société. Il faut dire qu'elle avait fait fort en annonçant les profs à 35 heures dans les établissements, mais maintenant, cette idée semble largement partagée par la classe politique. Nous attendons juste de savoir comment elle va se réaliser en pratique. Si cela signifie qu'on me met un bureau, une connexion internet, un ordinateur et des livres à disposition, tant mieux : je ferai des économies. Cependant, s'il faut équiper tous les bahuts de France de cette façon, l'Etat et les collectivités vont payer le prix fort. Les modalités vont donc être primordiales, et certainement pas à notre avantage.

Il est plus difficile de mesurer le nombre d'électeurs sarkozystes dans notre milieu, car si les profs de droite existent, ils ont souvent du mal à assumer le vote Sarkozy. Pourtant, en 2007, celui-ci nous avait largement dragué en annonçant une revalorisation de notre profession. Celle-ci n'a pas eu lieu.

Le discours de jeudi risque de moins séduire. Sarkozy y a simplement annoncé la mise en place d'un modèle scolaire qui séduit très peu dans les salles des profs. Il est à craindre que nos collègues de droite se tournent plutôt vers Bayrou ou de Villepin.

Bayrou adopte d'ailleurs un positionnement résolument plus droitier que la dernière fois. Hier soir, dans On n'est pas couché, il a certes fustigé une politique en faveur des riches mais en a profité pour annoncer que certains droits sociaux étaient mal acquis. Le couperet est tombé sur les 35 heures, pourtant déjà largement détricotées par le président en exercice. Ce positionnement est relativement cohérent : face à un président en perte de vitesse, il est plus facile d'aller chercher des voix à droite qu'à gauche, où plusieurs candidats forts se positionnent, contrairement à 2007.

Et du côté des profs de gauche ? Sur les 90 collègues de mon lycée dit difficile, je ne suis pas parvenu à savoir combien d'entre eux s'étaient déplacés pour voter aux primaires socialistes. Les quelques-uns qui ont dit l'avoir fait ont plutôt choisi Aubry ou Montebourg qu'Hollande au premier tour, et Aubry au second. Un collègue militant PS m'avait d'ailleurs indiqué que les résultats du premier tour des primaires montraient qu'Hollande avait plutôt séduit les électeurs PS masculins, ouvriers, âgés et ruraux. Il est vrai qu'une salle des profs du 93, largement féminine, de petite classe moyenne, jeune et urbaine ne colle pas avec ce stéréotype.

Reste donc la question du vote au premier tour. J'entends peu de collègues vanter les mérites du candidat socialiste, mais on ne peut pas dire que Mélenchon et Joly suscitent plus d'enthousiasme pour le moment (même s'il est clair qu'Eva Joly est régulièrement victime de blagues pas très charitables). Il est donc très difficile de percevoir ce qui va se passer, d'autant plus que la vrai campagne n'a pas encore commencé.

Une dernière question m'a toujours taraudé, depuis maintenant trois présidentielles que je passe dans cet établissement. Qu'en est-il du vote Le Pen ? Je n'ai jamais entendu un collègue se vanter d'avoir choisi le FN, mais je suis certain que, au moins statistiquement, ce choix existe.

Je vais donc, durant les prochains mois, laisser traîner mes grandes oreilles dans ma salle des profs, et j'essaierai, cher lecteur, de te faire ressentir ce qu'il se passe.

Une sorte de sondage régulier, en somme...

dimanche 27 février 2011

Les enjeux des cantonales en Seine-Saint-Denis : quelle situation au Raincy ?

On parle peu, cher lecteur, des élections cantonales. C'est bien dommage, car même si l'ensemble de la population ne vote pas, il s'agit d'un bon test pour les différents partis politiques et peut-être de l'une des dernières élections sous cette forme avant la réforme des collectivités territoriales.

En Seine-Saint-Denis, l'enjeu est de savoir si la nouvelle majorité PS pourra consolider sa domination sur l'assemblée départementale. En 2008, le PS, conduit pas Claude Bartolone, était parvenu à arracher au PCF ce vieux bastion de la banlieue rouge. Actuellement, il tient 16 cantons contre 12 au PCF, 1 aux Verts (celui de Sevran, le conseiller général ayant quitté le PCF depuis son élection), 10 à l'UMP-NC et une au MGC. Sur ces quarante cantons, vingt sont à renouveler en cette année 2011. Ici, la droite n'a aucune chance de prendre le département. On lit parfois sur internet ou dans le Parisien que la majorité PS pourrait sortir affaiblie de ce scrutin, étant menacée sur plusieurs cantons comme ceux d'Aubervilliers-Est et de la Courneuve par le PCF ou celui d'Epinay-sur-Seine par la droite. Le PCF ne pourrait donc reprendre le département qu'en ne perdant pas de cantons et en en gagnant deux nouveaux, ce qui semble tout de même très peu probable même si la dynamique du Front de Gauche peut l'aider.

Cependant, pour Claude Bartolone, il faut marquer des points, et dans ce cadre, le canton de Clichy-sous-Bois-Le Raincy apparaît assez intéressant.

A priori, les forces sont assez inégales. Avec près de 30 000 habitants, la ville de Clichy, l'une des plus pauvres et des plus jeunes de France, devrait largement dominer les 13 000 habitants du Raincy. Clichy a été dirigée deux ans par la droite entre 1993 et 1995 après une très longue période de domination du PCF, mais est depuis aux mains du PS. Or, les choses sont loin d'être aussi simples.

En effet, le canton est tenu depuis 2004 par l'UMP Ludovic Toro, qui dirige le groupe UMP du conseil général. Il est parvenu à prendre le canton au PS qui le détenait depuis 1998 avec 52% des voix en 2004.

C'est l'ancien conseiller général socialiste, le maire de Clichy Claude Dilain, qui va essayer de reprendre son siège. Il bénéficie sans doute de la forte médiatisation qu'il a connu lors des émeutes urbaines de 2005, celles-ci ayant démarré à Clichy-sous-Bois. Il est d'ailleurs président de l'association "Villes et banlieues de France".

Or, malgré le fort écart démographique, rien n'est gagné. Les deux candidats dominants ne sont pas menacés à priori par les autres partis. Il faut noter la présence d'un candidat FN et d'une candidate Front de Gauche. Par contre, tout va se jouer sur Clichy.

En effet, si les électeurs du Raincy se mobilisent assez bien et votent majoritairement à droite, les choses sont tout autre en haut de la colline. A Clichy, alors que la population est élevée, il n'y avait en 2010 qu'un peu moins de 10 000 inscrits sur les listes électorales. Apparemment, les jeunes de la ville s'inscrivent peu et un nombre important d'étrangers ne peuvent voter. Pour Claude Dilain, il faut parvenir à la fois à grappiller des voix sur le Raincy et à fortement mobiliser ses électeurs sur Clichy, ce qui est difficile pour les élections locales. En 2010, seuls 3 000 d'entre eux se sont déplacés pour les régionales, beaucoup plus médiatisées.

Le maire du Raincy, Eric Raoult, s'est engagé dans la campagne avec force. Lors du dernier conseil municipal son adversaire n'était plus Philémon mais... Claude Dilain ! A plusieurs reprises, le maire a apostrophé l'opposition socialiste en les accusant d'aller chercher leurs instructions dans la commune voisine. Sans doute la majorité s'inquiète-t-elle de l'impopularité du gouvernement actuel qui pourrait menacer ses postes d'élus locaux...

lundi 27 décembre 2010

Plan d'investissement exceptionnel pour les collèges en Seine-Saint-Denis : le PS risque de payer un taux politique très lourd.

Cher lecteur, dans un département comme la Seine-Saint-Denis, marqué par la pauvreté, les enseignants n'ont cessé de constater l'état affligeant des collèges du département. Je ne parle pas ici des efforts de l'Etat mais bien des bâtiments eux-mêmes et de leurs équipements.

Le département a été géré depuis sa création par le PCF. Il symbolisait la banlieue rouge et le parti n'a perdu le département que lors des dernières élections cantonales, supplanté par le PS et son dirigeant local, Claude Bartolone. Durant les vingt dernières années, le PCF a clairement laissé les collèges à l'abandon. Il n'y a qu'à voir, par exemple, l'état de l'équipement au niveau du numérique, les cantines ou encore l'état des bâtiments eux-mêmes. Les constructions, alors que l'explosion démographique est réelle dans l'Est du département, sont lentes.

Or, le nouveau président du conseil général a annoncé en octobre dernier un très ambitieux "plan d'investissement exceptionnel pour les collèges" de près de 700 millions d'euros. Dans l'Education, cette annonce nous a tous surpris. En effet, nous savons que le conseil général est dans une situation financière catastrophique. La majorité précédente a joué avec de nombreux emprunts toxiques typiques de la période de délire financier que nous traversons. En tout, ce sont près de 886 millions d'euros, à 97% constitués d'emprunts toxiques que le département doit honorer, pour des annuités de 82,5 millions d'euros. De plus, il est aussi fortement gêné, comme tous les départements du pays, par le fait que l'Etat ne reverse pas ce qu'il devrait dans le cadre de la décentralisation.

Dans ce cadre, ce plan exceptionnel étonne, d'autant plus que les élus locaux PS ne cessent de s'en vanter. Ce fut le cas lors de la dernière séance du conseil municipal du Raincy, durant laquelle M. Lapidus, leader de l'opposition PS, signala à plusieurs reprises que le collège public de la commune (Jean-Baptiste Corot, situé sur le Rond-point Thiers) serait reconstruit.

Les enseignants réclamaient depuis longtemps un plan de rénovation de cette envergure, malgré les difficultés financières de la collectivité territoriale. Déjà, mes collègues de collège trépignent et demandent à participer à la conception des futures constructions. Cependant, on a pu découvrir que les syndicats enseignants du département avaient massivement voté contre la partie "construction" du projet lors du CDEN convoqué sur ce sujet.

En effet, le PS a trouvé une voie étonnante pour financer son projet, permettant le contournement de sa dette abyssale. La partie construction sera réalisée en "partenariat public-privé" pour 324 millions d'euros. En clair, les bâtiments vont être construits par de grands groupes privés (les groupes pouvant le faire sont peu nombreux : Eiffage, Vinci, Bouygues...) qui demanderont un loyer. Au bout de 25 ans, le département pourra devenir propriétaire. Sur le papier, la structure est claire : cela permet de ne pas avancer de fonds et de ne pas emprunter, tout en menant les constructions quand même.

Plusieurs points soulèvent une grande inquiétude :

  • Sans vouloir casser du sucre sur le dos des grands groupes immobiliers français, nous savons tous, cher lecteur, qu'ils se fichent pas mal du service public et qu'ils souhaitent faire du profit. En clair, ils vont faire payer un loyer largement au-dessus du niveau d'un emprunt pour le département. Alors que la partie "rénovation" est financée par des emprunts à 2%, les loyers équivaudront à des emprunts à 9%. Certes, au début, cela paraîtra peu de choses, mais il faudra fournir ces mensualités pendant 25 ans et les prélever sur les impôts locaux. En clair, ce seront les Dyonisiens qui paieront la note sur cette longue période à venir, nettement plus qu'avec des emprunts. Il faut ajouter à cela que le département a déjà voté un budget en déséquilibre en 2010 de près de 75 millions d'euros.
  • Ensuite, que se passera-t-il dans la gestion quotidienne ? Certes, le département a annoncé que les personnels resteront publics, mais il est bien évident que le propriétaire cherchera d'autres moyens de rentabiliser ces constructions. On pourra donc louer ou ouvrir le bâtiment hors du temps scolaire, et dans ce cas, ce sont des salariés de droit privé qui vont pénétrer dans les murs. De plus, les collèges actuels sont déjà surchargés très souvent et il est à craindre que les activités se concurrenceront.
  • Enfin, que se passera-t-il dans 25 ans ? Je te fais le pari, cher lecteur, que le propriétaire va bien entretenir au début, puis, l'échéance approchant, va gentiment laisser le bâtiment se dégrader. La collectivité récupérera donc des locaux en mauvais état au final et risque de ne pas avoir d'autre choix que de rebâtir et/ou de resigner de nouveaux PPP avec de nouvelles entreprises.
Au delà de ces critiques, il faut tout de même admettre que la situation du département est telle que, de toute façon, les habitants devront payer ces établissements qui sont nécessaires, mais il est très grave de se lancer dans ces dispositifs de privatisation des impôts, qui sont d'ailleurs sans arrêt invoqués par le gouvernement actuel comme la solution idéale à tous les problèmes des collectivités territoriales.

Aujourd'hui, le PS communique massivement sur ce plan, matraquant à la fois la droite mais surtout le PCF (qui s'est opposé au plan) du fait de sa responsabilité évidente dans cette situation.

Cher lecteur, je crois qu'il fait là une erreur grave. Je voudrais apporter ici quelques éléments qui devraient faire réfléchir les militants de ce parti à l'échelle nationale et inciter leurs dirigeants à faire très attention :
  1. Le PS co-dirigeait le département avec le PCF et ne peut donc pas lui-même se dégager de la responsabilité des emprunts toxiques.
  2. Le PS sera tenu pour responsable de la hausse importante des impôts locaux qui suivra inévitablement. Il aura beau arguer de la part de l'Etat (qui ne paie pas la décentralisation, je te le rappelle), les citoyens verront le montant de la taxe d'habitation et de la taxe foncière et ne penseront qu'à cela.
  3. Le PS continue à donner du grain à moudre à tous ceux qui l'accusent de mollesse voire de droitisme. Le fait que les élus du 93 soient majoritairement des Fabiusiens va d'ailleurs faire beaucoup de mal à ce courant soi-disant plus à gauche que d'autres (DSKistes et Ségolénistes en particulier).
Que fallait-il donc faire, dans ce cas, cher lecteur ? Il fallait emprunter ou ne rien faire, tout simplement. Tu vas me dire que les PPP vont permettre à mon département d'avoir rapidement de beaux collèges. C'est vrai, mais on entre dans une logique idéologique détestable. La politique, c'est avant tout des idées et des valeurs, et là, on ne sait pas bien où on les trouve. Le PPP est une politique éminemment de droite, puisqu'elle permet à des groupes privés de faire main basse sur les revenus fiscaux à des taux prohibitifs, en tout cas bien plus qu'avec des emprunts souvent réalisés auprès de partenaires publics comme la Caisse des dépôts. Dommage que le PS se vautre là-dedans...

lundi 20 décembre 2010

La Seine-Saint-Denis risque d'être la victime n°1 des suppressions de poste de l'Education nationale en 2011.

La nouvelle est tombée vendredi 17 décembre : l'Académie de Créteil devra rendre, pour le secondaire, 426 postes à la rentrée 2011, devenant ainsi l'une des académies les plus touchées cette année par les suppressions. Le ministère maintient le système mis en place depuis deux ans, qui est finalement très simple. On annonce que le rectorat devra sabrer 426 postes, mais on ne lui donne aucune consigne sur la manière de s'y prendre. Le recteur doit donc innover et inventer pour trouver un nouveau moyen de s'acquitter de cette tâche. Je suis d'ailleurs sûr qu'il existe un système d'évaluation des recteurs par lequel on note ceux qui réussissent le mieux sans déclencher trop de grèves et de mouvements sociaux.

Les années précédentes, le rectorat de Créteil a utilisé plusieurs leviers. Ce fut d'abord les remplaçants titulaires, dont le nombre n'a cessé de baisser, puisqu'ils sont aujourd'hui à peine 5% des corps, alors qu'ils étaient 10% en 2005. Puis, le rectorat tapa sur les stagiaires l'année dernière, bénéficiant de la fantastique réforme de la formation des maîtres qui supprima le stage. Cependant, on est arrivé au bout des possibilités sans remettre en cause directement l'obligation qui est faite au service public de mettre en oeuvre des programmes et des horaires d'enseignement.

Il reste pourtant, dans le secondaire, quelques marges de manœuvre.

Tout d'abord, le lycée n'a finalement pas connu de suppressions massives jusque là. L'an dernier, la réforme du lycée a été installée sans qu'on retire trop de moyens, pour éviter que les enseignants ne râlent trop. Or, cela ne pourra pas durer. Je vois deux leviers que le rectorat pourrait actionner sans difficulté. Tout d'abord, il peut parfaitement nous débarrasser de l'accompagnement personnalisé (deux heures par classe pour y faire un peu n'importe quoi prises sur des cours l'an dernier) en prétextant que les enseignants et/ou les établissements n'en font rien de bien. Il suffira d'un rapport fait par un inspecteur général aux ordres pour enterrer cette belle usine à gaz, alors que le gouvernement a communiqué énormément là-dessus et le fait encore. Cela permettrait de sabrer trois à quatre postes par lycée. Ensuite, les heures dédoublées, qui étaient autrefois imposées nationalement (maths, histoire-géographie, français, anglais en seconde) mais qui sont maintenant laissées à la disposition des établissements, pourront elles aussi disparaître : cela représenterait plusieurs postes par lycée là aussi. Enfin, la structure de la nouvelle première permet de regrouper tous les élèves de général sur certains cours communs, ce qui permettrait là encore de grosses économies, au dépend des élèves les plus en difficulté.

Mais l'académie a un autre gros problème : la logique démographique. Depuis la fin des années 1990, la France connaît un boom démographique. Notre pays a beau être le plus décadent du monde, voilà que ses habitants se reproduisent, suffisamment vite pour menacer réellement la belle logique de suppressions de poste de notre ministère. Sur Créteil, les effectifs dans les collèges du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne sont en hausse constante, et le phénomène est d'une durée suffisante, puisqu'il se poursuit aujourd'hui, pour que cela perdure.

En toute logique, la Seine-Saint-Denis devrait être la victime de ce phénomène. D'abord, le département bénéficie des restes des politiques de l'éducation prioritaire en collège, ce qui donne aux établissements du cru des moyens supplémentaires importants, en particulier au niveau du nombre d'élèves par classe. Vu le tapage que nos dirigeants ont fait autour du soi-disant échec de l'éducation prioritaire (alors que ce sont leurs politiques qui sont des échecs cuisants), il leur sera facile de justifier politiquement des coupes dans ce domaine. Cela sera accentué par le fait que le nombre d'élèves dans le 93 augmente peu, du fait de la fuite que connaissent les collèges de ces zones, en tout cas certains d'entre eux. On pourrait d'ailleurs dresser une carte passionnante de l'évitement en Seine-Saint-Denis : on y verrait des collèges pleins à craquer, et, à parfois 200 m, des établissements qui se vident de leurs élèves.

Personnellement, je table sur des coupes plus fortes dans les collèges de Seine-Saint-Denis que dans les lycées, mais le rectorat a de tels objectifs qu'il est à craindre qu'il utilise les deux leviers. En effet, peu de gens défendront l'éducation prioritaire que les médias se sont échinés à dévaloriser.

Cher collègue, je crains que la quatrième en Seine-Saint-Denis à 27 élèves soit une réalité dès l'an prochain, comme nous verrons revenir les secondes à 35-40 dans les lycées considérés statistiquement comme difficiles. L'année 2011-2012 s'annonce particulièrement drôle...

mercredi 15 décembre 2010

Au Raincy, un blog local montre une véritable influence lors du conseil municipal.

Cher lecteur, comme tout bon citoyen, j'avais décidé de me rendre, lundi dernier, au conseil municipal du Raincy pour me faire une opinion sur la démocratie locale. Je peux te dire que je n'ai pas été déçu !

Comme tu le sais peut-être, la commune est dirigée par Eric Raoult, ancien ministre, ancien vice-président de l'Assemblée nationale, maire depuis 1995 et membre éminent de l'UMP de Seine-Saint-Denis. Face à lui, on trouve une liste de droite minoritaire (son leader n'était pas présent lundi soir) et une liste PS qui ne tient que trois sièges du conseil. A priori, je m'attendais à un conseil apaisé. La droite n'a pas de risque de perdre cette commune du fait de sa structure sociale. Eric Raoult pourrait être éventuellement menacé localement par un autre homme de droite ayant une certaine carrure, mais il n'y en a pas dans le paysage à ce que je sache. Certes, une campagne électorale approche (ce sont les cantonales) et le conseiller général UMP Ludovic Toro va devoir affronter le médiatique maire PS de Clichy-sous-Bois Claude Dilain, ce qui peut expliquer un raidissement des camps, mais jusque là...

J'avais consulté l'ordre du jour de la séance qui était centré sur un débat d'orientation budgétaire. A mon arrivée, j'ai constaté avec étonnement la présence d'un public relativement conséquent (presqu'une vingtaine de personnes) : j'ai pu voir des conseils à Pantin, au Pré Saint-Gervais et aux Lilas et j'ai rarement vu une telle foule.

Dès le début de la séance, la tension est palpable. Le maire monopolise la parole et parle énormément. Les autres conseillers municipaux de l'UMP sont étroitement cadrés. Lorsque M. Bodin, adjoint aux finances, explique de manière assez claire et simple qu'il prévoit une augmentation de la part communale des taxes locales de 2 à 4%, ne pouvant encore se prononcer à cause des conséquences de la réforme de la taxe professionnelle, le maire le coupe et lui dit, péremptoire : "ce sera 2% !" Les autres conseillers municipaux de l'UMP ne réagiront que dans la polémique avec l'opposition.

Et justement, je dois te dire que je n'ai jamais assisté, cher lecteur, à un conseil municipal aussi tendu. Lorsque  le PS tente de s'exprimer, le maire répond avec une extrême brutalité, qualifiant systématiquement les paroles du leader du groupe de "stupidité" ou de "bêtise". Il n'est finalement guère plus amène avec l'autre liste de droite, même s'il prend la peine de répondre aux réflexions sur le débat d'orientation budgétaire par des aspects politiques. Finalement, la gauche et la droite en restent à des questions de procédure.

Sur ce point, la stratégie du PS m'a semblé confuse. Régulièrement, les conseillers socialistes accusent le maire de ne pas respecter le règlement du conseil, mais ils ne semblent pas avoir pris la décision de poursuivre le maire au tribunal administratif, ce qui serait cohérent lorsqu'on met bout-à-bout tous les manquements soulignés par l'opposition. D'ailleurs, le maire ne cesse de provoquer la gauche en leur proposant de suivre cette voie.

Malgré ces tensions permanentes, le véritable adversaire de M. Raoult ne fut pas, durant cette soirée, le PS. Un autre personnage n'a cessé de planer sur les débats, au début de manière sous-jacente, puis très rapidement très ouvertement. Cet ennemi est un blogueur ! Mais oui, cher lecteur, c'est un de mes confrères qui suscite les plus fortes réactions du maire du Raincy. A chaque fois que les socialistes émettent des questions ou des critiques, le député revient sans cesse à Philémon, l'accusant d'être le véritable leader de l'opposition de gauche. Le véritable patronyme du blogueur est cité à plusieurs reprises, le maire se permettant des jeux de mots à la limite de la courtoisie. Enfin, M. Raoult finit pas menacer tout ce petit monde de réponses très offensives de sa part si les attaques ne cessent pas. Là encore, j'émettrais la même critique que contre le PS précédemment. Si ce blog est insultant et/ou diffamatoire, l'UMP ou le maire lui-même pourraient parfaitement saisir la justice et on peut se demander à quoi servent ces apostrophes, à part à laisser les conseillers de la majorité se défouler sur le blogueur qui ne peut pas répondre le jour même du conseil.

A ce stade, on aurait pu espérer avoir atteint le niveau le plus élevé du débat, mais les choses ont encore empiré. Les élus étaient en train de voter les décisions budgétaires lorsque le maire interrompit tout le monde et interpella une femme dans le public qui venait de sortir un téléphone portable et prenait une photo. Là, j'étais estomaqué : elle était juste devant moi et je n'ai même pas vu surgir l'appareil, alors que le député l'avait repérée de l'autre bout de la salle. Immédiatement, M. Raoult interrompit la séance et exigea que l'impétrante lui remette son téléphone, se plaçant dans une situation délicate puisqu'un conseil municipal est régit selon le principe de la publicité des débats et que les élus, dans l'exercice de leurs fonctions, peuvent être filmés ou photographiés. La jeune femme (il s'agissait d'une journaliste) commença par résister puis alla présenter sa carte de presse au maire.

Or, les choses dérapèrent. Une personne du public se leva et déclara au maire que sa manœuvre était illégale. Au même moment, un jeune homme, qui était sorti un peu auparavant, revint et applaudit ironiquement le maire, ce qui provoqua la colère de ce dernier. Il proposa alors au conseil municipal de voter le huis-clos, et la majorité s'empressa d'obtempérer. Tout cela s'acheva par un affrontement verbal entre Philémon et Eric Raoult, qui ne restera pas, je le crains, dans les annales de l'histoire politique française. Durant ce bref moment, les élus d'opposition sont restés étonnamment silencieux (ce que je trouve assez scandaleux, qu'ils soient de droite ou de gauche), pendant que la majorité réglait ses comptes avec Philémon.

Cet affrontement indirect puis direct entre un maire et un citoyen blogueur m'a fait réviser en catastrophe mon jugement sur l'influence des blogs. Au plan national, et malgré les manœuvres sarkozyennes récentes, les blogs ne pèsent rien. Par contre, j'ai pu me rendre compte hier qu'un blog local pouvait avoir une influence réelle et devenir un véritable vecteur d'information, voire même subir les répliques des élus locaux. Il est évident que notre édile surveille étroitement l'activité de Philémon, parvenant même à faire référence à des commentaires, ce que je suis moi-même bien incapable de faire sur mon propre blog.

Voilà qui va me faire sérieusement revenir sur mes discussions avec mes petits camarades blogueurs qui sont considérés comme influents par le Wikio. Localement, nous pouvons, apparemment, dans certains cas, avoir un impact réel sur la vie publique. Il est important, à mon sens, que nous suivions avec intérêt ce qui se passe au Raincy, car je ne vois pas bien comment cette relation difficile ne peut finir autrement que par un procès, à un moment ou à un autre, quel qu'en soit l'initiateur. Le maire a l'air prêt à en découdre...

...quoique... En y repensant, une autre hypothèse a surgi, lancinante, depuis quelques heures. En nommant de fait Philémon comme adversaire numéro un, Eric Raoult mène un petit jeu qui pourrait faire beaucoup de mal à l'opposition locale. La voilà devancée par un simple citoyen et on a presque l'impression que les opposants subissent cette affaire sans pouvoir y faire grand-chose. Cela s'est vu particulièrement lorsque M. Lapidus posa des questions sur le POS et que le maire répondit que le PS était mené par les manœuvres du vil blogueur. Finalement, à l'approche des élections cantonales, le ministre conduit une stratégie qui pourrait lui rapporter gros s'il ne laisse sa propre énergie lui échapper.

Je sais cependant que les membres du public ne partagent pas mon analyse. Les soutiens du maire reprochèrent à ceux qui avaient contesté le refus de M. Raoult de tolérer un appareil photo de vouloir sciemment perturber le conseil, poursuivant une chasse aux sorcières contre l'élu local. Il est vrai qu'il n'est pas permis au public, en théorie, d'apostropher un conseil municipal. Les autres affirmèrent qu'on s'approchait d'un point très sensible de l'ordre du jour, mais ne maîtrisant pas encore la vie politique locale, je ne m'exprimerai pas là-dessus.

En tout cas, cher lecteur, une chose est sûre : je vais retourner au conseil municipal. J'ai passé une soirée passionnante et je dois te dire que j'attends le prochain épisode avec impatience. Pour être cependant juste, les autres membres du public m'ont affirmé que cette situation de huis-clos ne s'était jamais produite ces dix dernières années. Espérons donc que la prochaine fois, nous pourrons assister à tous les débats.

vendredi 3 décembre 2010

Solidarité ? Ah, ben non...

Le vendredi soir, je quitte mon lycée dit difficile entre 17h30 et 18h00. Pour rentrer dans ma commune de résidence, je dois traverser la moitié du département. Durant mon trajet, j'emprunte une ligne de tramway.

Ce soir, je me trouvais tranquillement assis, en train de m'amuser avec mon smartphone. J'étais à deux stations du terminus et je venais de lire mes mails et de constater que Manuel avait dégainé cinq billets en trois jours, provoquant les habituels sarcasmes bienveillants de Fabrice. J'ouvrais donc mon reader pour voir si Manuel avait réussi à parler d'autre chose que d'Israël.

A ce moment précis, j'ai eu un drôle de sentiment, comme une menace pendante qui se trouvait près de moi. Nous étions à un arrêt et le chauffeur du tram était en train de faire retentir la sonnerie indiquant qu'il allait boucler définitivement les portes. Une main se posa sur mon téléphone et tenta de l'arracher.

J'ai eu un pot énorme, pour deux raisons simples. Tout d'abord, mon téléphone est équipée d'une coque en plastique qui peut être assez glissante, d'autant plus qu'elle a une lourde tendance à retenir tout ce qui traîne sur mes mains lorsque je me retrouve dans les transports. Surtout, à ce moment précis, j'étais agrippé au téléphone, impatient de lire la prose de mon petit camarade.

J'ai tiré sur le téléphone, me demandant ce qui allait se passer. Le gamin, parce que c'en était un, d'après ce que j'ai pu apercevoir, pouvait très bien me décocher une mandale, histoire que je lâche, d'autant plus que j'étais assis et que je ne pouvais riposter ou me défendre sans lâcher le téléphone. Or, le gosse a fait un choix stratégique tout autre. Voyant que je ne lâchais pas, il a préféré filer vers la porte qui se refermait pour éviter de se retrouver coincé avec moi dans la cabine du tram. Il a réussi, d'autant plus que personne n'a tenté de l'arrêter.

Je suis resté estomaqué quelques secondes, puis j'ai repris ma lecture, en espérant que Manuel avait été bon. Malheureusement, je suis tombé sur un billet sur les futures coupes du monde de foot...

Je pourrai me lancer ici dans un billet sur la dangerosité congénitale du 93, sur la gravité de la délinquance juvénile ou sur la mauvaise qualité des transports en commun. Franchement, non... Cela fait 33 ans que j'habite ce département, et c'est la première fois que je subis un truc pareil. Cela fait donc une agression tous les 33 ans, ce qui fait tout de même une bonne moyenne. Par ailleurs, on sait tous que le vol existe, même dans les sociétés les plus policés. Je suis juste atterré de voir un gamin qui n'avait sans doute pas plus de 15 ans se lancer dans des actes pareils.

Par contre, je dois te dire que je ressens un véritable agacement à l'égard des autres passagers de la rame. Certes, il leur était impossible d'intervenir : le gamin avait parfaitement préparé son coup. Il passait simplement dans le couloir, et il n'y avait absolument personne entre moi et la porte. Même la dame en face de moi n'aurait sans doute rien pu faire, du fait de la rapidité du geste.

Mais après, cher lecteur ? Certes, la dame assise en face a levé les yeux de son livre et m'a fait un sourire mais personne n'a daigné m'adresser la parole. Quelqu'un aurait au moins pu juste me dire un mot. Non, rien, absolument rien. Seul un homme est venu me voir, lorsque le tramway est arrivé à son terminus (5 mn plus tard) et que je me dirigeais vers le RER, pour me proposer un témoignage. Je l'ai remercié de sa sollicitude, mais comme le portable était toujours dans ma poche et que je n'avais pas vu le visage de l'enfant, on en restait là.

Cette absence totale de solidarité est tout de même étonnante. Je n'attendais pas non plus un élan massif, mais un simple "ça va, Monsieur ?" aurait pu suffire amplement. Certes, il n'y a finalement rien de grave et la vie continue, avec mon téléphone. Elle aurait continué de la même façon sans.

Mais ce soir, je suis de bonne humeur, parce que j'ai eu un coup de chance. Tant mieux. Je vais aller jouer au loto.

jeudi 18 novembre 2010

Les inégalités de revenus : quelques chiffres sur le Raincy.

Manuel, qui est en ce moment touché par la grâce  mais qui reste totalement matérialiste, m'a signalé ce site qui communique toute une série d'informations statistiques sur toute commune qui vous intéresserait concernant les revenus des ménages.

Sur le Raincy, c'est fascinant. La ville fait partie des 10% des communes concentrant le plus de richesse dans le département, avec un revenu moyen par foyer de 3 789 € par mois.

Plus intéressant : les 10% des ménages les plus riches perçoivent 47% des revenus totaux de la ville ! On imagine les écarts dans la commune.

On découvre enfin que le Raincy, pourtant le petit Neuilly du 93, est devancé dans les moyennes par Gournay et Coubron.

En comparaison, mon ancienne commune des Lilas se situait à 2 737 € par mois de revenu moyen et les 10% des ménages les plus riches concentraient "seulement" 34% des richesses.

mardi 19 octobre 2010

Je ne peux même plus faire grève tranquille !

Malgré mon silence relatif, cher lecteur, tu dois bien penser que je participe au mouvement social qui se déroule en ce moment dans notre beau pays, la France, et que, en tant que gauchiste certifié par tout ce que la blogosphère compte de blogueurs de droite, je m'évertue à me comporter comme un irresponsable qui espère bien garder ses petits privilèges en ruinant la France. Pour cela, tu m'imagines en grève reconductible depuis trois semaines, participant à des blocages de stations-services et de raffineries...

La vérité est tout autre. Certes, depuis le 1er septembre, j'ai participé à quatre journées de grève et à une dizaine de manifestations. Par rapport à d'autres, je suis donc bien loin de la mobilisation maximale. Il faut dire aussi que l'Education nationale reste en retrait de l'action, avec des taux de grève assez faibles par rapport à des mouvements passés et finalement peu d'actions de reconduction.

Pourtant, depuis une semaine, j'ai un gros problème. Voilà qu'une bande de gamins, incapable d'écrire même deux lignes sans faute d'orthographe (normal, vu que c'est moi, un gauchiste sans culture, qui les éduque), se sont lancés dans un blocage systématique de mon lycée dit difficile.

Tu crois sans doute que ce sont mes semblables et moi-même qui les y avons poussés. Que nenni ! Bien au contraire, même. Dans nos banlieues, les mouvements lycéens, très peu encadrés, sont sources de multiples désordres qui effraient même certains enseignants anarchistes. Depuis quelques jours, mes élèves ne viennent donc plus en cours et stationnent devant la grille de l'établissement, en en profitant pour caillasser le voisinage, brûler quelques poubelles et casser un abribus pour se défouler.

Me voilà donc obligé, alors que je devrais être en train de construire le socialisme triomphant, de me vautrer dans la bourgeoisie en aidant mon administration à empêcher l'établissement de subir des dégâts trop importants, tout en essayant de convaincre mes élèves de ne pas se mettre en danger et de se renseigner un peu sur le mouvement auquel ils participent et sur les positions des différents acteurs. D'ailleurs, bizarrement, ce sont souvent les profs militants qui contribuent à ce soutien à l'administration alors que les autres enseignants stationnent en salle des profs, à attendre on ne sait quoi.

Le pire, là-dedans, est que ces jeunes couillons m'empêchent de faire grève les jours d'action nationale. Mon proviseur est tellement en train de courir dans tous les sens qu'il ne parvient plus à comptabiliser les enseignants mobilisés. Me voici donc compté présent, alors que je suis peut-être allé manifester dans les rues de notre belle capitale.

Vraiment, en ce moment, c'est le bordel. J'ai beau être un super-blogueur super-intelligent, je ne vois pas où on va. Dans les banlieues, cela sent mauvais...