La crise grecque occupe grandement l'actualité et les blogs français réagissent souvent avec une grande sévérité.
Pourtant, il y a deux choses, souvent ignorés dans les commentaires, qui devraient être signalées.
La Grèce est rentrée dans l'euro en 2001. A l'époque, je préparais mon agrégation d'histoire. Je suivais donc des cours de géographie (tout est cohérent) et je me souviens d'un point qui avait été fait sur l'élargissement de l'euro par un de mes enseignants. Chez les géographes, tout le monde disait ouvertement que deux pays avaient fraudé avec les instances européennes pour entrer dans l'euro : la Grèce et l'Italie. Tous les spécialistes connaissaient donc cette situation. Je suis même persuadé d'avoir lu, dans des journaux, des articles remettant en cause le bien-fondé de l'accession de la Grèce et de l'Italie à l'euro. En clair, nos gouvernements ont laissé un pays qui ne répondait pas à leurs critères entrer dans l'euro. Le ver était donc dans la structure idéologique des créateurs de l'euro dès le départ.
Avec le recul, on peut entièrement comprendre cette décision. Les États ont toujours considéré que l'Union ne pourrait leur imposer une politique. La Grèce entrait en annonçant faire preuve de bonne volonté, et cela devait suffire.
Une deuxième chose concerne la réaction des syndicats et des salariés au plan d'austérité lancé par Athènes, malgré un soutien sans doute provisoire de la population, du fait d'un discours général très culpabilisateur. Comme les gouvernements européens, les citoyens grecs ont voulu croire les discours gouvernementaux. Ils ont géré leurs vies, ont fait des plans d'avenir, se sont endettés... Et voilà qu'on leur apprend que, du fait des demandes des financiers et des manœuvres du gouvernement, ils vont devoir se serrer la ceinture et changer leurs modes de vie. On peut comprendre cette réaction de la population, car, encore une fois, ce sont les bas et moyens revenus qui vont payer le plus durement cette crise. Une nouvelle fois, voilà un bel exemple de socialisation des pertes à laquelle cette crise nous habitue.
Or, dans les discours qui ressortent, on observe le courroux des gouvernements européens, et en particulier de l'Allemagne, pourtant totalement au courant de la situation grecque, et l'affliction de toute l'Europe face au comportement irresponsable des Grecs. Pourtant, il y a deux responsables oubliés : un gouvernement grec incapable de se réformer et de résorber la fraude fiscale et la corruption (tout en laissant les écarts de richesse se creuser : souvenez-vous des émeutes de l'an dernier) au grand bénéfice des élites grecques, et des gouvernements européens qui ont joyeusement laissé les choses en arriver là en laissant la Grèce entrer dans l'euro dès le départ et en ne laissant pas l'Union faire pression sur la Grèce, pour éviter que cela leur arrive plus tard.
Aujourd'hui, cher lecteur, par une politique irresponsable, l'État français creuse sa propre dette, histoire de nourrir ses affidés, et dans quelques mois, on dira que c'est la faute des fonctionnaires (trop chers) et des Français dans leur ensemble (trop habitués à être couvés). Je rappelle à mes chers lecteurs que le PIB de la France a augmenté d'un tiers depuis 1980.
Pourtant, il y a deux choses, souvent ignorés dans les commentaires, qui devraient être signalées.
La Grèce est rentrée dans l'euro en 2001. A l'époque, je préparais mon agrégation d'histoire. Je suivais donc des cours de géographie (tout est cohérent) et je me souviens d'un point qui avait été fait sur l'élargissement de l'euro par un de mes enseignants. Chez les géographes, tout le monde disait ouvertement que deux pays avaient fraudé avec les instances européennes pour entrer dans l'euro : la Grèce et l'Italie. Tous les spécialistes connaissaient donc cette situation. Je suis même persuadé d'avoir lu, dans des journaux, des articles remettant en cause le bien-fondé de l'accession de la Grèce et de l'Italie à l'euro. En clair, nos gouvernements ont laissé un pays qui ne répondait pas à leurs critères entrer dans l'euro. Le ver était donc dans la structure idéologique des créateurs de l'euro dès le départ.
Avec le recul, on peut entièrement comprendre cette décision. Les États ont toujours considéré que l'Union ne pourrait leur imposer une politique. La Grèce entrait en annonçant faire preuve de bonne volonté, et cela devait suffire.
Une deuxième chose concerne la réaction des syndicats et des salariés au plan d'austérité lancé par Athènes, malgré un soutien sans doute provisoire de la population, du fait d'un discours général très culpabilisateur. Comme les gouvernements européens, les citoyens grecs ont voulu croire les discours gouvernementaux. Ils ont géré leurs vies, ont fait des plans d'avenir, se sont endettés... Et voilà qu'on leur apprend que, du fait des demandes des financiers et des manœuvres du gouvernement, ils vont devoir se serrer la ceinture et changer leurs modes de vie. On peut comprendre cette réaction de la population, car, encore une fois, ce sont les bas et moyens revenus qui vont payer le plus durement cette crise. Une nouvelle fois, voilà un bel exemple de socialisation des pertes à laquelle cette crise nous habitue.
Or, dans les discours qui ressortent, on observe le courroux des gouvernements européens, et en particulier de l'Allemagne, pourtant totalement au courant de la situation grecque, et l'affliction de toute l'Europe face au comportement irresponsable des Grecs. Pourtant, il y a deux responsables oubliés : un gouvernement grec incapable de se réformer et de résorber la fraude fiscale et la corruption (tout en laissant les écarts de richesse se creuser : souvenez-vous des émeutes de l'an dernier) au grand bénéfice des élites grecques, et des gouvernements européens qui ont joyeusement laissé les choses en arriver là en laissant la Grèce entrer dans l'euro dès le départ et en ne laissant pas l'Union faire pression sur la Grèce, pour éviter que cela leur arrive plus tard.
Aujourd'hui, cher lecteur, par une politique irresponsable, l'État français creuse sa propre dette, histoire de nourrir ses affidés, et dans quelques mois, on dira que c'est la faute des fonctionnaires (trop chers) et des Français dans leur ensemble (trop habitués à être couvés). Je rappelle à mes chers lecteurs que le PIB de la France a augmenté d'un tiers depuis 1980.
Ah c'est bien pour une fois que l'on accuse pas les spéculateurs. Je me souviens très bien à l'époque (j'étais étudiant en EcoPo et loin de l'agreg...) tout le monde savait que l'Italie, la Grèce et certains d'autres ne remplissaient pas les critères: les économistes le disaient mais c'était écrit partout dans la presse également.
RépondreSupprimer@ Julien : je te rassure, les spéculateurs ont aussi leurs torts. Cependant, je suis d'accord avec toi. Tout le monde le savait à l'époque. Je trouve nos médias très amnésiques.
RépondreSupprimer"il y a deux responsables oubliés : un gouvernement grec incapable de se réformer et de résorber la fraude fiscale et la corruption (tout en laissant les écarts de richesse se creuser : souvenez-vous des émeutes de l'an dernier) au grand bénéfice des élites grecques"
RépondreSupprimerSi, effectivement, la dénonciation du 2ème oublié est exact, je trouve que le gouvernement grec s'en prend actuellement plein la gueule: il est forcé de procéder à toutes les réformes qu'il n'a pas voulu faire par le passé au pas de charge et au grand mécontentement de tout le monde, fonctionnaires grecs en premier lieu et population moyenne en second.
Par contre je ne comprends pas le rapprochement que vous faîtes avec la situation de la France: "par une politique irresponsable, l'État français creuse sa propre dette, histoire de nourrir ses affidés", d'autant plus que le creusement de la dette en France est le signe du maintien des fonctionnaires. Cette politique "irresponsable", vous en bénéficiez, mais vous la dénoncez: preuve de lucidité ou contradiction que je ne saisis pas?
@ Ludovic : hum, depuis que Sarkozy est au pouvoir, je n'ai pas bénéficié de grand-chose. Mon salaire diminue en valeur absolue et mes conditions de travail se dégradent. Par contre, la dette se creuse. Personnellement, je ne bénéficie pas non plus du bouclier fiscal (je ne suis pas assez riche), de la disparition de l'impôt sur les successions, de celui sur les bénéfices des plus-values boursières, à peine de la baisse de la TVA dans la restauration (dans les deux restaurants qui l'appliquent).
RépondreSupprimerTiens, dans les responsables de la dette qui se creuse, vous avez oublié les socialistes, la gauche et les syndicats. Cela manquait au tableau, avec les fonctionnaires.