mercredi 30 septembre 2009

"Les routiers sont sympas !"

Ce fut l'énigmatique déclaration d'Hypos, qui traitait d'un voyage nocturne entre Rouen et Paris et d'un arrêt intempestif sur une aire d'autoroute. Nous fumes, MIP, Julien et moi-même surpris et intrigué par cette déclaration.

Sinon, on parla peu de politique politicienne durant cette RDB, et beaucoup de politique, avec quelques compères de boisson : Aster qui se posait des questions, l'équipe de Pearltrees, les journalistes de Vendredi, Vogelsong et Dagrouik, Jon qui se préparait à reprendre du service (doucement)...

Une bien agréable soirée... Il ne nous manquait plus que le numéro 1, attendu mais définitivement absent. Il s'était excusé, mais il peut toujours y avoir des surprises...

mardi 29 septembre 2009

XXXVIème République des blogs parisienne demain soir, avec un privilégié.

Je n'ai pas eu, cher lecteur, le temps de réellement me consacrer au blogage depuis hier matin. J'espère pouvoir y passer un moment demain.

En attendant, je voulais juste t'informer de ma présence à la République des Blogs parisienne du 30 septembre 2009, qui se tiendra au café le Pachyderme, 2 bis boulevard Saint-Martin, dans le Xème arrondissement, à partir de 19h00.

A demain !

dimanche 27 septembre 2009

Les Français ignorent l’histoire du Canada, et perdent ainsi une partie de la leur.

Il y a un événement qui est passé relativement inaperçu en France. Le 13 septembre, le Québec (et le Canada) ont commémoré les 250 ans de la bataille de la Plaine d'Abraham.

Qu'est-ce que c'est, vas-tu me demander curieux, cher lecteur ? Le 13 septembre 1759, assiégé depuis plusieurs jours, le Marquis de Montcalm, qui commande les forces françaises en Nouvelle-France, décide de faire une sortie pour affronter les forces britanniques. La bataille est une espèce de match nul, même si Montcalm est grièvement blessé et ne survivra pas à ses blessures. Cependant, cet affrontement entraîne la capitulation de la forteresse de Québec et l'effondrement de toute la colonie, soit l'un des plus importants empires coloniaux construits par la France. N'oublions pas que près de la moitié de l'Amérique du Nord fut, en théorie tout du moins, sous domination française.

Dans notre beau pays, cette histoire reste relativement inconnue par la grande majorité de nos concitoyens. Certes, on sait vaguement que se trouve, de l'autre côté de l'Atlantique, un groupe d'Américains qui parlent le français (avec un accent rigolo mais difficilement compréhensible), que ces gens utilisent un vocabulaire fleuri, qu'il fait froid là où il vive et que, malheureusement, ces braves gens tentent régulièrement de se débarrasser d'une de leurs chanteuses en l'exilant de ce côté-ci de la mare. Mais, de là à être capable d'expliquer ce que ces francophones font là-bas, il y a un pas que nos concitoyens ne sont pas capables de faire.

Il faut dire aussi que les programmes scolaires n'y aident pas. Il est finalement assez cohérent que les empires coloniaux africain et asiatique occupent une place plus grande. Ils sont plus récents chronologiquement et de nombreuses familles portent encore, dans leurs mémoires, les traces des guerres d'Indochine, d'Algérie et le retour des pieds-noirs en France. Cependant, il est intéressant de constater que l'empire colonial américain n'occupe quasiment aucune place, avec une brève évocation en quatrième et un retour de bâton en seconde, non-obligatoire. D'ailleurs, l'histoire de la Guyane, des Antilles et de Saint-Pierre et Miquelon, pourtant terres françaises encore aujourd'hui, n'est pas plus évoquée, sauf pour parler de l'abolition de l'esclavage, et ce sans aborder l'histoire de ces territoires pour elle-même. Il ne faut pas alors s'étonner que nos compatriotes restent interdits devant les troubles sociaux qui ont secoué les Antilles en début d'année.

Comment expliquer une telle absence ? Pourtant, ces dernières années, des historiens français se sont lancés sur ce terrain et les Québécois ne s'occupent plus seuls de leur histoire. Sans vouloir s'avancer trop vite, on peut évoquer d'abord la marque de la défaite et de la perte d'un tel territoire. Il faut aussi rappeler que la France fit le choix, en 1763, de perdre le Canada pour conserver Saint-Domingue et son précieux sucre, et qu'elle n'en a pas tiré un profit si important, puisque 30 ans plus tard, les Haïtiens se débarrassaient de nous. Enfin, sans doute les pamphlets de Voltaire sur l'inutilité du Canada ont-ils laissé des traces…

Il ne s'agit pour moi de dire qu'il faudrait aller faire la promotion de l'histoire coloniale de la France (la colonisation de l'Amérique a été moins violente que celle de l'Afrique parce que la France ne disposait pas des mêmes moyens et que la rougeole s'est chargée seule de faire un sort aux indigènes) mais simplement de donner quelques bases à nos élèves sur notre histoire, d'abord parce que la perte de la Nouvelle-France explique aussi le soutien de la France aux jeunes États-Unis quelques années plus tard, l'endettement de la monarchie et l'installation progressive d'une situation de crise de l'État très violente dans les années 1780. Il s'agit aussi de permettre à nos concitoyens de prendre conscience de l'histoire de nos anciens compatriotes du Canada. Après tout, le Canada est habité par les seuls groupes de Français qui ont réussi à se maintenir après la fin de l'empire colonial, et ignorer l'histoire de cette population serait une vraie perte, pour les deux côtés du lac…

samedi 26 septembre 2009

Les votations citoyennes sur le changement de statut de la Poste démarrent lundi et s’achèvent samedi 3 octobre à 18h00.

Cher lecteur, nous sommes au début d'une action totalement nouvelle. Il ne s'agit pas d'une grève, pas d'une manifestation, pas d'un piquet de grève, pas d'une pétition. Voici maintenant les votations citoyennes. Cette offensive s'appuie sur la réforme de la constitution (dont les lois organiques ne sont pas encore toutes votées), et plus particulièrement sur l'article 11 révisé par la loi de 2008.

Un collectif d'associations, de partis et de syndicats organise une sorte de référendum sur le changement de statut de la Poste. Chaque habitant de notre pays est appelé à se prononcer sur le sujet par un oui ou par un non. Parfois, les communes soutiennent l'initiative et ouvriront leurs locaux. Parfois, le collectif s'organise dans des lieux publics sans soutien des autorités. Parfois, les syndicats feront voter nos compatriotes dans les entreprises, sur les lieux de travail, dans la rue et particulièrement devant les bureaux de poste. Le but est d'obtenir un maximum de votes pour créer un rapport de force avec le gouvernement que les grèves récentes ne sont pas parvenues à susciter, à cause d'une stratégie syndicale déficiente.

Cher lecteur, cet acte ne te coûtera rien, te prendra quelques minutes et te permettra de faire ce que notre gouvernement te refuse : donner ton opinion, clairement et simplement. Pour en savoir plus, clique ici.

Sur ce sujet, l'atonie de la blogosphère soi-disant de gauche est tonitruante. Je ne parle pas des médias institutionnels et des politiques.

Bon, les gars, on relaie l'information et on mobilise ?

Le poids de la CGT dans la stratégie syndicale actuelle.

Lundi matin, le leader du NPA, Olivier Besancenot, était sur France Inter. Je ne vais pas te raconter toute l'interview, cher lecteur, mais m'interroger particulièrement sur un seul passage. Besancenot était présent en partie à cause de son métier de facteur. Nicolas Demorand lui demande ce qu'il pense de la stratégie globale des syndicats depuis le début d'année. Et là, surprise, Besancenot s'est mis à tacler particulièrement Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT.

Cette posture de Besancenot est nouvelle, et elle doit correspondre à des remontées réelles de la base. C'est sans doute vrai, car la CGT porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle du mouvement social.

Le 29 janvier 2009 avait été une véritable réussite : pour la première fois depuis 2003, se développait une véritable manifestation mixte, avec des fonctionnaires, des salariés du privé, des retraités, des jeunes, beaucoup d'exaspération et beaucoup d'espérances, et presque 1,5 millions de personnes dans le pays. On attendait quelque chose, une suite, une réaction, une attaque venant de nos syndicats. Et dans les jours qui suivirent, rien, pas grand-chose, et un nouvel appel le 19 mars. Depuis, les appels se succèdent régulièrement sans réel but, et avec une réussite de moins en moins nette.

La CGT a une place particulière dans tout cela. Elle est la centrale la plus importante en nombre de syndiqués. Elle dispose d'un poids très fort, et seule la CFDT peut espérer la concurrencer. On savait que la CFDT, la CFE-CGC et l'UNSA n'appelleraient pas à quelque chose de plus offensif, du fait de leur positionnement au centre mou. Solidaires et FO sont des syndicats trop petits pour faire quelque chose seuls. La FSU, composée uniquement de salariés du public, n'a pas la légitimité pour appeler l'ensemble du corps social à l'action. La CGT est la seule centrale qui peut se lancer seule et obliger les autres à s'aligner sur elle.

Or, en janvier dernier, la CGT s'est dégonflée en préférant sauvegarder une unité syndicale qui n'amène qu'à un mouvement très mou sans objectif. L'appel pour le 7 octobre est symptomatique de cette hésitation permanente. Déjà, en 2003, la CGT s'était couchée après la grande manifestation du 3 juin, refusant de lancer un appel à la grève générale que les manifestants attendaient naturellement.

Les syndicats français sont pourtant très influents, mais ils ne le sont que si la CGT est partie prenante voire meneuse de l'action. Or, la direction de la CGT reste relativement molle dans son combat. Thibault s'était déjà fait attaquer par les grévistes de certaines usines en grève récemment, en particulier par les Contis. Ce qui se passe avec la Poste n'est qu'une nouvelle illustration de cette torpeur.

Certes, la CGT n'est pas la seule composante du problème. Les syndicats enseignants souffrent aujourd'hui des mêmes difficultés. On ne peut que constater une mollesse généralisée, un refus de prendre des risques et un manque clair de stratégie et de perspectives.

Dans ce domaine, comme dans le domaine politique, il y a du travail, et beaucoup. J'espère que les actuels dirigeants de nos syndicats se sentent les épaules suffisamment larges pour soutenir cette démarche.

jeudi 24 septembre 2009

Réflexions sur l'accompagnement éducatif : "Bachelier ou remboursé".

Si tu es, cher lecteur, un heureux habitant de la région parisienne, tu n'as pas pu louper la nouvelle campagne de publicité lancée par le numéro un du soutien scolaire privé, Acadomia. Le slogan est fort et barre le métro parisien : « Bachelier ou remboursé, Acadomia s'engage. »

Cette publicité peut nous permettre de rebondir sur la discussion sur l'accompagnement éducatif que nous avions engagé au début du mois. Comme tu peux le remarquer, cette publicité s'appuie sur les valeurs classiques du libéralisme. En clair, si tu es parent d'élève, tu investis dans un organisme qui va te fournir une prestation. Si tu n'es pas satisfait, l'organisme devra te rembourser de ton paiement. On tente donc de rassurer le client : ne t'inquiètes pas, cher lecteur, si ton gamin échoue quand même, tu pourras récupérer ton argent. Le client repart rassuré, puisqu'il est sûr qu'Acadomia ne prendra pas le risque de perdre son bénéfice et fera tout pour que le chérubin l'emporte, ce qui n'est pas le cas dans le service public, puisque mon gosse échoue mais qu'on ne me rembourse pas mes impôts.

Comme le soutien à l'école, cette logique s'appuie sur l'idée de performance de l'individu. L'élève, de plus en plus, est mis sous pression de l'ensemble des acteurs du système éducatif. S'il échoue, c'est de sa faute. Or, comme on ne peut pas nier que de nombreux élèves échouent malgré les cours classiques et un travail personnel réel (le vrai cancre qui échoue parce qu'il ne travaille pas est une rareté, et généralement, il finit par obtenir son bac), on met en place des aides. Cependant, rien ne dit que ces aides vont réussir.

Cette logique de l'aide ne permet de recouvrir que des réalités très imparfaites, et ce sur plusieurs points :

  • Elle ne peut traiter que des problèmes de compréhension simples, que des enseignants pourraient surmonter en cours s'ils n'avaient pas 35 élèves par classe. En soi, dans ce cas précis, les soutiens (publics ou privés) ne font que suppléer au refus de notre pays d'investir dans une éducation de qualité pour tous, et la charge financière n'est supportée que par les parents des élèves en difficulté, souvent les plus pauvres (encore un beau transfert de charge).

  • Cependant, dès que la difficulté devient plus forte, les soutiens ne peuvent rien. Si vous êtes face à un dysorthographique, s'il n'est pas pris en charge par un spécialiste, vous pourrez toujours vous escrimer. De même, les gamins rencontrant des problèmes graves de compréhension (inclusion, équivalences, spatialisation...) ne seront pas traités par des soutiens qui n'ont aucune formation sur ces sujets.

  • Enfin, l'individualisation de l'aide ignore toute une série de questions :

    • Elle occulte le poids de la famille dans la réussite ou l'échec. Les parents sont parfois eux-mêmes, sans s'en rendre compte, un facteur lourd de la réussite de l'enfant. Là, on est dans la psychanalyse quasiment, et il ne faudrait pas que les profs deviennent des psychologues de bas-étage. Par contre, on pourrait parfois renvoyer les parents à leurs responsabilités, ce que nous faisons de moins en moins.

    • Elle occulte le poids des déterminismes sociaux aussi, et considère que chaque individu peut être traité séparément en ignorant son histoire sociale. C'est une illusion qui est mis en échec dès qu'on analyse les grands nombres de l'Éducation nationale. Encore aujourd'hui, les pauvres échouent davantage que les riches, les classes moyennes étant dans l'entre-deux.

C'est bien là que je ne comprends pas les positionnements de la gauche et des autres enseignants. En soutenant l'individualisation de l'aide, nous entretenons les valeurs libérales. Nous ne cessons de dire à l'élève : « si tu échoues ou si tu réussis, tu en es le seul responsable ! » Plus tard, ce gamin devenu adulte dira qu'il est contre les impôts (je dois profiter des fruits de mon travail) et qu'il se fout du collectif.

Faut-il pour autant jeter aux orties les soutiens et aides diverses ? Non, certainement pas. Dans certains cas individuels, cela a un effet réel sur les gamins. Cependant, y voir l'unique solution à tout est un non-sens pédagogique et intellectuel, surtout lorsque tes idées politiques penchent à gauche.

Pour le public, une seule vraie utilité au soutien de masse : permettre à des gamins de faire leurs devoirs avec des profs et dans un cadre où la famille ne joue pas : pas de petits frères qui font du bruit, de parents pesants et de distractions. Cependant, inutile d'y voir une solution à tous les problèmes. Beaucoup se joue en cours, là où cela coûte le plus cher...

Pour le privé, le soutien n'a, à mon sens, qu'un intérêt très marginal, à part enfoncer l'Éducation nationale un peu plus (ce que nos camarades réactionnaires font d'ailleurs sur cette question). En tout cas, on pourrait largement supprimer la déduction fiscale qui permet à ces entreprises de vivre et financer un vrai service public du soutien scolaire, tout en ne disant pas que cela va tout régler. Ce n'est qu'une aide, rien qu'une aide. Si c'était aussi simple, on le saurait depuis longtemps...

mardi 22 septembre 2009

La Poste en route vers la privatisation : échec apparent de la grève d'aujourd'hui.

Apparemment, la grève à la Poste n'est pas majoritaire. Les postiers semblent touchés par le même syndrome qui frappe en ce moment les enseignants et que je vous décrivais il y a quelques jours.

C'est grave, car personne ne se battra pour ce service public, vu le climat social. D'ailleurs, très peu de blogs de gauche en parlent ce matin. Reste à espérer que les votations citoyennes du 3 octobre, action gratuite mais marquante symboliquement, auront un réel succès.

En attendant, le carton rouge de la langue de bois est attribué à Dominique Paillé, pour cette phrase magnifique :

"les capitaux resteront à 100% publics et c'est juste une question de gestion interne et de concurrence sur le marché qui nous obligent à ce changement de statut, rien d'autre"

Ce qui est comique, c'est que personne n'est dupe (la privatisation sera une suite inéluctable de l'ouverture à la concurrence) mais que des personnages publics jouent encore à ce type de manipulation...

J'espère que personne n'est dupe...

lundi 21 septembre 2009

Faisons de la politique à la hache contre Nicolas Sarkozy.

Quelques liens aujourd'hui, car je n'ai point eu le temps de rédiger un billet, contrairement à Manuel en pleine forme en ce moment, et j'espère pouvoir m'y remettre dès demain.

Juan nous lance un appel, fort et offensif, à lutter contre Nicolas Sarkozy et ses amis. J'admets que la symbolique de la hache me touche assez peu, mais j'adhère globalement au propos.

Toi, cher lecteur, qui n'aime pas l'anti-sarkozysme primaire, tu vas être servi.

Ce texte répond admirablement au débat que nous menons en ce moment avec Dorham, et auquel participe aussi quelques réactionnaires.

A noter aussi ce billet intéressant de Vogelsong sur les médias et le commentaire, à la hache lui aussi, de Laurent Joffrin.

Bonne lecture.

dimanche 20 septembre 2009

Le débat démocratique, tout sauf facteur de sclérose.

Il y a deux jours, Dorham a publié un billet. Tu te souviens sans doute que ce blogueur avait décidé de mettre un terme à sa carrière, décision sur laquelle il est revenu il y a trois semaines, après avoir fait quelques apparitions en commentant chez nos congénères. Là, il poste un texte concernant les réactionnaires et leur stratégie politique actuelle.

Nous avions, avec mes deux camarades des Gueules, été confrontés à l'argument bienpensant lors de la polémique avec les occidentalistes et il est régulièrement revenu. Cependant, même si le billet est intéressant, il faut s'intéresser aux commentaires. Dorham me fit une réponse que voici, dans laquelle je souligne les passages qui m'intéressent :

« Mathieu,

[…] Par ailleurs, je ne suis pas d'accord, les réacs débattent et c'est exactement ce que je leur reproche, tout comme à leurs adversaires. En réalité, plus exactement, ce que je leur reproche, c'est de faire croire que leurs velléités de débat manifestent un amour de la libre-expression. Le débat est une sorte de sclérose démocratique (j'insiste là-dessus), qui prétend vouloir défendre la liberté et le respect des opinions, c'est évidemment tout le contraire.

Qui débat et prétend ne pas vouloir l'emporter, ne serait-ce que moralement ou sous forme de traits d'esprit, est un menteur. Qui débat veut le silence. Nier cela, c'est nier l'évidence. »

Dorham fait ici une erreur fondamentale. Il est incontestable que le but d'un débat est de l'emporter sur l'autre, mais vous aurez remarqué que cela n'arrive jamais en démocratie. Parfois, un groupe parvient à imposer ses idées aux autres, gagne des élections et gouverne. Cependant, comme le débat se poursuit, ce groupe perd le pouvoir quelques temps plus tard.

Le débat ne permet pas aux participants d'échanger, mais il leur permet d'éviter d'utiliser la violence pour s'imposer aux autres. Certes, si j'écoutais mon inconscient, j'aimerais bien que de nombreux courants politiques que je n'apprécie pas se taisent (les réactionnaires, les libéraux qui n'en sont pas, les socialistes totalitaires, les islamistes …). En clair, dans un monde idéal, j'aimerais que personne ne puisse l'ouvrir, à l'exception de ma petite personne, à part pour dire : « oui, privilégié, tu es formidable ! » Et les autres, hop, au goulag !

Or, malgré ce désir profond qui se loge en chacun de nous, nous ne pouvons assouvir notre penchant destructeur. Nous sommes forcés de nous contenter du débat et de l'élection, en sachant que nos adversaires politiques sont toujours là, prêts à en découdre. Nous sommes bien obligés, aussi, de nous rendre compte que nos adversaires politiques sont membres de la même communauté que nous. Enfin, l'existence d'opposants nous permet de nous améliorer, en éliminant les arguments les moins percutants, en problématisant autrement et en faisant évoluer nos propositions.

Lorsqu'une démocratie ne permet pas cela, elle échoue. Le meilleur exemple historique que nous avons de ce phénomène reste la tentative de la IIème République espagnole. Fondée en 1931, elle connut deux alternances. Immédiatement, elle dysfonctionna parce que les deux principaux camps (droite et gauche) ne tolérèrent pas que l'autre puisse appliquer son programme : l'arrivée au pouvoir de l'adversaire signifiait une menace trop forte sur son propre camp. Seule la guerre et la dictature appliquée par le camp vainqueur ont permis une forme de résolution du problème, en éliminant l'un des deux camps, enterrant la démocratie pour 36 années…

Ce débat permanent est tout sauf un facteur de sclérose : il est au contraire le seul moyen pour qu'une société fonctionne sans régime dictatorial et tueries régulières. La preuve en est que même les idéologues fanatiques de la dictature peuvent s'exprimer librement…

…même s'ils risquent de gagner les élections, ce qui ne doit pas arriver si le système démocratique bénéficie au plus grand nombre.

N'empêche qu'il existe une limitation à ce débat : des tabous, imposés par la loi ou par les règles, non-écrites mais partagées, de savoir-vivre. Dorham traite de ce thème dans son billet. Nous en reparlerons.

PS : vous remarquerez que, si j'étais au pouvoir, j'enverrais les gens au goulag. On voit bien là de quelle culture politique j'ai été le plus proche dans mon passé…

vendredi 18 septembre 2009

Cécédille dans ta face !

Petite histoire arrivée dans une de mes classes il y a quelques jours…

Je suis en train de dicter quelques phrases de cours, lorsque je me penche dans sur le cahier d'une élève : « attention, Mademoiselle, si vous ne mettez pas une cédille à votre c, vous allez obtenir le son q ici et changer le sens du mot. »

Et là, tollé général ! Un garçon de la classe m'interpelle : « Eh, Monsieur, vous venez de faire une grosse erreur, là.
- Ah bon ? Laquelle ?
- Ben, on ne dit pas cédille, mais cécédille ! (désolé, je n'écris pas en phonétique.)
- Euh, non, on ne dit pas « cécédille », on parle d'une cédille. Vous savez, c'est le petit signe que l'on met sous le c pour signifier qu'il se prononce comme un s, s'il est suivi par un a, un o ou un u.
- Monsieur, je sais ce que c'est qu'un cécédille, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est juste qu'on ne dit pas cédille mais cécédille : vous oubliez une partie du mot.
- C'est vrai, Monsieur, surenchérit un autre élève, on dit cécédille et pas cédille. Nos autres profs disent ça ! »

Pendant un moment, je reste interloqué. Il est vrai que je ne sais pas toujours flamboyant en orthographe, mais là, quand même, je décide de m'accrocher.

« Bon, les enfants, le mot « cécédille » n'existe pas. Je ne vois vraiment pas d'où vous le tenez. Je suis sûr que ce petit signe est une cédille. »

Cependant, mes élèves ne sont pas convaincus. On discute un moment. Et puis, alors que je me demandais bien d'où venait ce nouveau mot, je finis par comprendre, grâce au même garçon.

« Mais Monsieur, par exemple, si je vous épelle le mot « ça », je vais vous dire : « cécédille, a ! » Vous voyez bien que j'ai raison ! »

Et là commence une longue explication pour leur faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'un moment mais d'un rapprochement de la lettre c et du mot cédille, qui permet d'épeler. « En fait, on dit « c cédille » pour que vous rajoutiez la cédille au c. Il ne s'agit pas du nom de cette lettre, et il n'y a pas une vingt-septième lettre à l'alphabet. Ce n'est pas un y, bon sang !
- Monsieur, le y, il vient vraiment de Grèce ? »

C'est vendredi soir, cher lecteur, et je suis très fatigué.

Pour information, la définition de cédille, selon mon bon vieux Littré :

« Cédille. n. f. (XVIIe s. ; de l'esp. cedilla, « petit c »). Petit signe en forme de c retourné, que l'on place sous la lettre c suivie des voyelles a, o, u pour indiquer qu'elle doit être prononcée comme un s dur. Façade, façon, reçu. »

jeudi 17 septembre 2009

Lutter contre la grippe A n’importe comment.

Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, Luc Chatel s'était largement mis en avant au mois d'août dernier, en annonçant un grand plan de lutte contre la pandémie grippale dans l'Éducation nationale, et suscitant d'ailleurs, à l'époque, de nombreuses critiques. La question de la fermeture des établissements en cas de « cas groupés » a été au cœur de ce débat.

Depuis début septembre, les fermetures d'établissements commencent à se répéter. Normalement, lorsque des cas groupés apparaissent, le préfet peut décider de fermer une classe ou l'établissement pour laisser passer la période de contagiosité. En théorie, une continuité pédagogique doit être assurée par les personnels, mais nous ne voyons pas trop comment, sans avoir de contacts avec les élèves.

Aujourd'hui, 7 établissements de l'académie de Créteil sont concernés. Parmi eux, on trouve quatre établissements fermés complètement : deux écoles maternelles et deux écoles privées, dont le collège Fénelon à Vaujours, avec tout son internat, soit 2 000 élèves renvoyés chez eux. Normalement, pendant la période de fermeture, les établissements doivent être complètement nettoyés.

Plusieurs questions nous taraudent, et nous font largement douter de l'efficacité de ces dispositifs :

  • Tout d'abord, nous savons tous qu'il va être, à chaque fois, extrêmement difficile de récupérer une classe qui vient de se voir octroyer quelques jours chômés supplémentaires. Il s'agit d'une rentrée nouvelle, après 6 à 8 jours manqués, et il va falloir, à chaque fois, tout recommencer et batailler pour remettre les gamins au travail.
  • Ensuite, ces mesures sont-elles efficaces ? Imaginons que l'on ferme un lycée pendant six jours pour éliminer les foyers. Si, cinq jours plus tard, de nouveaux cas se révèlent alors que l'établissement vient de rouvrir, que se passera-t-il concrètement ? Le préfet va-t-il à nouveau fermer ? Vu le niveau élevé de contagiosité de ce virus, cela peut durer longtemps et complètement perturber l'année scolaire.
  • Et que dire du suivi des personnels ? Finalement, il serait tout à fait possible de faire fonctionner un lycée avec de nombreux élèves malades. Par contre, il serait dangereux de laisser ouvert un établissement à partir du moment où un certain pourcentage de professeurs, de surveillants et de personnels administratifs se retrouverait en arrêt (je vois ce chiffre autour de 30% d'absents). Dans ce cas, il faudrait fermer non pas pour éviter la contagion, mais tout simplement pour assurer la sécurité des usagers.

Globalement, on a quand même l'impression de dispositifs perturbants et dont l'efficacité reste à prouver, mais qui sont par contre très anxiogènes. Les enseignants, qui naviguent au milieu d'élèves potentiellement malades, sont déjà angoissés. Et que dire des élèves ! Dès qu'une personne est absente, c'est la panique. Dans une de mes classes, informés de l'absence d'une collègue (qui a un lumbago…), mes élèves se sont imaginés n'importe quoi et sont toujours persuadés, malgré mes démentis, que la collègue est plaquée au lit par la grippe A. A chaque fois, le scénario risque de se reproduire.

La peur est là, et on n'est pas prêt d'en sortir.

Attendons maintenant, angoissés, le pic épidémique…

PS : en attendant, Marc Vasseur quitte le PS, et explique pourquoi ici.

mardi 15 septembre 2009

Bilan de l’activité des députés de Seine-Saint-Denis.

Il faut absolument, ce soir, que je remercie Authueil pour la petite découverte que je viens de faire grâce à lui, même si Nicolas va encore m'engueuler parce que je fais des liens vers les blogueurs de droite. Les tenanciers des « députés godillots » viennent de lancer un nouveau site internet : « nosdeputes.fr ». Après quelques minutes d'exploration, je dois te dire que je suis profondément impressionné par le travail réalisé. Le site est parfaitement accessible à tout citoyen et donne accès, pour chaque député, à un nombre d'informations importantes et détaillées : ainsi peut-on y lire pour chaque député le nombre de présence en séance, le nombre de semaines de présence, le nombre de présence en commission, le nombre d'intervention en commission, le nombre d'interventions longues dans l'hémicycle, le nombre d'amendements signés, le nombre de questions écrites et de questions orales. C'est très rapidement prenant.

Immédiatement, j'ai voulu me livrer à une petite étude sur mon département d'origine et de résidence : la Seine-Saint-Denis. Treize députés représentent le 93, et ont souvent des rôles politiques importants dans leurs partis, comme Claude Bartolone, Eric Raoult, Marie-Georges Buffet ou Elisabeth Guigou. Les partis de ces députés marquent l'ancrage à gauche et le lien de la Seine-Saint-Denis avec le passé de la banlieue rouge : quatre députés sont communistes et cinq socialistes. La droite tient trois circonscriptions (UMP) et, au milieu de tout cela, se trouve le député Nouveau Centre et maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde. Il est d'ailleurs à noter qu'il s'était fait élire comme député Modem, avant de basculer dans la majorité présidentielle.

L'étude des données de ces treize députés nous amènent à des conclusions finalement très simples. Je ne dirais pas que les députés sont des fainéants, parce que je ne les connais pas, mais il est évident que le cumul des mandats et des fonctions marquent nettement la fréquentation de l'Assemblée nationale.

On peut ainsi déterminer trois groupes de députés sur le 93 :

  • Un premier groupe est constitué de députés très présents dans l'hémicycle et très actif par ailleurs dans les commissions. Sur le 93, les palmes reviennent à Jean-Pierre Brard (PCF) et à Bruno Le Roux (PS). Ils sont talonnés de près par Eric Raoult (UMP). Brard n'a plus de mandat de maire depuis 2008, mais il était déjà très présent auparavant. A part conseiller municipal, il n'exerce plus d'autres fonctions. Bruno Le Roux n'a plus de mandats locaux non plus depuis 2008. Quant à Eric Raoult, il exerce encore la fonction de maire du Raincy, mais il reste assez actif à l'Assemblée.
  • Un second groupe est composé de députés exerçant d'autres fonctions, mais maintenant une présence malgré tout à l'Assemblée nationale, au moins sur la moitié de la session parlementaire. C'est le cas de Marie-Georges Buffet, ce qu'on peut comprendre vu qu'elle assume la direction du PCF. Patrick Braouzec (PCF) est actif en commission mais peu dans l'hémicycle. Daniel Goldberg (PS) a le même type d'activité, de même que Jean-Christophe Lagarde. Enfin, certains députés sont régulièrement présents mais participent peu aux commissions comme Patrice Calméjane (UMP), maire de Villemomble, Elisabeth Guigou (PS), adjointe au maire de Noisy-le-Sec, et Gérard Gaudron (UMP), conseiller municipal à Aulnay-sous-Bois.
  • Enfin, on peut observer un groupe de députés très peu présents à l'Assemblée, que ce soit dans les commissions ou en séance. Il s'agit d'abord de François Asensi (PCF), maire de Tremblay-en-France. On trouve ensuite Michel Pajon (PS) qui n'est pas revenu à l'Assemblée depuis mars 2009, pour des raisons que je n'ai pu déterminer. Enfin, Claude Bartolone, actuel président du conseil général, a eu une présence très lacunaire, sans doute accaparé par la gestion de son département.

Ce que permet de conclure cette petite étude très rapide, et sans préjuger de la compétence de nos députés, c'est que les deux députés du département les plus actifs sont les deux députés n'ayant aucune fonction locale (ou symbolique comme celle de conseiller municipal). Cette constatation permet de confirmer l'idée que l'interdiction du cumul des mandats, si on veut des députés à plein-temps, est une nécessité.

Il existe bien d'autres raisons d'interdire le cumul, et j'y reviendrai peut-être, dans de futurs billets…

lundi 14 septembre 2009

L’internat de Sourdun : le gouvernement applique à la lettre les demandes des syndicats enseignants.

Depuis début septembre, l'Éducation nationale communique sur l'ouverture de l'internat de Sourdun. Le 11 septembre, pas moins de trois ministres se sont rendus sur place pour inaugurer le centre : Luc Chatel évidemment, mais aussi Valérie Pécresse et Fadela Amara. Avec eux se trouvait le recteur Jean-Michel Blanquer, toujours prêt à devancer toutes les propositions sarkozystes.

Que se passe-t-il à Sourdun ? Le village de Sourdun se trouve à l'extrême Est de la Seine-et-Marne, sur la route qui relie Provins et Troyes, à l'écart des autoroutes et des voies de chemin de fer. Jusque là, la commune bénéficiait de la présence du 2e régiment de hussards sur son territoire. Le remaniement de la carte militaire a mis un terme à cette présence, mis en difficulté le budget de la commune et les emplois de tout le territoire. Or, l'État a trouvé une solution : installer sur place une structure de l'Éducation nationale, en l'occurrence un « internat d'excellence », dans les locaux de l'ancienne base militaire.

Qu'est-ce que c'est que cette structure ? Fondé très rapidement, cet internat vise à accueillir les meilleurs élèves de l'académie pour leur donner une éducation particulière, digne de leurs capacités. Ces élèves sont normalement volontaires et viennent des trois départements de l'Académie de Créteil. Ils sont environ 120. La rénovation de la base a été d'une extrême rapidité (8 mois), ce qui est rare dans l'éducation, et a coûté cher (plus de 2 millions d'euros) ce qui est encore plus rare. Cette structure ouvre à la rentrée, en ouvrant des classes de la 4ème à la 2nde, réparties en six classes différentes.

Ce qui est passionnant, cher lecteur, c'est que cet établissement correspond exactement à ce que demandent les syndicats enseignants depuis de nombreuses années : on donne aux meilleurs élèves un taux d'encadrement élevé, avec deux CPE pour 120 élèves et une armée de surveillants, alors que la norme est d'un CPE pour 500 élèves, même dans les bahuts les plus difficiles ; on met les élèves à 20 élèves par classe, alors que nos ministres n'arrêtent pas de nous dire qu'une classe à 39 en seconde n'est pas un problème pour nos élèves ; on met en place des groupes de travail avec de petits nombres d'élèves, pour leur permettre de travailler différemment. En clair, ce bahut correspond exactement à ce que nous souhaiterions pour tous nos élèves !

Or, que se passe-t-il pour les autres établissements ? Les classes sont à 35 en seconde et en terminale, parfois davantage puisque le ministère continue à supprimer des postes ; les moyens humains formés ne cessent de diminuer ; on ne cesse de recruter des vacataires sans formation qui ne sont pas des professeurs formés pour mettre des adultes devant les enfants (2 000 sur Créteil dès le 2 septembre) ; on assouplit la carte scolaire pour permettre aux établissements centraux d'absorber les meilleurs élèves.

Pourtant, il y a une forme d'espoir dans cette réalisation. En ouvrant cet internat, nos dirigeants viennent de reconnaître une chose très simple : pour pouvoir permettre aux élèves des milieux populaires de réussir, il faut appliquer ce que demandent les syndicats. Il s'agit d'une reconnaissance par l'État de la justesse de nos ressentis sur le terrain et de l'aspect politique de la politique de suppression des postes. Il ne va pas falloir lâcher cela, cher lecteur. Tous les profs doivent se saisir de ce machin et l'utiliser à profit. S'il s'agit de la manière de faire réussir les élèves, reconnaissons-le, et mettons les classes partout à 20, mettons deux CPE pour 200 élèves, et appliquons des pédagogies nouvelles. Voilà un bel appel à répercuter le plus possible.

PS : encore toutes mes condoléances à M. Poireau, et tout mon soutien.

dimanche 13 septembre 2009

Le Privilégié sur Le Post.

Eh bien, ça y est ! Suivant les conseils de notre émérite tête de peloton, j'ai ouvert une page sur Le Post, et j'y ai mis trois articles qui ont bien marché dernièrement, deux venant des Privilégiés, et un des Gueules.

Je ne sais pas trop ce que je vais faire de cet outil nouveau, on verra.

En attendant, je me suis rendu compte que quelques blogueurs z'influents étaient déjà à l'affut sur ce site. Peut-être d'autres suivront-ils...

samedi 12 septembre 2009

Bilan de la chaîne du conjoint qui ne pense pas comme soi.

Je vais m'essayer, cher lecteur, à un nouvel exercice bloguesque. J'avais lancé une petite chaîne en août qui a été un peu suivie par mes camarades blogueurs. Elle a suscité 25 billets en tout, et je ne suis pas sûr de les avoir tous retrouvé. Wallen avait commencé à répertorier les réponses, et je n'ai eu qu'à reprendre l'idée. Tu peux la retrouver ici :
La chaîne du conjoint qui ne pense pas comme vous.


Au départ, j'avais linké 5 blogueurs : Juan, Rubin, Cycee, le Faucon et Nemo. Sur ces cinq, un seul n'a pas répondu, mais Manuel, qui n'avait pas été directement invité, a compensé.

Ensuite, cette chaîne a poursuivi son chemin, parfois tortueux. Par exemple, l'Hérétique l'a lancée dans la blogosphère modemiste alors que je n'y avais pas du tout pensé au départ. Autre exemple étonnant, elle a abouti chez un libéral, puis est allée chez Criticus, pour finir, par ce biais, chez CSP

Deux conclusions tout de même sur l'évolution de ces chaînes :

  • Elles suivent très souvent un chemin tortueux qui fait qu'on oublie progressivement celui qui en est à l'origine pour se centrer sur son propre réseau d'amis.
  • Elles changent au fur et à mesure, la question, malgré la présence de l'écrit et du copier-coller, étant reformulée par les blogueurs et donc, à terme, altérée.

En tout cas, je te souhaite une belle découverte de toutes ces réponses : tu verras qu'il y a vraiment de tout, et j'ai pu découvrir de nouveaux blogs, que je visiterai régulièrement.

vendredi 11 septembre 2009

Les riches osent le 93 !

Alors qu'on parle de supprimer l'ISF, cet impôt permet de faire des découvertes intéressantes. Ce matin, le Parisien a publié un article concernant l'évolution des assujettis à l'ISF de Seine-Saint-Denis ces dernières années. Pour ses habitants, le département reste marqué par son histoire populaire et la pauvreté. L'espace urbain est une espèce de mélange informe de quartiers pavillonnaires, de zones de grands HLM des années 1960 et 1970, de vieux centres enkystés, et souvent de l'habitat insalubre et dégradé. Certes, le département peut être très agréable à vivre, l'espace étant vraiment caractérisé par la diversité.

Et pourtant, cher lecteur, malgré ce sentiment, indéniablement, le département s'embourgeoise. Le nombre de contribuables payant l'ISF est en hausse, et il faut considérer que ces chiffres sont sous-évalués car beaucoup ne prennent pas la peine de signaler au fisc leurs richesses.

Ce phénomène, appelé gentryfication par les géographes, et boboïsation par le quidam du coin, était assez visible aux Lilas. J'habite la commune depuis cinq ans seulement, mais les anciens habitants, souvent encore issus de milieux ouvriers, se plaignent amèrement de cette évolution de la population locale. Pour eux, il est difficile, en cas de vente et de rachat d'un bien immobilier, de s'aligner sur ces nouveaux acquéreurs, capables de mettre davantage sur la table. Ces « Parisiens » se voient et se repèrent : souvent des couples avec enfants, visiblement semblables à leurs camarades du XXème et du XIème arrondissement, qui ont revendu sur Paris pour s'agrandir à moindre coût. Comme l'article l'indique, le phénomène touche aussi Montreuil, très à la mode et disposant du métro, et des villes plus lointaines et dotées d'équipements récents (comme Noisy-le-Grand) ou de centre-ville attractif, comme Aulnay-sous-Bois.

Pourtant, dans la liste, deux noms me surprennent : Romainville et Aubervilliers.

Romainville est située entre Les Lilas, Pantin, Noisy-le-Sec, Montreuil et Bagnolet. La ville est située sur une butte et est enclavée. Certes, l'A3 la traverse au sud, mais il n'y a aucun moyen de transport ferré sur le territoire de la commune. Depuis 10 ans, la mairie tente de convaincre la RATP d'étendre la ligne 11 (qui a son terminus aux Lilas). Les ingénieurs planchent sur le sujet. De même, on parle depuis le début des années 2000 de prolonger la ligne 1 du tram depuis Bobigny jusqu'à la Place Carnot, mais là encore, on est sur du très long terme et le tramway s'arrête à la gare de Noisy-le-Sec. Les géographes travaillant sur la gentryfication montraient pourtant que la présence de transports en commun efficaces était une nécessité en région parisienne pour attirer le contribuable fortuné. Peut-être le petit centre-ville, avec ses pavillons, suffit-il à contenter les bobos ?

Aubervilliers est un cas encore plus étonnant. Comme Romainville, la commune ne dispose pas d'une ligne de métro ou de RER atteignant son centre (même si cela fait des années que la ligne 12 est en voie d'être creusée). De plus, contrairement à Romainville, Aubervilliers a été marquée par une histoire très populaire. Certaines zones, comme le Landy, sont caractérisées par l'habitat insalubre. Entre Paris et le centre-ville, une immense zone commerciale s'étend et reste peu attractive, même si la Région dit depuis longtemps que l'extension des quartiers d'affaire autour du Stade de France devrait bénéficier à cet espace. Enfin, le Nord de la commune, bordé par la Courneuve et Pantin, est surtout une zone de logement social. Tous ces facteurs repoussent les riches habituellement. Peut-être le petit centre-ville autour de la mairie a-t-il suffisamment d'attractivité pour permettre de passer outre…

Ces évolutions montrent tout de même que le coût de l'immobilier du centre et de l'ouest parisien pousse les riches à accepter le contact avec les milieux populaires du département. Est-ce une nouvelle tendance lourde ou espère-t-on que les prix pousseront les pauvres à migrer, eux aussi, plus à l'est ? Les riches acceptent-ils aussi d'être loin des transports ? Voici des phénomènes géographiques qui ne manquent pas d'intérêt et qu'il faudra suivre.

jeudi 10 septembre 2009

Luc Chatel expose une vision déterministe de l’orientation scolaire.

Ce matin, grâce au Café Pédagogique, j'ai pu découvrir une dépêche AFP dans laquelle Luc Chatel, notre ministre qui le vaut bien de l'Éducation, s'exprimait sur l'orientation. Pour te résumer ce qui se passe à ce sujet dans notre administration, cher lecteur, la politique initiée depuis 2003 vise à supprimer progressivement le service public d'orientation, avec des personnels formés et compétents, pour faire assumer l'orientation par les enseignants, souvent non-compétents sur ces questions. Les profs, s'ils connaissent le système dans son ensemble, sont souvent assez peu cultivés sur des questions très précises. Cette année, sur Créteil, il manque une cinquantaine de conseillers d'orientation, alors que cinq collèges vont expérimenter la nouvelle fonction de « chargé d'études », qui vont suivre des élèves pour construire un projet d'orientation. Ces chargés d'études seront des enseignants, payés sur leurs services ou en heures supplémentaires.

Dans cette dépêche, une phrase de Luc Chatel m'a frappé. Je te la livre de suite :

« Aujourd'hui, avec le système que nous avons en France, à 14 ans, on vous oriente pour la vie sans que vous ayez la possibilité de revenir en arrière, et sans que les jeunes ne soient véritablement acteurs de leur projet d'orientation »

Cette phrase est étonnante à plus d'un titre. Tout d'abord, il y a cet âge de 14 ans, très mystérieux en lui-même. En effet, la première orientation se produit bien à la fin de la 3ème, mais elle n'est pas encore totalement définitive. C'est à la fin de la seconde que le véritable coupe-gorge du système éducatif secondaire se situe, soit à 16-17 ans en fonction du parcours du gamin.

Il y a ensuite une approche très déterministe qui est fausse. Dire que c'est le système qui empêche les jeunes d'être acteurs de leurs choix est une contre-vérité. Certes, les enseignants tentent d'influer sur les choix des gamins, autant positivement que négativement, mais, d'expérience, nous jouons à la marge et sur des gamins déjà prêts à nous écouter.

Il y a de nombreux facteurs qui jouent en réalité sur le choix de gamins qui n'ont souvent pas de vision réelle de leur avenir et qui manquent de maturité. Les parents ont tout d'abord un poids considérable, quel que soit le milieu social étudié. La famille n'est pas en reste : les études réussies (ou catastrophiques) du grand frère ont un impact sur les autres. Il ne faut pas non plus oublier le milieu social, et enfin les grandes idées dominantes dans la société (« il faut faire S, c'est la seule voie pour réussir »).

Cette tendance de la droite à considérer que l'éducation fonctionne en dehors du monde et par elle-même est à la fois la preuve d'un aveuglement, sans doute idéologique, mais aussi l'assurance que les politiques menées par la majorité seront des échecs. On peut toujours modifier l'école, mais si la société ne change pas, quel intérêt ?

mercredi 9 septembre 2009

Non au deal Méhaignerie : laissons l’UMP assumer sa politique budgétaire !

Pierre Méhaignerie, centriste et donc considéré comme plus modéré que les caciques de l'UMP, vient de lancer une proposition dans le Monde qui risque bien de nous exploser à la figure, nous, gens de gauche. J'allais, cher lecteur, t'expliquer pourquoi, mais mon petit camarade de droite Authueil l'a très bien fait à ma place, et je te renvoie à son billet du jour.

Nous avions eu durant l'été une petite discussion sur l'ISF. Cet impôt a une logique très particulière : il taxe le patrimoine et incite le capital à une certaine mobilité. Il fut une mesure-phare de la gauche des années 1980 et tient à cœur de nombreux électeurs de gauche. Méhaignerie, prenant le PS à son propre piège, vient de proposer de renoncer au bouclier fiscal (en tout cas en partie) et de créer une nouvelle tranche à l'impôt sur le revenu, en échange de la suppression de l'ISF.

Il s'agit donc de taxer davantage les revenus des plus riches, mais de supprimer une partie des taxes sur le patrimoine.

Certes, cher lecteur, l'ISF ne rapporte que peu de choses au budget de l'Etat, mais il est symbolique et il a une mécanique particulière que l'impôt sur le revenu ne compense pas.

Le PS ne doit pas tomber dans le panneau. La suppression de l'ISF est un cadeau aux rentiers et aux épargnants, alors que la situation économique devrait plutôt inciter à la mobilité du capital et à l'investissement. De plus, si le PS accepte ce deal, il donnera un mauvais signe sur sa volonté d'aider à créer une certaine mobilité des richesses et une meilleure répartition de celle-ci.

Pour moi, la stratégie est simple : laissons l'UMP se débrouiller avec son désordre fiscal et refusons cette proposition. Si l'UMP veut supprimer l'ISF, qu'elle l'assume.

A côté de cela, continuons à réclamer la suppression du bouclier fiscal, niche fiscale qui n'a aucun intérêt économique, qui ne vise qu'à protéger les revenus des plus riches et qui prive l'Etat de précieuses ressources !

L'intersyndicale du 8 septembre 2009 arrive à un appel flou.

Voici le texte issu de l'intersyndicale qui s'est tenue hier, réunissant 6 grands syndicats, sans FO et la CFTC qui n'ont pas participé.

J'avais déjà dit mes doutes face à cette stratégie syndicale. Ce texte me confirme dans mes réticences.

"Les Organisations Syndicales CFDT, CFE-CGC, CGT, FSU, Solidaires, UNSA se sont réunies le 8 septembre 2009 dans la continuité de l’intersyndicale initiée depuis octobre 2008 et sur la base de la déclaration commune du 5 janvier 2009 et du communiqué commun du 25 mai 2009.

Quoiqu’en disent les augures sur la sortie de la crise, les dégâts économiques et sociaux s’aggravent, ce qui rend d’autant plus urgentes les réponses en matière d’emploi et de lutte contre les inégalités, alternatives aux choix patronaux et gouvernementaux actuels.

C’est pour cela qu’elles conviennent de continuer à agir ensemble, notamment auprès des salariés pour impulser et soutenir les actions dans les entreprises, les services, les secteurs professionnels et territoires.

Les Organisations Syndicales réunies ont convenu de poursuivre le travail commun, engagé depuis un an, d’analyses, de propositions et d’actions. Elles décident de se retrouver le 28 septembre dans les locaux de l’UNSA et souhaitent que les 8 organisations syndicales soient présentes.

Le 7 octobre est la journée mondiale de mobilisation des travailleurs pour le travail décent, à l’appel de Confédération Syndicale Internationale. Les Organisations Syndicales appellent les salariés à y participer massivement, selon des modalités qu’elles préciseront."

lundi 7 septembre 2009

La Sécurité sociale et son déficit structurel.

Ce midi, j'ai lancé un feed sur l'annonce un peu désordonnée du gouvernement sur l'augmentation du forfait journalier hospitalier. Il s'agissait de dire que l'Etat continuait à faire payer aux pauvres la crise économique. Ce n'est en rien un virage par rapport aux orientations prises par Nicolas Sarkozy en 2007.

Au tout début de la longue conversation qui s'est engagée entre Nicolas et Thierry Lhôte, Authueil a lâché une phrase, au détour d'un commentaire, sur laquelle je vais m'appesantir :

« Elle [la Sécurité sociale] est structurellement en déséquilibre depuis plus de 25 ans, avec un trou qui ne cesse de se creuser. »

Tout d'abord, et malgré les affirmations de l'auteur, le régime général de la Sécurité sociale n'a pas été en déficit entre 1999 et 2001. Un long débat s'est engagé sur Friendfeed pour savoir qui était à l'origine de cette embellie, mais cela signifie une chose simple, au-delà des affirmations idéologiques : la Sécurité sociale fonctionne bien lorsque la France est en croissance économique et que le nombre d'emplois augmente. C'est un vrai problème en soi, car cela signifie que le système s'appuie trop sur les salaires et pas assez sur les autres créations de richesse, et que, pour financer la protection sociale, nous devons continuer à espérer une croissance productiviste qu'il faut pourtant absolument remettre en cause si on ne change pas la perception des recettes.

Il y a un mot, dans ce commentaire, qui est lié à la remarque précédente et que je trouve étonnant dans la bouche d'un blogueur pourtant si proche de la chose publique : « structurellement ». L'idée de structure signifie que le système de protection sociale, dans le contexte actuel, ne peut pas être à l'équilibre ou en excédent. Cela signifie donc que toutes les réformes que mène actuellement le gouvernement n'auront aucun impact, puisque nous sommes là dans les structures. Pourquoi alors augmenter le forfait hospitalier ou aller chercher les franchises médicales ? Si l'idée qui domine à droite est que nous sommes dans le structurel, alors, disons-le et brisons le système.

C'est d'ailleurs sans doute ce qui se cache (à peine), dans la politique actuellement menée. A terme, ce type de réforme incite le citoyen à prendre des mutuelles ou des assurances pour compléter ce que la Sécurité sociale ne couvre pas. Progressivement s'instaure l'idée qu'il vaudrait mieux se débrouiller seul puisque le système solidaire ne fonctionne pas (et en plus nous endette), et un beau jour, le démantèlement ou le cantonnement de la solidarité aux plus pauvres va pointer le bout de son nez.

Il y a une autre réflexion qui m'a frappé lorsque j'ai lu cette phrase. Pourquoi faire de la politique si les choses sont structurelles et ne peuvent être changées ? J'avais déjà évoqué cela à propos d'une déclaration de François Fillon, caractéristique de la seule voie possible… Connaissant Authueil, je sais qu'il n'est pas homme à agir sans être sûr d'avoir un impact sur les choses.

J'ai toujours du mal à admettre qu'un homme politique nous indique que seule une voie est possible. En démocratie, nous faisons des choix, nous n'empruntons pas de chemins tracés par la Providence. Espérons que nos dirigeants politiques se rappellent cette évidence et cesse de nous prendre pour des imbéciles. Faites des choix, prenez vos responsabilités, et assumez-les !

dimanche 6 septembre 2009

Pas une tête ne doit dépasser : les médias français dorment…

Depuis quelques heures circule sur internet une vidéo issue d'un JT de la RTBF concernant une visite dans l'Orne de Nicolas Sarkozy, dans l'usine Faurecia de Flers, le jeudi 3 septembre. Au fil de mes pérégrinations bloguesques, je l'ai vue pour la première fois chez Peuples, mais elle a depuis été largement relayée et commentée : l'information venait de .

Cette affaire est inquiétante, car elle illustre le peu de réactivité de nos médias concernant ces questions de bidonnage et de manipulation. Cela me rappelle l'affaire Luc Chatel de cet été, qui avait tout de même été mise en avant par le New York Times, alors que les médias français ont attendu avant de faire le relais.

Pour rigoler encore davantage, il faut lire ce petit billet très court des jeunes sarkozystes sur la question (merci à Dagrouik de nous l'avoir montré…).

Bon, allez, je ne résiste pas moi aussi à diffuser ce petit reportage belge, en me désolant tout de même d'être obligé de suivre les médias étrangers pour être informé de ce type de manipulation.

samedi 5 septembre 2009

Extra-Ball est de retour.

Dorham, même si c'est en de tragiques circonstances, vient de rouvrir son blog. La nouvelle fait déjà le tour de la blogosphère.

Cliquez, chers lecteurs, cliquez !

Contribution au débat sur la taxe carbone.

En ce moment, cher lecteur, le monde politique est centré sur le débat autour de la taxe carbone. C'est tout à fait normal. Lorsqu'on met en place un nouvel impôt, il faut que les citoyens s'en saisissent pour qu'il ait une légitimité. De mon côté, j'ai un avis totalement partagé sur cette taxe. J'en comprends la logique mais j'entends aussi complètement le discours de ses détracteurs. Je voudrais ici apporter ma petite pierre à un débat déjà très dense.

Le but de cette taxe est de pousser les Français à réduire leurs émissions de carbone. L'un des principaux objectifs est de s'attaquer à l'usage de l'automobile, qui n'est pourtant pas le principal pollueur de notre planète : l'industrie est devant et le MEDEF donne de la voix sur cette question. Pour nous, citoyens lambdas, c'est bien sur la voiture (et sur le chauffage, mais je n'en parlerai pas ici) que va peser cette taxe.

Un problème important se pose : pour que le Français puisse diminuer sa consommation de CO2, il faut qu'il emploie des moyens de remplacement pour se déplacer. Une première solution serait qu'il se rapproche de son lieu de travail, mais la structure de l'immobilier et son niveau de revenus va l'en empêcher. L'autre solution consiste à utiliser des moyens de transport public. Certes, ceux-ci utilisent du gasoil ou de l'électricité nucléaire, mais ils permettent au moins de diminuer les émissions de carbone. Or, pour qu'une personne renonce à sa voiture, il y a deux questions importantes : est-ce que cela me coûte moins cher ? Est-ce que j'y gagne en qualité de vie ? En tant que Parisien, le métro est tout de suite concurrentiel à l'intérieur de la capitale. Par contre, lorsque nous avons le malheur de vivre en banlieue, les choses changent totalement. Je suis moi-même dans cette situation. Je vis en Seine-Saint-Denis et j'y travaille. Mon logement et mon lycée dit difficile sont séparés d'une dizaine de kilomètres. En voiture, le trajet me coûte un plein de gasoil par mois (le coût a varié, depuis 2006, entre 40 et 65 € le plein), et dure environ 30 mn. La RATP est l'autre possibilité. Une carte orange mensuelle trois zones me coûte 74,40 €, mais la moitié est prise en charge par mon employeur : l'impact réel est donc de 37,20 €, soit un coût moindre que la voiture. Par contre, j'ai souvent privilégié la voiture, parce que le trajet en transport en commun dure presque une heure pour un aller, pour faire 10 km ! La seule chose qui me fait me raisonner est le temps que je mets à me garer en rentrant… Pour que je change de mentalité, il faudrait vraiment que le trajet en transport devienne plus court ou beaucoup moins cher, ou que le prix de l'essence devienne prohibitif.

On peut aussi parler des trajets longs. En France, l'Etat a choisi de privilégier les liaisons ferroviaires les plus fréquentées avec la construction de TGV. Le dernier plan mis en place avec la crise confirme cette orientation. De nombreuses parties du territoire restent donc mal desservies. Cependant, on peut souvent choisir le train lorsque le contexte le propose. J'ai connu le cas durant ces vacances.

Comme je te l'avais raconté, avec un groupe de camarades, nous avons randonné sur l'Aubrac. Notre première idée était de prendre le train puisque la petite ville d'Aumont-Aubrac, d'où partait notre parcours, est dotée d'une gare. Nous nous connectons donc sur le site de la SNCF pour obtenir un devis. Or, je découvre effaré (je me suis occupé de cela 3 semaines et demi avant le départ) que pour quatre personnes, l'aller-retour nous revenait à près de 500 € ! En voiture, en prenant uniquement l'autoroute et un véhicule diesel, le trajet durait le même temps, mais n'a coûté que 140 € tout compris : il n'y a pas de péage sur l'A75, et le péage de l'A71 coûte environ 34 €. Logiquement, et malgré une petite culpabilité pour l'environnement, nous avons donc choisi la voiture. Au moins la moitié du groupe n'avait pas les moyens d'aligner 125 € pour se payer un billet de train.

La mise en place de la taxe carbone doit certes s'accompagner de pédagogie, mais si le but est de se débarrasser du CO2, elle doit s'accompagner d'un vigoureux plan de réinvestissement des structures de transport public, autant dans les agglomérations que dans les trajets longue distance, et sur tout le territoire ! Certes, il restera toujours le problème des campagnes les plus isolées et peu peuplées, mais par définition, étant peu peuplées, ces zones produisent peu de pollution. Les villes et les déplacements importants des citadins restent le vrai problème.

Or, le dernier plan d'investissement de l'Etat ne se positionne pas ainsi. Au contraire, il relance des autoroutes et des TGV. Il faut absolument réinvestir dans des liaisons locales et dans les banlieues des grandes villes, pour espérer réellement faire diminuer nos émissions de gaz. Sinon, cette taxe ne sera en effet qu'un nouvel impôt de plus.

J'avais aussi développé l'idée qu'il faudrait aider les pauvres et les classes moyennes en relevant un peu les salaires. Sur d'autres blogs, on m'a asséné que ceux-ci iraient en priorité vers la consommation et donc vers la pollution. Sans doute, mais l'écologie a un coût, et si les pauvres n'y ont pas accès, on ne règlera aucun des problèmes environnementaux… Pourquoi ne pas envisager la gratuité des transports publics, et les faire payer par cette taxe carbone ou par d'autres impôts ? Evidemment, cette logique va contre la libéralisation des transports, mais il est encore temps de faire marche arrière.

PS : tiens, personne ne parle des émissions des élevages bovins, gros émetteurs de CO2. C'est dommage car cela détendrait un peu l'atmosphère.

jeudi 3 septembre 2009

La crise du syndicalisme enseignant vient aussi de la crise de la gauche dans son ensemble.

Ce matin, Luc Cédelle s'est lancé, dans le journal le Monde, dans une analyse de la crise que connaît actuellement le syndicalisme enseignant, crise d'ailleurs relativisée par la constatation que le nombre de votants aux dernières élections professionnelles était en hausse. Globalement, cependant, l'article me paraît assez juste dans une constatation simple : les syndicats ont actuellement du mal à structurer des actions alors que l'Éducation nationale ne cesse de se dégrader, sous les coups des réformes menées depuis 2002 et des réductions drastiques de moyens que nous subissons. Allant plus loin que les déclarations de Nicolas Sarkozy, l'Éducation, lors du dernier concours, n'a remplacé qu'un enseignant sur trois partant à la retraite. A Créteil, près de 2 000 contractuels ont déjà été embauchés pour boucher les trous dès la rentrée et, à l'exception des lettres modernes et de la philosophie, il n'y a plus aucun titulaire disponible en remplacement. On se demande ce qui se passera dans le courant de l'année lorsque des collègues partiront en arrêt-maladie (je ne parle pas de la grippe A mais de vraies maladies).

Dans ce contexte, et je n'évoque pas les salaires bloqués ou la masterisation, il devrait y avoir un soulèvement généralisé des enseignants. Or, depuis juin 2003, rien de tel, à part quelques flambées vite éteintes. Les bahuts ne se mettent en mouvement que localement, lorsqu'un collègue est obligé de quitter l'établissement suite à la suppression de son poste, lorsqu'on impose trop d'heures supplémentaires ou lorsqu'on ferme illégitimement des classes. En cette rentrée, les réactions sont brutales en collège, puisque, contrairement à ce qu'avait prévu le ministère, le nombre d'élèves, suite au baby-boom des années 1990, recommence à augmenter en 6ème. Or, l'administration continue à fermer les classes et les postes, entraînant une hausse mécanique du nombre d'élèves par classe et une dégradation des conditions d'enseignement.

Luc Cédelle explique que les syndicats, FSU en tête, ont du mal à structurer une action cohérente. Pour une fois, je vais citer un ancien billet que j'avais rédigé le 16 mai 2008, suite à la déclaration de Sarkozy sur le droit de grève des profs :

« Une scène m'a d'ailleurs saisie: l'interview dans la soirée de G. Aschieri, secrétaire général de la FSU, premier syndicat chez les profs. Aschieri semblait presque sonné par la vague sarkozyenne. Il faut dire, cher lecteur, qu'à sa place, je l'aurai été aussi : avoir réussi à mettre dans la rue 300 000 personnes (alors qu'il y a 800 000 profs), à mettre en grève 67% de la profession, se dire qu'on a enfin réussi à créer un vrai rapport de force, et se faire balayer de cette manière, c'est quand même rageant. Je peux pourtant tenter une explication, qui me semble cohérente. Depuis 1981, les syndicats ont mis en place avec le pouvoir une mécanique bien rodée. Quand un problème surgit, on commence par râler un peu. Si le gouvernement reste ferme, on fait quelques manifs, quelques grèves, voire une grève reconductible. Là, le gouvernement ouvre des négociations et on s'arrange, en faisant des échanges de bons procédés. Mais, depuis 2003, tout a changé: plus question de négocier; on passe en force sur tous les sujets. Sous le deuxième mandat Chirac, le gouvernement n'a vraiment reculé que sur le CPE, après un mouvement très large et sans doute parce que Villepin n'était pas soutenu par sa propre majorité.

La période Sarkozy n'a pas changé cette logique. En 2007, les transports se sont heurtés à cela, et c'est aujourd'hui à l'éducation de s'épuiser sur le même mur. Sarkozy peut d'autant plus jouer les gros bras que les profs votent majoritairement à gauche, qu'il n'y a personne de crédible à gauche pour le réfréner et que les mouvements de profs réunissent toujours la droite, alors qu'elle vient de rejeter le projet de loi constitutionnelle (voir la une du Figaro sur "Darcos veut remettre les profs au travail"). Les syndicats mettent du temps à s'adapter, conformément à leurs habitudes social-démocrates. »


Ce constat reste pertinent. Lorsqu'un syndicaliste annonce dans une assemblée qu'il ne fera rien, il est accusé d'attentisme et d'inutilité. S'il propose la grève reconductible, les collègues l'informent fermement qu'ils ne le suivront pas car les leçons de 2003 restent imprimées dans leurs esprits. S'il annonce une journée de grève, on retrouve les deux arguments précédents : cela coûte cher et ne sert à rien, mais ce n'est pas non plus suffisant.

Plus encore qu'en 2008, Luc Cédelle oublie de dire que c'est l'absence d'alternative politique crédible qui décourage les profs. Nous sommes tous conscients qu'un retour de la gauche au pouvoir ne changerait sans doute pas grand-chose. Après tout, c'est bien le PS qui voulait « dégraisser le mammouth » et a lancé la première grosse offensive de l'histoire récente contre l'éducation. Cet épisode reste dans nos mémoires, même si l'auteur de la formule a depuis longtemps sombré. Alors que la France a été profondément marquée par son lien avec l'école, les enseignants se désespèrent de voir l'ensemble du monde politique reléguer l'éducation dans les bas-fonds des plaquettes électorales.

Le syndicalisme n'est donc pas, à mon sens, le seul responsable de sa débâcle actuel. Même si le rapport de force est mis en place, Sarkozy, Fillon et Chatel sont tranquilles : il n'y a pas d'alternative. Alors, pourquoi s'user encore pour changer pour la même chose ?

mercredi 2 septembre 2009

Bilan du mois d’août 2009.

Ce bilan se place dans un contexte un peu particulier. L'Hérétique essaie de convaincre ses petits camarades blogueurs de se risquer à faire un coming-out généralisé en dévoilant leurs statistiques de blogs. Nicolas a lancé une chaîne à ce sujet dont je suis la victime. J'admets que je ne vois toujours pas l'intérêt de ce type de guéguerre. Si je comprends bien, l'Hérétique a davantage de visiteurs que Nicolas et aimerait donc être mieux classé que lui, ce que Nicolas conteste, mettant en avant la notion de lien social inhérente à la blogosphère. Personnellement, je publie mes statistiques parce que j'estime le devoir à des lecteurs qui ont le droit de connaître le lectorat réel d'un blog, surtout s'il est mis en avant par des classements divers et variés. Et puis, fondamentalement, cela m'amuse et me donne l'occasion de remercier les autres blogueurs qui me lient et me permettent donc d'avoir un peu d'audience et de débattre avec des gens intéressants.

Cependant, comme dans toute chaîne, je réponds et je te mets ici l'évolution des visites de mon blog depuis mai 2008, date de la mise en place de Google Analytics :


Par contre, je n'en ferai pas l'analyse : je vous invite à vous reporter à mes bilans précédents, où tout est plus ou moins dit, en tout cas ce que j'ai pu comprendre.

En août, malgré le faible nombre de billets et la torpeur estivale, les Privilégiés ont connu un doublement de l'audience par rapport à juillet, suivant le chemin des trois gueules. Le nombre d'abonnés se maintient à 200 personnes, mais les visites augmentent (2 878 contre 1 866 en juillet) et le nombre de visiteurs uniques absolus double avec 2 010 visiteurs ce mois-ci. Là encore, il est difficile de saisir l'évolution, puisque les visites viennent d'autres blogs ou d'accès directs et que l'on retrouve des pics le 7 août et le 21 août. Cette date-là est d'autant plus étrange que j'étais en plein repos estival et que je ne publiais rien. Chaque blog ayant une dynamique propre, impossible de faire une analyse très précise.

Voici ensuite la liste des blogs et sites d'information ayant amené ici plus de dix visiteurs :

Wikio : 109
Le Merle moqueur : 100
Avec nos gueules… : 78
Partageons mon avis : 69
La Maison du Faucon : 41
Le blog de Hypos : 34
Marc Vasseur : 34
Sarkobasta : 32
Mtislav : 23
Le blog de Polluxe : 15
Olympe et le plafond de verre : 14
Les peuples du soleil : 14
Le blog de SOS Education : 14
Les coulisses de Sarkofrance : 13
De tout et de rien, et surtout de rien d'ailleurs… : 12
L'Hérétique : 12
Humeurs de vaches : 11
Pensées d'outre-politique : 11
Le Coucou de Claviers : 11
Mon Mulhouse : 10

Il est à noter que Suzanne écrase largement de nombreux blogueurs apparemment influents d'après les classements.

Voici enfin la liste de ceux qui ont eu l'amabilité de me lier depuis et le 1er août, et que je remercie :

Avec nos gueules... : 10

De tout et de rien, surtout de rien d'ailleurs : 7

Mon Mulhouse : 7

Partageons mon avis : 6

Le coucou de Claviers : 6

Partageons le reste ! : 6

La Maison du Faucon : 5

Unique et commun à la fois : 4

mtislav : 4

Le blog de Hypos : 3

Les coulisses de Sarkofrance : 3

Les Peuples du Soleil : 3

Carnet de notes de Yann Savidan : 3

Olympe et le plafond de verre : 2

Bah ! : 2

Le blog de Rébus : 2

Section socialiste de l'île de Ré : 2

Le Merle Moqueur : 2

le blog de polluxe : 2

Ruminances : 1

Lyonnitude(s) : 1

Trublyonne voit la vie en rouge : 1

Rubin Sfadj : 1

C'est juste histoire de dire : 1

Skeptikos (reloaded) : 1

Le chemin du Rayon : 1

Unhuman : 1

Dans ma bulle : 1

Côté Boulevard : 1

Blog-de-nana : 1

BorisSchapira.com : 1

Stars au naturel : 1

Encher.net : 1


Pour t'achever après cette longue lecture, tu pourras trouver les dix billets les plus consultés le mois dernier dans la colonne de droite. Bonne lecture !