Cher lecteur, l'actualité de ces derniers jours a été marqué par l'annonce de l'énorme plan d'aide européen aux États-membres de l'Eurozone et qui auraient de graves problèmes de financement. Les marchés ont accueilli cette nouvelle avec joie : ils viennent de sauver leurs capitaux et de marquer une nouvelle fois leur triomphe contre la démocratie et le droit des peuples. En Grèce, l'austérité s'annonce, et nous allons devoir affronter, dans les prochaines années, la phraséologie de la rigueur, qui aura sans doute bien plus de succès que celle de la bienpensance.
Un autre exemple aurait dû nous alerter. La Roumanie vient d'annoncer un plan d'austérité drastique suite à l'aide bien aimable du FMI.
En parallèle, on ne peut que souligner le rôle problématique de l'Allemagne dans l'évolution de cette crise.
Peut-être est-ce en lien avec la puissance allemande et son implication, mais Malakine a publié un billet aujourd'hui qualifiant le plan d'aide européen de Munich financier, et demandant aux États de rompre avec l'emprunt sur les marchés financiers. Il s'agirait de laïciser le rôle de l'État dans la finance. Le billet est très séduisant et l'analyse fouillée. Cependant, une question pendante reste dans l'esprit du lecteur : si les États cessent d'intervenir sur les marchés par l'emprunt, ceux-ci (qui perdront de belles vaches à lait) ne risquent-ils pas d'exiger que les États cessent d'intervenir dans l'économie ? Dans ce cas, d'un bien risquerait bien d'émerger d'autres difficultés...
Ci-dessous quelques billets récoltés sur la question de la dette grecque :
Un autre exemple aurait dû nous alerter. La Roumanie vient d'annoncer un plan d'austérité drastique suite à l'aide bien aimable du FMI.
En parallèle, on ne peut que souligner le rôle problématique de l'Allemagne dans l'évolution de cette crise.
Peut-être est-ce en lien avec la puissance allemande et son implication, mais Malakine a publié un billet aujourd'hui qualifiant le plan d'aide européen de Munich financier, et demandant aux États de rompre avec l'emprunt sur les marchés financiers. Il s'agirait de laïciser le rôle de l'État dans la finance. Le billet est très séduisant et l'analyse fouillée. Cependant, une question pendante reste dans l'esprit du lecteur : si les États cessent d'intervenir sur les marchés par l'emprunt, ceux-ci (qui perdront de belles vaches à lait) ne risquent-ils pas d'exiger que les États cessent d'intervenir dans l'économie ? Dans ce cas, d'un bien risquerait bien d'émerger d'autres difficultés...
Ci-dessous quelques billets récoltés sur la question de la dette grecque :
Ton ami Malakine propose donc que les Etats ne se financent plus sur les marchés financiers et ni auprès des banques je suppose. Et donc où se financent-ils? Trois solutions:
RépondreSupprimer1) ils ne se financent pas c-a-d qu'ils ne font plus de déficit. Il me semble que c'est justement ce que l'on veut éviter.
2) Des emprunts populaires: encore faudrait-il que l'epargne intérieur d'un pays soit suffisante (sans dire que ces épargnants doivent être d'accord)... et ce n'est pas le cas dans beaucoup de pays européen, précisément ceux qui ont le plus de problèmes.
3) La BCE c-a-d faire marcher la planche à billet. Cela peut fonctionner sur une partie de la dette durant une période exceptionnelle telle qu'une dépression. C'est d'ailleurs ce que fait la FED aux Etats-Unis aujourd'hui car il n'y a pas de pression inflationniste puisque les capacités de production sont largement sous-utilisées. Mais à moyen terme c'est intenable: toi l'historien, il n'est pas nécessaire de te rappeler l'hyperinflation allemande provoquer précisément par ce mécanisme et qui a eu des conséquences catastrophiques pour le peuple allemand.
Il y a aussi un argument entendu partout qui a la dent dur mais qui est totalement faux: la BCE prête aux banques à 1% et celles-ci à 5% donc c'est du vol. C'est n'importe quoi. Si une banque prête avec l'argent de son bilan, le taux de 1% de la BCE ne concerne qu'une petite partie de son bilan. Le reste est composé des fonds propres, des emprunts à long terme, etc qui ont un coût bien supérieur. Comparer le taux à très court terme de 1% à celui à long terme de 5% est un mensonge intellectuel. C'est comme comparer le prix d'un jeans au coût du seul bouton du jeans.
Quoiqu'il en soit, qu'il y ait des choses à changer dans le système c'est sûr. Que la finance doive être plus contrôler, évidemment. Que les banques sauvées avec l'argent du contribuable auraient dû être (temporairement) nationalisées (comme en Grande-Bretagne), je vote pour. Mais on assiste ces derniers temps à une vague de réactions populistes et émotionnelles contre un bouc-émissaire - "le marché et les banques" - désigné coupable de tous les maux de nos économies même s'il n'a rien à voir avec. Une réaction qui n'est pas sans rappeler celle des xénophobes qui voient en chaque étranger un criminel. A méditer.
Bon un com plus long que le billet, c'est pas terrible... Dsl
RépondreSupprimer@ Julien : merci pour ce long commentaire.
RépondreSupprimerMalakine propose que les États empruntent à la Banque Centrale et plus aux banques privées. Je ne m'y connais pas suffisamment pour savoir si cette solution est viable. Cependant, si c'est un emprunt, l'argent y retourne je suppose, et il n'y a donc pas de création définitive de monnaie.
Je n'ai pas parlé de cette question des taux, mais je te remercie de préciser ce point.
Sur l'inflation, il faut savoir raison garder. Certes, l'inflation peut poser de gros problèmes (comme en Allemagne au début des années 20) mais Keynes voyait dans une inflation modérée un facteur de croissance, comme cela a pu se vérifier durant les Trente Glorieuses.
Je pense cependant que nos économies ne ressemblent plus ni au monde des années 20, ni à celui des années 1960. L'intérêt de l'histoire, c'est qu'elle ne se répète pas. Qui peut réellement prévoir les effets qu'aurait l'inflation sur le monde d'aujourd'hui ? De nombreux auteurs font des prévisions en ce moment qui sont finalement assez contradictoires.
Par contre, je crois que le traité de Maastricht interdit à la BCE de faire fonctionner la planche à billets.