La semaine dernière, juste avant mon départ pour le Royaume-Uni, j’ai reçu un mail d’un ancien blogueur influent me demandant de proposer une contribution pour le site lyceepourtous.fr.
Qu’est-ce que c’est que ce truc, cher lecteur ? D’après mon correspondant, il s’agit d’une initiative initiée par Richard Descoings, l’actuel négociateur gouvernemental de la réforme des lycées. Comme Descoings ne pourra pas rencontrer tous les acteurs de l’éducation et tous les citoyens, l’idée est d’ouvrir un site internet permettant le débat ouvert avec les internautes. Le site devait ouvrir le 23 mars. La proposition visait, je suppose, à apporter une contribution un peu différente à celles des fidèles de la majorité en place.
J’ai longuement hésité, j’en ai parlé à quelques proches et à la Privilégiée, pour finalement arriver à la conclusion que je laisserai ce mail sans réponse. Tu pourrais me dire, cher lecteur : « Mais enfin, on te propose de débattre et de t’investir dans un travail de réforme du lycée, que tu as souvent dit désirer, et d’apporter ta vision des choses. Tu devrais participer. »
C’est vrai, mais, à mon humble avis, les dés sont pipés dès le départ. Je te resitue le contexte. En décembre, après plusieurs mobilisations des enseignants et des lycéens, le gouvernement, sans doute conscient de la précipitation de la réforme et de l’impossibilité de la mettre en place dès 2009, décide de la reporter en 2010. Voulant sans doute calmer le jeu, et continuant à étriller ses ministres, Sarkozy nomme Richard Descoings pour repenser cette réforme. Il est annoncé à ce moment-là que le nouveau responsable rencontrera les organisations représentatives, de nombreux personnels et organisera des débats publics.
Pourtant, en parallèle, le ministre lance une expérimentation de la réforme précédemment reportée dans une centaine d’établissements. Vu les délais, je ne vois pas en quoi cette expérimentation pourrait être évaluée : les résultats des réformes dans l’éducation sont visibles des années après, et la réforme est censée s’appliquer en septembre 2010. A mon sens, cette expérimentation marque seulement l’entrée en vigueur progressive d’une réforme qui doit pourtant être renégociée depuis le début. Dans ce cadre, il est à craindre que la commission Descoings ne serve qu’à resservir dans six mois le même texte, validé par le sceau de la négociation.
Le site internet ressemblerait donc bien à une vaste opération de communication. De plus, se pose une autre question lancinante. Quelle légitimité ai-je à écrire un texte pour un site gouvernemental, dans lequel je m’exprimerais en tant qu’enseignant ? Globalement, je n’exprime que ma position personnelle, totalement subjective par essence, et parfois non-majoritaire parmi mes collègues. Le fait que je sois un blogueur classé au Wikio ne signifie absolument rien d’une légitimité de parole par rapport à ma profession. Pour donner mon avis personnel, j’ai mon blog, et comme il est lu au ministère, je suis sûr que si je dis un truc intelligent, il sera repris.
Je tiens, M. Descoings, à vous signaler quelque chose : le 2 décembre, comme 70% de mes collègues, j’ai élu des représentants paritaires, militants qui connaissent bien les institutions, qui animent dans les cadres des syndicats des débats démocratiques en interne, qui sont comme moi des praticiens de l’éducation, et qui ont la légitimité de l’élection. Pourquoi ne pas leur demander, à eux, de faire des contributions pour votre site internet ?
Evidemment, je ne manquerais pas de donner mes opinions personnelles sur les propositions de Descoings et des contributeurs du site, mais ces positions n’engageront que moi, un privilégié, parmi beaucoup d’autres. J’espère que mes chers lecteurs s’y intéresseront. A côté, si on me demande, au lycée, mon opinion, je la donnerais avec plaisir, mais dans un cadre collectif et cohérent de consultation des personnels.
Qu’est-ce que c’est que ce truc, cher lecteur ? D’après mon correspondant, il s’agit d’une initiative initiée par Richard Descoings, l’actuel négociateur gouvernemental de la réforme des lycées. Comme Descoings ne pourra pas rencontrer tous les acteurs de l’éducation et tous les citoyens, l’idée est d’ouvrir un site internet permettant le débat ouvert avec les internautes. Le site devait ouvrir le 23 mars. La proposition visait, je suppose, à apporter une contribution un peu différente à celles des fidèles de la majorité en place.
J’ai longuement hésité, j’en ai parlé à quelques proches et à la Privilégiée, pour finalement arriver à la conclusion que je laisserai ce mail sans réponse. Tu pourrais me dire, cher lecteur : « Mais enfin, on te propose de débattre et de t’investir dans un travail de réforme du lycée, que tu as souvent dit désirer, et d’apporter ta vision des choses. Tu devrais participer. »
C’est vrai, mais, à mon humble avis, les dés sont pipés dès le départ. Je te resitue le contexte. En décembre, après plusieurs mobilisations des enseignants et des lycéens, le gouvernement, sans doute conscient de la précipitation de la réforme et de l’impossibilité de la mettre en place dès 2009, décide de la reporter en 2010. Voulant sans doute calmer le jeu, et continuant à étriller ses ministres, Sarkozy nomme Richard Descoings pour repenser cette réforme. Il est annoncé à ce moment-là que le nouveau responsable rencontrera les organisations représentatives, de nombreux personnels et organisera des débats publics.
Pourtant, en parallèle, le ministre lance une expérimentation de la réforme précédemment reportée dans une centaine d’établissements. Vu les délais, je ne vois pas en quoi cette expérimentation pourrait être évaluée : les résultats des réformes dans l’éducation sont visibles des années après, et la réforme est censée s’appliquer en septembre 2010. A mon sens, cette expérimentation marque seulement l’entrée en vigueur progressive d’une réforme qui doit pourtant être renégociée depuis le début. Dans ce cadre, il est à craindre que la commission Descoings ne serve qu’à resservir dans six mois le même texte, validé par le sceau de la négociation.
Le site internet ressemblerait donc bien à une vaste opération de communication. De plus, se pose une autre question lancinante. Quelle légitimité ai-je à écrire un texte pour un site gouvernemental, dans lequel je m’exprimerais en tant qu’enseignant ? Globalement, je n’exprime que ma position personnelle, totalement subjective par essence, et parfois non-majoritaire parmi mes collègues. Le fait que je sois un blogueur classé au Wikio ne signifie absolument rien d’une légitimité de parole par rapport à ma profession. Pour donner mon avis personnel, j’ai mon blog, et comme il est lu au ministère, je suis sûr que si je dis un truc intelligent, il sera repris.
Je tiens, M. Descoings, à vous signaler quelque chose : le 2 décembre, comme 70% de mes collègues, j’ai élu des représentants paritaires, militants qui connaissent bien les institutions, qui animent dans les cadres des syndicats des débats démocratiques en interne, qui sont comme moi des praticiens de l’éducation, et qui ont la légitimité de l’élection. Pourquoi ne pas leur demander, à eux, de faire des contributions pour votre site internet ?
Evidemment, je ne manquerais pas de donner mes opinions personnelles sur les propositions de Descoings et des contributeurs du site, mais ces positions n’engageront que moi, un privilégié, parmi beaucoup d’autres. J’espère que mes chers lecteurs s’y intéresseront. A côté, si on me demande, au lycée, mon opinion, je la donnerais avec plaisir, mais dans un cadre collectif et cohérent de consultation des personnels.
Je comprends tout à fait tes réticences et doutes. J'ai pourtant la vague impression qu'une autre approche est possible, dans une consultation qui sorte de l'enkystement qui tient souvent lieu de dialogue entre le ministère et les partenaires sociaux. C'est évidemment un commentaire personnel, qui n'engage que moi...
RépondreSupprimerLe site de la mission lycée sort demain, à l'adresse http://blog.lyceepourtous.fr A toi de juger, participer si tu veux. Ou pas...
@ Versac : malheureusement, ce dialogue, souvent complexe, est le plus légitime. J'admets m'être longtemps posé la question, mais je ne vois pas comment participer à ce site sans remettre en cause mes billets précédents.
RépondreSupprimerCependant, je verrais après l'ouverture du domaine.