Les Echos l'annoncent ce matin : au dernier trimestre de l'année 2013, le jour de carence pour les fonctionnaires, lorsqu'il y a prise d'un arrêt-maladie, sera abrogée.
Depuis quelques temps, dans l’Éducation nationale, on voyait bien les effets de la mesure. D'abord, il est certain que cela avait un impact à priori positif pour le gouvernement : la nette diminution de la participation aux journées de grève. Cela s'était vu lors de la journée de grève du 31 janvier 2013, pourtant appelée pour refuser le jour de carence, qui avait amené peu de monde dans les rues dans l’Éducation nationale. Plusieurs collègues, dans mon lycée dit difficile, évoquèrent les deux ou trois jours de carence déjà assumés depuis le début de l'année scolaire, interdisant de fait la perte d'un trentième supplémentaire.
Par contre, la mesure avait aussi un réel côté pervers. Depuis le début de l'année, j'ai aussi entendu, venant de plusieurs salles des profs, l'idée que, si on pouvait avoir tendance autrefois, par conscience professionnelle, à réduire les arrêts au minimum (un jour de repos suffit souvent, il faut bien le dire), pourquoi se limiter lorsqu'on vous sucre un jour de carence ? En clair, une fois un jour perdu, autant accepter quand le médecin vous propose trois jours et qu'on avait autrefois le réflexe de n'en demander qu'un. Du fait de ses grosses difficultés de remplacement, l’Éducation nationale ne pouvait que souffrir de ces évolutions, particulièrement dans le premier degré où il faut qu'il y ait un adulte devant une classe. On peut donc espérer que le retour à la situation antérieure fera disparaître ces comportements nuisibles aux finances du système de santé comme au système éducatif.
Reste que la mesure reste en place dans le privé, où on sanctionne les salariés qui sont malades. Certes, dans les grosses boites, les mutuelles prennent en charge (les jours de carence étant alors un simple transfert de charge de la Sécurité sociale aux mutuelles), mais il reste sans doute au moins 40% des salariés français du privé qui sont ainsi sanctionnés, entraînant un refus de leur part de s'arrêter en cas de petites maladies, et donc, de fait, une dégradation globale de leurs conditions de vie.
Cette mesure reste assez incompréhensible, car un travailleur qui refuse de se soigner s'abime, devient moins efficace et finalement, nuit au fonctionnement de son entreprise ou de son service public comme à lui-même.
La droite avait mis en place cette mesure pour satisfaire son électorat, une partie de celui-ci étant persuadé que les fonctionnaires passent leur temps en arrêt-maladie. La gauche, après avoir arrosé l'électorat de droite avec cadeaux fiscaux aux entreprises et au MEDEF (alors qu'il ne votera jamais pour lui), semble enfin se souvenir de ses électeurs. On peut déplorer ces mesures à courte vue et uniquement à but électoraliste. Les politiciens feraient mieux de trouver de vraies solutions plutôt que de s'amuser à flatter tous les côtés bas et mesquins de leurs clientèles.
Il ne reste plus maintenant qu'un petit pas à franchir : faites sauter les jours de carence dans le privé (et les franchises médicales par la même occasion), laissons nos concitoyens se soigner en paix, et vous verrez qu'on observera une amélioration globale des conditions de santé de nos concitoyens, voire même une diminution des déficits de la Sécurité sociale.
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