Ce matin, le Parisien faisait la une sur le niveau de l'école primaire, les cercles de réflexion entourant le pouvoir ayant semble-t-il décidé de s'y attaquer. Or, dans un article consacré à la traditionnelle baisse de niveau, j'ai relevé cette petite phrase :
« On fait plus d’heures que nos collègues au collège et au lycée mais on est payés moins », s’étonne Isabelle, qui fait classe depuis dix ans.
C'est étonnant. En fait, depuis la réforme Jospin de 1989, les professeurs des écoles sont alignés sur les enseignants certifiés du secondaire. Je le sais d'autant plus que ma propre conjointe est une privilégiée du primaire, et que j'ai une vague idée de ses revenus.
Cette collègue s'appuie peut-être sur les salaires de l'agrégation, qui sont en effet nettement plus élevés. Alors qu'il y a un écart de 200 € en début de carrière, on arrive à presque 700 € en fin de carrière entre professeurs agrégés et les autres types de professeurs (certifié, des écoles, CPE...). Seuls les chefs d'établissement sont au-dessus de cette grille.
Là où un écart peut apparaître, c'est dans les heures supplémentaires, les professeurs du primaire ne pouvant en faire, sauf à surveiller des études et des cantines, ce qui est bien moins bien rétribué que des heures d'enseignement. Est-ce à cela que pensait la collègue ? Vue la taille de l'article, on ne le saura pas, mais le Parisien se permet de disserter sur une erreur manifeste sans vérifier.
Une autre idée étonnante ressurgit. L'Institut Montaigne, à l'origine de la charge contre le primaire, indique que les professeurs du primaire ne sont pas surveillés par une hiérarchie qui peut les juger sur leurs résultats et demande que les directeurs d'école deviennent de véritables managers, le journaliste insinuant que les principaux et proviseurs ont un pouvoir bien plus importants.
C'est vrai et faux à la fois. Mon proviseur a un pouvoir sur les classes que j'obtiens en début d'année, sur les projets que je peux mener, sur mon emploi du temps, sur une partie de ma notation. Cependant, il ne peut rien faire sur les aspects pédagogiques, tout simplement parce que le mien n'est pas professeur d'histoire-géographie, qu'il n'en a pas fait depuis la terminale, et qu'il serait bien incapable d'estimer la qualité de mon travail, autrement que par des on-dits forcément déformés, souvent venus des élèves, et ensuite parce qu'il n'a pas le temps de venir me suivre dans ma classe. Son seul pouvoir, s'il a un doute, est de convaincre mon inspecteur de se déplacer.
En fait, le Parisien semble ignorer que l'un des problèmes de l'enseignement est que le manager ne peut pas réellement estimer le travail fait, mais s'appuyer sur des aspects périphériques pour l'évaluer. Quant à l'inspecteur, il y aurait beaucoup à dire, mais ce sera pour un autre billet...
« On fait plus d’heures que nos collègues au collège et au lycée mais on est payés moins », s’étonne Isabelle, qui fait classe depuis dix ans.
C'est étonnant. En fait, depuis la réforme Jospin de 1989, les professeurs des écoles sont alignés sur les enseignants certifiés du secondaire. Je le sais d'autant plus que ma propre conjointe est une privilégiée du primaire, et que j'ai une vague idée de ses revenus.
Cette collègue s'appuie peut-être sur les salaires de l'agrégation, qui sont en effet nettement plus élevés. Alors qu'il y a un écart de 200 € en début de carrière, on arrive à presque 700 € en fin de carrière entre professeurs agrégés et les autres types de professeurs (certifié, des écoles, CPE...). Seuls les chefs d'établissement sont au-dessus de cette grille.
Là où un écart peut apparaître, c'est dans les heures supplémentaires, les professeurs du primaire ne pouvant en faire, sauf à surveiller des études et des cantines, ce qui est bien moins bien rétribué que des heures d'enseignement. Est-ce à cela que pensait la collègue ? Vue la taille de l'article, on ne le saura pas, mais le Parisien se permet de disserter sur une erreur manifeste sans vérifier.
Une autre idée étonnante ressurgit. L'Institut Montaigne, à l'origine de la charge contre le primaire, indique que les professeurs du primaire ne sont pas surveillés par une hiérarchie qui peut les juger sur leurs résultats et demande que les directeurs d'école deviennent de véritables managers, le journaliste insinuant que les principaux et proviseurs ont un pouvoir bien plus importants.
C'est vrai et faux à la fois. Mon proviseur a un pouvoir sur les classes que j'obtiens en début d'année, sur les projets que je peux mener, sur mon emploi du temps, sur une partie de ma notation. Cependant, il ne peut rien faire sur les aspects pédagogiques, tout simplement parce que le mien n'est pas professeur d'histoire-géographie, qu'il n'en a pas fait depuis la terminale, et qu'il serait bien incapable d'estimer la qualité de mon travail, autrement que par des on-dits forcément déformés, souvent venus des élèves, et ensuite parce qu'il n'a pas le temps de venir me suivre dans ma classe. Son seul pouvoir, s'il a un doute, est de convaincre mon inspecteur de se déplacer.
En fait, le Parisien semble ignorer que l'un des problèmes de l'enseignement est que le manager ne peut pas réellement estimer le travail fait, mais s'appuyer sur des aspects périphériques pour l'évaluer. Quant à l'inspecteur, il y aurait beaucoup à dire, mais ce sera pour un autre billet...
Il existe encore quelques rares instituteurs et PEGC qui ne sont pas passés au régime PE-certifié-PLP parce qu'ils ne satisfaisaient pas aux conditions : ancienneté, condition de diplôme. Normalement, les derniers devraient disparaître dans cinq ans s'ils ont voulu garder leurs droits à retraite.
RépondreSupprimerPour l'écart de fin de carrière entre certifié et agrégé, il est plus proche de mille euros (sans parler de hors-classe ou d'heures de première chaire et d'heures de colles). La différence peut aller du simple au double quand on additionne tout se qui peut se distribuer en lycée et en classes sup sous la forme d'indemnités diverses lorsque l'on a en charge des BTS et des classes à examen. L'heure supérieure est par exemple payée 125 % de l'heure du secondaire long ou court. Mais on peut gratter aussi sur les colles, les participations à des jurys. C'est un système très complexe et obscur. Un enseignant peut avoir un salaire de cadre supérieur et parfois plus important que celui de son chef d'établissement ou de son inspecteur s'il a trouvé la bonne planque : de préférence une affectation en prépa ou en BTS seulement. Cela ne se dit pas trop, mais enfin... il ne faut pas réduire la condition de tous les enseignants à un seul modèle.
@ Dominique : je parlais ici de la grille de salaire de base. Je ne suis pas du tout rentré dans les multiples moyens de récolter des fonds par ailleurs.
RépondreSupprimerUne différence notable entre primaire et secondaire est la prime ISO (fixe et ou variable). Elle est soit disant justifiée par le fait que le professeur principal d'une classe (dans le secondaire) est responsable de l'orientation de ses élèves. Elle n'existe pas dans le primaire puisque les professeurs des écoles ne sont en aucune manière responsables de l'orientation des élèves, ne font pas (en dehors des heures de classe) de réunion, dites équipes pédagogiques pour analyser les difficultés de certains élèves...
RépondreSupprimerUn PE fait 26 heures (24h de classe + 2h de soutien personnalisé) par semaine plus les conseils de cycle, conseils des maîtres, conseils d'école, plus les parents à recevoir, plus les animations pédagogiques, plus les récréations à surveiller....
En conclusion la phrase de l'article ne me paraît pas si fausse que ça !
@ Anonyme : attention, mon article parlait bien de la grille de base du salaire.
RépondreSupprimerSur l'ISO, tous les profs du secondaire en ont une petite part, mais les PP en ont une bien plus importante, liée au travail fait. Je crois que cela tourne entre 700 et 1800 € sur un an en fonction des niveaux. Cependant, cela rétribue un travail fait.
Ce qui est gênant, c'est plutôt que toutes ces réunions ne soient pas payées chez vous.