dimanche 28 février 2010

Désignons les vrais responsables de la crise grecque.

La crise grecque occupe grandement l'actualité et les blogs français réagissent souvent avec une grande sévérité.

Pourtant, il y a deux choses, souvent ignorés dans les commentaires, qui devraient être signalées.

La Grèce est rentrée dans l'euro en 2001. A l'époque, je préparais mon agrégation d'histoire. Je suivais donc des cours de géographie (tout est cohérent) et je me souviens d'un point qui avait été fait sur l'élargissement de l'euro par un de mes enseignants. Chez les géographes, tout le monde disait ouvertement que deux pays avaient fraudé avec les instances européennes pour entrer dans l'euro : la Grèce et l'Italie. Tous les spécialistes connaissaient donc cette situation. Je suis même persuadé d'avoir lu, dans des journaux, des articles remettant en cause le bien-fondé de l'accession de la Grèce et de l'Italie à l'euro. En clair, nos gouvernements ont laissé un pays qui ne répondait pas à leurs critères entrer dans l'euro. Le ver était donc dans la structure idéologique des créateurs de l'euro dès le départ.

Avec le recul, on peut entièrement comprendre cette décision. Les États ont toujours considéré que l'Union ne pourrait leur imposer une politique. La Grèce entrait en annonçant faire preuve de bonne volonté, et cela devait suffire.

Une deuxième chose concerne la réaction des syndicats et des salariés au plan d'austérité lancé par Athènes, malgré un soutien sans doute provisoire de la population, du fait d'un discours général très culpabilisateur. Comme les gouvernements européens, les citoyens grecs ont voulu croire les discours gouvernementaux. Ils ont géré leurs vies, ont fait des plans d'avenir, se sont endettés... Et voilà qu'on leur apprend que, du fait des demandes des financiers et des manœuvres du gouvernement, ils vont devoir se serrer la ceinture et changer leurs modes de vie. On peut comprendre cette réaction de la population, car, encore une fois, ce sont les bas et moyens revenus qui vont payer le plus durement cette crise. Une nouvelle fois, voilà un bel exemple de socialisation des pertes à laquelle cette crise nous habitue.

Or, dans les discours qui ressortent, on observe le courroux des gouvernements européens, et en particulier de l'Allemagne, pourtant totalement au courant de la situation grecque, et l'affliction de toute l'Europe face au comportement irresponsable des Grecs. Pourtant, il y a deux responsables oubliés : un gouvernement grec incapable de se réformer et de résorber la fraude fiscale et la corruption (tout en laissant les écarts de richesse se creuser : souvenez-vous des émeutes de l'an dernier) au grand bénéfice des élites grecques, et des gouvernements européens qui ont joyeusement laissé les choses en arriver là en laissant la Grèce entrer dans l'euro dès le départ et en ne laissant pas l'Union faire pression sur la Grèce, pour éviter que cela leur arrive plus tard.

Aujourd'hui, cher lecteur, par une politique irresponsable, l'État français creuse sa propre dette, histoire de nourrir ses affidés, et dans quelques mois, on dira que c'est la faute des fonctionnaires (trop chers) et des Français dans leur ensemble (trop habitués à être couvés). Je rappelle à mes chers lecteurs que le PIB de la France a augmenté d'un tiers depuis 1980.

Etat des mobilisations de l'Education dans la zone B durant la semaine écoulée.

N'étant pas un fan du travail (même si je voudrais que tout le monde ait un emploi), et surtout pas du travail le dimanche, je profite de cette venteuse journée pour te tenir au courant, cher lecteur, des évolutions du mouvement enseignant. Cela va permettre à mes trolls anti-profs de publier des billets.

Contrairement à mes pronostics, la zone B n'est pas restée inactive cette semaine.

J'ai reçu ce bilan par des mails syndicaux du SNES. Je vous en fait profiter. Si vous êtes au courant d'autres actions, n'hésitez pas à m'envoyer un mail, et je compléterai. Bon dimanche, et toute ma solidarité à ceux pour qui la tempête a été plus violente que quelques arbres qui se secouent dans le paysage.

Je signale au passage cet appel pour demander la suppression du ministère de l'identité nationale.
Dans l’académie d’Aix Marseille : une vingtaine d’établissements sont déjà dans l’action

Collège Jules Ferry - Marseille : En grève.

Lycée professionnel de l’Estaque - Marseille : 100 % de grévistes Le Jeudi 25 février 2010, 100% du personnel enseignant, administratif et vie scolaire du lycée professionnel et technologique de l’Estaque est en grève. Depuis lundi dernier, les personnels s’organisent pour protester contre la pauvreté des moyens attribués par les services du rectorat. Après une occupation de l’administration et un rendez-vous non concluant au rectorat, les personnels ont décidé de stopper le travail ce jeudi.

Collège Jules Ferry - Marseille : En grève vendredi 26 février.

Lycée Pagnol - Marseille : poursuite de la grève

Collège des Caillols - Marseille : Bloqué par les parents le jeudi 25 février

Lycée Fourcade - Gardanne : Rassemblement vendredi 26 devant le rectorat, entre 13 h et 15 h. Proposition d’une "journée d’animation" devant le rectorat avec les autres établissements du pays d’Aix pour la journée d’action du jeudi 4 mars.

Collège Coutarel - Istres : Boycott du brevet blanc

Grève au Lycée Pagnol de Marseille sur les DGH et les réformes Chatel, à 68%, avec lettre au recteur et blocage du lycée le matin par les lycéens. Reconduction mardi, mercredi et jeudi

Grève au Collège Le Ruissatel - Marseille, sur les DGH

Grève au LP Blériot de Marignane sur les DGH et la préparation de la rentrée 2010

Lycée Jean Monnet - Vitrolles : Liste des décisions prises :

- brassard ou auto collant avec mot d’ordre agrafé sur les vêtements porté à partir de lundi

- banderole sur le parvis et affiches en salle des profs

- jeudi 4 entre midi et 2 : tous en noir, distribution de tracts aux élèves (voir PJ), "happening" à définir avec information à la presse locale/ à voir : distribution en fin de journée sur un rond point de Vitrolles

- pas mal de collègues favorables au boycott du bac blanc : on en rediscute et on prend décision mardi.



Dans l’académie de Lille :
Collège Jean Jaurès de Vieux Condé En grève le vendredi 26 février

LP Ferrer Lille grève le 25 février

Lycée Branly de Boulogne sur Mer : distribution de tracts, grève le 4 mars et possibilité boycott du bac blanc

Collège de Cassel : grève prévue pour le mardi 2 mars

Lycée Fénelon de Lille : grève jeudi 25 février (100% de grévistes), préavis de grève reconductible à partir du lundi 8 mars

Collège Jean Rostand de Loon-Plage journée collège mort le 22 février



Dans l’académie d’Amiens :

Deux collèges de l’académie sont déjà dans l’action dès la rentrée. Le 26, un appel à la grève 1er/2nd degré est lancé dans la Somme.
Collège de Ponthieu, à Abbeville, n’a pas fait la rentrée le 22 février, avec une grève suivie à 100 %, reconduite pour le 23



Dans l’académie de Besançon :

Des établissement se mobilisent contre les conditions de la rentrée 2010 dont le lycée Viette de Montbéliard qui entame une grève reconductible :



Dans l’académie de Limoges :

Mouvement de grève massif au collège Albert Thomas (Egletons) : 26 grévistes sur 28 enseignants.

vendredi 26 février 2010

Une autre solution régionale sur la question des transports : le logement.

La campagne des régionales continuant à s'enfoncer en Île-de-France dans le n'importe quoi, je voudrais revenir un peu à mon billet d'hier sur le transport dans la région. Un commentaire de Polluxe m'a en effet mis la puce à l'oreille.

Si l'on revient à l'échelle purement régionale, la masse des migrations pendulaires journalières est causée par l'éloignement entre les lieux de travail et les lieux d'habitation. Cette situation est liée à la fois au manque chronique de logements sur la région et aux écarts importants de revenus de la population. Pour se loger, les personnes les moins bien payées, soit les 50% de la population touchant le SMIC ou moins, doivent s'installer soit dans du logement social (très demandé et surchargé), soit de plus en plus loin des grands centres d'activité. Ce sont donc ces populations qui utilisent le plus la voiture, car les déplacements internes à la banlieue sont difficiles en transport en commun, et il faut bien aller travailler. Les Parisiens, eux, qui peuvent se passer de la bagnole du fait de la qualité du réseau métropolitain, ne seront pas gênés par le péage.

La réduction de la circulation automobile sur l'agglomération ne pourra donc pas se contenter d'un péage autoroutier, même si l'idée est bonne lorsqu'on traite la question à l'échelon national. Hier, nous évoquions l'idée de poursuivre le développement des transports en commun transversaux, mais cette solution, si elle serait très positive, ne sera pas suffisante.

Il reste une option, qui aurait dû être évoquée dans cette campagne : la construction des logements près des lieux d'activité et dans les zones centrales de l'agglomération. Il s'agit d'une mission qui concerne aussi le conseil régional (dans le cadre de l'aménagement du territoire), pas seulement les communes, l'État ou le département. Tu l'auras compris, cher lecteur, je milite à la fois pour une relance de la construction publique du logement et pour une densification des zones centrales de notre agglomération. Je ne demande pas un retour des grandes barres, mais pourquoi ne pas élever un peu la hauteur du centre ?

D'ailleurs, j'ai souvenir que, dans mon passé d'étudiant, mes professeurs de géographie nous enseignaient que les classes moyennes et populaires fuyaient les centres pour accéder enfin à la maison individuelle et au jardin, rêve de tout individualiste qui s'assume. Ce rêve est-il si universel et si partagé ? N'y a-t-il pas de nombreux individus qui ont fait ce choix (et qui se tapent deux heures de voiture par jour) parce qu'ils ne pouvaient tout simplement pas rester au centre ?

Je ne pense pas que Bertrand Delanoë aimerait qu'on lui propose de densifier Paris. Pourtant, l'électorat plus populaire vote plus à gauche normalement. Dommage que sa communication politique ne soit centrée que sur les bobos parisiens.

Damned, mon gosse vote à droite !

Seb, que je détrousse habilement pour vivre comme un privilégié, me demande ce que je ferais si mon gosse ne votait pas comme moi.

Cette chaîne est intéressante. J'avais lancé l'été dernier une chaîne sur la capacité de chacun à supporter un conjoint d'opinion différente. Dans ce cas, on a l'avantage de pouvoir choisir avec qui on construit sa famille et avec qui on choisit de faire des enfants. Par contre, les enfants, on les a et on ne peut les changer. Il faut donc supporter leurs choix.

Finalement, ce qui comptera pour moi, le jour où je serai face à mon enfant, sera de transmettre, non pas forcément un ancrage politique prononcé mais une série de valeurs que j'estime importante : le respect des droits de l'homme, le respect des opinions différentes de la sienne, l'envie de s'intéresser à la chose publique, pas seulement comme le font les grands médias mais avec un véritable esprit pointilleux et critique, l'envie de participer au débat démocratique en argumentant sa pensée, le sens de la responsabilité, de l'engagement et du poids des paroles.

Après, s'il est de droite, qu'importe ! Ce qui compte, ce sont les valeurs.

Par contre, je pense que j'aurai nettement plus de mal si mon enfant s'oriente vers des valeurs différentes, devient intolérant, rejette la démocratie, choisit des idéologies totalitaires, se vautre dans la xénophobie ou le racisme. Dans ce cas, le combat idéologique sera prégnant, et rien ne m'obligera à supporter ses discours à table tous les dimanches midis.

Bon, il faut maintenant transmettre la chaîne. Juan a déjà tagué beaucoup de monde. Je propose donc au Faucon, à Yann Savidan, à Jacques, au Crapaud de la mare du Sud et à Suzanne. Je tague aussi Fabrice et Manuel qui arrêteront peut-être de parler des gamins des autres pour parler des leurs.

jeudi 25 février 2010

Influent, influent... Est-ce que j'ai une gueule d'influent ?

Hier soir, cher lecteur, j'ai eu la joie de participer à la République des Blogs, durant laquelle nous n'avons quasiment pas parlé des régionales, à part pour évoquer les errements de la campagne en Île-de-France ou en Languedoc-Roussillon, voire ailleurs. Comme d'habitude, nous avons surtout parlé de notre petit monde de blogueurs.

J'ai dîné en compagnie de trois éminents membres du réseau LHC, que j'ai l'habitude de titiller. Une discussion assez intéressante a opposé LOmiG à Jean-Paul Oury, sur des questions internes au réseau. Je ne vous dirai pas sur quelle question se penchait mes camarades, mais je vous signalerai juste que la problématique de fond visait à se demander s'il valait mieux, pour propager ses idées, être franc et affirmer brutalement ses valeurs et ses positions, au risque de choquer des lecteurs différents, ou, au contraire, tenter de lisser ses idées dans le but de séduire large et de convaincre progressivement les autres (je ne vous dirais pas qui soutenait quoi, mais si vous connaissez les deux, vous pouvez toujours faire des pronostics en commentaire). Cette discussion, même si je n'ai fait que l'écouter, ne voulant me mêler des affaires d'un réseau dont je ne suis pas membre, m'a intéressé parce qu'elle revient souvent chez mes deux camarades des Gueules, qui ont tendance à m'accuser de mollesse et à me dire que je n'ose pas suffisamment m'affirmer face à d'autres blogueurs ou à eux deux.

Pour résoudre ce questionnement, il faut se rappeler que la blogosphère française n'a absolument aucun impact aujourd'hui sur le monde réel et sur le monde médiatique. Avec mes 200 lecteurs journaliers, on ne peut pas dire que mes positions concernent les foules : je ne travaille pas pour un grand quotidien ou pour une radio nationale, à faire des éditoriaux dont tout le monde parlera le lendemain. Il s'agit donc, pour nous, de parler à un nombre réduit de personnes, dont la plupart sont déjà des passionnés de politique aux idées très arrêtées.

Passé ce cap, on peut répondre à la question en affirmant qu'elle est sans fondement. Nous affirmons tous, que nous soyons brutaux ou que nous essayons d'être ouverts, des valeurs et des positions. Celles-ci sont parfaitement visibles dans nos billets. Il est d'ailleurs intéressant de constater que, sur les Gueules, des commentateurs ont régulièrement essayé de nous situer tous les trois, et y ont plutôt bien réussi dans l'ensemble, parfois mieux que nous-mêmes. Finalement, c'est de la forme dont on parle, et pas des idées.

La forme a-t-elle un impact réel ? Je ne le crois pas non plus. Les blogueurs brutaux suscitent plutôt des commentaires durs, les blogueurs plus softs de l'intérêt poli, mais comme nous sommes tous convaincus, rien n'évolue. La question se posera vraiment le jour où la blogosphère française sortira de son anonymat relatif. Vu les visites des blogs les plus connus, on n'en est pas encore là. Lorsqu'on y sera, la manière dont chacun choisira sa stratégie de communication sera importante pour la diffusion de ses idées. En attendant, tant que nous restons cantonnés à notre petit milieu, soyons simplement heureux de bloguer et usons de cette outil comme nous le souhaitons. C'est en prenant du plaisir que nous attirerons les lecteurs et que, peut-être un jour, on pourra reparler d'influence...

Delanoë sur Inter : mise en place de péages sur les autoroutes urbaines d'Île-de-France.

En parlant de transports, revenons à la politique, et plus particulièrement aux élections régionales. Ce matin, Bertrand Delanoë était sur France Inter pour défendre la candidature de Jean-Paul Huchon à la présidence de la région. Bien que marquée par des arguments parfois orduriers, la campagne s'est focalisée sur la question des transports, prégnante dans notre belle région.

Le maire de Paris a ainsi annoncé une mesure-phare de la prochaine mandature socialiste : la mise en place de péages sur les autoroutes urbaines de l'agglomération, à destination en priorité des routiers, dans le but d'obliger les transporteurs à contourner la métropole.

En France, comme ce fut le cas pour les chemins de fer, le réseau autoroutier s'est structuré en étoile, selon un schéma centre-périphérie, avec Paris au milieu. Les pouvoirs publics ont depuis tenté de développer des liaisons transversales pour désengorger ce nœud routier, contrairement à ce qu'ils ont fait pour le train : A28 dans l'Ouest, A85 entre Angers et Bourges, A89 entre Lyon et Bordeaux, A26 dans l'Est entre le Nord et Troyes puis A5 jusqu'à Dijon... Ces réalisations, très coûteuses pour l'A89 par exemple, ont sans doute permis de régler une partie des problèmes, mais une grande partie du trafic routier français continue de passer par la capitale, suivant les vieux axes Le Havre-Paris-Lyon-Marseille et Lille-Paris-Lyon-Marseille. Les trois pôles économiques français sont donc reliés de cette manière, et il sera difficile de faire évoluer cette donne : les tentatives des métropoles d'équilibre, dans les années 1960, l'ont bien démontré.

Actuellement, il existe trois voies régionales pour contourner la capitale : le boulevard périphérique (tournant autour de Paris intra-muros), l'A86 en petite couronne et l'A104-N104 en grande couronne. Les deux premières sont toujours surchargées (essayez d'emprunter l'A86 entre Nogent et Rosny entre 7h00 et 21h00) et la troisième, si elle est plus fluide, n'en est pas moins très fréquentée et dangereuse.

Si le maire de Paris espère que les routiers emprunteront les grandes voies annexes (A26 et A28), je crois qu'il doit prendre en compte un paramètre important : le détour doit être moins coûteux en temps et en carburant que le passage par Paris. Sinon, les transporteurs choisiront de payer. D'autre part, ce sont les habitants de la région qui paieront le coût le plus élevé, puisqu'ils ne pourront se passer des autoroutes pour de nombreux déplacements transversaux. Il faudrait donc relancer la construction de voies de chemin de fer transversales (train, métro et tramway en fonction des lieux et des coûts) et diminuer régulièrement les tarifs des transports en commun (au moins pour compenser la perte de temps). Si l'argent de ces péages sert à réaliser ces projets, on aura déjà fait un pas vers la gratuité des transports locaux que je souhaite ardemment.

Cependant, à terme, ce programme ne pourra être efficace que si la SNCF développe le ferroutage (avec un contournement de la capitale) et repense l'ensemble de son réseau national. Là, cela va coûter cher et ne va pas concerner que l'Île-de-France. On touche là l'échelon national, voire européen. On trouve ainsi la limite des échelons locaux et de leurs capacités d'intervention. D'autre part, nos concitoyens, sans explication claire et sans objectif à long terme, risquent bien de réagir très négativement à une mesure qui apparaîtra comme un nouveau moyen de taxer le quidam, alors qu'elle est à l'évidence intéressante.

L'ïle-de-France étant une région à l'influence mondiale, elle ne peut faire des choix sans réfléchir à toutes les échelles. On ne peut faire un péage sans penser à l'avenir, sans donner une vision du réseau des transports du futur, coordonnée avec l'aménagement de l'ensemble du pays et de l'Union européenne. Je trouve que cette campagne aurait pu aborder ce thème, très important ici. Dommage que nos élus ne soient pas capables, parfois, de prendre un peu de hauteur et de rappeler aux citoyens que la question des transports parisiens ne se réduit pas à des vélos en accès libre ou à un péage...

Sous le soleil d'Austerlitz...

Aujourd'hui, cher lecteur, je me suis rendu à la gare d'Austerlitz, pour accompagner la Privilégiée qui ralliait des amies à elle, dans le Sud de la France, dans le but de se distraire quelque peu. J'ai attendu au train avec elle et, après son départ, je me suis un peu attardé dans l'enceinte de cette grande gare.

Austerlitz m'évoque toute une série de souvenirs, des souvenirs d'enfance très précisément. Cette gare était un lieu que nous fréquentions beaucoup. Ma grand-mère maternelle, originaire du Béarn, y prenait le train, pour se rendre dans son coin natal, situé à proximité de Lourdes. Tout de suite, si tu connais la région, tu dois te dire que je perds mes repères : Lourdes est en Bigorre. Mais non, cher lecteur, je ne me trompe pas : ma grand-mère venait d'un bled situé à proximité de la frontière entre les deux régions, et il ne fallait pas se tromper dans la localisation, ni avec la Bigorre, ni avec le Pays basque. Elle se rendait aussi régulièrement à Dax, pour y faire des cures.

Et puis, nous-mêmes, nous empruntions parfois les lignes d'Austerlitz pour nous rendre dans la vallée de la Loire. Mes grands-parents maternels y avaient une maison de campagne. Ils l'ont vendu en 1985, alors que je n'avais que huit ans. Pourtant, j'ai des souvenirs très marquants de cette époque, et particulièrement des lumières de la vallée de la Loire. Malgré tout ce que l'on peut m'en dire, j'ai toujours le sentiment que le coucher de soleil (ou l'aurore d'ailleurs) y est particulier, quelle que soit la saison. J'y retourne dès que je le peux. Austerlitz était un avant-goût à ces voyages.

Et puis, le temps a passé. La maison a été vendue, ma grand-mère, vieillissante, a fini par abandonner ses escapades vers le Sud-Ouest, même si, jusqu'à sa mort, elle ne cessa de téléphoner à sa cousine la plus proche. Nous pouvions ainsi entendre, parfois, un petit mot d'un patois local surgir de sa bouche.

Austerlitz a vieilli. Depuis la mise en service du TGV Sud-Ouest à Montparnasse, cette gare, qui grouillait de monde dans les années 1980, semble désertée maintenant, alors qu'on est en pleine période de vacances scolaires. La belle structure métallique de la station est en mauvais état (les piliers en pierre sont d'ailleurs recouverts de filet, ce qui n'est pas rassurant...). Une partie nouvelle, en béton, a été construite au nord de la gare, et des travaux ont lieu sur d'autres voies.

Ce sentiment de nostalgie me prend souvent dans toutes les gares parisiennes, mais tout à l'heure, à Austerlitz, j'ai peut-être approché ce qui l'explique. Le temps passe, cher lecteur, inexorablement. Pris dans nos vies, on a du mal à le voir passer, mais parfois, par petites touches, par quelques images, odeurs ou sensations, il se rappelle à vous.

Je vieillis, moi...

PS : Gaël vieillit aussi, et il est encore temps de lui souhaiter un joyeux anniversaire, même avec un jour de retard.

mardi 23 février 2010

L’évolution des relations sociales : du rien vers le presque rien.

En France, les relations sociales n'ont jamais été faciles. Notre structure de décision est relativement simple, pourtant. Qu'on soit dans le public ou dans le privé, en général, le patron prend une décision et l'impose aux salariés. Si la décision passe, tant mieux. Si elle ne passe pas, les syndicats provoquent un conflit social, qui aboutit à des négociations qui se soldent par une victoire d'un des deux côtés. Ce système avait l'avantage de permettre à un camp de s'imposer, et avait le désavantage de tendre sensiblement les relations au travail.

Or, ces dernières années, un autre système s'est progressivement mis en place : la concertation. Qu'est-ce que c'est ? Un employeur, quel qu'il soit (mais on peut aussi être face à un homme politique), met en avant un problème et présente déjà un ensemble de pistes. Ensuite, il reçoit les syndicats et écoute attentivement leurs opinions. Les syndicalistes se sentent écoutés et compris. Ce processus d'écoute dure un temps relativement limité. Ensuite, le patron annonce des mesures qui correspondent exactement à sa vision des choses, en y ajoutant une ou deux réflexions syndicales, mais rien qui ne modifie l'objectif originel. Là, les syndicats, outrés de s'être faits manipuler ainsi, déclenchent un mouvement social, mais ils se font immédiatement flinguer par le patron qui les accuse de conservatisme, alors qu'il a pris en compte une ou deux de leurs propositions. Rapidement, l'épreuve de force échoue. L'employeur a ainsi, par cet artifice, éviter la négociation qui consiste à faire des concessions et à aboutir à une décision commune.

Cette méthode s'est largement étendue à la sphère politique. C'est ainsi que Luc Chatel a procédé avec la réforme des lycées. C'est ainsi que Nicolas Sarkozy se propose de réformer les retraites. C'est ainsi que Michèle Alliot-Marie veut manœuvrer avec sa réforme de la justice.

Ce système est d'autant plus avantageux que les syndicats ne peuvent bouder la concertation elle-même sans prendre le risque d'apparaître comme ceux qui refusent le dialogue.

En clair, d'une logique autoritaire et conflictuelle, on est passé à une fausse démocratie sociale tout aussi autoritaire, mais dans laquelle des syndicats affaiblis ne peuvent plus vraiment s'imposer, même s'ils sont soutenus par la base.

On est passé du rien au presque rien. Il serait temps de réfléchir là-dessus : pourquoi les organisations représentatives n'indiquent-elles pas qu'elles ne participeront qu'à des négociations, et pas à de vagues concertations ?

Une pétition en ligne lancée par un réseau de blogueurs.

Tiens, je viens de faire une découverte intéressante. Aujourd'hui, un réseau de blogueurs, plutôt marqué à droite même si d'autres blogueurs s'y rencontrent, le réseau LHC, vient de lancer une pétition en ligne. C'est une première, à ma connaissance, et il est intéressant de le noter.

Cette pétition vise à supprimer la HALDE. Je ne suis pas, tu t'en doutes, cher lecteur, en accord avec cette demande, et je ne la signerai pas. Cependant, je suis assez curieux de savoir combien de signatures il vont effectivement récolter, histoire de mesurer le poids réel de ce type de questionnements dans la blogosphère et sur le web en général.

Or, très grande bizarrerie, en allant au formulaire, je découvre que les noms des signataires ne sont pas accessibles et resteront secrets. Normalement, quand on signe une pétition en ligne, la liste des signataires est disponible. Sinon, le poids réel de la pétition n'existe pas, car même si les organisateurs l'envoient à Jean-François Copé (pourquoi lui d'ailleurs ? Je l'aurai envoyée à Sarkozy), comme ils l'indiquent, je ne vois pas bien ce à quoi tout cela servira, vu qu'on n'aura jamais le vrai nombre de signataires. Ils pourront toujours dire que des dizaines de milliers de personnes ont signé, mais à quoi bon ? On a l'impression que la pétition porte une demande illégale...

Même si je ne suis pas membre de LHC, et que j'ai eu des conflits avec certains de ses adhérents, j'aimerais bien qu'un billet explicatif sur la stratégie soit publié, rien que pour comprendre la démarche et ce qu'elle recouvre exactement.

EDIT : un aimable commentateur, stenté par la provocation, me signale qu'en fait, on peut cocher une case en-dessous du formulaire pour dire si on est prêt à afficher son nom ou pas. Cependant, là encore, je ne vois pas bien l'intérêt de signer une pétition sans afficher son nom. Est-il possible de signer par pseudo et une signature de ce type est-elle considérée comme valable ? Je doute...

lundi 22 février 2010

La violence à l’école : quelques réflexions.

Depuis que les enseignants de Vitry se sont mis en droit de retrait, les billets ont été nombreux dans la blogosphère, dans les journaux, sur les radios et les télévisions. Malgré tous les efforts entrepris, nos revendications réelles ont eu du mal à émerger. A la suite d'un de mes billets sur la question, Suzanne me fit remarquer que je ne cessais de dire que mon lycée dit difficile n'était pas violent, alors que je réclamais du personnel d'encadrement. Elle ne manqua pas de souligner une contradiction. Je voudrais y revenir.

Les affaires du Kremlin-Bicêtre, de Vitry, de Bobigny, d'Aubervilliers et de Thiais sont frappantes par la violence et les conséquences des actes des gamins. Ces violences graves sont-elles fréquentes ? La réponse est non. Comme dans le reste de la société, elles surviennent de temps en temps, peut-être un peu plus dans les lycées parce que s'y concentrent des adolescents mal dans leurs peaux et qui ont une tendance à exprimer ce malaise par la violence, mais aussi par d'autres biais, comme la dépression, la drogue, le renfermement sur soi, mais aussi des moyens beaucoup plus légers heureusement. Les adolescents vraiment en souffrance restent une minorité.

Lorsque je lis les articles de mes confrères blogueurs, je suis assez étonné de la vision du problème. Beaucoup d'articles ont été consacrés à la perte d'autorité des enseignants. En effet, depuis un demi-siècle, le système scolaire a beaucoup évolué, abandonnant progressivement l'humiliation comme mode de gestion des enfants, même si elle subsiste dans le processus de notation. Cette évolution est salutaire, car elle permet de légitimer l'enseignant, non pas par la menace de punition qu'il fait planer sur l'enfant, mais par la qualité des cours qu'il donne. L'autorité change de sens, devenant ainsi légitime. Cependant, pour que les choses fonctionnent bien, il faut que les enfants admettent que le système scolaire leur donne une vraie chance de s'en sortir, ce qui est faux aujourd'hui vu l'incapacité de l'école à briser les inégalités sociales.

De plus, les adolescents recherchent aussi un cadre fort qui leur permette de s'épanouir tout en sentant que la société des adultes pose les jalons de règles communes. Bien évidemment, les adolescents tentent de franchir ces règles, mais ils s'attendent à ce que les adultes répondent. Je me rappellerai toujours une élève, lors de ma première année d'enseignement, qui m'expliqua qu'un bon prof se définissait par deux termes : « sévère et juste ». J'essaie de m'accrocher à ces deux mots, en considérant que le mot « sévère » signifie aussi exigeant et pas seulement dur, et que le mot « juste » implique un traitement équitables des élèves. C'est un exercice difficile à tenir et parfois, j'y échoue.

Or, actuellement, le système éducatif évolue de deux manières différentes qui laissent penser que les problèmes ne vont cesser de s'aggraver. Tout d'abord, les réformes en cours creusent les inégalités déjà existantes. Ensuite, les réponses aux transgressions des adolescents sont tiraillées entre deux extrêmes totalement contradictoires. D'un côte, on tient un discours de grande sévérité aux gamins, leur annonçant le bagne s'ils font une bêtise. De l'autre, les processus de sanction sont très peu souvent mis en œuvre, à la fois parce que l'administration saque les proviseurs qui sanctionnent trop, parce que les enseignants, depuis la suppression de la carte scolaire, essaient de préserver l'image de leurs établissements, et parce qu'enfin, les parents renâclent à laisser sanctionner leurs enfants, préférant accuser le système éducatif de tous les maux (dont il n'est pas exempt…).

Cette impunité, les ados la ressentent réellement, et parfois, s'interrogent et demandent des réponses. Menant des activités régulières sur la sécurité avec les gamins (programme d'ECJS de 2nde et de 1ère), je suis toujours autant étonné de leur désir de se faire rassurer, d'être encadré, d'avoir un répondant en face.

Tout cela nécessite-t-il de mettre des flics dans les écoles, de créer des centres éducatifs fermés, de virer les gamins ? Evidemment, des solutions exceptionnelles doivent exister pour les cas graves (qui sont de toute façon pris en charge par la justice), mais il n'en reste pas moins que la majorité des problèmes serait évitée avec quelques solutions simples : ne pas avoir peur de sanctionner si besoin (en utilisant simplement les règlements intérieurs actuels), mettre un peu de personnel dans les couloirs des bahuts pour éviter que les gamins ne trouvent aucune réponse à leurs transgressions, éviter les classes surchargées qui sont facteurs de problème, vu que les enseignants sont moins disponibles pour chacun. Après, la solution à la question des inégalités ne sera pas simple, mais on peut déjà commencer.

Reste la question des agressions venant de l'extérieur. Là, il n'y a pas non plus de solution-miracle, et ce n'est pas une éventuelle sanctuarisation qui changera quoi que ce soit. Tous les profs savent que les caméras et les grilles n'empêchent rien et ne font que dissuader les délinquants les moins déterminés. Les surveillants n'empêchent pas grand-chose non plus, mais ils ont au moins l'avantage de pouvoir se déplacer dans un bahut et de rejoindre le lieu où l'incident intervient. Une grille et une caméra ne se déplacent pas.

Suzanne, je reste ouvert à toutes vos remarques et réflexions, qui seront nombreuses, j'en suis sûr.

Le sens caché de l'affiche promotionnelle du grand emprunt.

Cette publicité gouvernementale suscite l'agacement de nombreux acteurs de notre blogosphère, passant de la vision machiste de l'image à la déformation de notre Marianne nationale, sans oublier le coût de la campagne ou les questionnements de faire une publicité pour un emprunt qui ne vise pas les citoyens lambdas.

Pourtant, cher lecteur, après avoir observé longuement cette affiche, j'ai enfin eu la révélation : elle est un signe d'ouverture fort de la part de Nicolas Sarkozy.

Pourquoi ? Mais ne vois-tu pas, cher lecteur, la reprise de l'imagerie de la campagne de Ségolène Royal en 2007 ???

L'aveuglement domine la blogosphère, décidément...

dimanche 21 février 2010

Le renouvellement à gauche ne vient pas, malgré des sondages positifs.

Alors que la gauche semble avoir le vent en poupe pour les élections régionales d'Île-de-France, les sondages sont de moins en moins bons pour Europe Écologie, qui ne recueillerait, si l'élection avait lieu aujourd'hui, que 14% des suffrages. Ce regroupement hétéroclite semble caler.

Cette baisse s'oppose au retour en force du PS dans les sondages à gauche. Huchon bénéficie sans doute de la dynamique de sortie de mandat, mais aussi de la campagne désastreuse de l'UMP. Cependant, il n'y a pas que cela.

Depuis la lancée d'Europe Écologie l'an dernier, j'ai beaucoup oscillé sur ce mouvement. Il a certes réussi un bon coup aux Européennes, en présentant en Île-de-France Eva Joly. Il est parvenu à s'imposer sur un PS faible à ce moment-là. Depuis, les positionnements de ce groupe sont gênants.

Pourquoi, cher lecteur ? D'abord parce que cette alliance ne dégage pas une vraie ligne directrice. Comment trouver cohérent que José Bové et Daniel Cohn-Bendit se retrouvent dans le même groupe ? D'autre part, la stratégie du parti est très semblable à celle du Modem. Comme Bayrou, les leaders écologistes tentent de profiter des problèmes du PS pour s'imposer en grattant sur la gauche, même si ses idées ne sont parfois pas très marquée à gauche. Comme Bayrou, à partir du moment où le PS reprend du poil de la bête, Europe Écologie a du mal à se trouver une place. Il devient maintenant évident que les écologistes se rallieront au PS partout où ils le pourront au deuxième tour.

Finalement, de renouvellement à gauche, il n'est plus vraiment question. Reste le Front de Gauche, mais comment espérer un renouvellement d'un mouvement dirigé par un ancien cadre du PS et composé des membres du PCF ? Ce soir, je ne suis pas vraiment optimiste sur l'avenir de notre partie de l'échiquier politique.

Cependant, je ne demande qu'à être convaincu qu'il est possible de secouer le PS et d'obtenir de vraies propositions à gauche. Je ne vois pourtant ni EE, ni le Front de Gauche avoir cette force. Il faudra pourtant que ce virage arrive pour qu'on puisse sérieusement envisager de virer Sarkozy en 2012. Espérons, camarades, espérons...

samedi 20 février 2010

Appel à la grève dans l'Education par l'intersyndicale le 12 mars 2010.

Bon, les vacances sont là. Je vais enfin pouvoir me poser un peu, après deux semaines très actives. Certes, j'ai quelques cours à préparer et quelques copies de bac blanc, mais rien d'insurmontable à priori, et je devrais avoir la possibilité de me reposer quelques jours.

Suite à mon billet d'hier sur l'avenir du mouvement des enseignants, je te propose ci-dessous l'appel à la grève lancé par l'intersyndicale de l'Éducation nationale pour le 12 mars 2010. Le but est sûrement d'inciter les professeurs des zones A et B à se lancer dans l'action avec une perspective, mais aussi de permettre aux académies parisiennes, qui rentrent de vacances le 8 mars, de se relancer. Cependant, si la province ne démarre pas, cette journée risque bien de marquer l'enterrement de l'ensemble de nos actions.

Une autre difficulté émergera de toute façon rapidement derrière. Le 23 mars, les grandes centrales syndicales, dont celles de l'Éducation, ont lancé un appel sur les retraites. Ce thème va sans doute occuper beaucoup les médias et nous renvoyer dans les limbes. Il faudrait donc se montrer maintenant et durer.

Enfin, j'étais tellement obnubilé par tout ça que j'ai un peu délaissé mes blogs et l'actualité politique plus générale ces derniers jours. Je vais donc m'y remettre, cher lecteur, c'est promis, d'autant plus que les élections approchent.

L'appel à la grève du 12 mars 2010 :


18 février 2010


Communiqué de l’intersyndicale le 17 février 2010 :

L’Intersyndicale réunissant les organisations suivantes : SNCL-FAEN, SUD-EDUCATION, SN-FO-LC, SNEP-FSU, CGT Educ’action, SNES-FSU et SNALC- CSEN, s’est réunie ce jour 17 février 2010.

L’Intersyndicale apporte son total soutien aux mobilisations et mouvements en cours et notamment à ceux engagés dans la région parisienne. Elle rappelle que plusieurs syndicats ont déposé des préavis de grève couvrant le mois de février garantissant l’action des collègues. Elle appelle les personnels à se mobiliser dès la rentrée des différentes académies pour poursuivre et amplifier les actions en cours.

L’Intersyndicale, avec une détermination toujours plus forte, réaffirme son opposition entière à la réforme des lycées, à la réforme de la voie professionnelle qui aggravent encore les conditions d’enseignement, et à celle du statut régissant les établissements (EPLE), à la politique budgétaire qui dégrade toujours plus les conditions de travail et d’étude et réduit l’offre de formation.

L’Intersyndicale dénonce les conditions scandaleuses de l’accueil et de la formation, annoncées pour la rentrée 2010, des professeurs stagiaires dans les établissements. Désorganisant les services, menaçant de bloquer le mouvement des mutations, plaçant les stagiaires dans une situation professionnelle intenable et inadmissible, elle affectera la scolarité de nombreux élèves.

L’Intersyndicale demande avec insistance au Ministre le retrait de réformes, dictées en grande partie par la recherche frénétique d’économies budgétaires, conduisant à la suppression massive d’emplois indispensables au service de l’Ecole de la République.

L’Intersyndicale appelle à une journée de grève nationale et de manifestations le vendredi 12 mars.

Elle reste en contact, très étroit, et se réunira à l’issue de cette journée.

vendredi 19 février 2010

Quelles perspectives pour les actions dans l'Education ?

Et voilà, ça y est, cher lecteur. Comme l'ensemble des enseignants de la zone C, j'entame ce soir mes deux semaines de vacances d'hiver. Pour nos élèves et nous, voici une bonne période de repos. Pour le gouvernement, voici enfin l'occasion de cesser d'entendre, dans les médias, les litanies sur les mouvements sociaux qui ont secoué l'Académie de Créteil depuis deux semaines, et qui ont commencé à s'étendre sur Paris et sur Versailles hier. Plus de 5 000 personnes ont manifesté à Paris hier après-midi, alors qu'il y en avait 200 à Aubervilliers il y a deux semaines.

L'arrivée des vacances scolaires met le mouvement social entre parenthèse pour nous, mais ce qui va se passer maintenant est primordial. En effet, la zone B rentre en cours lundi. S'il ne se passe pas quelque chose dans ces académies (une grande partie du Nord de la France et le Sud-Est), il est quasiment certain que le mouvement qui s'est développé restera cantonné aux zones les plus dures de la région parisienne. Certes, il est possible que nos établissements obtiennent quelques avantages et quelques postes, mais ce qui suscite l'action ne sera pas résolu, et l'État continuera joyeusement à se désengager des dépenses d'avenir.

Nous voilà donc dans l'attente des éventuelles actions de nos collègues de province. Il reste à espérer qu'ils n'ont pas été trop intoxiqués par le discours médiatique sur une action uniquement centrée sur les questions de sécurité.

Les luttes n'ont d'ailleurs eu, pour le moment, que des résultats très légers. Après deux semaines de retrait, après une agression d'un enseignant qui tentait de faire cesser une bagarre dans sa classe, les personnels du collège Timbaud de Bobigny n'ont obtenu que la garantie qu'un poste de CPE serait ajouté en septembre, avec un poste de surveillant. Pour le moment, ils gagnent deux précaires pour finir l'année et ont repris le travail. A Thiais, la lutte se poursuit.

Collègue de province, on est attentif et on t'attend. J'espère que tu répondras présent.

PS : Il paraît que Didier Goux a eu un petit accident de santé. Espérons qu'il se remette vite et recommence à troller nos billets...

mercredi 17 février 2010

Jean-Michel Apathie, troll de gauche du Grand Journal.

Hier soir, après une dure journée de labeur, j'ai eu la chance, que dire, le bonheur ultime, de tomber sur la chronique de Jean-Michel Apathie sur Canal+. J'aime bien Apathie, parce qu'avec lui, on n'a absolument aucune surprise. Systématiquement, tous les jours, le journaliste redécouvre l'existence de la dette publique, et tous les jours, inlassablement, méthodiquement, Apathie dénonce le gâchis des revenus de l'État, et ce malgré un taux d'imposition toujours jugé exorbitant. Parfois, il dit des choses justes, mais dans la plupart des cas, il se contente d'énoncer des vérités considérées comme acquise à droite et de les décliner.

Pourtant, on a pu noter hier une évolution dans le discours. Apathie évoquait la grève des enseignants, à la fois en Seine-Saint-Denis, à Chérioux et maintenant au lycée Guillaume Apollinaire de Thiais (on oublie toujours les deux établissements du 93, mais il ne faut pas s'en étonner, je suppose). Il constatait, avec un effarement apparent, les déboires de l'Éducation nationale et son manque de moyens (entendre cela chez un homme de droite m'étonne toujours). Cependant, cet étonnement ne dura pas : après avoir décrit une situation apocalyptique dans les établissements scolaires (que j'ai même trouvé outré, c'est tout dire), Apathie se mit à fustiger l'irresponsabilité de nos hommes politiques qui passent leur temps à dilapider les finances publiques dans des dépenses somptuaires, pendant que la dette se creuse et que les services publics se dégradent.

Jean-Michel, je voudrais t'aider, parce qu'hier, je t'ai trouvé touchant. J'ai presque cru que Laurent Fabius allait sortir de ton corps et crier : « à mort le bouclier fiscal ! » Aussi, sans vouloir paraître arrogant voire outrecuidant, j'aimerai t'expliquer pourquoi nous en sommes là, et ce que la droite a fait depuis 2002. Certes, alors que les finances de l'État et des régimes de protection sociale s'étaient rééquilibrés sous Jospin, notre dette n'a cessé de se creuser depuis. Certains invoquent la crise pour l'expliquer, mais la croissance a été continue durant la période. Il y a donc autre chose.

Deux raisons expliquent cette évolution, et nous amènent à la situation actuelle :


L'efficacité n'est pas le problème ici : on est bien face à des choix politiques qui s'expriment clairement. Attention, Jean-Michel, si tu poursuis dans cette voie, tu vas finir par virer gauchiste.

mardi 16 février 2010

Quelques ressorts du mouvement des enseignants de Seine-Saint-Denis.

Il y a, profondément, une certaine forme de masochisme chez les enseignants. Oui, de masochisme. Pourquoi ? Pour quelques raisons très simples que je vais tenter d'expliciter.

Depuis maintenant plus d'une semaine que le mouvement est en cours dans les établissements de Seine-Saint-Denis, je me suis permis d'écouter mes collègues et d'essayer de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans leurs esprits. En effet, on pourrait se demander pourquoi ils se sont brusquement mis à s'agiter, à écrire des lettres, à signer des pétitions, à manifester voire à faire grève pour une partie d'entre eux. Tu vas me dire, cher lecteur, que les profs sont toujours plus ou moins en grève, toujours plus ou moins en train de pétitionner et de manifester, toujours en train d'essayer de trouver des biais pour ne pas travailler. Pourtant, nos syndicats ont régulièrement essayé de susciter un mouvement d'ampleur depuis le début de l'année scolaire, de manière très maladroite, et sans y parvenir. Pour moi, la manifestation nationale du 30 janvier était un flop, même si cette analyse reste contestée par les vieux routiers du militantisme syndical.

Or, ce qui suscite le mouvement du moment pose des enjeux nouveaux. D'abord, et malgré la fascination médiatique pour le sujet, signe de notre époque, la sécurité n'est pas au centre du problème. Certes, il y a maintenant quatre établissements en droit de retrait pour des questions d'agression : le lycée Chérioux à Vitry, le lycée de Thiais depuis aujourd'hui, le collège Timbaud à Bobigny depuis mardi dernier et le lycée Timbaud d'Aubervilliers depuis le 29 janvier. Les collègues réagissent toujours de manière très solidaire mais de là à entamer une grève spontanée derrière, il y a un pas que l'ultra-majorité ne passera pas.

Le mouvement actuel s'articule autour des suppressions de postes, très globalement, et on les retrouve dans tous les mots d'ordre. La sécurité vient du manque de personnel. La réforme du lycée vise à supprimer des personnels en réduisant les enseignements disciplinaires. La suppression de la formation des profs va permettre de mettre les stagiaires à plein temps. Cependant, les profs ne l'expriment pas réellement, en tout cas rarement de manière construite. Finalement, même si tout le monde est conscient que la réduction de la dépense d'éducation est derrière tout cela, ce mot d'ordre ne ressort pas directement.

Ce qui émerge est bien plus basique, bien plus sentimental, bien plus profond aussi, et finalement, bien plus difficile à gérer, à la fois par les syndicats ou par le gouvernement. Ce qui émerge, c'est une sorte de ras-le-bol, de lassitude, d'exaspération devant la chute du service public et la dégradation des conditions de travail, de sentiment de mépris de la part de l'ensemble des acteurs publics, des parents et de nombreux politiques. S'il couve depuis longtemps, ce sentiment profond, il s'exprime finalement assez rarement. Là, il flambe dans l'une des zones les plus difficiles du pays, mais rien ne dit qu'il fera tâche d'huile ailleurs, là où les conditions de travail sont moins dures, et où les suppressions de poste ont un impact moins lourd.

Pourquoi masochiste, les profs ? Parce qu'ils s'expriment assez peu, que cette réalité-là n'émerge pas, que les profs subissent sans riposter. Maintenant que les choses sortent, rien ne laisse prédire de l'avenir proche. En tout cas, je n'aimerais être à la place ni du ministre qui va devoir trouver des réponses (qu'elles soient répressives ou positives), ni des syndicats qui vont devoir traduire ce globiboulga revendicatif en des revendications claires. Bon courage, les gars !

lundi 15 février 2010

Cinq jours dans l'action : bientôt, des billets.

Cinq jours sans écrire un billet, cher lecteur, cinq jours... Non pas que cela ne me soit jamais arrivé, loin de là. En tant que privilégié, mes multiples vacances ont souvent entraîné des périodes sans aucune écriture, à part quelques commentaires laconiquement laissés sur mes blogs préférés, lorsque je parvenais à trouver un café équipé d'un accès WI-FI gratuit. Cependant, la Privilégiée s'est inquiétée de mon inactivité sur le réseau, ce qui est un signe important.

Il ne s'agissait pas d'une brusque volonté d'arrêter le blogage. Contrairement à Hypos, je ne suis pas encore lassé du jeu de la blogosphère. Certes, entretenir deux blogs, cela a un prix, certes pas financier, mais temporel. Je ne sais pas comment je ferais si j'avais deux enfants en train de brailler à côté de moi pour tenir un blog. Certains y arrivent, mais je doute d'avoir la force de faire de même.

Non, ce qui m'a empêché, c'est le démarrage du mouvement social des enseignants en Seine-Saint-Denis. Comme beaucoup de collègues, je me suis retrouvé pris dans cette tempête qui semble se lever, et dont personne ne sait vraiment où elle va aller. Pour le moment, les médias s'axent uniquement sur les questions de sécurité, alors que les profs, très majoritairement et malgré le soutien sans faille à nos collègues de Vitry, se bougent à cause de la suppression de notre formation professionnelle, de la réforme des lycées et des craintes sur la mobilité des fonctionnaires.

La France est en train de devenir un pays tellement moderne qu'elle ne va bientôt plus former ses enseignants. Nous plaignons tous nos futurs collègues qui vont se faire massacrer par les élèves dans les prochaines années. Nous plaignons aussi la nouvelle dégradation de la qualité d'enseignement que cela va forcément entraîner.

Ce mouvement pourrait susciter de nombreux billets, à la fois sur les thèmes d'action mais aussi sur les discussions dans les salles des professeurs et dans les cortèges. Une fois la tempête passée, je pense que j'aurais des tas de billets à te faire sur le sujet, cher lecteur friand des nouvelles de l'Éducation nationale.

En attendant, je me demande bien où tout cela va nous mener. On est en période électorale, les syndicats nationaux se préoccupent davantage des retraites que de l'éducation, la dette se creuse, l'euro se casse la gueule et nous sommes encore à deux ans des présidentielles. Je ne vois pas bien comment nous allons émerger, une fois que les régionales seront passées et que les médias n'auront plus besoin d'essayer de faire du mal aux régions PS à propos de la sécurité dans les bahuts.

A ce propos, je signale aux lecteurs que les personnels de sécurité dans les établissements dépendent de l'État. De plus, à Vitry, il y avait des caméras qui ont filmé les intrus, entrant et sortant du lycée.

Bon, j'espère vite reprendre du poil de la bête et adopter de nouveau mon rythme de croisière.

mercredi 10 février 2010

La chaîne des régionales de 2010.

Il m'arrive une aventure bien étonnante. Il y a quelques jours, j'ai lancé une chaîne pour connaître les positions des blogueurs politiques sur les futures élections régionales. Et voilà que, deux billets plus loin, la chaîne me retombe dessus, avec un lien vers ce blog. Comme quoi, malgré tous les liens que je fais, il ne semble pas clair à plusieurs lecteurs que je participe à deux blogs : Avec nos gueules..., avec Manuel et Fabrice, et ce blog où j'ai le plaisir d'être seul.

Cependant, considérant que le principe est intéressant, je vais donc me soumettre à ma propre chaîne. Voici donc mes réponses aux trois questions posées :

Voterez-vous lors des élections régionales ? Merci de justifier votre réponse.

A cette question, la réponse est oui, totalement. J'ai atteint ma majorité en 1995 et je n'ai jamais loupé un seul scrutin. Les présidents de bureau de vote le savent bien : je me retrouve souvent au dépouillement, et j'ai même réussi à convertir la Privilégiée à cette pratique que j'affectionne particulièrement. C'est tout un cérémonial démocratique, et je préfère largement sentir l'ambiance d'un bureau de vote que regarder les hommes politiques dire n'importe quoi dans les débats post-20 heures.

Si oui, savez-vous déjà pour qui vous voteriez au premier tour ? Pourquoi ?

J'admets que je ne suis pas encore décidé, et je vais encore changer d'avis douze fois. Pour le moment, je m'oriente vers le Front de Gauche, trouvant intéressant que ce parti soit le seul à gauche à s'intéresser à l'éducation. Cependant, rien n'est décidé.

Avez-vous une idée de vote pour le second tour ?

Je voterai pour la liste qui sera face à celle de l'UMP. Mon objectif est clair : faire battre le parti au pouvoir partout où c'est possible.

Comme de juste, je transfère la chaîne à Dr No, Gaël, Marie-Georges Profonde, Nicolas et Hervé Torchet. Au boulot, camarades !

lundi 8 février 2010

Comprend la Marseillaise, et tu l'aimeras.

Ce matin, par malheur, je suis tombé sur Eric Besson sur France Inter. Ce ministre me fascine : je m'étonne toujours qu'un homme soit capable d'avaler autant de couleuvres et de se tenir droit dans ses bottes. Dans quelques années, quand il aura disparu de la scène politique, j'aurai bien envie de l'interviewer.

En attendant, le sémillant ministre a lancé encore un nouveau boulet sur l'Éducation nationale, qui n'en avait pas besoin. Voilà que les résultats du débat sur l'identité nationale impacteront sur nos programmes et nos enseignements. Il ne manquait plus que ça. Déjà, Luc Chatel avait eu des velléités de nous faire participer, mais heureusement, les circulaires d'application ne sont jamais arrivées dans les établissements.

Ce matin, Éric Besson n'a rien dit, sauf qu'il a lâché que nous pourrions apprendre aux élèves le sens des paroles, pour qu'ils sachent que le sang impur n'est pas celui des étrangers mais des opposants à la Révolution. Pourtant, cette chanson fut chantée pour la première fois au moment de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche, mais enfin, passons...

Étonnamment, je me suis senti concerné, car j'ai parfois mis en œuvre des séquences d'histoire sur ce sujet en seconde. Il s'agissait de s'appuyer sur les couplets pour comprendre l'inscription dans le contexte de la chanson, puis d'en montrer les évolutions durant la période révolutionnaire. De fait, nous abordons avec les élèves le sens des concepts et nous nous en servons comme d'une source historique comme une autre. Les programmes actuels prévoyaient d'ailleurs qu'on pouvait aussi traiter ce thème en première, en montrant comment ce chant très révolutionnaire était finalement devenu un symbole assez consensuel sous la IIIe République.

Or, dans cette démarche, il ne s'agit pas du tout de se plonger dans notre passé mais de faire comprendre les paroles aux gamins pour qu'ils aiment cette chanson, en en comprenant le sens. Quelle intrusion dans l'esprit de nos jeunes concitoyens, cher lecteur ! De quel droit pouvons-nous penser qu'un gamin aimera une chanson s'il comprend de quoi on parle ? Même si la Marseillaise est l'hymne national, n'importe quel citoyen a le droit d'y être indifférent, voire de la haïr totalement. L'Éducation nationale n'a pas à se vautrer dans ce genre de mission.

Éric Besson a déclaré ce matin que nos voisins étrangers étaient fascinés par ce débat et allait le mettre en œuvre. Je crois surtout que dans quelques années, on en rigolera, de toutes ces stupidités. Quoique... On en rigolera peut-être jaune...

dimanche 7 février 2010

"Si les profs de Vitry étaient des Contis" ?

En me remettant sur internet ce soir, j'ai découvert ce billet de Philippe Bilger. J'aime bien lire les blogs sur la justice ou sur le droit, comme ceux d'Eolas, de Jules voire de Rubin (qui n'est pas qu'un blog de droit, mais ses articles sur le sujet sont intéressants).

Aujourd'hui, Bilger traite du même sujet que j'abordais hier, c'est-à-dire le droit de retrait exercé par les collègues se trouvant en position difficile au niveau de la sécurité. Prenant prétexte de ce sujet, il se lance dans une diatribe contre les salariés de Continental, qui ont mené plusieurs actions violentes l'an dernier pour essayer de sauver leurs emplois. L'article se finit par une couronne de louanges à l'égard des enseignants qui respectent le droit, et une critique acerbe de nos autorités qui n'écoutent pas ces bons enseignants pendant que les Contis ressortent sans sanction de leurs actions violentes.

J'ai éprouvé un certain malaise à la lecture de ce billet, pour plusieurs raisons. Comme d'autres, je n'ai pas été particulièrement choqué par la violence des Contis (ils n'ont fait que des dégâts matériels après tout), même si je n'aime pas la violence. Il s'agissait d'une réaction devant un comportement tout aussi brutal d'une entreprise à l'égard de salariés qui, en plus, avaient pris des engagements particuliers à son égard. Ces salariés ont perdu leur emploi, sans aucune chance d'en retrouver un autre dans ce coin-là. Certes, la violence de Continental n'a pas été matérielle, mais elle a été morale et sociale. Suis-je en train de te dire, cher lecteur, qu'il ne fallait pas condamner les Contis ? Pas du tout, mais le tribunal se devait de prendre en compte les spécificités de l'affaire. De plus, si la justice s'était amusée à condamner très durement les Contis, après que l'État ait laissé l'entreprise s'en tirer sans aucune conséquence, l'interprétation n'aurait pas été très positive et l'État aurait été accusé de casser les syndicalistes, plutôt que de condamner seulement quelques personnes désespérées ayant perdu leurs nerfs..

Certes, en comparaison, les profs sont très sages et respectent globalement les lois sur les conflits sociaux. Il est très rare qu'un enseignant se retrouve poursuivi, et les manifestations sont souvent des randonnées à travers Paris. De plus, les profs n'ont jamais utilisé les labos de physique-chimie pour préparer des bombes, et ne saccagent pas les préfectures et les rectorats.

Cependant, en ce moment, la souffrance au travail est réelle chez nous, et elle pourrait aboutir à des violences, surtout vu les réactions parfois déplorables d'une hiérarchie sans aucune marge de manœuvre. Cette violence ne surgit pourtant pas, pour une raison à mon avis très simple, que M. Bilger semble avoir oubliée : les profs, pour le moment, ne perdent pas leur travail, et si l'État est en ce moment en train de sabrer les emplois, il ne le fait qu'à partir des départs en retraite. Alors, nous faisons grève et nous sommes gentils, mais tout cela vient bel et bien de la sécurité de l'emploi.

Que se passerait-il si on nous licenciait ? Qui sait... Les labos de physique-chimie sont bien remplis...

Le poids de la dépense éducative dans le PIB.

Cher lecteur, je voulais te transmettre aujourd'hui cette note du ministère de l'Éducation nationale, qui évoque l'évolution des dépenses d'éducation dans notre pays.

Elle montre qu'après avoir augmenté depuis le début des années 1980, les dépenses d'éducation sont en nette régression depuis 2000. De plus, elles indiquent aussi que, si nos dépenses sont situées 0,2% au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, elles sont aussi égales à celles du Royaume-Uni et de la Finlande, et inférieures à celles de la Suède et des États-Unis.

Je vous en conseille la lecture, et je remercie le collègue qui me l'a envoyée.

samedi 6 février 2010

Exerçons notre droit de retrait, et surtout sans préservatif.

En ce moment, le gouvernement met en œuvre un processus simple que nous avons déjà vu en action.

Je te le dévoile. Dans un établissement scolaire, quel qu'il soit, un acte de violence se produit. Je n'en discute pas ici l'origine : il peut venir des élèves eux-mêmes, d'un défaut de sécurité, d'un conflit avec un prof... Bref, en tout cas, un événement choquant arrive et bouleverse une communauté éducative.

Les réactions sont très variées en fonction des établissements, et souvent, il ne se passera pas grand-chose. En général, les collègues écrivent à l'inspecteur d'académie et/ou au rectorat local pour leur expliquer ce qui dysfonctionne et proposer des solutions. A moins que les parents et/ou les élèves ne soient mobilisés et que les profs déposent un préavis de grève, il ne se passe rien ensuite.

Et puis, d'autres violences surviennent, et un beau jour, les collègues choisissent de mettre un terme à la chose en exerçant leur droit de retrait. Cette notion est très floue dans le droit et permet toutes sortes d'interprétations. Les collègues en ont souvent une vision extensive, la hiérarchie une vision plus que restrictive.

Dans ce cas-là, les autorités pourraient réagir de trois façons : soit répondre aux demandes des profs, soit négocier pour leur faire comprendre que les solutions proposées ne seront pas efficaces, soit jouer l'épreuve de force et considérer les collègues non comme en retrait, mais comme grévistes.

Lorsque l'administration fait ce choix, les collègues ne comprennent pas, et ils en tirent un sentiment de vexation, de mépris et d'abandon terrible. Cette méthode illustre un système de management archaïque, et sans aucun respect des valeurs humanistes basiques. Elle a été honteusement appliquée l'an dernier dans un collège de Stains après l'agression d'un principal-adjoint, on la retrouve aujourd'hui.

En ce moment, deux lycées sont dans cette situation : le lycée Chérioux à Vitry-sur-Seine, très médiatisé, et le lycée Jean-Pierre Timbaud à Aubervilliers, absolument pas médiatisé et en droit de retrait depuis le 29 janvier.

Dans ce pays, le respect pour les travailleurs comme pour les usagers du service public n'est que peu présent et peu visible. La droite au pouvoir est tellement persuadée d'être face à une nouvelle action de mouvements crypto-gauchistes qui tenteraient de susciter un soulèvement qu'elle préfère les traiter comme des opposants, et pas comme des gens en souffrance. Il serait parfois bon de ranger la politique et de traiter les gens humainement : on pacifierait ainsi à moindre frais l'Éducation nationale.

mercredi 3 février 2010

Cela bouge en Seine-Saint-Denis, dans l'Education nationale.

Tiens, allez, ce soir, un billet pour mes trolls de droite.

Il y a quelques jours, je râlais contre l'attentisme des profs devant l'évolution de notre situation et les réformes en cours, en particulier la situation dramatique qui se prépare pour les stagiaires.

Or, depuis lundi, les préavis de grève voire les passages à l'acte ont commencé à apparaître en Seine-Saint-Denis. Comme, à part le Parisien édition Seine-Saint-Denis, personne ne va en parler, je me permets de recenser ci-dessous les quelques établissements dans l'action que j'ai pu voir passer.

Un collègue m'a signalé que la manifestation de samedi n'avait pas été une si grande catastrophe que cela, à cause du chameau. Je me suis demandé, au début s'il ne s'agissait pas d'une nouvelle dénomination pour le mammouth. Mais non ! L'explication est ici. Il paraît que la presse en a beaucoup parlé. Je n'ai rien vu...

Je relaie ci-dessous un mail envoyé par le SNES 93 à ses adhérents ce soir et
transmis par un collègue :

collège Diderot Aubervilliers:
24 collègues sur 32 ont voté la grève pour jeudi 4 février contre la réforme des lycée, le changement des EPLE et la DHG. 24 coll sur 32 présents ont voté la grève pour jeudi.
http://www.creteil.snes.edu/spip.php?article2371

Lycée Paul Eluard Saint-Denis:
grève minoritaire jeudi 4 contre les réformes en cours.

Collège Jean Jaurès Pantin:
grève jeudi 4 de 50% des professeurs contre les réformes en cours.

La Cité scolaire Henri Wallon d’Aubervilliers:
en grève reconductible depuis le lundi 1er février école déserte prévue par la FCPE pour vendredi 5 ; nouvelle réunion avec les parents jeudi de 18 à 19h. Manif devant la mairie à Aubervilliers (14h) et AG avec les autres établissements en grève, ouverte le plus largement possible aux collègues à 15h30 à la bourse du travail. Jeudi la grève devrait être majoritaire.
http://www.creteil.snes.edu/spip.php?article2364

Lycée Le Corbusier Aubervilliers:
en grève jeudi 4 contre les réformes en cours (1/4 des collègues).

collège Péri Aubervilliers:
au cours d'une assemblée générale qui s'est tenue mardi 2 février 2010, les professeurs du collège Gabriel Péri ont majoritairement voté la grève pour le jeudi 4 février et ont décidé de la tenue d'une nouvelle AG jeudi matin pour discuter de nouvelles journées de grève (vendredi 5 ou début de semaine prochaine).
http://www.creteil.snes.edu/spip.php?article2370

Le collège Politzer Montreuil:
en grève reconductible tournante depuis le vendredi 29 janvier contre la réforme du lycée et celle de la formation des enseignants («masterisation »).

collège Jean-Baptiste Clément Dugny:
préavis déposé pour la semaine prochaine à cause d'une dotation en heure insuffisante (DHG) pour la rentrée prochaine.

Le collège Pierre Sémard de Drancy :
grève reconductible (majoritaire) à partir du mardi 9 février pour obtenir une meilleure DHG.
http://www.creteil.snes.edu/spip.php?article2366

Le collège Marais de Villiers Montreuil:
préavis de grève pour le 10 février (au lendemain d'une audience à l’IA). Grève en cas de non-satisfaction des revendications : ils réclament de vraies réponses face aux problèmes de violence scolaire.
http://www.creteil.snes.edu/spip.php?article2355
J'essaierai de vous tenir au courant, cher lecteur, des évolutions, s'il y en a.

mardi 2 février 2010

Le logement, une grosse partie du problème.

L'INSEE publie en ce moment, sur internet, un rapport sur la consommation des ménages. On apprend ainsi que la part consacrée par les ménages au logement est passée de 20 à 28% du budget depuis les années 1960, alors que les salaires ont régulièrement augmenté durant la période.

Le rapport contient plusieurs conclusions intéressantes sur les inégalités dues à ce problème : je t'invite à t'y référer, de même qu'à ce rapport de la Fondation Abbé Pierre.

Il y a cependant une réflexion qui me turlupine, et que je voudrais te soumettre, cher lecteur. Je vais prendre le cas d'un ménage de petite classe moyenne étant locataire ou payant un crédit immobilier. Ce ménage doit prendre en compte dans son budget une partie de ses ressources pour les mettre dans son crédit ou son loyer. A priori, cette part ne varie pas, ou très peu. Or, en versant cette somme, le ménage enrichit d'un côté le propriétaire, et de l'autre le banquier. Certes, dans le second cas, le ménage finira par être propriétaire, et il pourra ainsi s'enrichir à son tour, mais en attendant, il paie.

L'achat est en augmentation régulière, alors que les prix n'ont pas cessé d'augmenter. Cela veut donc dire que de plus en plus de Français paient des crédits. De l'autre côté, les locataires enrichissent des propriétaires.

En clair, ne s'agit-il pas, là encore, d'un détournement des revenus du travail vers le capital ? Pour rééquilibrer un peu les choses, ne faudrait-il pas d'un côté casser tous les dispositifs qui permettent aux personnes aisées de spéculer sur les logements pour les ouvrir au plus grand nombre, et de l'autre, relancer la construction pour que les prix baissent et que les ménages soient plus à l'aise ?

Cher lecteur, n'hésite pas à me dire si je me trompe, mais il me semble qu'on a là une partie du problème qui permet aux personnes les plus aisés de récupérer une part toujours plus grande de la richesse produite. En dehors de la question salariale, il y aurait là un levier intéressant à actionner.

lundi 1 février 2010

Bilan du mois de janvier 2010.

Le bilan de ce premier mois de 2010 marque un arrêt de la croissance régulière de l'audience de ce site depuis plusieurs mois. Cependant, il faut tout de même le reconnaître, cher lecteur, rien de catastrophique. D'abord, comme ce fut le cas sur les Gueules, le nombre d'abonnés a augmenté d'une trentaine, amenant le total à 260 personnes, ce qui commence à ressembler à quelque chose. Concernant les visites, nous obtenons un total de 6 407 visites, soit un millier de moins que le mois précédent, ce qui représente une nette baisse. La baisse des visiteurs est un peu moins sévère, avec 4 982 visiteurs, soit 800 de moins que le mois dernier.

Les visites ont été beaucoup plus régulières qu'en décembre. Un pic est apparu le 6 janvier, jour où j'avais publié un billet sur les grandes écoles et la polémique autour des boursiers, qui a peut-être attiré un peu de monde. Cela peut aussi expliquer le pic concomitant des Gueules. Ensuite, le nombre moyen de visiteurs est resté assez stable, avec une poussée au moment de l'appel au No Sarkozy Day, mais sans que cela n'atteigne des proportions énormes. Finalement, c'est mon billet sur les nouvelles conditions du stage des futurs enseignants qui se place largement en tête ce mois-ci, sans doute parce que les médias classiques n'en ont que peu parlé, et que Google attire par ici des futurs stagiaires inquiets (et ils n'ont pas dû être rassurés…).

Concernant les autres compteurs de visites, voici les évolutions :

  • Sitemeter nous donne le beau chiffre de 5 695 visites, mais pour la première fois, il est inférieur à Google Analytics. Comment analyser cette évolution ? J'aimerai bien savoir ce que l'Hérétique et Nicolas en pensent, vu que nous avions souvent critiqué Google sur ses résultats.
  • Statcounter note aussi une baisse, mais moins importante, puisque seulement de 500 visiteurs, avec 7 170 visiteurs uniques absolus. Dans ce cas précis, on est beaucoup plus haut que Google et Sitemeter, puisque ce site évalue aussi le nombre de pages chargées bien au-dessus des deux autres.

Voici maintenant venu le moment de mes apporteurs de visites du mois (toujours supérieures ou égales à 10). A noter qu'un site DOM-COMien m'a relayé sur mon billet sur le référendum en Martinique et en Guyane, amenant ici de nombreux visiteurs de ces zones, et je l'en remercie. Cela nous donne donc :

Marianne2.fr : 619
Wikio : 282
Blada : 215
L'Hérétique : 69 (année hérétique… Hum, désolé, mais je voulais la faire.)
Partageons mon avis : 38
A toi l'honneur ! : 37
Le Merle moqueur : 33
Avec nos gueules… : 26
Olympe et le plafond de verre : 25
Marc Vasseur : 23
Sarkobasta : 23
Trois zélés remplaçants : 20
La Maison du Faucon : 19
Humeurs de vaches : 16
Mtislav : 15
[Unhuman] : 14
Le Blog de SOS Education : 14
Expression libre : 13
June Prune : 13
Flavius Aetius : 11
Chroniques d'un pingouin ordinaire : 11
Le blog de Dom : 10
Sarkofrance : 10
Le Coucou de Claviers : 10

A noter que l'influence des Gueules baisse régulièrement dans cette liste, sans doute à cause du nombre de moins en moins important de liens que font mes camarades.

Attendons maintenant les classements, et en particulier le Wikio, qui ne devrait pas casser des briques…

PS : tiens, dommage, Dominique n'est plus dans ce classement. Cela m'aurait amusé de le faire encore râler un peu…