mardi 24 mars 2009

Xavier Darcos nie l'impact des suppressions de postes.

Ce matin, comme tous les enseignants de ce pays, je me suis levé tôt. Puis, j'ai allumé ma radio et je me suis mis au garde-à-vous, attendant le message de Xavier Darcos, notre bien-aimé ministre de l'Éducation, et…

Bon, plus sérieusement, j'avais décidé d'écouter Xavier Darcos nous parler de la situation de l'Éducation. Le ministre intervenait sur France Inter dans le cadre d'une nouvelle journée d'action des syndicats de l'enseignement, à la suite de la grève nationale du 19 mars, et dans un contexte où les attaques contre les fonctionnaires ne cessent de croître de la part de la majorité au pouvoir. Apparemment, la droite tente de recycler ses vieilles recettes pour diviser les travailleurs qui commencent un peu trop à se rendre compte, enfin, de la réalité du partage des richesses dans notre belle société de marché. Il était aussi intéressant d'écouter Xavier Darcos à un moment où les rumeurs de remaniement ministériel parcourent le monde médiatique. Darcos était pressenti à un moment comme premier ministrable du fait du passage de sa réforme du primaire, mais il a depuis été rattrapé par les reports successifs de la réforme des lycées et de la masterisation du recrutement des enseignants. Il garderait pourtant les bonnes grâces de notre tout-puissant président.

Le ministre a dit beaucoup de choses, mais je ne vais pas m'étendre sur l'ensemble de son intervention. Un point a particulièrement attiré mon attention. Interrogé par un auditeur sur les suppressions de postes d'enseignants, le ministre a affirmé que les 24 000 suppressions menées depuis son arrivée (auxquelles il faut ajouter les suppressions du second mandat Chirac) n'ont pas changé le nombre d'enseignants réellement présents devant élève.

Je voudrais me positionner en faux devant cette affirmation, car elle ne correspond absolument pas à la réalité que j'observe tous les jours dans mon propre établissement. Quelques éléments, cher lecteur, pour te permettre de construire ta réflexion.

Dès 2004, sont apparus des problèmes concernant les remplacements. Le ministre n'a cessé de répéter, et encore ce matin, que 20% des remplaçants restaient inoccupés, alors que nous manquions de remplacements pour les classes. Pourtant, le ministre n'a pas dit que notre administration a fait passer le nombre de remplaçants titulaires du secondaire de 10% du corps à 6%, et qu'on cherche maintenant à aller vers 3%. La conséquence est simple : quasiment aucune absence de moins de 3 semaines n'est remplacée par un titulaire. De plus, les titulaires sont rapidement occupés et, pour calmer la colère des parents d'élèves, prompts à se mobiliser sur cette question, le ministère embauche des vacataires mal formés et inexpérimentés. En clair, l'Education embauche sans arrêt, ce qui confirme que les besoins sont réels.

Et puis, il y a aussi la situation des titulaires. Lorsque je suis arrivé dans mon lycée dit difficile, en 2001, nous étions 90 enseignants titulaires d'un poste ou titulaires remplaçants. Aujourd'hui, nous sommes 82, dont plusieurs vacataires embauchés sur des contrats précaires. Certes, le nombre d'élèves a diminué un peu, du fait de la décrue démographique des années 90, mais cela n'explique pas tout. De toute façon, à partir de 2011, les effectifs en collège vont commencer à remonter et la question des personnels disponibles se reposera avec une véritable acuité.

Dommage que les journalistes n'attaquent pas sur ces sujets lorsqu'un ministre est présent. On aimerait plus de réactivité…

4 commentaires:

  1. Avec les amis de Sarko à la tête des médias, difficile pour un journaliste de poser la question qui fâche. Les changements dans les programmes scolaires et les évolutions imposées par le gouvernement sont un double frein à la qualité de l'éducation, et ça, personne ne l'a compris dans la majorité. Ou ils font semblant.

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  2. je n'avais pas vu plus de journalistes poser de "questions qui fâchent" sous Chirac ou sous Jospin...

    Concernant l'éducation nationale, c'est un peu comme dans tous les corps de métier. Je trouve idiot de supprimer les professeurs devant les élèves. Ceux sont eux qui "produisent", qui sont sources de richesse. Quand on voit les classes surchargées, et l'échec scolaire, il parait idiot d'avoir, de manière dogmatique, la volonté de supprimer des postes d'enseignement.

    Par contre, je pense qu'on peut réfléchir, tranquillement, sur le bien fondé du nombre de poste de structure, d'encadrement, d'administratifs. De permanents syndicaux aussi. Sans dogme d'un coté ou de l'autre.
    J'aimerais bien avoir une véritable photographie des effectifs de l'éducation nationale. Ceux qui sont devant les élèves, et les autres. Et chez les autres, quelles sont leurs fonctions. Utiles sans doute, mais j'aimerais avoir une image.

    Parce que plus que la pure et bête "suppression", je préfère les "redéploiements" d'effectifs. Parce que les chiffres que tu donnes, gentil privilégiés, je les trouve scandaleux. Je trouve terrifiant que les postes qui soient impactés par les réductions d'effectifs soient ceux qui sont devant les élèves.

    Enfin, c'est très théorique ce que je dis...

    Bonne journée à toi gentil privilégié

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  3. Ce qui me fait rire c'est que l'Etat semble se préoccuper du chômage dans les entreprises mais pas chez lui ! On n'est plus à un paradoxe près !

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  4. @ Homer : je suis assez d'accord avec Faucon : en France, les journalistes sont peu offensifs.

    @ Faucon : franchement, il est difficile de répondre là-dessous. Ce qui est sûr, c'est que la gestion de l'Éducation au niveau administratif est très difficile. Quant aux déchargés syndicaux, c'est un chiffre ridicule par rapport au total, qui ne gène en rien le fonctionnement de l'ensemble.

    @ Pazmany : on avait déjà vu cela sur la retraite à 70 ans. Sarkozy n'est pas à un grand écart près...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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