lundi 27 juillet 2009

Deuxième interruption estivale du service.

Cher lecteur, je suis désolé mais je me vois obligé d'interrompre pour une semaine la publication de billets.

Je n'aurai aucun accès internet durant cette période. En effet, je serai là :


Cinq jours de randonnée sur l'Aubrac, soit un vrai bol d'oxygène pour des privilégiés comme nous.

En attendant, même si le rythme a un peu baissé en cette période estivale, je te conseille la consultation régulière d'Avec nos gueules...

A bientôt.

samedi 25 juillet 2009

Derrière le cas Refalo, le jeu entre communication politique et réalité des réformes.

Une camarade professeur des écoles me signale, à juste titre, que je n'ai encore rien dit de la résistance pédagogique initiée par Alain Refalo. Maintenant que ce collègue a été abondamment sanctionné par la hiérarchie, il est intéressant, en effet, d'y revenir. Cet enseignant avait fait le pari de rendre public sa désobéissance en contournant habilement la loi. Il avait organisé, sur ces deux heures destinées à l'aide individualisée, un atelier théâtre pour l'ensemble de sa classe, rendant ainsi les deux heures de cours supprimés à tous les élèves, avec le soutien des parents de la classe. Finalement, le gouvernement a poussé à la sanction contre l'enseignant, du fait de son positionnement médiatique. Refalo réplique sur son blog, et semble vouloir poursuivre son action.

Souvent, on argue que ce comportement est très isolé. En réalité, les autres professeurs des écoles restent très silencieux sur cette réforme. En général, elle est très peu appliquée. Dans les écoles maternelles de Seine-Saint-Denis, devant la faible mobilisation des parents (ils s'en servaient davantage comme garderie), de nombreuses écoles ont rapidement interrompu ces aides, transformant ces heures en réunion pédagogique. Il est vrai qu'il est étrange de vouloir imposer du soutien dès la maternelle. Cette situation me confirme dans une vision claire sur la fonction publique (mais est-ce différent dans le privé ?) : un changement ne passe pas si les personnels n'y adhèrent pas. Globalement, les profs ne soutiennent pas ces mesures. On peut difficilement croire qu'ils défendent un intérêt corporatiste ici : cette réforme n'a pas modifié le temps de travail et elle a même réduit le temps de présence devant élèves, passant de 26 heures à 24 heures par semaine. Pour les profs, cela a aussi permis une libération du samedi matin.

Aujourd'hui, l'Hérétique affirme qu'il s'agit là de la seule réforme de Darcos dont il se satisfait. Personnellement, je ne suis absolument pas contre le fait que l'Éducation nationale organise un service de soutien scolaire pour tous, permettant ainsi d'abattre les officines privées de soutien scolaire. D'ailleurs, les termes d'« accompagnement éducatif » viennent de la FSU, dans des mandats datant des années 1980. Cependant, il faut bien comprendre que cette réforme-là n'a eu pour but que de supprimer des postes. Je m'explique.

Dans le primaire, le soutien scolaire pour les élèves en grande difficulté existait déjà. Le RASED (réseau d'aide spécialisée aux élèves en difficulté) visait à prendre en main des élèves en souffrance pour les aider autant scolairement que socialement. Ce système a été créé en 1990 : il était donc jeune et aurait mérité des évaluations sur le long terme. Il mobilisait plus de 13 000 professeurs qui avaient reçu une formation spécifique. N'étant plus en cours, ils passaient leurs journées à prendre des élèves en petit groupe, les sortant un peu de la classe pour leur permettre d'avancer différemment. Ce service public accessible à tous était un véritable investissement public.

Or, depuis 2007, la suppression des postes s'est accélérée. Dans le secondaire, on a pu tenter de remplacer les profs par des heures supplémentaires. Dans le primaire, la suppression d'un poste entraîne automatiquement un alourdissement des classes des autres, surtout que nous sommes en pleine hausse démographique. Or, Darcos découvrit l'existence de ces 13 000 postes et décida de se servir de ceux-là pour faire avancer les suppressions. Comment fait-on ? C'est simple :

  • On annonce qu'on supprime 3 000 postes de RASED, et les autres dans les années suivantes, ce qui permet de remettre les enseignants qui occupaient ces postes en classe. On réduit cependant mécaniquement l'offre de soutien.
  • Pour compenser, on oblige tous les enseignants, qui ne sont pas forcément compétents pour le faire, à organiser du soutien deux heures par semaine. Or, voilà qu'on vient d'augmenter le temps de travail des autres.
  • Donc, pour ne pas se mettre la profession à dos et éviter de payer deux heures de plus, on réduit la semaine des élèves de 26 heures à 24 heures en maintenant un programme assez semblable.

Au total, on casse un système existant non-évalué, on propose un soutien moins efficace et on réduit le temps de cours de tous les élèves en maintenant les mêmes objectifs. Évidemment, le gouvernement a beau jeu de dire que tout se passe bien, puisqu'il légitime ainsi une politique destructrice.

Refalo a trouvé une réponse à cette réforme comptable, mais les autres profs agissent à leur manière. Certains font pareil sans le dire, d'autres tentent de faire du soutien, les anciens profs du RASED sont dégoûtés de s'être investis dans ce projet pour rien, la qualité globale du service pour tous les élèves a diminué.

Même si elle ne change pas la vie des profs, cette réforme ne sera pas soutenue en l'état. Dommage, car l'idée d'un soutien scolaire public est une bonne idée en soi, du moment que les cours eux-mêmes sont faits dans de bonnes conditions.

vendredi 24 juillet 2009

Friendfeed, nouveau sextoy de la blogosphère politique française.

Hier, j'ai découvert avec suprise la déclaration d'intention de Rubin, nous annonçant la fermeture de son blog politique et sa migration définitive sur Posterous, dans le but de diversifier sa prose. Dans ce même papier, Rubin y faisait une longue promotion de Friendfeed, louant les possibilités ouvertes par ce nouveau système de partage d'informations en ligne. De suite, je me suis inscrit sur ce truc-là, pour voir un peu de quoi il s'agissait.

En fait, après analyse et lecture de plusieurs billets sur le sujet (ils foisonnent en ce moment), Friendfeed est une espèce de Twitter amélioré. On peut maintenant faire des commentaires sur les phrases des autres et non plus répondre par un twitt. De plus, le flux semble plus facile à appréhender, parce qu'on peut le filtrer. On peut aussi concentrer tous ses flux à cet endroit. Enfin, on est plus paralysé par la limite des 140 caractères, ce qui pourrait permettre de faire des billets complets sur Friendfeed et de se passer d'un blog plus complexe.

Rubin embraye d'ailleurs sur cette idée en rejetant le blog traditionnel à l'âge de pierre du réseau internet. Franchement, cher lecteur, mon scepticisme est complet. Certes, cet outil peut permettre un autre type d'échange, principalement avec les copains blogueurs, mais je ne vois pas bien en quoi il remplacerait un texte construit publié sur un blog. L'écriture d'un texte permet au moins de se mettre les idées au clair et de structurer son raisonnement, même si le texte en lui-même n'est pas un écrit littéraire et n'est pas parfait. Ces outils, eux, permettent le relais rapide d'une information et de déconner avec les potes, mais je ne me vois pas y diffuser des idées politiques, vu le risque réel d'empressement qu'ils permettent.

Enfin, tout cela aurait une véritable importance si les blogs politiques français avaient une réelle influence sur le monde. Or, cher lecteur, arrêtons de nous voiler la face : un blog politique, même bien classé et lu par quelques ministères ou par Nicolas Princen, n'a aucune influence sur le monde politique français. Je m'en suis parfois amusé, en jouant à l'influent, mais il ne faut pas rêver.

Incorrigible optimiste, Patrice Lamothe m'avait affirmé, lors d'une RDB, que les blogueurs politiques seraient des acteurs centraux des présidentielles de 2012, comme cela avait été le cas lors de la dernière présidentielle américaine. Or, je crois que Patrice est trop en avance sur son temps : nous sommes tellement résiduels et enfermés dans un monde petit que nous n'influençons personne à part nous-mêmes. De plus, la France est un pays tellement hiérarchisé et élitiste que la blogosphère n'est pas prête de pénétrer les sphères du pouvoir. Globalement, tout le monde se satisfait du couple médias traditionnels-classe politique, et nous ne serions que des trublions incontrôlables dans ce magma politico-médiatique.

Cela ne va pas m'empêcher de bloguer, loin de là, d'abord parce que mon but n'était pas d'influencer des politiques, mais de débattre avec des gens, et ensuite parce que je m'amuse bien. J'ai aussi vécu, avec mes deux camarades, une passionnante expérience de blog collectif qui nous a indéniablement rapprochés, mais cela ne change pas non plus la face du monde. Dans ce cadre, Twitter et Friendfeed sont des vecteurs supplémentaires, et différents, qui permettent de poursuivre ces débats et de parler avec les copains.

Lorsqu'un député, un ministre ou un journaliste se sentira obligé de répondre à un blogueur insolent, on aura franchi un pallier et on pourra alors de poser des questions sur les outils que nous pouvons utiliser pour être efficace. En attendant, arrêtons de tracer des plans sur la comète et débattons en prenant du plaisir.

mercredi 22 juillet 2009

Histoire d'eau à l'école maternelle.

Tu ne le sais peut-être pas, cher lecteur, mais un débat fondamental occupe les écoles maternelles. Au départ, on pourrait se dire qu'il n'est pas très important, qu'il n'a même pas grand-sens, mais il est là, toujours récurrent, toujours présent.

Doit-on emmener les enfants aux toilettes tous ensemble au même moment ? Bon, je sais, cela a l'air un peu périphérique voire totalement sans intérêt, mais je vais essayer de t'expliquer.

Lorsque les enfants arrivent en maternelle, ils viennent à peine de devenir propre. Certains ne maîtrisent pas encore leur sphincter à la perfection, et les accidents sont fréquents. Brusquement, la maîtresse se retrouve inondée par un enfant qui se sent terriblement coupable. Certains n'osent pas demander à aller aux toilettes par peur ou par honte. Pour le maître, c'est un problème constant mais aussi une question éducative : apprendre à l'enfant à dominer son corps et à devenir maître de lui-même.

Il y a donc plusieurs stratégies à mettre en place. L'idéal est de permettre à l'enfant, lorsqu'il en exprime le besoin, de se rendre aux toilettes et de faire ses besoins seul. Le maître a en plus avec lui, en petite section, une ATSEM qui peut accompagner. Cependant, cela impose que le cabinet soit à proximité de la salle de classe, parce que le prof ou son aide ne peuvent abandonner une classe de 27 enfants de 3 ans pendant plus de quelques secondes sans risquer de véritables catastrophes. Or, dans la plupart des cas, les architectes ne pensent pas à ces basses contingences, et le maître doit traverser la moitié de l'école pour accéder aux saintes cuvettes.

Comment réagir alors ? Généralement, à certaines heures fixes, les enseignants font passer tous les élèves aux toilettes, en leur demandant de se vider au même moment, et gèrent les cas particuliers le reste du temps. Or, cette pratique suscite, chez les inspecteurs, des débats sans fin.

En effet, voilà une vision de l'école bien soviétique. L'enfant, nié dans sa personne et dans ses désirs, se doit d'obtempérer à l'ordre du représentant de l'État, incarnant déjà ce pouvoir impersonnel qui lui volera ses revenus plus tard pour payer des fonctionnaires incompétents et protégés de la saine loi de la concurrence. Voici donc que le pouvoir décide du moment où l'enfant urine. Cette vision socialiste est d'ailleurs assez partagée chez les réactionnaires et les conservateurs, mais eux estiment que l'enfant doit soumettre son urètre, non pas à l'État collectiviste, mais à la saine autorité qui permettra l'accès aux savoirs et aux héritages.

Heureusement, la vision libérale de l'éducation est . Dans ce cas précis, l'enfant doit pouvoir satisfaire son droit fondamental à uriner quand il le souhaite. Jamais la société ou l'État ne peuvent imposer cette horrible négation de la toute-puissance de l'individu. Ainsi, à tout moment, le maître doit obtempérer et se soumettre aux désirs de l'enfant, oubliant cette organisation collectiviste de (la) classe et permettant aux vraies valeurs d'atteindre les esprits de nos chères têtes blondes.

Si cette vision triomphait, on relancerait les travaux dans les écoles pour construire une multitude de chiottes. Car, si les enfants doivent exercer leurs droits, les enseignants n'engageront pas leurs responsabilités...

La chaîne du blogueur de gauche qui se prenait pour un blogueur de droite.

J'ai été tagué, cher lecteur, par deux poids lourds de la blogosphère, pour répondre à une chaîne que je trouve assez difficile à résoudre : se mettre à la place d'un homme de droite et donner mon opinion sur les deux questions suivantes :

  1. En ces temps de crise généralisée des valeurs et du "système", quels seraient vos points d'ancrage idéologiques à droite ?
  2. Etant à droite, que soutiendriez-vous plus que tout dans l'action du président Sarkozy ?

Cela tombe assez mal : il y a quelques jours, je m'étais moqué d'Authueil qui s'amusait à se mettre à la place du militant de gauche, en estimant que la démarche était quasiment impossible à résoudre, vu les écarts de culture politique. Voilà maintenant que je me retrouve à devoir faire exactement la même chose que mon petit camarade.

L'exercice est d'autant plus complexe que rien ne précise, dans la question posée, dans quelle droite on doit se positionner. Doit-on s'imaginer comme un dangereux libertarien, comme un gaulliste frustré et villepiniste ou comme un réactionnaire chantant la France d'antan ? Rien ne nous le dit.

Heureusement, en tant que privilégié en vacances qui n'a rien d'autre à fiche que de passer son temps sur la blogosphère, je vais m'appuyer sur ce que j'ai pu lire chez mes camarades blogueurs de droite, mais aussi sur ce que j'ai pu entendre chez les quelques personnes que je peux fréquenter qui sont marquées à droite (pour les définir, je dirais qu'elles ont voté Sarkozy au second tour des présidentielles de 2007). Acquérir cette information est d'autant plus compliqué que le militant de droite a une tendance à s'arcbouter lorsqu'un gauchiste comme moi évoque la personne de Nicolas Sarkozy. Très vite, les « antisarkosytes primaires » fusent à tout va.

Concernant la première question, cela dépend évidemment de la droite dans laquelle on se situe. Je pense cependant que l'attachement à la puissance française, à un Etat ayant de l'autorité (y compris si on est libéral, puisque l'Etat doit être fort dans sa non-intervention), à une idée de la culture française qui serait en permanente décadence et enfin à un soutien sans faille au système capitaliste peuvent faire consensus. Cependant, ce soutien varie évidemment selon les droites, certaines voulant tout de même réguler et encadrer le capitalisme, d'autres le rendre le plus libre possible. Après ces quelques constats, je ne vois pas bien quels points communs je pourrais retrouver. Par exemple, la question de la solidarité reste très variable. On pourrait certes parler de la défense de l'ordre social tel qu'il est aujourd'hui, et de l'idée que l'inégalité est productrice de richesses, mais les interprétations sont tellement diverses sur ce point que je ne vais pas aller plus loin.

Concernant Sarkozy, j'ai tout de même le sentiment que nos camarades de droite, même s'ils l'expriment très peu publiquement (à l'exception notable des libéraux), sont dans le rejet de la personnalité et de la politique du président de la République. Cependant, comme il semble être le seul capable aujourd'hui de gagner en 2012, on s'y accroche et on espère qu'il évitera un éventuel retour, bien hypothétique aujourd'hui, de la gauche au pouvoir.

Pourtant, il me semble que la question des dépenses publiques, qui risquent de provoquer une hausse des impôts dans le futur et une redistribution improductive des richesses, reste un point d'ancrage avec le président actuel. Quoique… Finalement, en ce moment, les dépenses augmentent, mais le nombre de fonctionnaires, suppôts de la gauche, diminue, ce qui fait, à mon sens, accord à droite. Si j'étais de droite (et pas fonctionnaire, car les fonctionnaires de droite sont globalement très mitigés sur cette politique), je soutiendrais donc la poursuite des réductions de postes de fonctionnaires, histoire de préserver mon pognon dans le futur.

Bon, je m'arrête là, et comme il faut taguer quelques blogueurs pour continuer, je propose Fabrice (qui ne fiche rien en ce moment). Tous les autres ont déjà été tagués par Nicolas et Juan, donc, je m'arrête là… Quoique, tiens, pourquoi pas Rubin, qui n'est ni de gauche ni de droite ? Cela lui permettra de faire son coming-out…

lundi 20 juillet 2009

Démontons la manipulation des résultats du Bac 2009.

Ah, les résultats du bac sont tombés. Chaque année, ils suscitent une multitude de commentaires de la part des autorités, et cette année particulièrement. Le rectorat de Créteil, à la pointe du soutien au gouvernement, comme d'habitude, a de suite annoncé que les excellentes performances de nos élèves, lors de cette session 2009, ne pouvaient être dues qu'à l'accompagnement éducatif développé par Xavier Darcos depuis deux ans.

Cet argument est assez drôle pour nous. Certes, l'accompagnement éducatif existe en collège depuis deux ans, mais cela signifie qu'aucun élève étant passé par ce système ne peut s'être présenté au bac cette année. En lycée, les différents stages de vacances et d'été n'ont été mis en place que dans 200 établissements, au niveau national, et seulement depuis un an, donc à destination d'une minorité de lycéens. On ne peut imputer cette victoire à ces réformes. Cependant, il est clair qu'il y bien une raison à cette hausse significative des résultats de nos élèves.

Le 7 juillet, je me trouvais aux résultats avec un certain nombre de collègues de sciences, vu que j'avais la chance d'enseigner à une terminale scientifique cette année. Étonné par le grand nombre de mentions dans ma classe (certes assez forte, mais pas tant que cela comparativement aux résultats), je demandais à un professeur de mathématiques et à un professeur de physique comment ils expliquaient la chose : « Globalement, pour la première fois depuis au moins six ou sept ans, toutes les épreuves étaient abordables en sciences. Il suffisait d'un peu de jugeote et d'une bonne préparation pour avoir des notes tout à fait convenables. »

Ce n'est pas tout. Depuis quelques années, le discours du ministère est plus qu'ambivalent. Certes, lors des séances d'inspection, nos inspecteurs ne cessent de nous dire à quel point nous devons être sévères dans notre manière d'évaluer, particulièrement avec le niveau de connaissances, la maîtrise de l'argumentation et l'orthographe. Or, lors des réunions d'harmonisation (on se réunit et on essaie de construire des barèmes pour les grandes épreuves), le discours est tout autre : les inspecteurs essaient de nous pousser à la plus grande indulgence, ne cessant de regimber lorsqu'un collègue est arrivé à une moyenne inférieure à 10/20. Maintenant, dans certains cas, il arrive même qu'on t'appelle à mi-correction pour te demander de relever tes moyennes. La tendance est donc à permettre aux élèves les plus moyens de passer la barre plus facilement. En histoire-géographie, cette tendance est d'autant plus lourde que nous avons la réputation de noter très sévèrement : les notes du bac en HG tournent à 9 de moyenne, alors que les autres matières sont plus proches du 10.

Je ne dis pas que l'accompagnement éducatif ne pourra pas avoir des effets à terme, même si je reste persuadé que c'est en cours que tout se joue. Cependant, la cause des bons résultats de l'année n'est pas là. Elle réside, à mon sens, dans la volonté forte du ministère de pousser les résultats pour légitimer sa politique.

Bon, je ne voudrais quand même pas dire aux élèves qui viennent d'avoir le bac qu'ils ne le méritent pas, mais que certains d'entre eux ont évité l'oral de rattrapage ou ont peut-être eu une mention supérieure à celle qu'ils auraient eu normalement. D'autre part, il faut rappeler aussi, cher lecteur, que seulement 35% des gamins d'une classe d'âge passent un bac général, ce qui en laisse 65% avec un autre type de diplôme, voire sans diplôme du tout. Ne t'inquiète donc pas, cher lecteur angoissé par la baisse du niveau, le bac général français reste bien très élitiste, par rapport à ce que font nos voisins européens.

PS : dans les mesures qui rapporteraient un peu d'argent à l'État, et vu que notre gouvernement trouve l'accompagnement éducatif si formidable, pourquoi ne pas supprimer les abattements fiscaux qui te permettent de mettre ton gosse chez Acadomia et consorts ? Je ne vois pas pourquoi on financerait un service public d'éducation d'un côté, et des entreprises privées qui font la même chose de l'autre côté, en sous-payant leurs employés. Voilà une manière efficace de récupérer un peu de pognon...

dimanche 19 juillet 2009

Complainte du voyageur sur les aires d'autoroute françaises.

Lorsque l'on s'arrête, cher lecteur, sur une aire d'autoroute, il y a des impondérables. A mon époque de célibataire, je filais vers le point presse pour essayer de mater, en douce, quelques revues pour adultes, histoire de me préparer à l'ambiance de la plage. Depuis que je suis en couple, on se dirige plutôt vers le bar, pour savourer un bon café, au lait le matin, noir le soir.

Cependant, le véritable problème de l'aire d'autoroute, c'est le passage, non moins obligé, vers les toilettes. Lorsqu'on est un homme, pas de problème. On se dirige nonchalamment vers les pissotières, où, parfois, on attend un peu moins de 30 secondes. Certes, la propreté laisse à désirer, mais les hommes sont habitués à cela, dès qu'ils s'approchent des urinoirs d'un bistro. A mon époque de célibataire, le passage allait vite.

Et puis, j'ai découvert la joie de l'attente avec sa conjointe. Pourquoi ? Parce qu'il y a le lourd problème des toilettes pour femmes. Les architectes, cher lecteur, sont des génies, certes incompris, mais des génies tout de même. Lorsqu'ils conçoivent des toilettes, ils mettent dans les toilettes pour femmes autant de cuvette que chez les hommes. Rien de scandaleux à cela, d'autant plus dans une période marquée par le féminisme et dans une volonté d'égalité pure et parfaite.

Or, l'égalité n'est point si parfaite. Nous, les hommes, disposons de nos urinoirs qui nous permettent d'aller vite, et les cuvettes sont toujours disponibles. Par contre, les femmes doivent obligatoirement passer par la cuvette. Les jours de grand départ, les embouteillages se retrouvent ainsi dans les vespasiennes, provoquant des bouchons non moins désagréables.

Progressivement, sur les autoroutes récentes, on commence à réagir et à prendre de saines mesures. On ajoute des cuvettes chez les dames, histoire de vider du hall du restoroute ces maris agacés par l'attente. Cependant, dans cette époque de disette financière, je m'étonne qu'on ait une telle conception du bien public : il eut été préférable de réduire le nombre de pissotières chez les mâles, histoire de mutualiser l'attente, plutôt que d'augmenter inconsidérément les investissements. Pour une fois que notre société fait des dépenses pour améliorer un service public...

samedi 11 juillet 2009

Première interruption estivale de service.

Cher lecteur,

En tant que bon privilégié, je pars aujourd'hui pour quelques premiers jours de vacances.

Je vais donc interrompre la rédaction de billets jusqu'à samedi prochain. Je ne crois pas que je pourrais avoir un accès facile à internet. J'essaierai cependant, dans la mesure du possible, de répondre aux commentaires, mais ne vous attendez pas à des réponses dans la minute.

En attendant, peut-être que Fabrice ou Manuel feront un billet ? On ne sait jamais....

Bonne semaine.

vendredi 10 juillet 2009

Internet : une démocratisation de l’écrit ?

Lorsqu'internet s'ouvrit au grand public, on entendit les loups hurler. Tous les maux furent plaqués sur le réseau, au dos décidément très large. On annonçait la fin de l'écrit, rien de moins. Bientôt, cher lecteur, le courrier disparaîtrait, avec ses jolies formules et son style inimitable ; le langage SMS se diffuserait partout, entraînant une régression linguistique grave ; on passerait à l'oral puisque la visiophonie allait prendre le pas sur les autres moyens de communication. Rapidement, l'usage de l'écrit ne serait plus, et notre civilisation s'effondrerait, submergée par les hordes asiatiques et surtout musulmanes, prêtes à nous supplanter.

Après plus d'un an de blogage, mon constat est tout autre. En effet, et contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le blog a permis une véritable démocratisation de la pratique publique de l'écrit. N'importe qui possédant un ordinateur, une connexion internet, un peu de courage et quelques projets ou idées, peut se lancer et tenter de diffuser. Le blogueur lambda a en plus l'avantage de ne pas avoir à débourser un centime et d'entrer sur un marché où il n'y a pas encore de poids lourds qui verrouillent l'ensemble de la blogosphère. En quelques semaines, si le blog est original et intéressant, et en suivant les conseils avisés de maîtres du genre, un blogueur peut avoir un petit groupe de lecteurs et des commentateurs, ce qui reste le plus motivant.

Or, à part en bloguant, quand écrivons-nous, cher lecteur, si nous ne sommes pas déjà des passionnés de l'écriture ? En essayant de me remémorer ma vie d'avant, j'ai tenté de quantifier le nombre d'écrits que je pouvais produire dans le passé. Certes, j'ai rédigé un mémoire de maîtrise lorsque j'étais étudiant. Certes, il m'arrivait bien d'envoyer une lettre de temps en temps, mais rien de bien passionnant. Certes, je rédigeais des cours, mais on ne peut pas dire qu'une leçon soit un écrit en tant que tel : un cours vise à être oralisé, et ne peut donc s'apparenter à un écrit. Il est donc clair que, depuis le mois d'avril dernier, j'écris bien plus que je n'ai jamais écrit durant toute ma vie précédente.

Cependant, et il faut quand même le dire, 90% des blogs ne sont pas des objets littéraires. Quelques blogueurs s'essaient à la véritable écriture, mais je les lis peu, à part les quelques copains que Nicolas m'a fait découvrir et les camarades réactionnaires qui ont l'amabilité de déposer leurs commentaires ici. Les fautes d'orthographe sont récurrentes dans la plupart des publications, et il est clair que la majorité de ces auteurs (peut-on employer ce terme ?) n'auraient jamais été publiés sans un sérieux travail sur leur écrit. Ils ne l'auraient sans doute pas envisagée…

D'un autre côté, on ne peut pas dire que la blogosphère écrive en langage oral. Si vous allez, cher lecteur, explorer les Skyblogs, sur lesquels les adolescents racontent leurs vies, vous verrez qu'on est là dans un écrit catastrophique, mais qui correspond à un registre langagier particulier, non oral, et que, personnellement, j'ai beaucoup de mal à pénétrer. Chez les autres blogueurs, et en particulier les politiques, nous ne sommes pas face à un style oralisé pur. On se localise quelque part entre le langage écrit appris à l'école et le langage oral.

Est-on face à la naissance d'un nouveau registre linguistique, un style d'écrit plus populaire que le langage écrit traditionnel mais plus soutenu que l'oral ? Faudra-t-il que les professeurs de lettres intègrent ce nouveau registre dans leurs cours ? Sans doute pas, mais il est clair que le blog participe, à mon sens, à une démocratisation des idées et de l'écrit.

PS : comme je l'avais déjà écrit, le blog permet aussi une véritable progression de son écrit, grâce aux aimables et bienveillantes remarques des lecteurs. Merci de continuer à en faire.

mercredi 8 juillet 2009

Luc Chatel commence déjà à faire des erreurs : espérons qu’il travaillera ses devoirs de vacances.

Ce matin, Luc Chatel était sur France Inter. Globalement, il a tenu à justifier l'ensemble de la politique de Darcos, en lançant au passage une bombe qui risque d'exploser à la tête du SNES-FSU durant les prochains mois : la revalorisation promise pour faire accepter aux syndicats la masterisation ne concernerait que les enseignants en tout début de carrière, sans doute dans les premiers échelons. Au passage, le ministre ne se démarque pas du tout, confirmant les suppressions massives de postes de l'an prochain, soit 16 000 profs en moins l'an prochain.


Par contre, dans la partie des questions des auditeurs, j'ai pu entendre le ministre dire une contre-vérité manifeste. Alors qu'un auditeur se demandait pourquoi on supprimait les RASED en primaire, alors que ces dispositifs relevaient de l'accompagnement éducatif, le ministre affirma sans faiblir que les RASED avaient pour but d'aider des élèves particulièrement atteints, des cas psychologiques graves pour la plupart.

C'est totalement faux : avant sa réduction, le RASED visait les élèves en difficulté, et pas du tout les élèves très atteints au niveau psychiatrique. Pourquoi dire une telle chose ? Sans doute pour ne pas dire que le but était de remettre ces enseignants spécialisés dans les classes en tant que simples enseignants, pour supprimer des postes, et ne pas discréditer l'accompagnement éducatif. Ces personnels, pourtant formés au soutien particulier, contrairement aux autres professeurs des écoles, voient donc leurs capacités inemployées, alors qu'on oblige les autres à faire du soutien personnalisé sans aucune formation…

Pour un auditeur moyen ne connaissant pas le système scolaire français, cela passe. Pour nous, cela trace l'avenir de notre service public. On a changé de tête, mais pas de politique.


Au passage, le ministre a lancé les grands chantiers de l'an prochain : réforme du lycée, masterisation et individualisation des parcours des élèves. Le rêve de l'école républicaine égalitaire a vraiment du plomb dans l'aile…

PS : Rébus a changé de plateforme. C'est ici.

mardi 7 juillet 2009

En France, tu peux tout faire, sauf contester, surtout quand tu es jeune : le cas de Tristan, élève de Maurice Ravel.

Ah, enfin, l'Éducation Nationale se décide à agir contre les personnes qui pourrissent la vie de nos établissements scolaires.

Depuis que je suis enseignant, je ne peux que constater les difficultés que nous avons à sanctionner les élèves qui dévissent, d'une manière ou d'une autre. Ce problème est d'abord marqué à gauche par un misérabilisme social qui explique les bêtises de certains gamins et justifie qu'on ne les sanctionne pas trop, renonçant à des objectifs ambitieux et intégrant de fait les inégalités sociales comme insurmontables. A côté, l'administration gêne nettement les processus de sanction. Un conseil de discipline est de plus en plus lourd à organiser. De plus, les chefs d'établissement doivent, sur instructions des recteurs, tenter de limiter les sanctions pour éviter que les statistiques des violences en milieu scolaire ne soient trop défavorables à l'Etat. Enfin, depuis la suppression de la carte scolaire, les chefs des établissements difficiles masquent les problèmes pour éviter la fuite des meilleurs élèves et de ceux ayant les réseaux pour partir.

Ainsi, des gamins posant parfois des problèmes importants peuvent se maintenir dans les établissements, gâcher la vie de classes entières et commettre parfois des actes que l'on peine à sanctionner. Il faut souvent en venir aux menaces de grève ou voir une délégation de la FCPE débarquer dans les bureaux de l'administration pour que quelque chose soit fait.

C'est d'autant plus dommage que l'école vise à apprendre aux élèves qu'une société se bâtit sur des règles, qui ne sont pas seulement des règles d'orthographe. Or, de plus en plus, cédant à l'individualisme forcené, à la pression des parents, des politiques et des élèves eux-mêmes, on rappelle de moins en moins souvent l'importance des lois communes.

Or, enfin, on se décide à agir : on décide de virer de Maurice Ravel, à Paris, un élève qui a osé mener un blocus contre son établissement scolaire.

Pour moi, le message est clair :

« Cher élève,

Si tu es un élève qui refuse de travailler, qui est absentéiste, qui tente d'échapper à l'obligation scolaire mais que tu n'embêtes personne, ne t'inquiète pas. Tu pourras quitter le système éducatif sans diplôme mais sans être inquiété.

Si tu es un élève pénible, qui empêche régulièrement les profs de faire cours, qui perturbe ses camarades, en particulier les plus faibles, tu auras peut-être un jour ou deux d'exclusion et une réprimande pour la route.

Si tu commets des actes relevant de la petite délinquance, avec un mouvement de grève des profs et une pétition des parents, on envisagera un conseil de discipline.

Par contre, si jamais tu oses te permettre de contester la politique menée par notre merveilleux gouvernement, mon petit gars, tu vas avoir des emmerdes !!! »

Je crois, cher lecteur, que le message adressé à la jeunesse comme aux citoyens est clair : faites tout ce que vous voulez, mais surtout, soyez docile lorsqu'on parle de politique.

Le bac est déjà difficile, mais si on peut le rendre encore plus pénible…

Lors des résultats du bac, les médias font toujours leur petit laïus sur le sujet. Ce matin, alors que j'étais dans ma voiture pour me rendre au centre d'examen où mes terminales allaient les recevoir, j'ai eu la joie d'entendre les élèves de province (qui se voyaient remettre leurs diplômes une heure avant les Parisiens) hurler leur joie et/ou pleurer en fonction des situations. Cette année, j'eus le plaisir de découvrir que ma classe avait plutôt mieux réussi que d'habitude (j'entends par « habitude » les résultats moyens de mon lycée). Certains de mes collègues arguèrent qu'il s'agissait là d'un succès des stages de vacances mis en place par notre regretté ministre Xavier Darcos. On n'en saura jamais rien, mais quelle qu'en soit la cause, j'ai éprouvé une vraie satisfaction, surtout devant le nombre impressionnant de mentions et les bonnes notes en histoire-géographie.

Pourtant, on ne peut pas dire que nos élèves aient rencontré des conditions optimales cette année. Fidèles au principe de la reconquête du mois de juin mise en avant par le ministère, les épreuves avaient été particulièrement resserrées dans le temps. La philosophie se déroulait le jeudi 18 juin, puis les épreuves s'enchaînaient dans un ordre nouveau, s'achevant pour les terminales générales le mercredi 24 juin. Cette succession rapide obligeait les services organisant les examens à une rigueur d'autant plus grande.

Or, ces administrations sont les parentes pauvres de l'Education nationale. Les emplois y sont peu nombreux (du fait des nombreuses coupes récentes dans les postes) mais les tâches de plus en plus importantes. De plus, les épreuves écrites se sont accrues, les oraux coûtant bien plus chers à l'administration. Le résultat a été rapide : les erreurs et les coquilles se sont multipliées dans les sujets de bac, amenant à indiquer à plusieurs reprises des correctifs durant les épreuves. Les déstabilisations d'élèves angoissés furent nombreuses.

Le pic fut atteint durant l'épreuve d'histoire-géographie. Celle-ci se déroulait le mercredi 24 juin. Comme toutes les épreuves du matin, elle devait démarrer à 8h00 tapante. Or, à cette même heure, point de sujets… Le proviseur arriva avec 20 mn de retard, armé d'un fax du service des examens, nous demandant de modifier les deux sujets de composition : il y avait eu une fuite !

Les fuites sont peu fréquentes et ont en général deux sources. Soit un des concepteurs du sujet a cafté et le sujet s'est diffusé, ce qui peut arriver lorsqu'on essaie d'aider un proche ou sa propre classe (même si l'interdiction est totale et sévèrement réprimée) ; soit une erreur de manipulation s'est produite lors d'une épreuve précédente, ce qui fut apparemment le cas. J'ai entendu plusieurs rumeurs, mais il semble que dans un lycée du Sud de la France (on m'a indiqué Montpellier et Bordeaux…), un proviseur s'est planté le jour de la philo et a distribué l'histoire. Or, l'information circula très vite. Le jour précédent l'épreuve d'histoire-géographie, un de mes élèves a reçu un SMS lui donnant l'un des deux sujets. Les thèmes circulèrent aussi par Facebook et par les Skyblogs, obligeant l'administration à réagir.

Heureusement, mes élèves n'ont pas eu à changer de sujets en cours de route, ce qui fut parfois le cas dans d'autres établissements où l'information circule moins vite.

En tout cas, l'important est que mes élèves aient bien réussi, et ce malgré le contexte difficile.

Plus qu'un accompagnement d'élèves demain lors d'épreuves d'admission à une grande école, et ensuite, j'entrerai vraiment dans mes longues vacances de privilégié…

lundi 6 juillet 2009

Ce soir, appeau à troll : parlons d’orthographe.

Dernièrement, le sujet de l'orthographe a occupé mes occupations blogosphériques. Manuel a commis un billet sur le sujet il y a quelques jours, et s'en est suivi une discussion très animée avec Didier Goux, Fabrice et Suzanne. De même, aujourd'hui, un commentateur m'a signalé, un peu abruptement, six fautes dans ce billet, que j'ai ensuite corrigées. Cependant, j'admets avoir ressenti un réel agacement, qui avait déjà surgi lors du billet de Manuel ou lors de la polémique avec les occidentalistes. Je m'explique.

En tant qu'enseignant, et selon les instructions officielles, l'orthographe est l'une de mes priorités. Je tente donc de chasser les fautes dans les copies de mes élèves sans pour autant réellement parvenir à enseigner l'orthographe : je suis prof d'histoire-géographie et n'ai aucune compétence particulière dans cette tâche. Personnellement, j'ai toujours fait des fautes, certes pas très nombreuses, mais récurrentes. Certains cas me posent des problèmes sérieux. Ainsi, je cale toujours sur les participes passés et leurs difficiles accords et j'ai du mal avec le conditionnel. Ces fautes m'obligent à des relectures qui ne suffisent parfois pas, du fait de la rapidité du blogage. Tu trouveras ainsi davantage de fautes dans mes commentaires, rédigés vite, que dans mes billets. Tu trouveras aussi des fautes dans les billets d'ailleurs. Lorsqu'il m'arrive d'en faire une à l'école (qui s'affiche en gros sur le tableau), j'en profite pour entamer une discussion avec les gamins sur cette faute et sur sa cause. Cela donne parfois des débats très intéressants et fait avancer des gamins en difficulté sur ce point.

Or, et c'est assez intéressant, la place de l'orthographe s'est sans cesse réduite dans notre système éducatif. A l'époque de la IIIe République et de ses hussards noirs, l'orthographe était une priorité de l'école républicaine. On y passait un temps très long, dans une optique utilitaire. Si l'école de l'époque formait des citoyens, elle visait aussi majoritairement des populations pauvres qu'on n'allait pas porter jusqu'au bac. Pour ceux-là, l'apprentissage de l'orthographe permettait d'en faire de bons employés capable d'écrire des courriers ou de faire des tâches simples : de bons exécutants en somme. D'ailleurs, on n'enseignait que peu le sens de l'orthographe ; on s'appuyait plutôt sur des règles diverses que l'élève devait apprendre par cœur sans en saisir le sens. Toutes ces règles souffraient d'exceptions à propos desquelles nos chères têtes blondes rencontraient de grandes difficultés (pourquoi y a-t-il toujours une fichue exception à ces règles ? Sans doute parce qu'elles ne sont pas très cohérentes en elle-même). L'optique de l'école a changé depuis les années 1970, et, si l'orthographe reste importante, elle n'est plus la priorité. Actuellement, on a nettement élevé le niveau en abordant de nombreuses disciplines dans des démarches assez complexes pour les gamins, ce qui a diminué le temps attribué à l'orthographe.

Cependant, je considère que cela n'est pas le plus important : l'orthographe ne devient un réel problème que lorsque l'écrit est rendu incompréhensible par les difficultés. C'est le cas d'un petit pourcentage de personnes. A l'école, les vrais dysorthographiques sont peu nombreux, mais ils posent de vrais problèmes car l'institution ne peut rien pour eux. C'est alors aux orthophonistes et aux psychologues d'agir.

Or, dans la culture française, l'orthographe reste un moyen de discriminer. Manuel le disait déjà pour l'embauche d'un salarié du privé. Je peux te dire aussi que c'est le cas des copies de concours de la fonction publique. Cette situation entraîne aussi, en France, un abandon complet de l'oral comme moyen de sélection : c'est d'autant plus dommage que, dans les lycées dits difficiles, de nombreux élèves, un peu faible à l'écrit, sont transformés à l'oral. La France est le pays où des gens surdiplômés sont incapables de prendre la parole devant un public. Les diplômes devraient être à la fois oraux et écrits, et il est dommage que le baccalauréat ne retienne pas cette formule. De même, ce phénomène ressort régulièrement dans la blogosphère : de nombreux blogueurs considèrent que les fautes discréditent le propos, reproduisant le discours dominant sur l'orthographe. Ainsi, ils se détachent du fond et utilisent cet artifice pour massacrer des billets. Je reste très circonspect devant ces actes. Un billet doit d'abord être massacré sur le fond. Si on en vient à utiliser l'orthographe, c'est qu'on est démuni intellectuellement face au raisonnement que l'on affronte. De même, on peut écrire sans faute (on trouve des blogueurs ne faisant pas de fautes, quoique rarement) mais dire n'importe quoi : le discours en est-il légitimé ? Certains pensent que oui, mais pour moi, un con qui écrit sans faute reste un con…

Cette discrimination, toujours aussi prégnante, est dénoncée par les réactionnaires de tous bords qui aimeraient revenir en 1900. La baisse du niveau d'orthographe symboliserait la décadence de l'école. Il n'en est rien : cette baisse montre qu'on demande maintenant des choses différentes aux élèves. Vaut-il mieux qu'un enfant sache écrire sans faute mais ne sache que cela, ou qu'il ait une culture générale bien plus dense en faisant quelques fautes par-ci par-là ?

Alors, que faire, cher lecteur ? Je ne dis nullement qu'on ne doit pas enseigner l'orthographe, que l'on ne doit pas sanctionner son manque de respect ou que l'on ne doit pas signaler à un blogueur qui fait des fautes qu'il en fait. Il faudrait d'ailleurs en revoir la pédagogie et les aspects enseignés : pourquoi ne cherche-t-on jamais à faire comprendre aux gamins les ressorts de la langue ??? Cela les passionne quand on s'y met.

Je pense juste que l'orthographe ne suffit pas pour discréditer quelqu'un. Certes, lorsque je découvre des fautes traînant dans mes billets, je m'énerve, je les corrige, et je me fouette avec des orties fraichement coupées en espérant que cette faute ne sera plus jamais présente dans mes écrits. De même, un commentaire là-dessus me gène car il me prouve que je ne parviens toujours pas à résoudre le problème. Par contre, je suis bien plus atteint lorsqu'un blogueur ou un commentateur parvient à me démonter et à me convaincre que je me suis perdu. L'idée est bien le centre de notre activité, comme elle est le centre de ce que les élèves apprennent. Essayons, cher lecteur, de ne pas l'oublier.

PS : pour parer à toute éventualité, il est évident qu'il y a des fautes dans ce billet. N'hésite pas, cher lecteur, à me les signaler, mais que cela ne t'empêche pas de répondre sur le fond.

samedi 4 juillet 2009

Nous attendons Hénin-Beaumont.

Il y a des moments où la gauche triomphe, même si c'est de la plus petite des façons. On le découvre par exemple aujourd'hui dans le classement politique du Wikio du mois de juillet. De manière toujours aussi étonnante, le Top 10 est squatté par 9 blogueurs de gauche, dont votre serviteur qui trône à la neuvième place. Authueil parvient simplement à se maintenir à la 10ème place et il est bel et bien le seul.

Par contre, il y a aussi des moments où la gauche me fait peur. C'est le cas à Hénin-Beaumont. Comme tu le sais, cher lecteur, le FN est arrivé en bonne position dans cette ville du Nord en crise. Marc Vasseur a analysé les ressorts de cet effondrement de la gauche. On est passé par des stades plus idiots les uns que les autres. La gauche a d'abord présenté cinq listes différentes, se déchirant complètement. Après le premier tour, le PS a hésité puis a fini par retirer sa liste pour permettre à la liste menée par M. Duquenne de se présenter seule face au FN. Martine Aubry a mis du temps à s'investir dans ces élections : on ne peut qu'être surpris. Comment ne pas comprendre à quel point la gestion de cette ville est une tache sur le Parti Socialiste ?

Et puis, il y a eu les épisodes un peu étranges de ces derniers jours. L'UMP a appelé à un front républicain avec la gauche, alors que Valérie Pécresse déclarait qu'elle n'irait pas voter si elle habitait la ville. Finalement, elle a appelé à faire barrage au FN, reprise en main par le pouvoir. Il y a aussi eu l'appel de Dany Boon. Je doute de son efficacité : les artistes n'ont jamais eu, en France, un grand impact sur la vie politique.

Je rejoins complètement le Faucon : le seul moyen de vaincre le FN est de gérer la France et ses collectivités dans le sens des vœux du peuple et avec la plus grande honnêteté. Sans cela, aucune victoire ne sera possible. Cependant, j'espère vraiment que le FN va perdre cette élection. Si elle l'emportait, Marine Le Pen aurait toute latitude pour tenter de donner un visage respectable à son parti, en arguant de la nullité de ses prédécesseurs.

Chers électeurs d'Hénin, ne donnez pas au FN cette possibilité. Je sais que vous êtes dégouté, je vous comprends complètement, mais j'espère que vous arriverez à surmonter ce dégout. Votre ancien maire va sans doute être jugé, le PS ne sera plus en responsabilité directe. Espérons que cela suffira à améliorer vraiment la gestion de votre ville.

Maintenant, attendons demain soir…

vendredi 3 juillet 2009

Des liens, bordel, des liens !

Hier soir, cher lecteur, c'était la fête de fin d'année de mon établissement, en ce dernier jour officiel de l'année scolaire. Résultat : je suis complètement épuisé et incapable de te faire un billet cohérent aujourd'hui. Aussi, pour que tu aies quand même quelque chose à te mettre sous la dent, voici, suite à une idée de Hypos, reprise par Nicolas et Polluxe, je t'indique ci-dessous la liste des blogs qui m'ont linké le mois dernier, ce qui est passablement différent des blogs m'ayant apporté des visites.

Avec nos gueules...
20

Chroniques et cie
6

Partageons mon avis
5

Le coucou de Claviers
4

Mon Mulhouse
4

Betapolitique
4

Tout doucement
4

De tout et de rien, surtout de rien d'ailleurs
3

La Maison du Faucon
3

Partageons le reste !
3

le blog de polluxe
3

Cousu main
3

Marianne2.fr
2

Peuples.net
2

Hérésie
2

Partageons mes âneries
2

mtislav
2

Barrejadis
2

Humeurs de vaches
2

Sable, sexe et soleil
2

Le blog de Hypos
1

Olympe et le plafond de verre
1

Ruminances
1

Rubin Sfadj
1

Carnet de notes de Yann Savidan
1

Section socialiste de l'île de Ré
1

le blog de dedalus
1

Partageons mon avis, l'actualité
1

Le blog de SOS Education
1

évanescente
1

Bon, en fait, c'est depuis le 3 juin, mais je pense que je vais ajouter cela à mon habituel bilan mensuel dès le mois prochain. De plus, je vais aller mettre ça sur les Gueules, à la suite du même bilan.

Oui, je sais, j'aime les stats… Et alors ?! Vu mon état, je pense que je serais même capable de te faire un billet sur le Wikio, c'est tout dire…

mercredi 1 juillet 2009

Le tourisme se développe aux Lilas.

Vous découvrirez ici que le système hôtelier de la commune s'améliore grandement et vise la meilleure clientèle.

Bilan du mois de juin 2009.

Ah, cher lecteur, je sais que tu attends mes billets-bilan avec impatience. En effet, c'est maintenant devenu une véritable institution de mes blogs. Il s'agit d'un véritable exercice d'honnêteté envers toi, mais aussi d'une façon de mesurer la réalité de l'influence d'un blog politique, dont on peut chaque jour douter…

A priori, le mois de juin fut un mois très faste par rapport au mois précédent. En effet, les visites ont explosé, avec 5 017 visites et 3 435 visiteurs uniques absolus. Voilà une croissance de 70% des visites, et une grande satisfaction…

Quoique… En fait, lorsque je dépiaute réellement mes compteurs de visites, je me rends compte que cette croissance se concentre sur deux jours, entre le 21 et le 22 juin. De plus, ces mêmes compteurs sont incapables d'identifier la cause de cette brutale et éphémère hausse. Google indique « accès direct », ce qui signifie que les lecteurs seraient arrivés directement, ce qui est sans doute une erreur… En clair, si on retire cette grosse journée, le blog est exactement au même point que le mois dernier.

Par contre, le nombre d'abonnés a connu une petite évolution positive, avec 170 abonnés en ce 1er juillet, contre 150 au 1er juin. En clair, on reste dans une croissance modérée, assez symbolique de l'époque.

Voici la liste des blogs ou sites d'information ayant amené ici au moins dix visites :

Wikio : 175
Le Merle moqueur : 99
Partageons mon avis : 95
Avec nos gueules… : 90
Pensées d'outre-politique : 64
Le blog de SOS éducation : 44
L'Hérétique : 37
Humeurs de vaches : 34
Sarkobasta : 32
Aurélien Véron : 31
Rubin Sfadj : 27
La Maison du Faucon : 27
Le blog de Hypos : 27
Mtislav : 25
Le Coucou de Claviers : 19
Authueil : 14
Olympe et le plafond de verre : 12
Ruminances : 12
Marianne2 : 11
Le Post : 10
Les peuples du soleil : 10
Sarkofrance : 10

Cette liste est très marquée par la blogosphère de droite. Je ne sais pas trop quoi en penser, mais peut-être as-tu une idée là-dessus, cher lecteur ?

PS : comme d'habitude, les 10 billets les plus consultés de juin sont dans la colonne de droite.