Hier soir, après une dure journée de labeur, j'ai eu la chance, que dire, le bonheur ultime, de tomber sur la chronique de Jean-Michel Apathie sur Canal+. J'aime bien Apathie, parce qu'avec lui, on n'a absolument aucune surprise. Systématiquement, tous les jours, le journaliste redécouvre l'existence de la dette publique, et tous les jours, inlassablement, méthodiquement, Apathie dénonce le gâchis des revenus de l'État, et ce malgré un taux d'imposition toujours jugé exorbitant. Parfois, il dit des choses justes, mais dans la plupart des cas, il se contente d'énoncer des vérités considérées comme acquise à droite et de les décliner.
Pourtant, on a pu noter hier une évolution dans le discours. Apathie évoquait la grève des enseignants, à la fois en Seine-Saint-Denis, à Chérioux et maintenant au lycée Guillaume Apollinaire de Thiais (on oublie toujours les deux établissements du 93, mais il ne faut pas s'en étonner, je suppose). Il constatait, avec un effarement apparent, les déboires de l'Éducation nationale et son manque de moyens (entendre cela chez un homme de droite m'étonne toujours). Cependant, cet étonnement ne dura pas : après avoir décrit une situation apocalyptique dans les établissements scolaires (que j'ai même trouvé outré, c'est tout dire), Apathie se mit à fustiger l'irresponsabilité de nos hommes politiques qui passent leur temps à dilapider les finances publiques dans des dépenses somptuaires, pendant que la dette se creuse et que les services publics se dégradent.
Jean-Michel, je voudrais t'aider, parce qu'hier, je t'ai trouvé touchant. J'ai presque cru que Laurent Fabius allait sortir de ton corps et crier : « à mort le bouclier fiscal ! » Aussi, sans vouloir paraître arrogant voire outrecuidant, j'aimerai t'expliquer pourquoi nous en sommes là, et ce que la droite a fait depuis 2002. Certes, alors que les finances de l'État et des régimes de protection sociale s'étaient rééquilibrés sous Jospin, notre dette n'a cessé de se creuser depuis. Certains invoquent la crise pour l'expliquer, mais la croissance a été continue durant la période. Il y a donc autre chose.
Deux raisons expliquent cette évolution, et nous amènent à la situation actuelle :
Sarkozy rémunère d'abord ceux qui l'ont élu, par le bouclier fiscal, par des niches à tire-larigot, par des exonérations de charges. Ainsi, la dette se creuse régulièrement, car en parallèle, les dépenses ne diminuent pas réellement, voire augmentent depuis le début de la crise.
D'autre part, cet effritement des services publics permet de dire qu'ils coûtent beaucoup et qu'ils sont mauvais. On préparer ainsi doucement, tranquillement, l'entrée du marché dans de nombreux domaines.
L'efficacité n'est pas le problème ici : on est bien face à des choix politiques qui s'expriment clairement. Attention, Jean-Michel, si tu poursuis dans cette voie, tu vas finir par virer gauchiste.
J'aime bien quand tu es caustique !
RépondreSupprimerJe te trouve un peu sévère avec Apathie, ça fait effectivement des années qu'il évoque l'épée de Damoclès que la dette fait peser sur notre avenir, et ce bien avant la crise et son emballement !....Lorsqu'il y revenait (certes tellement fréquemment que ça ressemble à une obsession), il y en avait toujours à Droite comme à Gauche pour lui rétorquer que « c'est pas grave la dette par rapport au patrimoine de l’Etat français », « il y a plus endettés que nous », et puis « il suffit d'une bonne petite croissance pour la résorber en 3 coups de cuillère à pot » voire même que « de toute façon on la remboursera jamais donc on a pas de raisons de se priver » etc etc etc
RépondreSupprimerD’ailleurs, lis son blog et tu verras qu’Apathie a toujours été très sévère avec l’irresponsabilité de ce gouvernement en la matière. Il a fortement critiqué toutes les mesures de Sarkozy visant à priver l’Etat de recettes et dont la dernière en date est la baisse de la TVA sur la restauration.
Quand à l’explication de l’accroissement du déficit, elle se trouve en partie dans ce que tu évoques, même si les motivations que tu avance sont extrêmement réductrices et relèvent en grande partie du procès d’intentions (mais je ne peux pas dire que j’en sois étonné), mais pas uniquement :
Je cite un extrait de la synthèse de la Cour des comptes :
« La dégradation du déficit structurel résulte principalement de la forte croissance des dépenses publiques qui s’est élevée, selon le gouvernement, à 2,6 % en volume en 2009, hors mesures de relance et allocations de chômage. Elle tient aussi aux mesures de baisse pérenne des impôts, comme la réduction du taux de TVA sur la restauration ! »
Un jour, j'écrirai un billet sur les cibles faciles. Aphatie en est une. Les gens de gauche l'accusent d'être de droite. Les gens de droite l'accusent d'être antisarkozyste. Il n'a pas de chance.
RépondreSupprimerIl se trouve que même si des fois je ne suis pas forcément de son avis, je l'ai trouvé très bon hier. Oui, il y a des gaspillages insupportables. Chaque année la Cour des Comptes, qui ne sont pas des affreux gauchistes, le mettent en avant.
La dette, c'est quelque chose d'important. Et hier, dans l'analyse d'aphatie, c'est quand même aussi la politique de Sarkozy (qui fait une rupture juste avec ses promesses et ses engagements...) qui est mise à mal. A t'il tort de dire qu'on va dans le mur ?
Et si il dit "à mort le bouclier fiscal", doit on le moquer ? Ils sont beaucoup, à droite, à demander qu'on y revienne dessus aussi...
Tu as raison sur ta conclusion. Sauf que ce déréglement dure depuis longtemps. Et à droite et à gauche,y peut être à repenser certaines choses...
Rooo, Audine, arrête de me piquer mes commentaires avant même que je les fasse. C'est un monde !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup quand tu es caustique, ce petit air de ne pas y toucher en y touchant franchement te va plutôt bien.
J'ai vu Aphatie hier soir, c'était en effet effarant, mais surtout sa conclusion qui m'a paru presque incohérente, puisque privée bizarrement de son développement. Le drame de la violence à l'école, c'est la faute au déficit. C'est absurde, que l'on s'endette est un fait, mais encore faut-il déterminer de quelle façon. c'est pourquoi ta conclusion est juste : la situation actuelle est le produit d'une véritable volonté politique...
@ Audine : merci.
RépondreSupprimer@ Nicolas007bis : en fait, ce qui m'a surpris dans le discours d'Apathie est sa reconnaissance de la dégradation des services publics. Il évoquait peu cela auparavant. Ces constatations se retrouvent souvent à gauche.
Sur le reste, je suis d'accord avec toi. Nous allons avoir un mal fou à gérer les suites de la politique de ce gouvernement.
@ Faucon : je suis totalement en désaccord avec toi. Apathie est une cible facile, mais il passe son temps à se mettre en scène. Quand on s'estime suffisamment important pour donner son opinion quatre fois par jour dans les médias, il faut s'attendre à être critiqué. Personnellement, je lis tous les jours sur internet des analyses tout aussi pertinentes que celles d'Apathie.
Sur le reste, je suis d'accord avec toi, et je ne crois pas que je dis autre chose.
@ Dorham : la violence à l'école n'est pas liée au déficit, c'est vrai, mais le déficit est utilisé pour justifier les suppressions de postes à l'école. Tout cela s'emboite tout de même assez bien.
Ben justement tu n'es pas si en désaccord avec moi, puisque tu es d'accord que le fait de se mettre en scène comme il le fait en fait, quelque part, une "cible facile".
RépondreSupprimerAprès oui, il y a sur le net pléthore de bonnes analyses, qui ne passent pas à la télé le soir. Cet état de fait doit il obligatoirement rendre "cible facile" ceux qui peuvent s'exprimer dans les médias, quelque soit leur positionnement ?
Mais je n'ai pas trop compris de quoi tu l'accusais en fait. Puisque j'avais l'impression qu'il exprimait une position vis à vis de laquelle tu avais l'air plutôt d'accord, même d'un point de vue ironique...
(et même sur le fond, je ne vois pas trop là où nous sommes en désaccord)
Bonne journée
Merci M., j'avais oublié qu'il n'était pas de gauche.
RépondreSupprimer:^)
G.