Je vais, en cette belle soirée d'automne, te conter, cher lecteur, une petite aventure du blogueur tout à fait moyen que je suis. Hier matin, avant une magnifique manifestation qui a encore fait enrager les réactionnaires soi-disant blogueurs, je me suis levé un peu tôt et j'ai fait ma traditionnelle tournée de ma soixantaine de blogs favoris grâce à mon Netvibes. Comme souvent, j'ai regardé le blog de l'aimable Didier Goux, et j'ai trouvé ce billet. Pour une fois, le troll officiel de Nicolas a décidé de faire un compliment envers une autre blogueuse, avec des tournures dont il a le secret. Etonné qu'il en émette, j'ai immédiatement cliqué sur le lien en question.
J'ai donc dévoré le billet d'Intervecinus Raptus (IR) qui aborde la question du dogmatisme. Même si je n'adhère pas au côté violent du billet, je dois dire que je suis particulièrement touché par sa logique implacable. Dans ma pratique du blog, j'ai souvent eu le sentiment d'être face à des blogueurs totalement clos, défendant une position absolue, sans aucun moyen de pouvoir fendiller cette carapace. Souvent, j'ai éprouvé un sentiment d'exaspération terrible, en particulier envers les premiers blogueurs avec qui j'ai pu discuter, quel que soit leur attachement politique.
Et puis, à la toute fin de ce billet, je découvre un lien pointant vers un billet de LOmiG ! J'en suis presque tombé de ma chaise ! En effet, lorsque j'ai commencé à bloguer, LOmiG fut un de mes premiers contradicteurs, et le premier à m'avoir linké dans un billet assez dur d'ailleurs. Plusieurs fois, je l'ai traité de dogmatique, et j'ai même interrompu plusieurs discussions avec lui. Pourtant, avec le recul, je me dis qu'il est possible de partager avec des gens avec qui on a aucun point commun politique. A force de bloguer, j'ai appris beaucoup de choses sur mes adversaires politiques. Cela ne m'a pas forcément rapproché d'eux, mais je les saisis mieux. D'ailleurs, je souscris en partie à son billet linké, mais pas complètement. LOmiG discute la notion de pragmatisme en disant qu'une personne ne peut abandonner certains principes sur l'autel du pragmatisme. J'y souscris, tant que la réalité démontre que ce principe n'est pas nuisible à la société dans son ensemble : c'est là que se loge le dogmatisme, quand on s'accroche à une idée dangereuse (mais là encore, la notion de dangerosité d'une idée est toute relative, et finalement très dogmatique aussi).
Ce que je retire de ces lectures, c'est que je reste persuadé que nous sommes tous, plus ou moins, dogmatiques sur certains points. J'estime personnellement être assez ouvert à la discussion, même si j'ai abandonné le fol espoir de pouvoir convaincre tout le monde que je détiens la seule vraie vérité. Il y a pourtant des valeurs, des idées, des concepts auxquels je tiens par dessus tout, même si je suis prêt à les discuter, et que je ne lâcherai pas. Ils viennent de mon histoire, de mon éducation, de mon métier, de mes engagements, de mon milieu social, voire même peut-être encore d'ailleurs. Sur ces points-là, je suis quasiment dogmatique et je suis capable de m'affronter avec tous, même avec mes deux larrons d'Avec nos gueules... Mais au moins, cher lecteur, je le sais et j'en joue, voire même j'en surjoue parfois, rien que pour provoquer et susciter le débat avec ceux qui répondront forcément.
Alors, le billet d'IR fait du bien, et j'en conseille la lecture à tous ceux qui sont tombés sur ce type de personnage. Pourtant, on sera toujours le dogmatique de quelqu'un d'autre, et il faut aussi aborder nos adversaires avec une certaine humilité. C'est ce qui peut nous éviter de nous-mêmes devenir ce que nous détestons chez les autres, et qui peut ouvrir la voie à une réflexion politique saine, et là, réellement cohérente.
"on sera toujours le dogmatique de quelqu'un d'autre" : tout-à-fait !
RépondreSupprimerJ'ai eu à peu de chose près la même réflexion il n'y a pas très longtemps à propos des blogueurs politiques que je lis chaque jour : tout ce petit monde se dispute, bataille et se contredit allègrement, mais enfin, tout le monde discute ensemble !
Le blogging adoucirait-il les moeurs ?
@ Rubin : "adoucirait" ? Je ne sais pas. Dans mon cas, j'ai plutôt l'impression que cela a renforcé certaines de mes idées et de mes valeurs.
RépondreSupprimerPar contre, je ressens une vraie sympathie pour les blogueurs avec qui je discute le plus souvent, et j'ai été très heureux de prendre un verre avec eux à la dernière RDB, qu'ils soient de gauche ou de droite, ou d'ailleurs.
Je n'arrive toujours pas à m'adoucir avec les blogueurs d'extrême-droite. Je pense cependant que c'est positif, là...
A propos du billet d'IR, je l'avais eu en diagonale en passant par chez Didier, je viens de le relire. A mon avis, il contient des choses très vrais (encore que, je ne vois pas pourquoi être "enfermé" dans des idées serait toujours un mal) mais il a un côté affligeant : il nous fait la morale pour nous dire de ne pas faire la morale.
RépondreSupprimerTu écris : "Souvent, j'ai éprouvé un sentiment d'exaspération terrible, en particulier envers les premiers blogueurs avec qui j'ai pu discuter, quel que soit leur attachement politique". On en a déjà discuté ensemble. Il y a un phénomène : ça fait trois ans que je blogue et n'ai pas envie de discuter. Ainsi, si suite à un billet, un commentateur me dit : "je ne suis pas d'accord avec toi" et développe son argumentation, quelle que soit sa qualité, si je n'ai pas envie de débattre (parce que j'ai déjà tenu le débat de multiples fois), j'envoie chier. Paf. Boum. Ce n'est pas à mon commentateur de décider quand je dois débattre... Ainsi, je passe souvent pour "fermé" alors que ce n'est pas le cas. Je n'ai envie de débattre avec quelqu'un qui n'est pas d'accord avec moi et me forcera à écouter ses arguments qu'il pense les meilleurs...
Et tu résumes bien : on est toujours le dogmatique de quelqu'un parce que certaines de nos opinions, de nos valeurs, ne sont pas bousculables.
salut,
RépondreSupprimermerci de citer mes modestes billets. Je partage ton goût pour la discussion et pour le partage, même avec des gens avec qui on n'est pas d'accord.
Le pragmatisme peut être bon, comme il peut être mauvais, lorsqu'il est synonyme de "girouette idéologique". Flatter le choux et la chêvre, pour toujours tirer son épingle du jeu, voilà qui est plus un comportement de politicien, que de penseur cohérent. C'est tout ce que je voulais dire dans mon billet.
à bientôt !
au fait, d'accord avec RUbin pour dire que la discussion adouçit les moeurs.
RépondreSupprimerFaut-il être ou non dogmatique ? Tout est peut-être question de dosage... de moments... de circonstances...
RépondreSupprimerOu peut-être pas.
Merci d'avoir mentionné mon billet. Je suppose que Rubin a eu le mot de la fin en disant qu'on sera toujours le dogmatique de quelqu'un. Je pense que c'est assez inévitable, au vu de la diversité des opinions humaines...
RépondreSupprimerIl y a cependant des lignes rouges, à savoir quand le dogmatisme se donne les moyens d'imposer par la force ce qu'il estime être juste et vrai. Dans ce cas-là, oui je l'assume, si je vois débarquer des Escadrons de la Mort chez moi, je ne vais certes pas les accueillir avec une tasse de thé. Mais nous sommes là face à des exemples extrèmes. Ils existent, cependant. Sur l'atlas mondial, les pays comme le nôtre qui garantissent la liberté d'expression ne sont pas la majorité mais bien l'exception.
Quant à savoir si je fais la morale en disant aux autres d'arrêter de faire la morale...question intéressante. Je n'ai pas vraiment de réponse...car échappons-nous vraiment au syndrome de la paille et de la poutre lorsqu'il s'agit d'exprimer ou défendre des principes qui nous sont chers?
J'ai trouvé aussi ce billet particulièrement intéressant, malgré un côté trop acerbe. Personnellement, je prend les contradicteurs en considération, il me semble que le blog est un lieu de débats —mais il est vrai que je ne croule pas sous les commentaires et que je ne suis pas non plus encore blasé… Je trouve par contre insupportables les commentaires qui consacrent autant de place à l'expression du mépris qu'aux arguments.
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos commentaires.
RépondreSupprimer@ Nicolas : je comprends ton argumentaire. La seule chose que j'ajouterai est que nous ne pouvons pas tous savoir de quoi tu as débattu depuis trois ans. Moi qui ne te lis que depuis six mois, j'ai du mal à te suivre. Tu es tellement prolixe...
@ LOmiG : J'avais bien compris ton argumentaire, je souligne juste qu'il faut toujours essayer de remettre en cause ses propres dogmes, même si c'est pour conclure qu'on doit y rester fidèle.
@ Didier : oui, tout est question de circonstances, vous avez raison.
@ IR : c'est moi qui est écrit cela !!! Damned, je suis paraphrasé. Sinon, de rien pour le lien.
Pour les lignes rouges, c'est vrai, mais je ne pensais pas à ceux-là, mais aux blogueurs tout à fait classiques que je lis tous les jours...
@ LCC : ces commentaires-là, je n'y réponds pas, mais ils sont encore rare ici, je ne suis pas assez connu. Je comprends que Nicolas, bien plus lu, éprouve un ras-le-bol devant certains de ses contradicteurs.
Le problème de Nicolas, c'est qu'il a un troll officiel et qu'il s'est mis à l'aimer : c'est perturbant...
RépondreSupprimer(Gniark ! gniark !)
@ Didier : l'amour et la haine sont tellement proches...
RépondreSupprimerDidier,
RépondreSupprimerVous n'avez pas suivi tous mes blogs aujourd'hui : je suis trollé par Guy Birenbaum. Alors je veux bien aimer mes trolls, mais seuls ceux de qualité !
Hop ! Je ne dis pas de qui il s'agit.
Mathieu,
Ce que j'ai débattu depuis trois ans, on s'en fout un peu (voir complètement) : ce qui importe, c'est que je n'ai pas nécessairement envie de recommencer une bête dispute...
Oups !
RépondreSupprimerJe rajoute une bricole : les aléas des systèmes de classement font que je me retrouve premier du classement des blogs politiques. Je ne vais pas me plaindre mais beaucoup de gugusses aiment à penser que j'aime débattre. Ils se trompent. J'aime juste discuter aimablement.
@ Nicolas : ok, je vois. Cependant, ta première place doit plutôt être la conséquence de la qualité de tes billets, et non de ton envie de débattre. Si c'est ce qu'ils pensent, les lecteurs sont étranges...
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