samedi 31 décembre 2011

2012 : année électorale passionnante, comme toutes les autres années électorales...

En cette période particulière de l'année, c'est en général le moment de faire des bilans (merci au Faucon pour son petit message d'amitiés : je vais bien et je me porte pour le mieux, et j'espère qu'il en est de même pour lui) et de tenter de tracer des perspectives.

Cette année, cela tombe bien, est une année électorale. On a donc enfin la possibilité de s'exprimer en dehors d'un blog, d'un mouvement social ou d'une élection locale, pour choisir nos dirigeants. Tant mieux.

Depuis quelques semaines, on voit poindre un peu partout l'idée que les élections présidentielles de 2012 (et peut-être les législatives qui suivent, mais tout le monde a l'air de s'en moquer totalement) seront les plus ouvertes que nous ayons jamais connues.

Ce genre d'assertion est toujours totalement étonnant lorsqu'on regarde notre passé récent. En réfléchissant aux grandes échéances dont j'ai la mémoire, je n'ai pu identifier que trois scrutins  nationaux dont les résultats aient été conformes aux résultats prévus par nos dirigeants et par leurs sondages : les présidentielles de 1988, le référendum de 2000 sur le passage du septennat au quinquennat (grosse erreur politique d'ailleurs, mais passons...) et les législatives de 2002. J'exclus les sénatoriales de mon raisonnement, parce qu'on ne peut pas dire qu'elles soient d'ampleur nationale. En clair, aucune autre élection n'a donné le résultat attendu.

Essayons donc de nous obliger à cet exercice de style :

  • 1992 : référendum sur Maastricht. Alors que le oui devait triomphalement gagner, il l'emporte d'un poil, donnant des sueurs froides à tous les gouvernements européens, et alors que toute la classe politique soutient le oui.
  • 1993 : légistatives. Les sondages s'attendent à une victoire de la droite, mais en fait, le PS est totalement écrasé et subsiste avec moins de 100 élus. Une débâcle historique absolument pas prévue.
  • 1995 : Balladur devait triomphalement être élu. Sic...
  • 1997 : Chirac dissout l'Assemblée en espérant chiper la victoire à la gauche alors que les sondages le donne encore gagnant. Il rate son pari et s'engage dans une cohabitation de 5 ans...
  • 2002 : Jospin devait triomphalement être élu. Sic... En plus, Le Pen est nettement au-dessus de son score dans les sondages.
  • 2005 : le référendum sur le TCE, traité là encore soutenu par la très grande majorité de la classe politique démocratique, devait être ratifié, avec 60% de oui. Il a été largement rejeté, donnant des sueurs froides à toute l'Europe...
  • 2007 : Royal devait triomphalement être élue. Sic...
  • 2007 : les législatives devaient être un triomphe pour la droite, mais elle ne l'emporte pas aussi facilement, avec une majorité assez courte.
Que peut-on tirer de cet inventaire ? Quelques leçons finalement assez simples mais, je trouve, très revigorante.

Tout d'abord, aucun résultat n'est joué d'avance, et notre vote conserve donc une importance réelle. Ouf !

Ensuite, si les sondages parviennent parfois à dégager des tendances, ils se trompent souvent sur le résultat final.

Enfin, dans le contexte actuel, il est quasiment certain que de nombreux électeurs ne vont pas cesser de changer d'avis.

L'année s'annonce donc passionnante.

Youpi !

jeudi 29 décembre 2011

Évaluation des profs : encore des approximations...

La question de l'évaluation des enseignants n'a bizarrement pas beaucoup occupé la presse, ni la blogosphère d'ailleurs (en fouillant mon reader, je n'ai trouvé que deux articles sur le sujet en deux mois...). Pourtant, en pleine campagne électorale, le vote des 800 000 enseignants devrait quelque peu préoccuper, particulièrement à gauche, mais pour le moment, on ne peut pas dire que ce sujet passionne. On a eu le droit aux habituels déclarations des membres du gouvernement informant le peuple que les "profs allaient enfin être évalués", relayées par les chiens de garde du Figaro. Sur celui-ci, j'ai même vu un sondage, lors de la journée de grève du 15 décembre, qui demandait aux lecteurs s'ils trouvaient positifs que les profs soient évalués. Evidemment, la très grande majorité répondait oui, et moi aussi, impliquant ainsi que maintenant, on était dans la plus totale des libertés.

Il existe pourtant tout un courant pédagogique demandant que les profs ne soient pas évalués, et s'appuyant là-dessus sur l'exemple finlandais, où les enseignants ne sont pas suivis par un corps d'inspection. C'est d'ailleurs le cas dans de nombreux pays.

Bon, pour essayer un peu de clarifier le débat, cher lecteur, et ayant de très bonnes notes, je vais essayer de t'expliquer comment cela marche aujourd'hui.

Un prof est noté tous les ans, eh oui, avec une notation divisée en deux parties d'inégale importance. D'un côté, le chef d'établissement donne une note sur 40, et de l'autre, l'inspecteur de discipline distribue une note sur 60. Cela donne donc une note sur 100. Chaque année, lorsqu'on a suffisamment d'ancienneté dans un échelon, une commission paritaire analyse les notes de chacun des collègues de l'échelon et les répartit en trois catégories : les collègues passant au grand choix (les mieux notés) qui montent plus vite, les collègues au choix (qui sont au milieu) et les collègues à l'ancienneté (qui montent le moins vite).

Ces évolutions dans la hiérarchie sont assez lentes. Si tu es dans une entreprise privée, que tu es haut-cadre et que tu es très bien vu par ton boss, ton salaire augmente très vite. Pour moi, je ferai la grille en vingt ans en restant au grand choix toute ma carrière, alors qu'un prof à l'ancienneté la fera en 30 ans. Au final, la différence est tout de même très importante : pour un certifié, c'est presque 100 000 euros d'écart de revenu en dix ans... Et pour moi, qui suis agrégé, c'est encore plus important.

Il existe donc bien une notation au mérite ! Cependant, elle favorise certains types de collègues, du fait de la structure même de la notation.

Il faut en effet comprendre comment la note se construit. D'un côté, le chef d'établissement note des aspects très parcellaires de l'activité, globalement le respect des obligations de service (cahier de texte, arrivée à l'heure, respect des bulletins et des conseils de classe, participation aux réunions...), ce qui n'est tout de même pas rien. Un collègue qui arrive tous les jours en retard de 10 mn ennuie tout le monde : les élèves qui attendent, les collègues qui doivent supporter une classe à l'abandon qui met le souk dans le couloir, les surveillants qui doivent venir la récupérer ensuite, le chef qui n'a plus de surveillant. Cependant, dans la plupart des cas, les chefs sont tellement surchargés de boulot (ce que l'on ne dit pas beaucoup d'ailleurs) qu'ils ne pratiquent pas une évaluation fouillée, sauf dans les cas les plus problématiques. De même, ils ne peuvent favoriser réellement les collègues les plus méritants (ceux qui respectent les obligations de service strictement) et encore moins les favoris, car les notes sont contingentées. On ne peut aller au-delà du maximum de l'échelon. Donc, dans le système actuel, on peut être ralenti si on fait n'importe quoi, un peu accéléré si on est très bon ou bon copain avec le chef, mais cela ne va pas plus loin.

L'inspection a plus de poids, mais là encore, tout dépend de nombreux facteurs. On le dit peu, mais un collègue lambda est très peu inspecté. En moyenne, cela dépend des endroits, du type d'établissement, du nombre d'inspecteurs disponibles sur l'académie... Personnellement, je suis dans ma dixième année, et j'ai vu l'inspecteur trois fois, ce qui est déjà pas mal. En effet, on peut demander son inspection, ce que je fais personnellement chaque année. En moyenne, l'inspecteur vient dans ce cas une fois tous les quatre ans, car il a tellement de monde à voir qu'il ne peut pas se déplacer tous les ans. Il commence par papoter avec le principal/proviseur pour se faire une idée, puis assiste à une heure de cours, puis a un entretien avec le prof où il fait le point. Le rapport écrit arrive dans les deux à trois mois, puis la note dans l'année suivante. On sait alors si on va monter ou pas.

Là encore, les notes sont contingentées et ne peuvent dépasser un certain niveau pour éviter qu'un petit jeune soit très rapidement au-dessus des plus âgés. L'ancienneté garde, dans le système actuel, un rôle fondamental.

En clair, pour résumer un peu la situation :

  • Il existe une notation au mérite qui a un impact réel sur les revenus des profs,
  • elle est dépendante de deux évaluateurs qui ont peu de moyens et de capacités pour évaluer réellement les profs,
  • ce qui fait que pour beaucoup, elle devient inique car incomprise et trop peu fréquente,
  • et l'ancienneté garde un rôle très important, pour des raisons finalement logiques : il est cohérent de penser que quelqu'un d'expérimenté est meilleur qu'un jeune, même si les exceptions existent.
La réforme actuelle propose de confier le tout au seul chef, déjà incapable par manque de temps de noter aujourd'hui. En clair, cela ne réglera pas la problème de fond et n'aura qu'une conséquence : ne plus évaluer les cours eux-mêmes, mais tout le reste, soit finalement l'accessoire.

Que faudrait-il faire ? Personnellement, je pense qu'il faut maintenir le système actuel, mais en rendant l'inspection beaucoup plus fréquente et en reconstruisant une véritable formation professionnelle qui pourrait servir de recours aux inspecteurs pour aider les collègues en difficulté. Le licenciement ou la reconversion pourrait être l'arme ultime. Ils sont aujourd'hui inemployable, car comment justifier, en voyant un collègue une fois une heure tous les sept ans, qu'il ne mérite pas le concours très difficile qu'il a pourtant décroché dans le passé ?

On pourrait ensuite, pour favoriser les plus méritants, augmenter l'accès à la hors-classe, aujourd'hui très limitée par un accès uniquement au mérite en l’occurrence. Du moment que les critères sont clairement définis et que le copinage n'y intervient pas...

PS : très bizarrement, de nombreux collègues restent terrifiés par l'inspection, qui ne peut pourtant que vous faire passer à l'ancienneté dans le cadre actuel...

PS2 : ah, mais oui ! C'est tout simplement parce qu'il existe d'autres moyens de promotion dans l'Education nationale, dont on parle là encore très peu, et pour lesquels l'évaluation est vitale. Mais bon, j'y reviendrai une autre fois.

lundi 31 octobre 2011

La Grèce fait le choix de la démocratie : enfin, on arrive au dénouement...

On vient de l'apprendre : les Grecs devront dire s'ils acceptent l'accord européen de la semaine dernière par référendum.

Depuis les dernières élections, la population a subi des plans à répétition qui ont concerné les classes moyennes, les retraités, les fonctionnaires, les pauvres, mais très peu les riches, l'armée, l'Eglise... Certes, les Grecs portent une lourde responsabilité dans leur situation.

Voilà qu'on leur donne la possibilité d'assumer les responsabilités de ce qu'ils vivent, ou pas !

Certains ont peur. Moi, non. Le peuple grec va s'exprimer, librement, et va pouvoir choisir la faillite ou le plan européen. L'enjeu est important, nous sommes bien sûr concernés, mais il est tout de même fondamental qu'une population puisse librement s'exprimer sur ce qui lui arrive, qu'elle est le droit de se prononcer sur la tutelle étrangère, qu'elle puisse dire aussi si elle s'estime responsable du désordre qu'elle supporte.

Si nous pouvions trancher par le vote, accepterions-nous les idées de notre président et de son gouvernement ? Aurions-nous majoritairement la même vision que nos dirigeants sur les causes et les solutions à apporter ? Au moins aurions-nous la possibilité d'en débattre bien plus franchement que nous ne le faisons aujourd'hui...

Dans tous les cas, on approche du dénouement...

mercredi 10 août 2011

La crise risque de faire ressortir la stratégie des bouc-émissaires.

Suite à un début de discussion sous un billet publié par H16, je voudrais signaler un danger qui risque de traverser le débat politique dans les prochaines semaines, voire dans l'année électorale à venir.

Nous entrons, cher lecteur, dans une nouvelle phase de la crise financière débutée en 2008. A l'époque, les banques ont connu des difficultés et les Etats leurs sont venus en aide. Aujourd'hui, on atteint le stade suivant, qui est une crise générale de la dette publique, à laquelle s'ajoute, même si ce n'est que très peu évoqué, une crise de la dette privée qui se poursuit depuis 2008.

Très rapidement, tous les courants politiques vont mettre en avant leurs habituels bouc-émissaires pour faire passer leurs programmes. De notre côté, à gauche, nous allons nous mettre à taper sur les riches et sur les entreprises, ce qui est notre habitude, il faut quand même l'admettre. Les autres courants vont pousser leurs idées. Les libéraux vont demander la rigueur et un retrait de l'Etat. La droite étatiste va frapper sur les fonctionnaires, les assistés, les immigrés et les pays étrangers (on a fait le coup des PIGS, on attaque la Chine en ce moment) et proposer des réformes bling-bling. L'extrême-droite va se mettre à accuser les juifs, sans doute, et/ou tous les types de non-Occidentaux qui pillent nos budgets, couverts par les socialo-communistes. Ces arguments sont faciles, mais ils ne régleront rien. Ils nous mettront en route vers l'un des moyens classiques de résoudre les crises de la dette publique et/ou privée : la guerre, tout simplement.

Pour affronter cette crise de la dette, il faut que tous les courants politiques soient capables de mener des analyses sérieuses et argumentées. Il faudrait ne pas se contenter de quelques phrases, de quelques dogmes. La situation nous oblige à passer au-dessus de cela, d'être capable de proposer des solutions. Devant l'urgence, on attend des propositions concrètes. Tout le monde doit être capable de proposer des solutions en toute conscience et en toute responsabilité, compréhensibles par les électeurs et qui ne se contentent pas de désigner des adversaires.

Il n'y a qu'une question fondamentale, pour moi : qui va payer cette dette et comment va-t-on faire pour réinventer un système qui ne fonctionnera pas à crédit ? Là, je suis dans une vision politique, mais il me semble évident que c'est cet usage délirant, sans contrôle et sans appui sur le réel du crédit qui est à la base de tout cela. Il faut en sortir. J'ai mes idées sur la question, mais je trouve toujours intéressant de lire celles des autres, du moment qu'on est capable de sortir de la caricature et de la bouc-émissarisation (tiens, je viens d'inventer un mot) du discours politique.

Personnellement, je trouve que c'est un beau moment. On est sorti des dogmes et des recettes toutes faites. Le moment historique est là où tout le monde peut proposer ses idées librement, sans pression idéologique. Voilà un beau moment qui peut produire une belle rénovation de la démocratie. Les électeurs devraient avoir la possibilité, en 2012, de choisir comment il faudra payer cette dette et quelles sont les recettes, proposées par les courants politiques de tout poil, qui seront appliquées.

On peut aussi se décider à s'enfoncer dans le non-débat. On peut aller ainsi vers la guerre. C'est comme cela qu'en 1914 et en 1939, nous avons résolu cette problématique, en détruisant du capital et en repartant de plus bas. J'espère que je me trompe, mais l'histoire a une lourde tendance à me donner raison.

lundi 8 août 2011

Pendant que le système économique s'effondre, on se mord la queue.

J'ai beau être sexy et intelligent, voire même parfois capable de certaines fulgurances, il y a vraiment quelque chose que je ne comprends pas, dans cette crise.

Comment est-il possible, alors que le PIB des pays occidentaux, globalement, a quasiment doublé depuis les années 1970 (époque où les Etats-providences existaient déjà et où le poids des impôts et de toutes les cotisations sociales de tout poil était lourd), nous soyons tous en train de nous effondrer sous le poids de nos dettes publiques et/ou privées aujourd'hui ?

Je ne sais pas s'il y a un déclin de l'Occident, mais si ce déclin existe, sans doute est-il bien plus idéologique et intellectuel qu'économique...

vendredi 29 juillet 2011

Le Coucou chantera au printemps.

Le Coucou est mort.

Que vive son blog, pour nous et pour tous.

Toutes mes condoléances à ses proches et à tous ceux qui l'aimaient, comme homme et/ou comme blogueur.

mardi 26 juillet 2011

Concours d'affichage au Raincy : Eric Raoult en tête.

Si la vie de la commune est on ne peut plus calme, en cette fraîche période estivale, on profite au moins de la trépidante vie politique raincéenne. Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, l'édile local n'est autre qu'Eric Raoult, député, ancien ministre et président de la fédération départementale de l'UMP. Nous avons donc ici un maire connu à l'échelle nationale, régulièrement utilisé par le pouvoir pour lever des polémiques et récemment proche de la droite populaire (même si ce courant semble être en perte de vitesse).

Je t'avais fait part, en février dernier, des enjeux de la campagne des cantonales en Seine-Saint-Denis, et j'avais souligné l'importance symbolique du canton de Clichy-sous-Bois-le-Raincy, attelage de deux communes aux antipodes l'une de l'autre. Il s'avère que, dans ma torpeur bloguesque, je ne t'ai même pas informé du nom du vainqueur. A la surprise générale, c'est Claude Dilain, le célèbre maire de Clichy-sous-Bois, socialiste de surcroît, qui l'a emporté sur le favori du maire du Raincy, Ludovic Toro.

Tu vas te demander pourquoi je remonte aussi loin dans le temps à ces élections cantonales qui n'ont pas franchement passionné les Français. Tout simplement parce qu'ici, elles ne sont toujours pas terminées.

Plusieurs recours ont été déposés au tribunal administratif concernant cette élection. L'UMP accuse le PS d'avoir bourré les urnes à Clichy. De son côté, l'opposition socialiste a déploré de nombreux incidents depuis les élections. La mairie du Raincy refuse de reconnaître Claude Dilain comme le véritable conseiller général du Raincy, ne lui ouvre pas de local sur la commune pour pouvoir assurer une permanence et enfin, n'avait toujours pas actualisé l'affichage municipal.

Ces affiches sont vite devenues le symbole de cette guerre larvée entre l'UMP et le PS. Depuis mars, elles continuaient à proclamer Ludovic Toro comme conseiller général. Depuis, la commune est suspendue aux décisions diverses et variées du tribunal administratif.

Or, à mon retour de Grèce, j'ai pu constater une très légère évolution sur les panneaux d'affichage de notre belle commune, montrant un léger pas en avant de la mairie. Je te la montre ci-dessous :


Il s'agit exactement de la même affiche, cher lecteur. Un fonctionnaire a donc apposé sur celle-ci une feuille de papier portant cette nouvelle mention, exécutant partiellement les demandes de l'opposition. Si tu cliques sur l'image pour l'agrandir, tu verras que la mention du canton y figure toujours. Cela n'est donc pas parfait, mais il y a une avancée.

Il semble donc bien qu'un dégel s'amorce et que la mairie fait doucement le chemin visant à reconnaître la victoire de Claude Dilain. Cependant, point encore d'affiche dudit conseiller général. Peut-être qu'à la rentrée, cette nouvelle surprise sera visible...

lundi 25 juillet 2011

Norvège : le terroriste était apparemment un individu isolé...

De nombreux billets ont déjà fleuri dans la blogosphère concernant les attentats en Norvège. Il faut tout de même essayer de se poser un peu et tenter de regarder froidement cet évènement.

Au départ, juste après la fusillade, j'ai pu lire sur le site du Monde que l'attentat avait été revendiqué par une organisation islamiste. Je n'ai pas pu retrouver cette information plus tard, mais sur le moment, elle ne m'a pas semblé du tout illogique. En effet, les islamistes, parmi les nombreux extrémistes de droite qui fleurissent dans nos démocraties européennes, sont quasiment les seuls à avoir utilisé le terrorisme de masse, à l'exception de certains mouvements régionalistes, ces vingt dernières années. Cependant, je voyais mal l'ETA ou l'une des multiples branches du FLNC faire un attentat à Oslo... Lorsque les médias se sont rendus compte qu'on était face à un Norvégien blond aux yeux bleus et absolument pas musulman, ils se sont mis à s'étonner. Certes, l'expression "de souche" était tout à fait malheureuse et condamnable, mais elle marquait l'habitude diffuse dans la population, répercuté par les journalistes, de voir le terroriste comme étant un type à la peau foncé, barbu et habillé en djellabah et la surprise devant un virage potentiel de l'extrême-droite européenne. Peut-être découvrait-on qu'il existait en Europe une tendance qui venait de réactiver l'emploi du terrorisme comme moyen d'action politique...

Le terrorisme, depuis le milieu du XIXe siècle, a régulièrement été employé par des mouvements pour atteindre des objectifs d'éveil de la conscience des masses. L'islamisme est le dernier avatar de cette tendance, mais il ne faut pas oublier que l'extrême-gauche comme l'extrême-droite européenne ont régulièrement utilisé ce moyen d'action, particulièrement en Italie et en Allemagne il est vrai. La France a été concernée, avec l'OAS dans les années 1960, et, plus proches de nous, les assassinats d'Action Directe.

Lorsque la nouvelle de l'identité du terroriste est tombée, je me suis tout de suite demandé si nous n'étions pas à l'aube d'un virage des groupuscules d'extrême-droite, se décidant à repasser à l'action violente pour réveiller les masses blanches du continent submergées par l'invasion des musulmans ayant le coran et couteau entre les dents. Il allait encore falloir supporter des attentats, supporter les contrôles, les soldats dans le métro, les colis suspects... Avec le recul, je trouve que le questionnement était totalement pertinent, du fait des idées en question et de leur aspect violent.

Je suppose qu'immédiatement, les services de renseignement de tous les pays européens ont été faire un tour dans les groupuscules nazillons et fascisants contenant toujours un lot de dingues plus ou moins importants.


Heureusement, il semble bien que nous soyons face à l'action d'un déséquilibré qui a trouvé dans les idées islamophobes un prétexte pour se livrer à son propre goût du meurtre. Nous sommes toujours à la merci de ce genre de dingue, comme nous sommes à la merci d'un accident d'avion ou de voiture ou de n'importe quel autre évènement hasardeux. La vie reste risquée...

Nous n'allons donc pas devoir à nouveau supporter des restrictions à nos libertés individuelles à cause d'un virage de l'extrême-droite. Ouf... J'espère juste que nos dirigeants, à l'approche d'une campagne électorale, ne vont pas trouver intelligent de jouer à nouveau sur la peur du terrorisme pour nous faire voter pour eux.

PS : en écrivant ce billet, je découvre que le terroriste a affirmé aujourd'hui devant la cour qu'il était membre d'un groupe. Il y aurait donc des complicités. Espérons là encore qu'il ne s'agisse que d'un groupe de psychopathes norvégiens, et rien de plus...

vendredi 22 juillet 2011

Je suis allé me faire voir chez les Grecs : quelques impressions.

Ça y est, cher lecteur ! Une nouvelle fois, sous nos yeux ébahis, les dirigeants européens se sont réunis pour sauver la Grèce du gouffre financier dans lequel elle est plongée. Après avoir fermé les yeux pendant dix ans sur les trucages que les différents gouvernements grecs pratiquaient dans leurs comptabilités, les moralistes européens continuent de mettre en place des plans de sauvetage. Hier, c'est la vision de l'Allemagne qui l'a emporté.


Dans ce maelström financier, on pourrait penser que les Grecs seraient tentés par des idées révolutionnaires. Plusieurs choses pouvaient laisser le penser. On ne s'en rappelle que peu, mais en 2008, ce pays a été secoué par des violentes émeutes sur la question salariale. Aujourd'hui, les salaires et les pensions de retraite sont en train de baisser ! D'autre part, la population grecque pourrait largement se sentir en colère devant les manipulations de leurs hommes politiques. Faut-il rappeler que les fameux plans de sauvetage, s'ils exigent des réductions drastiques des budgets sociaux et des privatisations massives, ne demandent pas du tout au gouvernement grec de taxer les plus riches (tiens, leurs impôts viennent de baisser) alors que les inégalités sont parmi les plus fortes d'Europe, de baisser les exorbitantes dépenses militaires (dont la France et l'Allemagne profitent largement) ou de taxer l'Eglise, l'un des principaux propriétaires du pays et qui bénéficie de l'exemption fiscale ?

Il s'avère qu'avec la Privilégiée, nous avons passé quelques jours en Grèce et nous venons de rentrer, ce mercredi. J'étais impatient de découvrir cette ambiance pré-révolutionnaire joyeuse et positive qu'en tant que bon gauchiste, j'aimerais trouver partout. En effet, les médias français avaient un peu joué sur ce risque ces derniers temps. On avait abondamment vu des images des quelques affrontements qui s'étaient déroulés en juin dans le centre d'Athènes. De plus, la ville était touchée par une extension du mouvement des Indignados, apparu en Espagne, et qui avait fait des petits en Grèce, sur la place Syndagma, place centrale d'Athènes où se situe en particulier le Parlement. Si tu es venu à Athènes, cher lecteur, c'est là où les touristes viennent voir les gardes en robes et à pompon faire leur relève.



Nous nous sommes donc lancés dans Athènes, dans notre arrivée sur place. En plus, le hasard faisait bien les choses : nous avions trouvé un hôtel dans le quartier d'Exarchia, quartier étudiant et très à gauche, où nous espérions bien pouvoir observer la révolution en marche.


D'ailleurs, mes compatriotes étaient assez compatissants envers nous : "mais vous êtes sûrs que c'est une bonne idée ? Et si jamais le pays faisait défaut, dans quel désordre vous allez vous retrouver ! Vous devriez peut-être prendre des Travelers et éviter d'utiliser vos cartes de crédit. Et surtout, pas de liquide ! Faites bien attention à vous à Athènes, hein ?"

Je dois te dire que nous n'avons pas du tout trouvé ce que je cherchais. Certes, la présence policière à Athènes est réelle et même un peu pesante, mais nous ne nous sommes jamais, à un quelconque moment, senti menacé par qui que ce soit, de jour comme de nuit. Certes, un vague campement subsiste sur la place Syndagma, mais il doit rester au maximum 300 personnes présentes. D'ailleurs, lorsque nous étions présents, le maire d'Athènes a convoqué les représentants des Indignés pour leur demander de lever le camp, histoire de préserver la saison touristique : bonne preuve de la faiblesse de ce mouvement. Ailleurs, dans le pays, que ce soit dans la région d'Athènes ou sur les îles, nous n'avons vu aucun signe d'une éventuelle révolution en marche.


Dans les discussions que nous avons pu avoir avec quelques Grecs, l'idée révolutionnaire était pourtant présente, mais de manière très lointaine, et c'était le désespoir qui dominait. Très souvent, revenait l'idée que les Grecs eux-mêmes avaient des responsabilités et qu'ils allaient devoir changer. Cependant, les plans d'austérité et l'intervention de l'UE et du FMI sont vus comme des diktats et l'idée dominante est que les vrais responsables (la classe politique et la bourgeoisie grecque) ne sont pas du tout remis en cause. D'ailleurs, nos interlocuteurs se demandaient bien pour qui ils pouvaient bien voter, vu la compromission générale de leurs politiciens, que ce soit la droite qui avait participé au trucage des comptes ou le PASOK qui mettait en musique les plans d'austérité.

Ce désespoir se manifestait aussi dans l'abord de la saison touristique. Les Grecs en espéraient apparemment beaucoup, histoire de soutenir l'économie et de mettre un peu d'huile d'olive sur la fêta. Certains médias ont malheureusement fait leur office. D'après une hôtelière, si les Français, les Anglais et les Scandinaves restaient massivement présents, en ce début du mois de juillet, les Allemands, très importants d'habitude et gros consommateurs, étaient totalement absents, de même que les Américains. La saison touristique s'annonce donc moins bonne que d'habitude.

En clair, les Grecs que nous avons rencontré se partageaient entre résignation et désespoir. Pas d'espérance en un monde meilleur pour le moment, semble-t-il.

Certes, je n'y ai pas trouvé le vent révolutionnaire que j'attendais, mais plutôt une sourde inquiétude. Il faudrait quand même que nos dirigeants comprennent qu'en assommant les populations et en brisant les possibilités d'espérance, on ne rend pas service à la démocratie. Les conséquences pourraient être graves sur le plan politique, dans un futur assez proche. Quand un peuple n'a pas d'issue, que fait-il, cher lecteur ?

jeudi 21 juillet 2011

Désaffection des concours d'enseignement : quelques éléments complémentaires.

Laurent, dans un billet récent, s'est lancé dans une tentative d'analyse de la faible participation des étudiants aux concours d'enseignement de cette année. Il conclut sur une désaffection réelle à l'égard du métier et propose quelques pistes pour tenter de corriger le problème. Il loupe pourtant, à mon sens, les causes très récentes mais réelles de cet effondrement.

En effet, les chiffres sont spectaculaires. Malgré les suppressions de postes, l'Education nationale a été obligée d'embaucher moins que nécessaire pour maintenir le niveau des nouveaux enseignants. Il manque donc un tiers des profs nécessaires pour l'année prochaine. Laurent pointe certains facteurs, mais pas tous.

Certes, je l'ai dit de nombreuses fois sur ce blog, le métier est difficile et à eu tendance à se durcir. Cependant, ce n'est pas directement à cause des élèves. Etant prof depuis dix ans maintenant dans des établissements dit difficiles, il est clair que le comportement des élèves reste équivalent. Par contre, les conditions d'exercice du métier se sont dégradées indéniablement, du fait de la politique de réduction des dépenses. Il ne faut pas oublier, cher lecteur, que la dépense publique d'éducation a baissé régulièrement depuis les années 1990 et que, si l'Etat s'endette aujourd'hui, ce n'est pas en augmentant l'investissement dans l'éducation ! L'impact des suppressions se marque par la hausse du nombre d'heures supplémentaires exigé (de plus en plus par la pression de la hiérarchie), l'augmentation du nombre d'élèves par classe et la multiplication de missions souvent sans intérêt, allant largement au-delà de la mission de base de l'enseignant (enseigner, hein, faut-il le rappeler ?). Cependant, cela a-t-il un impact sur les vocations ?

Je ne le crois pas. Lorsque j'ai passé les concours, il y a dix ans, la difficulté du travail dans l'Education nationale était déjà un marronnier. Pourtant, à l'époque, pour 1 200 postes au CAPES d'histoire-géographie, il y avait 10 000 candidats inscrits contre 3 000 cette année. De même, la question salariale était déjà sur la table. Il faut d'ailleurs relativiser la question de la paie. Certes, le pouvoir d'achat s'érode régulièrement (un tiers de moins depuis 1980 et 10% depuis 2000) et il est de plus en plus difficile pour un jeune prof de vivre en région parisienne, mais tout de même, dans la majorité des régions françaises, débuter avec un salaire de 1 500 € par mois vous met déjà dans la moitié haute de la société. Personnellement, étant à l'échelon 7 de l'agrégation, je touche 2 500 € par mois, ce qui me place parmi les 20% des Français qui gagnent le plus... D'autre part, les vacances et la sécurité de l'emploi restent de forts leviers d'attractivité.

Alors, que se passe-t-il ? Laurent oublie une réforme très importante initiée Xavier Darcos et mise en musique par Luc Chatel : la réforme de la formation des enseignants. Pour résumer très rapidement :

  • les profs sont maintenant recrutés à BAC+5, soit au niveau master 2, ce qui implique que les étudiants financent sur leurs propres deniers deux années d'étude supplémentaires,
  • et là, ils n'ont plus de formation professionnelle et doivent directement enseigner, souvent dans les académies les plus difficiles, comme Créteil qui va encore accueillir l'année prochaine plus de 800 stagiaires,
  • et, malgré cette hausse du niveau de recrutement, le salaire n'a pas augmenté. Le gouvernement a simplement tassé les premiers échelons du statut pour simuler une augmentation de salaire qui n'aboutit pas ensuite. En clair, un agrégé masterisé à mon échelon gagnera exactement la même chose que moi, alors qu'il aura dû étudier deux ans de plus...
  • Il faut ajouter que cette nouvelle organisation du recrutement brise complètement le lien avec la recherche universitaire. Les étudiants devant préparer les concours et le master en même temps, ils ne s'investissent plus dans la recherche, et les universités sont d'ailleurs en train de mettre en place des masters dit enseignement.
Dans la plupart des cas, les étudiants réfléchissent et arbitrent. Il n'y a plus d'intérêt pour eux à faire encore deux ans d'étude pour avoir la même chose qu'avant, voire pire. Dans les disciplines, comme les mathématiques, où de nombreux débouchés existent, l'impact est immédiat. Il existe aussi en histoire où les débouchés sont faibles ailleurs.

En dehors de ce que Laurent a indiqué, il faut donc reprendre à zéro cette réforme pour ramener les jeunes vers ce métier. De nombreuses pistes sont possibles. Une contre-réforme devrait allier, pour moi, une hausse du niveau de recrutement, une formation professionnelle réelle et un lien fort avec l'université. J'y reviendrai dans un prochain billet.

Reste à comprendre ce que le gouvernement veut avec cette réforme. En fait, cher lecteur, les adultes seront bien là l'année prochaine devant les élèves. Ce seront des étudiants sortant de licence et qui seront embauchés sur contrat précaire, voire bientôt sur CDI, voire des profs de disciplines supprimées reconvertis. Ils seront encore moins bien payés que les titulaires, n'auront pas de formation et auront l'avantage pour l'Education nationale d'être corvéable et de ne pas embêter le monde à faire grève tout le temps. L'objectif visé derrière est le statut de fonctionnaire des enseignants. Tiens, cela aussi, il faut que j'y revienne, mais ce sera pour une autre fois.

mercredi 15 juin 2011

A gauche, on s'enfonce dans le n'importe quoi, camarade.

L'affaire DSK a révélé, à propos de la gauche française, notre désarroi général. Jusqu'en mai dernier, malgré des débats de fond assez pénibles, nous étions plus ou moins persuadés que le PS allait l'emporter avec le directeur du FMI à sa tête. Certes, peu de gauchistes pouvaient en être satisfait. C'était d'ailleurs mon cas. Je ne voyais pas bien le sens de désigner à la tête du pays un droitier de ce type, mais nous étions sous le diktat des médias, et il semblait bien que mes camarades socialistes allaient encore, comme en 2007, suivre le vent des élites et désigner celui qui avait l'aval du haut de notre société. Il semblait pourtant clair que DSK risquait bien d'être un très mauvais candidat de 1er tour, mais cela n'importait guère.

Et puis, le candidat-miracle a disparu. Personnellement, ma première réaction, au plan politique, fut de me dire que tout cela n'avait aucune gravité. Vu que l'histoire nous donne en ce moment raison, que la crise a montré que  notre analyse était pertinente, en particulier sur la manière dont la crise financière a été gérée par les Etats européens, et que le libéralisme économique marquait le pas, il ne devait pas y avoir de problème. Le candidat importait peu, et tant mieux que ce ne soit pas un représentant de la même idéologie faisant faillite qui accède à la plus haute marche de l'Etat.

Or, depuis la mi-mai, c'est le désarroi qui domine à gauche. La victoire n'est plus assurée, les sondages ne sont pas tous positifs, Sarkozy remonte... Alors, on s'écharpe sur le candidat, sur la stratégie, sur la candidature unique ou multiple. En clair, on parle de tout, sauf du fond.

Ce qui peut surprendre, c'est que, malgré le contexte, les militants de droite restent convaincus de leur supériorité idéologique. Certes, ils sont agacés par la personne de Sarkozy, mais ils estiment toujours avoir raison sur le fond. Changeons de président dans cinq ans (on ne peut pas virer l'actuel, cela ne se fait pas), prenons quelqu'un de plus acceptable, et tout ira mieux.

A gauche, c'est plutôt le manque total de confiance en soi qui domine. Cela s'entend dans les discussions de comptoir ou de salle des profs. Mes collègues sont de plus en plus persuadés que l'on va repartir pour cinq années supplémentaires de Sarkozy.

Cette victoire idéologique de la droite est réelle et commence à être ancienne. Je la fixerai en 1983, mais le symbole reste la phrase de Jospin en 2001 sur la nature non-socialiste de son programme. Alors, si nous ne sommes même pas convaincus de nos propres idées, comment peut-on espérer que les Français désignent une personnalité et une majorité de gauche ?

J'en reste convaincu : la bataille idéologique est le fond du problème. Elle se mène partout et sur tous les plans. La victoire électorale vient ensuite.

Pendant ce temps, on sent venir la mélodie du vote utile et de la candidature unique, vote de vaincu par excellence et considération stratégique de boutiquier. Si on repart comme ça, on n'est pas prêt de gouverner ce pays, camarade.

lundi 7 mars 2011

Restons calme, et recentrons-nous sur nos idées.

Un simple sondage paru dans le Parisien dimanche matin a suffi à allumer un grand brasier dans l'ensemble des médias français, incendie auquel la blogosphère n'a pas échappée.

Pourtant, on rappelle régulièrement que les sondages restent toujours discutables et ne représentent que des indicateurs assez partiels, largement tributaires des questions posées par les sondeurs et de leurs interprétations et dépassés dès qu'ils sont parus. Ce sondage influence déjà toute la sphère politico-médiatique, et il est clair qu'une nouvelle enquête serait déjà marquée par la précédente.

Or, déjà, apparaissent les appels à la vigilance à gauche voire à l'unité derrière un candidat issu, sans doute, du PS. Je ne peux que m'étonner que personne n'ait déjà sorti les termes de "vote utile", pourtant si intéressant lorsqu'il s'agit d'effrayer nos concitoyens.

Soyons clair, cher lecteur : je ne nie nullement la possibilité que Marine Le Pen puisse faire un gros score lors des prochaines présidentielles. Contrairement à son père en 2007, elle ne va pas être handicapée par la stratégie de pompage de Nicolas Sarkozy. Les militants et sympathisants du Front ont parfaitement pu se rendre compte que le président de la République ne correspondait en rien à ce qu'ils espéraient. Ils vont donc logiquement retourner vers le FN, et il est à craindre que de nombreux électeurs sarkozystes déçus vont aussi se diriger par là.

Pourquoi n'iraient-ils pas à gauche ? Tout simplement parce que nous ne sommes pas encore suffisamment convaincant. Il ne faut pas oublier que les défaites de la gauche en 2002 et en 2007 sont arrivées avant tout parce que les représentants des différents partis de gauche ont été inaptes à prouver qu'ils étaient capables d'appliquer un programme cohérent et clair. Si la gauche veut gagner, il faut qu'elle arrive à la fois à présenter un programme acceptable pour les Français et une personnalité pouvant faire la synthèse des différents courants qui la composent.

Cela impose d'abord de faire un travail idéologique fort dans tous les partis. Éventuellement, on pourrait imaginer un contrat de gouvernement commun avant les élections mettant sur le papier quelques principes qui pourraient servir de base à une majorité après les élections, laissant ainsi chaque parti décliner son propre programme et présenter son candidat. En fonction du résultat du premier tour des présidentielles et des législatives, on saurait comment adapter ensuite la plateforme commune de gouvernement.

Ensuite, il est évident que chaque parti doit présenter des candidats forts et crédibles pour occuper la présidence. Il n'en faut pas trop (sinon, c'est ridicule), mais il serait tout à fait incohérent que chaque grande tendance de la gauche actuelle n'ait pas un représentant. Un écologiste, un membre du PS et un membre du Front de Gauche est un minimum. Ces candidats divers permettront au débat d'émerger et représenteront une force face à un candidat de droite qui sera seul et qui traînera une multitude de casserole.

Mais tu vas me dire, cher lecteur, que la droite et le FN vont faire le plein et que la gauche risque de passer à la trappe au premier tour !

C'est possible, mais cela ne viendra pas des différentes candidatures. Si cet évènement se produit, ce sera à cause de programmes mal bouclés et hors des attentes des Français ou de candidats inconsistants. Rappelez-vous qu'en 2007, le nombre important de candidats de gauche n'a pas empêché Ségolène Royal de se qualifier pour le second tour.

Alors, chers camarades, le moment n'est pas de faire dans son pantalon. Le moment est venu de bosser, de diffuser nos idées, d'aller au conflit avec nos adversaires politiques et d'imposer nos thèmes. Il est trop facile de se faire imposer le débat sur l'islam et de pleurer après qu'on ne parle pas d'économie, de dette publique, de fiscalité ou de pauvreté.

Au travail, bordel !

PS : et je rappelle à tout le monde qu'il y a des cantonales dans deux semaines !!!

dimanche 6 mars 2011

L'objectif du système éducatif : première réflexion.

Quelques billets sont sortis suite à la chaîne que j'ai tenté de lancer en début de semaine, et force est de constater qu'ils ont soulevé quelque chose qui me questionne.

Si tu avais lu l'appel à billets, tu aurais vu que je cherchais à ramener des blogueurs, très majoritairement hors de l'EN, sur le sujet de l'éducation, pour essayer de mesurer les attentes de nos concitoyens à l'égard de l'Education.

Finalement, cette démarche a été assez critiquée, autant dans les billets que dans les commentaires à mon propre billet, et il semble que l'on s'attache finalement bien plus aux moyens d'atteindre des objectifs que tout le monde semble avoir oublié ou refuse en tout cas de remettre en cause.

C'est intéressant, car cela prouve que l'objectif basique d'instruction et d'éducation de l'EN est partagé plus ou moins par tous, mais c'est aussi problématique car cela signifie que la grande majorité de nos concitoyens va se retrouver exclue des débats sur le sujet.

Est-on condamné à ce que le débat éducatif soit confisqué par des spécialistes auto-proclamés ?

Si c'est le cas, c'est extrêmement dommage...

PS : tiens, puisqu'il l'avait l'air intéressé, je soumets cette chaîne à Didier Goux...

PS' : à venir, un pearltree présentant tous les billets publiés sur le sujet.

lundi 28 février 2011

Quel objectif principal pour le système éducatif ? Préparons 2012.

Tiens, j'ai envie de lancer une chaîne.

A l'approche de l'élection présidentielle, mais aussi des cantonales (les départements construisent les collèges), l'avenir du système éducatif français est posé. Depuis 2002, la dépense d'éducation n'a cessé de diminuer dans notre pays et les résultats seraient en chute. En même temps, de nombreux discours ont été tenus par les politiques, souvent très contradictoires par ailleurs. Des missions multiples ont été attribuées à l'éducation sans qu'une ligne directrice claire émerge de ce magma.

D'autres acteurs s'expriment régulièrement sur le sujet, comme les syndicats de profs, les associations de parents, les organisations disciplinaires... Beaucoup d'avis autorisés qui ont le défaut de parler comme des initiés à des initiés. On peut se demander ce qu'en pense le citoyen moyen, qui ne sait rien de l'organisation administrative de l'Education nationale et de ses pendants privés, mais qui participe à ce système par ses contributions et par ses interventions à divers niveaux du système.

Bien évidemment, il m'est impossible d'interroger toute la population française, mais je peux au moins m'adresser à mes camarades de la blogosphère.

Certes, le blogueur politique est loin d'être un citoyen lambda, mais il a au moins le mérite de se demander de quoi la campagne présidentielle à venir va être faite.

Alors, je vous pose la question, chers camarades : quel doit être l'objectif principal du système éducatif français ?

Je passe la chaîne à :

Et puis, si tu es intéressé par la question, cher lecteur, n'hésite pas à la saisir.

Au travail !

dimanche 27 février 2011

Quelque chose sur le remaniement ?

Suite à ce billet de Nicolas, je relance le débat.

Si un commentateur peut me signaler un billet ou un article sur le remaniement de ce soir qui apporte une vision originale par rapport aux discours des grands médias et qui ne parle ni de la moustache ni des micros décalés de Nicolas Sarkozy, je mange mon chapeau.

Bonne recherche !

Les enjeux des cantonales en Seine-Saint-Denis : quelle situation au Raincy ?

On parle peu, cher lecteur, des élections cantonales. C'est bien dommage, car même si l'ensemble de la population ne vote pas, il s'agit d'un bon test pour les différents partis politiques et peut-être de l'une des dernières élections sous cette forme avant la réforme des collectivités territoriales.

En Seine-Saint-Denis, l'enjeu est de savoir si la nouvelle majorité PS pourra consolider sa domination sur l'assemblée départementale. En 2008, le PS, conduit pas Claude Bartolone, était parvenu à arracher au PCF ce vieux bastion de la banlieue rouge. Actuellement, il tient 16 cantons contre 12 au PCF, 1 aux Verts (celui de Sevran, le conseiller général ayant quitté le PCF depuis son élection), 10 à l'UMP-NC et une au MGC. Sur ces quarante cantons, vingt sont à renouveler en cette année 2011. Ici, la droite n'a aucune chance de prendre le département. On lit parfois sur internet ou dans le Parisien que la majorité PS pourrait sortir affaiblie de ce scrutin, étant menacée sur plusieurs cantons comme ceux d'Aubervilliers-Est et de la Courneuve par le PCF ou celui d'Epinay-sur-Seine par la droite. Le PCF ne pourrait donc reprendre le département qu'en ne perdant pas de cantons et en en gagnant deux nouveaux, ce qui semble tout de même très peu probable même si la dynamique du Front de Gauche peut l'aider.

Cependant, pour Claude Bartolone, il faut marquer des points, et dans ce cadre, le canton de Clichy-sous-Bois-Le Raincy apparaît assez intéressant.

A priori, les forces sont assez inégales. Avec près de 30 000 habitants, la ville de Clichy, l'une des plus pauvres et des plus jeunes de France, devrait largement dominer les 13 000 habitants du Raincy. Clichy a été dirigée deux ans par la droite entre 1993 et 1995 après une très longue période de domination du PCF, mais est depuis aux mains du PS. Or, les choses sont loin d'être aussi simples.

En effet, le canton est tenu depuis 2004 par l'UMP Ludovic Toro, qui dirige le groupe UMP du conseil général. Il est parvenu à prendre le canton au PS qui le détenait depuis 1998 avec 52% des voix en 2004.

C'est l'ancien conseiller général socialiste, le maire de Clichy Claude Dilain, qui va essayer de reprendre son siège. Il bénéficie sans doute de la forte médiatisation qu'il a connu lors des émeutes urbaines de 2005, celles-ci ayant démarré à Clichy-sous-Bois. Il est d'ailleurs président de l'association "Villes et banlieues de France".

Or, malgré le fort écart démographique, rien n'est gagné. Les deux candidats dominants ne sont pas menacés à priori par les autres partis. Il faut noter la présence d'un candidat FN et d'une candidate Front de Gauche. Par contre, tout va se jouer sur Clichy.

En effet, si les électeurs du Raincy se mobilisent assez bien et votent majoritairement à droite, les choses sont tout autre en haut de la colline. A Clichy, alors que la population est élevée, il n'y avait en 2010 qu'un peu moins de 10 000 inscrits sur les listes électorales. Apparemment, les jeunes de la ville s'inscrivent peu et un nombre important d'étrangers ne peuvent voter. Pour Claude Dilain, il faut parvenir à la fois à grappiller des voix sur le Raincy et à fortement mobiliser ses électeurs sur Clichy, ce qui est difficile pour les élections locales. En 2010, seuls 3 000 d'entre eux se sont déplacés pour les régionales, beaucoup plus médiatisées.

Le maire du Raincy, Eric Raoult, s'est engagé dans la campagne avec force. Lors du dernier conseil municipal son adversaire n'était plus Philémon mais... Claude Dilain ! A plusieurs reprises, le maire a apostrophé l'opposition socialiste en les accusant d'aller chercher leurs instructions dans la commune voisine. Sans doute la majorité s'inquiète-t-elle de l'impopularité du gouvernement actuel qui pourrait menacer ses postes d'élus locaux...

samedi 26 février 2011

Soutenir les associations n'implique pas d'aider les transnationales à faire encore plus de profit, elles en font assez comme ça.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu, comme des centaines de blogueurs je suppose, un mail des Restos du coeur me proposant une opération de soutien. Le principe semblait simple. Il me suffisait de faire un billet dans lequel j'insérais un code qui produisait une jolie image. Grâce à cela, deux grandes transnationales françaises offraient dix repas à l'association. A priori, rien de scandaleux.

Pourtant, il m'a été impossible, idéologiquement parlant, de produire ce billet.

J'en ai très rarement parlé, mais cela fait maintenant douze que je suis bénévole dans l'une des plus grandes associations caritatives de France. Comme les Restos, nous avons organisé à plusieurs reprises des collectes alimentaires, qu'elles soient nationales ou locales. A chaque fois, ce mode d'action permet de récolter de substantielles quantités de nourriture, même si les gains varient beaucoup en fonction des années. On a par exemple pu mesurer, ces dernières années, l'impact de la crise économique sur nos concitoyens par rapport aux années 2000-2007.

A cette occasion, j'ai pu participer à des négociations avec les dirigeants locaux de supermarchés pour organiser ces opérations. Les supermarchés ne sont jamais à l'origine de ces collectes et ils répondent aux sollicitations des associations. En général, ils posent de nombreuses conditions qu'avec le recul, j'estime totalement scandaleuse, à l'exception des conditions de sécurité élémentaire et des conditions pour le bon fonctionnement du magasin. En effet, lorsqu'une association fait une collecte (et c'est encore plus vrai lors de la collecte alimentaire nationale de novembre) , le supermarché y gagne deux choses considérables : une très bonne image auprès de la population locale (la collecte est annoncée à l'avance, moult annonces au haut-parleur ponctuent la journée et le speaker rappelle sans cesse l'importante contribution du centre) et surtout une hausse très importante des bénéfices sur la/les journée(s). Il y a quatre ans, un directeur de supermarché m'a confié, sur le ton de la confidence, qu'il doublait son chiffre ce jour-là. D'ailleurs, les directeurs cherchent surtout à prévoir ces évènements pour multiplier leur stock...

Là réside toutes les limites de la charité dans notre société. Les compagnies qui soutiennent les associations ne le font jamais gratuitement. Cela fait totalement partie du jeu et est intégré par tous les responsables associatifs. Elles en attendent toujours un retour au plan de l'image qui devrait entraîner de bons profits pour plus tard. Au total, tout cela est bien loin de la bonne vieille charité chrétienne.

L'opération proposée aux blogueurs par les Restos est du même acabit. Il s'agit d'une campagne de publicité totalement gratuite pour les deux groupes qui financent, et pour un coût ridicule. Je ne sais pas si tu peux imaginer, cher lecteur, quel est le coût d'un repas servi dans une association ou d'un colis alimentaire, mais il est bien plus faible que ce qu'aurait coûté un paiement de tous les blogueurs pour qu'ils fassent deux publicités.

Alors, je voudrais aujourd'hui te dire, cher lecteur, une chose très simple : si tu veux aider une association, tu n'as pas besoin de faire des opérations médiatiques qui bénéficient surtout aux groupes qui se cachent derrière. Saisis-toi de ton carnet de chèque et envoie un petit montant à l'une des grandes associations qui pratique la distribution alimentaire : les Restos, la Croix-Rouge, le Secours populaire, le Secours catholique et de multiples associations locales. Tu n'as même pas besoin d'écrire au siège central : en regardant dans ton bottin, tu trouveras sans difficulté une antenne locale d'une de ces structures qui sera très heureuse de recevoir ton chèque. Tu recevras en plus une déduction fiscale de 66% de ton don sur l'IRPP (l'Etat creuse le trou).

Et puis, si tu as un peu de temps à consacrer à cela, le mieux est encore d'aller faire du bénévolat. Depuis la fin des années 1990, les associations caritatives n'ont pas cessé de perdre des bénévoles. Certes, on peut faire beaucoup avec des repas ou avec des chèques, mais s'il n'y a personne derrière pour transporter les colis, pour tout préparer et pour distribuer, cette argent ira juste dans un compte en banque pour thésauriser. Autant garder ce montant pour aller boire un verre.

Quant à nos deux compagnies, si leurs responsables ont vraiment un esprit charitable, qu'ils prennent donc leurs chéquiers et qu'ils donnent. Cela est d'autant plus facile que notre Etat, toujours prêt à creuser ses trous, accorde de généreuses déductions fiscales aux entreprises qui font du mécénat...