On parle peu, cher lecteur, des élections cantonales. C'est bien dommage, car même si l'ensemble de la population ne vote pas, il s'agit d'un bon test pour les différents partis politiques et peut-être de l'une des dernières élections sous cette forme avant la réforme des collectivités territoriales.
En Seine-Saint-Denis, l'enjeu est de savoir si la nouvelle majorité PS pourra consolider sa domination sur l'assemblée départementale. En 2008, le PS, conduit pas Claude Bartolone, était parvenu à arracher au PCF ce vieux bastion de la banlieue rouge. Actuellement, il tient 16 cantons contre 12 au PCF, 1 aux Verts (celui de Sevran, le conseiller général ayant quitté le PCF depuis son élection), 10 à l'UMP-NC et une au MGC. Sur ces quarante cantons, vingt sont à renouveler en cette année 2011. Ici, la droite n'a aucune chance de prendre le département. On lit parfois sur internet ou dans le Parisien que la majorité PS pourrait sortir affaiblie de ce scrutin, étant menacée sur plusieurs cantons comme ceux d'Aubervilliers-Est et de la Courneuve par le PCF ou celui d'Epinay-sur-Seine par la droite. Le PCF ne pourrait donc reprendre le département qu'en ne perdant pas de cantons et en en gagnant deux nouveaux, ce qui semble tout de même très peu probable même si la dynamique du Front de Gauche peut l'aider.
Cependant, pour Claude Bartolone, il faut marquer des points, et dans ce cadre, le canton de Clichy-sous-Bois-Le Raincy apparaît assez intéressant.
A priori, les forces sont assez inégales. Avec près de 30 000 habitants, la ville de Clichy, l'une des plus pauvres et des plus jeunes de France, devrait largement dominer les 13 000 habitants du Raincy. Clichy a été dirigée deux ans par la droite entre 1993 et 1995 après une très longue période de domination du PCF, mais est depuis aux mains du PS. Or, les choses sont loin d'être aussi simples.
En effet, le canton est tenu depuis 2004 par l'UMP Ludovic Toro, qui dirige le groupe UMP du conseil général. Il est parvenu à prendre le canton au PS qui le détenait depuis 1998 avec 52% des voix en 2004.
C'est l'ancien conseiller général socialiste, le maire de Clichy Claude Dilain, qui va essayer de reprendre son siège. Il bénéficie sans doute de la forte médiatisation qu'il a connu lors des émeutes urbaines de 2005, celles-ci ayant démarré à Clichy-sous-Bois. Il est d'ailleurs président de l'association "Villes et banlieues de France".
Or, malgré le fort écart démographique, rien n'est gagné. Les deux candidats dominants ne sont pas menacés à priori par les autres partis. Il faut noter la présence d'un candidat FN et d'une candidate Front de Gauche. Par contre, tout va se jouer sur Clichy.
En effet, si les électeurs du Raincy se mobilisent assez bien et votent majoritairement à droite, les choses sont tout autre en haut de la colline. A Clichy, alors que la population est élevée, il n'y avait en 2010 qu'un peu moins de 10 000 inscrits sur les listes électorales. Apparemment, les jeunes de la ville s'inscrivent peu et un nombre important d'étrangers ne peuvent voter. Pour Claude Dilain, il faut parvenir à la fois à grappiller des voix sur le Raincy et à fortement mobiliser ses électeurs sur Clichy, ce qui est difficile pour les élections locales. En 2010, seuls 3 000 d'entre eux se sont déplacés pour les régionales, beaucoup plus médiatisées.
Le maire du Raincy, Eric Raoult, s'est engagé dans la campagne avec force. Lors du dernier conseil municipal son adversaire n'était plus Philémon mais... Claude Dilain ! A plusieurs reprises, le maire a apostrophé l'opposition socialiste en les accusant d'aller chercher leurs instructions dans la commune voisine. Sans doute la majorité s'inquiète-t-elle de l'impopularité du gouvernement actuel qui pourrait menacer ses postes d'élus locaux...
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