Il y a quelques semaines, l'un de mes deux compères des Gueules avait été titiller LOmiG qui espérait que la campagne de 2012 se jouerait sur la sécurité. Aujourd'hui, c'est au tour de l'Hérétique de se questionner sur le risque que la campagne à venir ne revienne largement sur ce thème, après la pause de 2007.
Je vais peut-être t'étonner, cher lecteur, mais je crois assez à cette possibilité. D'abord parce que le sentiment d'insécurité reste réel pour beaucoup de gens, ensuite parce que nos gouvernements n'affrontent jamais le problème et enfin parce qu'on a beaucoup fait de démagogie sur ce thème, dans un sens comme dans l'autre.
Comme tu le sais, si tu me fréquentes régulièrement, je suis habitant depuis mon enfance de la Seine-Saint-Denis. Mon lycée dit difficile se trouve dans l'une des communes réputées les plus dangereuses par le bon sens populaire. Cependant, je ne me suis que très rarement senti en insécurité, ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas conscient des nombreux problèmes qui subsistent dans ces quartiers très populaires.
De manière étonnante pour toi peut-être, dans mon lycée dit difficile, les personnes qui se sentent les plus en insécurité sont... les élèves ! Mais oui, cher lecteur, ces gamins qui sont très largement issus des milieux que Zemmour considère comme les plus criminels sont ceux qui craignent pour leur sécurité, et parfois avec raison. Ayant été capables d'arriver jusqu'au lycée général, ils considèrent qu'ils sont membres d'une classe un peu particulière des habitants des cités et qu'ils sont de fait des cibles faciles pour tous ceux qui ont été rejetés du système scolaire et qui flirtent avec la délinquance. Ainsi, le racket est régulier, et les adultes n'en ont qu'une conscience faible, car ils n'en sont pas victimes. Encore ce mois-ci, trois de mes élèves ont été dépouillées à la sortie du lycée par une bande d'une quinzaine de jeunes filles.
Ces jeunes, s'ils peuvent entendre les discours sur les causes de la délinquance, n'en attendent pas moins des solutions très radicales. Si on les écoutait, on mettrait des miradors à chaque coin de rue... Pas étonnant que beaucoup de mes élèves aient été pro-Sarkozy en 2007.
Et d'ailleurs, ils en veulent beaucoup aux policiers. Quand on écoute leurs discours, on entend deux idées totalement contradictoires :
1) la police est totalement absente des quartiers pour lutter contre les délinquants, que ce soit contre les bandes qui rackettent ou contre les dealers qui tiennent les cités,
2) mais à l'inverse, ils estiment ne cesser d'être victimes de contrôles injustifiés des policiers.
Quand on leur demande s'ils ont réellement vécu des agressions, ils répondent "non" majoritairement, mais tout en indiquant qu'ils connaissent tous un ami d'un ami à qui il est arrivé telle et telle chose. Là encore, la réalité statistique étant finalement très difficile à utiliser, on ne peut que se baser sur les on-dits et les croyances personnelles, qui ne permettent pas une vision objective de la situation.
La gauche ne doit pas, à mon sens, abandonner la question de l'insécurité à la droite et à l'extrême-droite. Ce serait trop facile. Si l'objectif est de redonner de la sécurité, au sens large du terme, aux milieux populaires, on ne peut oublier la sécurité physique des personnes, car de nombreux citoyens, et particulièrement chez les plus pauvres, en souffrent. Cette politique ne peut être détachée de deux axes simples : rendre à nouveau crédible la police qui ne doit plus être vue comme une simple force inefficace mais toujours présente pour faire des contrôles au faciès (on est encore dans le sentiment ici...) ; être capable de construire des indicateurs qui permettent de mesurer réellement l'évolution de la délinquance, pour qu'on puisse sortir de la démagogie. Il serait aussi intéressant de développer un indicateur sur le sentiment d'insécurité, ce qui montrerait que les angoisses des citoyens peuvent parfois évoluer différemment des statistiques.
Car sur ce thème, la démagogie est partout. Notre gouvernement, pourtant de droite, a tout de même été l'un des premiers à réduire ostensiblement le nombre de policiers, et ce bien avant la crise économique. Voilà un bien mauvais signe donné à une population très angoissée sur ce point...
Je vais peut-être t'étonner, cher lecteur, mais je crois assez à cette possibilité. D'abord parce que le sentiment d'insécurité reste réel pour beaucoup de gens, ensuite parce que nos gouvernements n'affrontent jamais le problème et enfin parce qu'on a beaucoup fait de démagogie sur ce thème, dans un sens comme dans l'autre.
Comme tu le sais, si tu me fréquentes régulièrement, je suis habitant depuis mon enfance de la Seine-Saint-Denis. Mon lycée dit difficile se trouve dans l'une des communes réputées les plus dangereuses par le bon sens populaire. Cependant, je ne me suis que très rarement senti en insécurité, ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas conscient des nombreux problèmes qui subsistent dans ces quartiers très populaires.
De manière étonnante pour toi peut-être, dans mon lycée dit difficile, les personnes qui se sentent les plus en insécurité sont... les élèves ! Mais oui, cher lecteur, ces gamins qui sont très largement issus des milieux que Zemmour considère comme les plus criminels sont ceux qui craignent pour leur sécurité, et parfois avec raison. Ayant été capables d'arriver jusqu'au lycée général, ils considèrent qu'ils sont membres d'une classe un peu particulière des habitants des cités et qu'ils sont de fait des cibles faciles pour tous ceux qui ont été rejetés du système scolaire et qui flirtent avec la délinquance. Ainsi, le racket est régulier, et les adultes n'en ont qu'une conscience faible, car ils n'en sont pas victimes. Encore ce mois-ci, trois de mes élèves ont été dépouillées à la sortie du lycée par une bande d'une quinzaine de jeunes filles.
Ces jeunes, s'ils peuvent entendre les discours sur les causes de la délinquance, n'en attendent pas moins des solutions très radicales. Si on les écoutait, on mettrait des miradors à chaque coin de rue... Pas étonnant que beaucoup de mes élèves aient été pro-Sarkozy en 2007.
Et d'ailleurs, ils en veulent beaucoup aux policiers. Quand on écoute leurs discours, on entend deux idées totalement contradictoires :
1) la police est totalement absente des quartiers pour lutter contre les délinquants, que ce soit contre les bandes qui rackettent ou contre les dealers qui tiennent les cités,
2) mais à l'inverse, ils estiment ne cesser d'être victimes de contrôles injustifiés des policiers.
Quand on leur demande s'ils ont réellement vécu des agressions, ils répondent "non" majoritairement, mais tout en indiquant qu'ils connaissent tous un ami d'un ami à qui il est arrivé telle et telle chose. Là encore, la réalité statistique étant finalement très difficile à utiliser, on ne peut que se baser sur les on-dits et les croyances personnelles, qui ne permettent pas une vision objective de la situation.
La gauche ne doit pas, à mon sens, abandonner la question de l'insécurité à la droite et à l'extrême-droite. Ce serait trop facile. Si l'objectif est de redonner de la sécurité, au sens large du terme, aux milieux populaires, on ne peut oublier la sécurité physique des personnes, car de nombreux citoyens, et particulièrement chez les plus pauvres, en souffrent. Cette politique ne peut être détachée de deux axes simples : rendre à nouveau crédible la police qui ne doit plus être vue comme une simple force inefficace mais toujours présente pour faire des contrôles au faciès (on est encore dans le sentiment ici...) ; être capable de construire des indicateurs qui permettent de mesurer réellement l'évolution de la délinquance, pour qu'on puisse sortir de la démagogie. Il serait aussi intéressant de développer un indicateur sur le sentiment d'insécurité, ce qui montrerait que les angoisses des citoyens peuvent parfois évoluer différemment des statistiques.
Car sur ce thème, la démagogie est partout. Notre gouvernement, pourtant de droite, a tout de même été l'un des premiers à réduire ostensiblement le nombre de policiers, et ce bien avant la crise économique. Voilà un bien mauvais signe donné à une population très angoissée sur ce point...
Bonsoir,
RépondreSupprimerEn toute sincérité, je partage tout a fait votre analyse, une analyse très saine ce qui est assez rare dans la blogosphère quand on ose parler de ce sujet ô combien sensible (moi le premier je ne prends pas assez de recul).
Le problème comme vous dites est que la démagogie est partout et que ce sujet ne doit pas être traité de facon populiste, mais... il doit tout de même être traité.
@ BDD : merci pour les compliments. Le problème doit en effet être quantifié, analysé posément et traité.
RépondreSupprimerSi on parvient à faire un consensus républicain là-dessus, on coupera l'herbe sous les pieds du FN (et de Sarko) c'est évident.
RépondreSupprimerCoucou,
RépondreSupprimerj'espère que le lien est pour le contenu de mon billet et non pour m'assimiler à quelqu'un qui serait d'extrème droite ...
C'est cela, ouf, j ai eu peur que tu ne m'ai pas compris :)
@ L'Hérétique : ce travail va être dur, mais il me semble important. Au moins de mesurer les écarts entre nous et les points d'accord.
RépondreSupprimer@ Corto74 : oui, c'était bien sur le billet où tu traitais ce thème. Cependant, s'il te gêne, je peux le déplacer.
Sur le fond, presque entièrement d'accord avec vous. Sur la forme, j'ai des réserves. Vous êtes prof, nom de Zeus : surveillez votre orthographe et relisez-vous !
RépondreSupprimernon pas de souci ! bon dimanche a toi
RépondreSupprimerJe crois comme L'hérétique et comme toi Mathieu, que ce sujet doit être traité ! C'est le lien social qui en dépend, c'est la justification première de l'Etat : la force commune institutionnalisée pour lutter contre l'injustice. Toute agression, toute contrainte excessive qui pèse sur des individus ou des groupes d'individus relève de ce qui doit être traité par la police et la justice.
RépondreSupprimerà bientôt et merci d'avoir cité mon billet. Je continue de croire qu'il est souhaitable que la présidentielle se joue sur ce sujet, de manière posée, sans démagogie, mais en vérité (avec des actes derrière).
Le problème de la gauche, notamment sur ces questions, est qu'elle est, à la base, incapable de nommer les choses, et donc, s'interdit d'y porter remède. Ainsi lorsque vous parlez de milieux "populaires" pour désigner les populations immigrées. Ou cette merveilleuse expression de "quartier sensibles" pour désigner les cités en proie à la violence et à une forme d'anarchie larvée.
RépondreSupprimerCommencer par désigner clairement ce dont on parle, c'est faire un premier pas vers les solutions aux problèmes.
@ Francis : j'ai corrigé. Merci de me signaler si j'ai encore oublié des fautes et merci de me faire la remarque.
RépondreSupprimer@ LOmiG : de là à jouer la présidentielle uniquement là-dessus, non, quand même pas. Je crains que la démagogie ne soit largement dominante dans ce cas. Je n'ai aucune confiance en nos élites politiques pour faire autre chose que ça sur ce thème.
@ Didier : d'abord, vous vous trompez en croyant qu'il n'y a que des immigrés dans ces quartiers pauvres. Ils sont certes dominants mais pas uniques. Par contre, dans mon lycée dit difficile, ils sont ultra-majoritaires, les blancs faisant tout pour fuir. D'autre part, de fait, ces immigrés sont tout aussi pauvres que les autres, voire même plus que les autres. Le terme de "milieu populaire" est donc tout à fait pertinent. Votre emploi implique que les immigrés ont une responsabilité particulière dans la question de la sécurité, ce que je ne partage pas.
Pour le terme "cité", je n'ai jamais pris conscience que la gauche ne l'employait pas.
Je crois plutôt qu'on est face à ces termes cache-misères comme "personne du troisième âge" pour vieux ou "sans-domicile fixe" pour clochard.
D'accord avec Didier.
RépondreSupprimerPourquoi, à chaque fois (si, si, à chaque fois, dans chaque billet) que vous parlez de votre lycée, rajoutez-vous "dit difficile" ? Il l'est, ou il ne l'est pas ?
@ Suzanne : sur mon lycée, c'est sa réputation.
RépondreSupprimerMon opinion :
1) Il est difficile parce que les résultats scolaires sont globalement mauvais et que c'est particulièrement déprimant de voir tous ces gamins ne pas sortir de leurs difficultés, malgré nos efforts et très souvent les leurs.
2) Il ne l'est pas autant que la rumeur le dit sur le plan de la sécurité, ce qui ne veut pas dire qu'il ne s'y passe rien, loin de là. Personnellement, je m'y sens bien.
3) Les gamins, contrairement à la rumeur et même s'ils ont parfois beaucoup de difficultés, sont très gentils et ont envie d'apprendre, ce qui est d'autant plus frustrant pour nous quand on voit les résultats.
Donc, ce n'est pas aussi catastrophique qu'on le dit, mais ce n'est pas terrible quand même.
@ tous : pour ceux que ça intéresse (l'immigration, l'intégration, l'insécurité, etc..) je vous invite à écouter la remarquable Malika Sorel chez Eric Besson. Il y a deux vidéos, la première n'est qu'une extrait très partiel de la seconde, qui vaut vraiment vraiment le détour.
RépondreSupprimerà bientôt
@ LOmiG : merci, je vais regarder ton lien ce soir au calme...
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