mardi 30 septembre 2008

Citoyen américain frappé par la crise, sors de ta torpeur et vite !!!

Comme tu as sans doute pu le lire, le Congrès a préféré rejeter le plan Paulson qui visait à mener un véritable sauvetage par la puissance publique des grandes banques et des compagnies d'assurance des États-Unis. Je ne vais pas me lancer ici sur les causes de la crise : Dorham en a fait aujourd'hui une excellente analyse. Je ne vais pas non plus m'intéresser aux conséquences possibles : ce qui s'est passé hier en Autriche est une possibilité de ce qu'il pourrait bien se passer dans les années à venir dans l'ensemble de l'Europe.

Une chose m'accroche en cette soirée. Pourquoi les représentants démocrates et républicains se sont-ils retrouvés pour faire échouer cette première mouture du plan Paulson ? Au départ, je me suis dit que c'était des libéraux doctrinaires qui rejetaient l'intervention de l'État, ou bien qu'ils avaient la trouille d'engloutir 700 milliards de dollars dans des banques en creusant encore bien davantage le gouffre abyssale de la dette américaine plus qu'il ne l'est déjà. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que les sénateurs et les représentants ont eu les chocottes de leurs électeurs qui ne voudraient pas payer pour les élites déviantes de leur pays.

Dorham montre assez bien le rôle des spéculateurs dans le processus de la crise actuelle. Personnellement, je voudrai plutôt insister sur le soi-disant libéralisme des Américains. Après la dépression des années 1970, les Américains ont soutenu des chefs d'État qui ont appliqué avec force la doctrine néolibérale. Il s'agissait de bloquer les salaires et de favoriser les entreprises et les capitalistes dans la réallocation des richesses. Comme il fallait quand même soutenir la consommation et l'investissement des ménages dans un cadre de revenus bloqués, les gouvernements américains ont joué sur la baisse de la dépense publique, la baisse des impôts et la facilitation massive du crédit. L'ouverture du crédit a été continue, mais un processus pervers est vite apparu. Les ménages américains se sont surendettés : usant des crédits revolving, des crédits immobiliers, puis finalement des subprimes, ils n'ont cessé d'hypothéquer leurs revenus futurs, et sont finalement arrivés à un taux d'endettement de 240% des revenus, bien au-delà de leurs capacités réelles de remboursement.

Dans ma vieille éducation franchouillarde, le crédit est normalement quelque chose qui s'appuie sur un revenu réel. Quand on s'endette, c'est qu'on s'engage un jour ou l'autre à rembourser. On s'engage sur ses revenus futurs, que l'on peut parfois prévoir en partie. Si on ne peut plus payer, on vend ses biens et on fait faillite. C'est à priori à chaque citoyen de savoir ce qu'il peut réellement investir ou pas. Sur ce domaine, je suis totalement pour la responsabilité. Pour moi, si tu veux acheter quelque chose que tu n'as pas les moyens de financer, tu peux faire un crédit, mais seulement si tu as les moyens de le rembourser. Si ce n'est pas le cas, tu peux travailler plus pour hausser ton revenu, te qualifier et obtenir un emploi mieux payé ou réclamer des augmentations de salaire si tu estimes que ton travail n'est pas salarié à sa juste valeur.

Or, les Américains n'ont pas joué ce jeu. Certes, les banques ont vendu des crédits pourris à des gens qui ne pouvaient pas les payer, en le sachant totalement. D'un autre côté, les citoyens ont contracté des crédits qu'ils savaient déjà ne pas pouvoir payer. Ils l'ont fait de manière totalement irresponsable, pour pouvoir continuer à accéder à ce rêve américain de la propriété, de la possession de l'automobile ou même simplement de l'achat des consommables chaque jour dans les supermarchés. Aujourd'hui, la banque se purge et trinque. Les citoyens vont trinquer aussi, car ils sont responsables, que ce soit par la perte de leurs biens ou par le futur paiement d'impôts qu'il va bien falloir assumer sous peine de voir leur épargne disparaître dans les faillites bancaires.

On pourrait me dire : "Privilégié, tu es d'une sévérité sans nom. Comme si les citoyens pouvaient avoir connaissance de leurs capacités de remboursement ? Comme si tout cela n'avait pas été possible parce que des élites leur ont vendu ces crédits ?" C'est vrai, et les élites ont leur part de responsabilité, d'autant plus qu'ils se sont largement enrichis grâce à ce système. Cependant, les citoyens ont voté pour ces gens, ils ont souscrit des crédits et ont revoté pour ces gens, continuant à gober leurs discours sans esprit critique, tout cela mâtiné d'un libéralisme bon teint qui promettait la richesse. De plus, il ne s'agit pas dans ce cas de l'erreur d'une minorité : tous les Américains sont endettés, et largement. C'est la société dans son ensemble qui s'est fourvoyée.

Les Américains pourraient se rendre compte de leurs erreurs, et se comporter en responsable. Il va falloir payer dans une première période, mais peut-être pourra-t-il ensuite y avoir une remise en cause des dogmes, voire une discussion sur la répartition des richesses réelles, et pas sur les constructions délirantes des banquiers. Cependant, la réaction des parlementaires fait craindre que les Américains continuent à gérer leurs finances de manière totalement irrationnelle et irresponsable.

Certains libéraux prétendent qu'il est normal de ne pas payer les erreurs des élites. Dans le cas de cette crise, les fautes sont partagées : les élites ont proposé des idées pourries, les autres ont accepté les idées pourries. En France, nous devons tous, en tant que citoyens, nous poser des questions fondamentales sur la consommation, le crédit, le travail et sa rémunération, la répartition des richesses de plus en plus inégalitaire. Sinon, par notre irresponsabilité qui nous amène à confier à des capitalistes cupides le pouvoir, nous risquons nous aussi, à terme, d'en payer durement le prix.

D'ailleurs, la crise américaine a un petit côté rassurant. Pour faire accepter le blocage des salaires et l'enrichissement massif des riches depuis 1973, les élites américaines ont dû ouvrir les vannes du crédit, car les Américains gardaient malgré tout une volonté de progrès. Ils ont fait des bénéfices délirants, mais le système s'est cassé la tête. Espérons que nos amis américains vont comprendre que la seule valeur réelle, comme le disait Marx autrefois, est le revenu de son travail, et que s'endetter sur du vide en confiant les bénéfices de sa production aux capitalistes est séduisant sur le court terme, mais très nuisible sur le long terme.

lundi 29 septembre 2008

Les Français se font avoir : la consommation théorique des automobiles.

Après le billet un peu dépressif d'hier soir, cher lecteur abattu, j'ai envie de te parler d'un sujet un peu plus léger, enfin, je crois. Ce matin, puisqu'en tant que privilégié, je commence tard, j'écoute distraitement, en bouclant un cours puis en lisant mes blogs favoris, une émission de France Inter qui se consacre à la consommation des véhicules automobiles. Le sujet de départ en est simple : 60 millions de consommateurs sort en octobre un dossier consacré à la manière dont les constructeurs automobiles communiquent dans leurs publicités sur les automobiles neuves. La conclusion en est simple. Les consommations réelles seraient de 20 à 80% supérieures aux chiffres annoncés.

Rien qu'en écoutant l'émission, je trouve le questionnement problématique. Je découvre d'abord avec surprise que nos concitoyens croient aux chiffres avancés dans les publicités automobiles. Là, je rigole, cher lecteur, et à gorge déployée. Qui a déjà vu une publicité qui n'ait pas une part de mensonge ? Franchement, les gens se font avoir avec n'importe quoi.

Personnellement, je n'avais jamais réellement fait attention à la manière dont je conduisais jusque très récemment. En 2006, j'ai acheté ma première voiture, un diesel moyen qui devait consommer du 5l./100 km, ce qui correspond aux standards actuels de ce que font les constructeurs théoriquement. J'ai commencé à conduire sans faire attention à ma consommation : j'avais une conduite assez brusque, assez inadaptée à un moteur diesel d'ailleurs, je fais beaucoup de ville, et je roule souvent aux heures de pointe. Résultat : je me suis surpris à faire assez souvent le plein (presque deux fois par mois au début). Et puis, j'ai évolué. D'abord à cause de ma sensibilité à l'environnement qui m'a amené à conduire en ayant un oeil rivé sur l'ordinateur de bord me donnant la consommation de mon moteur en temps réel. Ensuite à cause de la hausse des prix de l'essence ces derniers mois, que j'ai bien été obligée de prendre en compte du fait de mon pouvoir d'achat durant nos dernières vacances.

Malgré ma méconnaissance des règles des moteurs, j'ai constaté plusieurs choses. D'abord, la consommation change du tout au tout lorsqu'on se trouve sur différents types de route : autoroute, voie rapide, ville, montagne, avec pluies ou pas... Ensuite, comme je l'avais déjà montré, la vitesse a une importance fondamentale. Enfin, la manière dont on appuie sur le champignon est tout autant primordiale : si tu conduis comme une brute, cher lecteur, ta voiture consommera et polluera plus que si tu es souple. Tout cela semble très simple et très basique, mais quand on écoute France Inter ce matin, on a vraiment l'impression que la majorité de la population n'est pas consciente de tout cela.

J'ai aussi la crainte (mais j'ai quitté le programme en route) que toute cette mode autour de la consommation pétrolière soit bien plus liée à la hausse ponctuelle des prix du baril de pétrole qu'à une réelle volonté de protéger notre environnement. Un libéral me dirait que la population s'adapte au prix et évolue grâce à cela. En ce moment, les prix rebaissent, et je pense que la vague d'écologisme retombera d'elle-même si la tendance se maintient.

Eh bien, cher lecteur, je crois qu'il faut faire intervenir la puissance publique dans cette affaire. On a beau s'enfiler des kilos de blogs libéraux tous les jours, on ne se refait pas. Voilà ce que je proposerai :
  • d'abord, j'aiderai les consommateurs à renouveler le parc automobile par des aides ou des crédits d'impôts, voire par une prime de mise à la casse des vieilles bagnoles. Cela existe déjà en partie avec le bonus-malus, mais on pourrait resserrer l'aide à des voitures réellement non-polluantes, et la rendre plus conséquente dans ce cas.
  • J'imposerai aux constructeurs une autre communication, avec un label "voiture non-polluante" (et non pas voiture verte, trop positif) et j'obligerai les constructeurs à marquer le label "voiture polluante" sur les autres. Ainsi, ils vont encore accélérer leurs recherches pour faire baisser la consommation voire pour passer à des énergies non-polluantes. A la collectivité de fixer pour le moment ce qui est la limite de la voiture non-polluante.
  • Je mettrai l'apprentissage à la conduite non-polluante dans le permis de conduire, et j'en ferai un aspect validant du permis. Ensuite, libre au conducteur de l'appliquer ou pas, mais il en paiera le prix par des pleins fréquents.
  • Enfin, je rendrai le permis non-permanent et je le limiterai à dix ans, ce qui nous permettrai de revoir les automobilistes régulièrement et d'actualiser leurs pratiques. Une sorte de formation continue en quelque sorte.

Reste la question du prix de l'essence. Franchement, je suis pour un prix de l'essence élevé, même si je le paie aussi. Il faut juste adapter les choses aux revenus moyens des Français, mais l'objectif est là aussi de pousser les entreprises et les conducteurs à s'adapter.

Ah, que tout ceci est interventionniste ! Hum, c'est bon...

Ah, le PS, le PS, morne parti...

Il y a des moments, chers lecteurs, où on se demande pourquoi on s'intéresse à la politique. Personnellement, je le fais et je l'ai toujours fait. Je n'ai pas de souvenir de ma vie, certes courte, durant lequel je ne me suis pas intéressé, d'une manière ou d'une autre, à l'évolution de nos hommes politiques. Petit déjà, je restais fasciné devant le JT, même si je passais rapidement aux émissions jeunesse de l'époque. Cependant, si j'ai déjà eu des engagements divers dans des causes ou des actions collectives, je n'en suis pas encore à franchir le pas de l'action politique. Certains de mes proches considèrent que ce blog est une étape avant d'y aller.

Mais il y a des jours où l'état de notre monde politique me désespère tellement que je n'ai vraiment pas envie de m'y mettre. En ce moment, je me pose de nombreuses questions sur le PS. Au départ, j'étais de ceux qui considéraient que la guerre des chefs devait avoir lieu, et qu'il fallait que se détermine rapidement un leader de la gauche venant du principal parti en nombre de militants et d'élus. En effet, en se retirant brutalement, action inédite dans la vie politique française, Lionel Jospin a mis un désordre terrible dans la maison PS. Immédiatement, François Hollande a bloqué la machine dans un but politique simple : permettre à Lionel, qui a dû regretter dès le 22 avril 2002 son coup de tête, de pouvoir revenir dans le champ politique. Cette stratégie a été déjouée en 2006. Non seulement Lionel a échoué à faire son retour, mais la primaire PS a vu s'imposer une candidate qui ne correspondait pas à l'état politique de notre société. Une nouvelle fois après le fiasco de 2005, les militants PS ont choisi quelqu'un qui ne pouvait pas gagner. Certes, Ségolène Royal a fait un score honorable, mais, j'en suis persuadé, uniquement parce que la gauche craignait comme la peste une réédition de 2002. Comme je le disais dans un billet plus ancien, Le Pen a été autant battu en 2007 par le siphonnage de Sarkozy que par la réaction épidermique des électeurs de gauche.

Et pourtant, la situation actuelle est pénible. Personnellement, je me disais que, rapidement, allait émerger un nouveau leader socialiste qui ferait le ménage et prendrait en main le parti. On a attendu que passent les municipales, et puis, la date fatidique du choix est arrivée. Et là, pour un homme comme moi qui ne suit pas militant PS, la situation est de plus en plus confuse. Non seulement aucun chef ne semble émerger, mais en plus, aucune des six motions déposées pour le congrès ne peut apparemment espérer une majorité, sans des synthèses qui risquent de faire encore plus de mal au PS que la situation actuelle.

D'ailleurs, je suis de plus en plus déprimé de voir que le conflit s'étend à la blogosphère et de lire les leftsblogs
s'étriper sur des questions de manoeuvres et de motions qui sont bien loin de la politique à mener pour contrer Sarkozy. La gauche démocratique est en train de se perdre pendant que le président mène sa barque sans réelle opposition.

Cependant, cher lecteur, je dois te dire que l'étude des motions révèle des constats qui risquent de rendre la vie du PS encore plus difficile que par le passé. Le PS actuel est traversé par les mêmes tensions qu'a connu le SPD et qui a abouti à sa scission. Il semble évident que ce processus menace le PS, d'autant plus que la France a traditionnellement une gauche dure bien plus vivace que dans les autres pays européens. Un autre blogueur se demande si le PS ne doit pas se scinder. Je pense que cela va finir par arriver si un chef ne se dégage pas.

En clair, il faudrait soit que le PS trouve un leader qui l'oriente dans une direction claire, soit qu'il se scinde et que la gauche se réorganise politiquement. Personnellement, je souhaiterai la première solution mais j'ai très peur du choix des militants. A ce moment-là, mieux vaut la scission et que chacun y retrouve ses petits.

P.S. : Eric nous raconte à son tour sa vision de la République des Blogs. Voilà qui complète bien les articles déjà faits par d'autres et par votre serviteur...

vendredi 26 septembre 2008

Un nouveau blogueur attaqué par un élu !

Gaël nous rapporte l'histoire de Fansolo, blogueur attaqué par le maire UMP d'Orléans. Renseignez-vous, et n'hésitez pas à signer la pétition.

Le film "Entre les murs" nous promet encore des débats pénibles.

Ça y est, cher lecteur, une période pénible commence pour les profs. La palme d'or du festival de Cannes 2008 vient de sortir en salle. Ce film, Entre les murs, est censé nous faire partager la vie d'un professeur de lettres dans un collège difficile d'un arrondissement de l'Est parisien.

Le film est sorti mercredi et aucun des professeurs de mon lycée dit difficile ne s'est encore rendu dans une salle obscure pour le visionner. Pourtant, nous sommes presque une centaine, et je me disais que certains collègues se rueraient pour se faire une opinion. Moi-même, je dois te dire que je recule. D'abord, je vis toutes mes journées de travail dans un établissement scolaire et revoir ma réalité journalière dans un film où on va forcément tout caricaturer pour toucher davantage le public, est un moment pénible. Quant on va au cinéma, franchement, cher lecteur, c'est pour se distraire, non ? J'ai toujours été en opposition avec les films imposés. J'avais mis beaucoup de temps à aller voir Indigènes il y a deux ans, d'abord parce que les profs d'histoire parlaient déjà de la vie des soldats coloniaux dans notre armée, et ensuite parce que tout le monde aimait. Mes élèves de l'époque m'avaient d'ailleurs un peu sermonné sur cette question, et ils avaient sans doute raison.


Mais il y a une autre raison : lorsque les médias mettent aujourd'hui en avant des profs qui parlent du métier, ils ne choisissent jamais les collègues qui écrivent des bouquins pour dire qu'ils se sentent bien et qu'ils sont heureux de faire ce boulot. Dernièrement, nous avons eu droit à des professeurs comme J.P. Brighelli, auteur de La fabrique du crétin, brûlot soi-disant objectif et clairvoyant, mais mettant en réalité en avant une rêve d'école totalement réactionnaire. Il en était de même des collègues qui ont interviewé
Xavier Darcos sur France 2 il y a quelques jours. Cette mise en avant de professeurs malheureux participe au démontage de l'école publique que mène depuis 2002 le pouvoir en place.

La sortie d'un film sur l'école va donc amener les blogueurs, quels que soient leurs bords, à lancer des billets péremptoires sur la situation de l'Éducation nationale. Mon métier est certes l'objet de critiques particulières parce que nous sommes payés par les impôts. Il est d'ailleurs normal que les citoyens en parlent, vu qu'ils mettent leurs enfants dans le système et qu'ils en attendent beaucoup et je ne veux surtout pas réserver le débat aux professionnels. Cependant, ce qui m'agace toujours, c'est que des gens qui n'ont jamais plus mis les pieds à l'école depuis qu'ils ont eu leur bac, voire qui n'y ont jamais été (beaucoup ont aussi été dans le privé, car il existe un système privé en France, cher lecteur), se permettent de lancer des pamphlets sans aucune réalité avec un ton péremptoire pénible. Ce matin,
Ivan Rioufol démarre une série de billets qui risque d'être longue et qui va me forcer à de longs commentaires pour ramener un peu de rationalité dans tout cela. Bon, je ne commenterai pas chez Rioufol, car il ne répond pas et cela n'a aucun intérêt, mais j'attends les autres au tournant.

La sortie de ce film va aussi amener la télévision à faire des reportages sur le sujet pour grignoter des parts d'audience en profitant de la vague d'intérêt suscitée par le film. Cela a commencé dès hier soir. Les deux présentatrices déprimantes d'Envoyé Spécial nous ont présenté ainsi un reportage sur un collège sensible de la banlieue de Strasbourg, qui a l'air, d'ailleurs, aussi réjouissante que la banlieue parisienne qui entoure mon lycée dit difficile. Ce reportage amène toujours à de réels caricatures. Ainsi, lorsque les reporters arrivent dans le collège le premier jour, un groupe de jeunes garçons fait exploser des pétards dans une poubelle devant le collège, manquant de provoquer un incendie. Immédiatement, un téléspectateur classique va se dire : "Oh là là, les petits sauvageons !!! Mais que fait la police ???"


Heureusement, le reporter parvient à déjouer la chose en parlant du phénomène de test que suscite la caméra. Il y a en effet une réalité importante à prendre en compte lorsqu'on travaille avec des adolescents, qu'ils soient dans des situations terribles ou pas. Un adolescent, par définition, cherche à construire sa personnalité d'adulte et à fixer les limites à ses actes. Il est dans une situation très pénible : il aimerait être un adulte mais a encore besoin de l'attention des adultes, que ce soit de ses parents ou des profs. Enfin, il est en pleine construction de sa personnalité amoureuse et sexuelle et, particulièrement pour les garçons, cherche à montrer en permanence qu'il est un adulte et qu'il est courageux, en clair "qu'il en a une grosse !!!". La présence d'une caméra est un excellent moyen de se mettre en valeur selon les codes de la cité, mais l'affrontement avec l'enseignant l'est aussi quotidiennement.


Moi, je suis toujours très indulgent avec ces comportements. Évidemment, je sanctionne, mais il faut être souple. Je me souviens, cher lecteur, de mes propres souffrances d'adolescent, et, si je n'excuse pas, je tente de me mettre dans la compréhension. Après huit ans d'enseignement, je suis maintenant assez persuadé que nos élèves adolescents recherchent trois choses fondamentales :

  • De la sévérité car ils ont besoin de cadres que les parents et la société n'impriment plus automatiquement.
  • De la justice, car ils souhaitent être traités comme des adultes mais aussi être punis comme tels.
  • De l'indulgence et de la compréhension, donc de la bienveillance, indispensable à la construction de la personnalité.

Ce cocktail est dur à mettre en place, car il demande une énergie et un détachement que nous avons parfois du mal à gérer, parce que c'est fatiguant et très usant psychologiquement.

Bon, il va bien falloir que j'aille voir ce film. S'il ne s'agit pas encore du constat d'un prof dépressif sur les "méchants élèves qui veulent pas apprendre", je te promets d'en faire un billet.

P.S. : tu remarqueras ma citation du mot sauvageon. Il s'agit d'un hommage posthume à Jean-Pierre Chevènement qui a pris sa retraite et dont on entend plus parler, et qui... Hein, quoi, Chevènement fait toujours de la politique ? Où ça ? Ah, il est au Sénat depuis dimanche ??? Bon, je ne change rien, il s'agissait bien d'un hommage posthume à un homme politique retraité.

jeudi 25 septembre 2008

La République des blogs : un bon moment finalement.

Finalement, cher lecteur, j'ai décidé hier soir de sortir de mon trou et de me rendre à la République des Blogs. Un peu surpris de trouver le Pavillon Baltard fermé, j'ai fini par débusquer les quelques blogueurs présents, qui s'étaient regroupés en face, à la Taverne de Maïtre Kanter, sans doute pas la brasserie la plus sexy de Paris, mais je suppose que ce fut une solution de secours.

En fait, j'avais deux objectifs simples:
  1. Je voulais d'abord voir le visage de mes contradicteurs habituels. Le blogage a en effet un aspect gênant : on parle à des êtres virtuels, qui n'existent pas vraiment, et qu'on peut se permettre de mettre en cause sans vraiment se poser de questions. Alors que mes compères d'Avec nos gueules... avaient décidé d'ignorer cet événement (enfin, Fabrice, parce que Manuel vit loin), je voulais tenter de mettre des visages sur des blogs et des noms. Je souhaitais juste humaniser un peu tout ça. Je n'ai pas été déçu : j'ai pu serrer la main et converser avec Dagrouik, Abadinte, Sauce, Penthièvre, LOmiG, Eric, Criticus et d'autres dont je n'ai pas retenu le nom, et j'ai serré la main à Maïtre Eolas et à Authueil. J'aurai aimé en rencontrer d'autres mais qui n'étaient pas là, soit parce que vivant en province (ce que j'ai découvert hier pour René Foulon par exemple), soit parce qu'ils sont timides. En effet, Dagrouik m'a avoué que Nicolas, à qui je dois une bière et que je voudrai vraiment connaître un jour, est un grand timide et n'a jamais participé à un République des Blogs. De même, nous avons parlé, avec quelques-uns, de Didier Goux, que je voudrai un jour apercevoir. Dagrouik m'a promis qu'il préviendrait le jour où une soirée se déroulerait à la Comète. On verra bien... Enfin, j'aurai aimé aussi croiser des blogueurs moins politiques que je lis assidument (Audine, Mtislav, Zoridae...) mais ils ne doivent pas être habitués de ce genre d'événements ou ne vivent pas sur Paris.
  2. J'aimerai bien aussi savoir si les autres blogueurs ont les mêmes aspirations que moi, et ce qui nous motive finalement. En fait, avons-nous tous les mêmes souhaits, les mêmes névroses, les mêmes désirs, les mêmes pathologies, quelque soit nos blogs et nos opinions politiques ? La soirée fut trop courte pour déterminer cela, malgré mon départ tardif.

Au final, j'ai passé une bonne soirée. Il est donc possible de mettre autour d'une table des blogueurs de gauche, de droite et des proches du Modem (il y en avait apparemment mais je n'ai pas discuté avec eux), sans que tout cela finisse en pugilat. L'ambiance était même plutôt bon enfant.

En tout cas, j'ai promis à Penthièvre, commentateur chez LOmiG, que je trollerai bientôt le futur blog libéral qu'il prépare. Enfin, si c'est de qualité, bien sûr : mes commentaires se méritent...

mercredi 24 septembre 2008

République des blogs or not République des blogs ?

Ce soir, se déroule la République des blogs à Paris, à 19h00 au Café Le Pavillon Baltard à Paris.

J'irai peut-être, voir le visage des blogueurs parisiens avec qui j'échange, parfois...

mardi 23 septembre 2008

Comment, grâce aux lecteurs avisés de ce blog, je change d'avis sur un sujet politique.

Cher lecteur, je dois te soumettre aujourd'hui un vrai cas de conscience qui me touche en ce morose et grisâtre mardi soir.

Avant-hier, j'ai publié un billet sur les OGM. Comme je m'en expliquais en introduction, il était le fruit d'échanges assez violents sur le blog de LOmiG à propos de José Bové. Suite à cela, je tentais de proposer une politique sur les OGM, m'inquiétant des stratégies menées par les firmes qui produisent ces plantes.

Dès le départ, mon propre article m'a gêné, en particulier sur sa première partie où je me suis lancé dans des approximations scientifiques qui posent de réels problèmes. En plus, j'y abandonnai l'idée de proposer un référendum sur les OGM alors que j'ai moi-même été, dans le passé, engagé sur cette question. Très vite, il m'est apparu que j'avais fait un papier qui ne me correspondait pas vraiment, même si je maintiens encore mon analyse économique et politique de la question.

Heureusement, des êtres bienveillants rôdent autour de mon blog, me lisent et me conseillent. Tu en fais partie, cher lecteur, et je te remercie d'être là. Les réactions à l'article en lui-même n'ont pas été très négatives, et j'ai même eu la surprise de découvrir que les libéraux que je voulais attaquer me congratulaient. Le premier à me remettre en cause fut mon camarade d'Avec nos gueules... Fabrice, qui m'attaqua dans des commentaires sur un billet de Manuel, se demandant si je ne faisais pas un coming-out droitier. Déjà, je lui signifiais mon insatisfaction en relisant mon article, sans pour autant me discréditer complètement, sans doute par orgueil.

Et là, sortant de sa réserve, arriva Mtislav. Dans un billet où j'occupe une place à part, Mtislav est parvenu à balayer mes derniers doutes : à l'évidence, mon propre billet me pèse, et il faut que j'y revienne, d'une manière ou d'une autre. Je signale d'ailleurs au passage que la partie du billet de l'auteur sur Technorati mériterait un autre papier à part, et je m'y attaquerai un de ces jours.

A partir de là, plusieurs solutions s'offrent à moi, et je dois te dire que je ne sais pas quoi faire :
  1. La première serait de supprimer purement et simplement le billet du blog, et de jouer l'innocent comme s'il n'avait jamais existé. Cette solution me permettrait de me planquer tout en reconsidérant mes positions et en refondant mon texte. Cependant, cette solution me paraît lâche, et ce billet montre aussi que le blogage peut apporter quelque chose et faire bouger des positions.
  2. La seconde serait simplement de l'amender et de le refondre. C'est possible, mais j'ai un problème : les commentaires ne seraient alors plus en rapport avec le texte, et il s'agit là d'une vraie marque d'irrespect pour mes lecteurs. De plus, le billet de Mtislav et les commentaires de Fabrice ne correspondraient plus à rien. En bon historien, transformer je ne puis.
  3. Il va donc falloir que je refasse un nouveau billet pour infirmer mes idées de ce moment-là. Après avoir défendu le marché, voilà que je me mets à faire mon auto-critique maintenant. Mais cette solution risque de créer une confusion générale auprès de lecteurs occasionnels...

Je ne sais pas, cher lecteur blogueur, si tu as déjà connu une situation de ce type. Si c'est le cas, n'hésite pas à m'indiquer comment tu as pu gérer ce moment incongru...

lundi 22 septembre 2008

Le Parlement expérimente la réforme de la constitution : le vote sur l'Afghanistan.

Le débat qui a eu lieu aujourd'hui à l'Assemblée Nationale a révélé la limite de l'une des réformes de la constitution votée en juillet. Il s'agit de la possibilité offerte au Parlement de contrôler les opérations que mène l'armée française à l'étranger, soit en intervention directe, soit sous contrôle d'institutions internationales comme l'ONU ou l'OTAN.

Le débat d'aujourd'hui est le premier du genre. Il est la conséquence directe de la mort de dix soldats français durant le mois d'août et de l'émotion populaire qui a suivi.

Je ne vais pas revenir sur les opérations en Afghanistan directement et sur les tenants du vote d'aujourd'hui. D'autres blogueurs résument très bien les différents arguments développés, et je leur laisse la joie de mener ces débats.

Les députés ont pu aujourd'hui développer leurs positions. Le premier ministre a fait une intervention où il a annoncé un renforcement du dispositif. Les intervenants se sont ensuite exprimés, et il se dégage un consensus sur le fait que la politique menée par la France, et par l'ensemble des alliés, est aujourd'hui un échec. Il est évident pour tous les groupes politiques que nous ne sortirons pas d'Afghanistan sans revoir radicalement notre politique dans ce pays.

Mais, là, arrive le moment du vote, et se dégage un travers tout à fait inattendu mais classique au Parlement. La droite, qui critique pourtant régulièrement les politiques menées, se sent obligée de voter oui pour soutenir le gouvernement qui est issu d'elle-même, et éviter une crise institutionnelle. Le Nouveau Centre suit, vu que le ministre de la défense est le leader du mouvement. Le Modem se prononce aussi pour. La gauche, qui critique autant la politique de la France mais ne souhaite quand même pas le retrait, décide de voter non pour marquer sa volonté de voir la politique du gouvernement changer, ce que la droite veut sans doute aussi.

On arrive donc à un vote gauche-droite caricatural alors que personne ne souhaite ni rester en Afghanistan dans les conditions actuelles, ni en sortir tout de suite en laissant les Afghans seuls dans la situation catastrophique où ils sont.

Il est dommage que les députés ne puissent pas se saisir d'un projet de loi obligeant le gouvernement à infléchir une politique extérieure. Il y aurait sûrement des moyens de trouver des points d'accord entre gauche et droite et de faire un consensus sur ce type de questions. Le gouvernement serait ainsi obligé d'exécuter les projets parlementaires, si l'opération pose question aux citoyens.

Évidemment, certains contradicteurs me diront qu'au moins, on a demandé son avis au Parlement. S'il s'agit de reproduire les votes majorité-opposition, je n'en vois malheureusement pas vraiment l'intérêt...

Comment vote le représentant des communes rurales durant le scrutin sénatorial ?

Cher lecteur, je tiens à te signaler un très intéressant billet d'Authueil, qui nous narre les dynamiques qui expliquent le succès de la gauche durant les sénatoriales qui se sont déroulées hier.


D'ailleurs, ce récit très vivant pose encore et toujours la question du suffrage indirect et de la réforme du Sénat. Vivement une véritable réforme de notre constitution.

dimanche 21 septembre 2008

Sortons de la polémique et parlons sérieusement des OGM.

Ces derniers jours, j'ai participé, de manière plus ou moins heureuse, à une intense discussion sur un blog concurrent que je cite souvent (avec moi, il va finir par exploser ses classements Wikio et Technorati). LOmiG, puisqu'il s'agit de lui, avait commis un billet dans lequel il se prononçait sur la sentence que le tribunal de Carcassonne venait de rendre contre José Bové et ses acolytes. Le billet, en lui-même, ne posait que peu de problèmes, malgré une conclusion un peu extrême (mais l'auteur aime ça !). Le débat qui a suivi m'a cependant fait beaucoup réfléchir et m'amène à écrire ce petit papier.

La question des OGM, cher lecteur, est un vieux serpent de mer. Elle occupe le devant de la scène médiatique régulièrement depuis la fin des années 1990. De quoi s'agit-il ? Depuis la fin des années 1970, les FTN de l'agro-business américain, suivies de près par leurs consoeurs japonaises et européennes, ont franchi la barrière de la génétique et se sont mises à mener des recherches pour modifier directement le code génétique des plantes, pour les doter de qualités que nous rechercherions dans le domaine agricole. Les recherches ont abouti d'abord sur certaines races de maïs, puis sur d'autres espèces. Ces plantes ont commencé à être testées puis diffusées dans le monde agricole. En fait, les modifications des espèces végétales ont toujours existé : l'homme n'a cessé de réaliser des croisements, de faire des sélections, de tenter des expériences. Les OGM ne sont qu'une façon plus rapide et plus directe d'agir sur le monde végétal et sans doute un jour animal.
Très vite, des aspects moraux sont apparus : l'homme doit-il pénétrer le mystère de la génétique ? En fait, cher lecteur, je te dirai que limiter un champ de la science est déjà en soi un questionnement que je trouve bizarre, et la recherche doit se poursuivre, dans toutes les directions possibles.

Cependant, les OGM posent deux problèmes supplémentaires qui sont régulièrement ressortis. Le premier est leur éventuelle nocivité pour l'homme. Je n'ai jamais lu d'études dans la presse démontrant cela à ce jour. On pourrait imaginer que les FTN diffusent des gènes nocifs, mais dans nos sociétés démocratiques où les contrôles sont nombreux, je doute qu'une telle chose soit réellement possible. Le second aspect est la pollution des espèces naturelles. Là, j'admets ne pas avoir les connaissances scientifiques nécessaires pour dire que l'impact sur l'environnement est nul, et les anti-OGM me touchent sur ces questions. Cependant, je me dis que nous avons de tels impacts, à toutes les échelles et dans tous les domaines de l'environnement, que ces gènes ne devraient pas poser tant de problèmes. Aujourd'hui, l'objectif est plutôt de sauver les espèces, tout simplement, que de les garder 100% naturelles. On peut aussi penser que la sélection naturelle fera que seuls certains gènes se diffuseront réellement dans l'environnement.

Finalement, dans la démarche OGM actuelle, l'aspect scientifique, si on peut toujours y mettre une part de fantasmes (chez moi comme chez les autres), ne pose pas vraiment de problèmes. Le problème est ailleurs : il est économique d'abord, et politique ensuite.

Les firmes qui commercialisent les OGM tentent sans arrêt de nous démontrer que les OGM sont indispensables pour répondre au problème de l'alimentation dans le monde. Bizarrement, quand je travaille mes ouvrages de géographie agricole pour préparer mes cours, je constate que la production alimentaire mondiale est normalement suffisante aujourd'hui pour nourrir l'ensemble des humains (environ 2200 kcal/jour disponibles) et qu'on pourrait encore mettre en culture des terres arables avec les espèces actuelles pour faire des gains de production. De plus, les techniques agricoles n'ont cessé de s'améliorer et sont de plus en plus productives. Certes, 800 millions de personnes souffrent de malnutrition, mais ce problème est bien plus lié à l'inégalité des richesses qu'à un problème de production. La hausse actuelle des prix des matières premières agricoles vient plus du fait que nos amis du Sud asiatique aimeraient manger comme nous, c'est-à-dire trop, que moyennement comme il faudrait qu'on le fasse tous.

Mais pour Monsanto et consorts, la situation est grave et nécessite les OGM. Ces firmes ont d'ailleurs beaucoup investi pour développer ces produits. Comme tu viens pourtant de le voir, économiquement parlant, les OGM ne sont pas indispensables. Les firmes mettent donc sur le marché des produits chers (car remplis d'innovations coûteuses) qu'elles risquent de ne pas pouvoir rentabiliser. Pour lutter, elles ont eu une idée géniale : breveter les innovations génétiques (merci la législation fédérale américaine) et obliger les agriculteurs à rendre les semences non-utilisées et non-revendues, voire rendre stérile certaines espèces modifiées. Ainsi, les agriculteurs deviennent dépendants car ils achètent les OGM chaque année, vu que ceux-ci sont censés être plus performants.

Ce processus pose de vrais questions. Je comprends le fait que les entreprises aient investi dans de l'innovation et souhaitent récupérer leurs investissements, y compris sur du long terme vu les coûts pharamineux de ces recherches. Or, quant on achète un produit récent, cher lecteur, on le paie, mais rapidement, des entrepreneurs le copient et les prix diminuent : c'est là tout le processus décrit par Schumpeter. Or, avec le système des OGM, l'innovation ne se diffuse pas, les FTN conservent leurs profits et mettent sous dépendance les agriculteurs, voire attaquent les copieurs et réclament leurs dûs aux agriculteurs qui n'ont pas choisi les OGM si le gène se diffuse dans les espèces précédemment exploitées et en fait, par la même, des OGM brevetés.

Les paysans pourraient continuer à cultiver les espèces précédentes, mais, craintifs de la productivité accrue de leurs voisins pour des prix d'achat de semences identiques, ils se rueraient sur les OGM en courant. Des systèmes agricoles entiers pourraient, à terme, se trouver dépendants de Monsanto.

Et là, le politique pointe le bout de son nez. Les FTN sont toujours liées, quelque part, à la politique. Que se passera-t-il dans les pays pauvres mais aussi dans les pays plus riches ? On pourrait imaginer des scénarios de fiction de pays entiers dépendants des entreprises de l'agro-business, qui sont toutes liées, de près ou de loin, à l'État américain.

Chez LOmiG, je proposai un référendum sur les OGM. En fait, je suis maintenant sur une position plus simple. Il est totalement normal que les entreprises détiennent des brevets, pour la période habituelle fixée par la loi. Il est tout aussi normal qu'elles attaquent les copieurs. Par contre, il est anormal qu'elles empêchent les utilisateurs des produits de faire ce qu'ils veulent des semences, vu que les agriculteurs sont bien incapables de les modifier de toute façon.
Puisque les OGM ne semblent pas être un problème environnemental et scientifique, légalisons-les. Cependant, imposons qu'ils soient commercialisés comme tous les produits, c'est-à-dire que les semences une fois achetées appartiennent à l'acheteur. Immédiatement, les prix vont s'élever pour retrouver le capital investi dans la recherche, car les FTN ne pourront plus bloquer le marché. Si ces graines sont si indispensables à notre économie, les agriculteurs les achèteront quand même car ils espéreront une vraie hausse de leurs profits. En plus, le temps que les copieurs agissent, il y aura sans doute une vraie marge. Si le prix est trop élevé par rapport à la concurrence actuelle des espèces sans OGM, les entreprises échoueront et le marché, pour une fois, fera son travail, en permettant aux acteurs économiques de choisir le mieux-disant.

Finalement, ce qui est scandaleux avec les OGM, c'est que les entreprises cassent les lois habituelles du marché. En effet, c'est le brevet qui symbolise l'innovation dans le produit et non plus le prix du produit. Je crois qu'on ne mesure pas assez l'importance de cette différence.

Me voilà devenu un défenseur du marché maintenant !!! On aura tout vu...

jeudi 18 septembre 2008

Et si on supprimait le SMIC ?

Alors que l'ensemble du système financier mondial est en pleine crise, il se diffuse dans la blogosphère de droite et chez quelques membres de l'UMP l'idée simple et suivante : et si on supprimait le SMIC ? J'avais déjà signalé la proposition régulièrement faite par les libéraux de mettre en place un revenu d'existence à destination de l'ensemble de la population, cette rente annulant toutes les autres aides collectives.

Il est intéressant que le SMIC vienne aujourd'hui sur le tapis politique. Le Salaire Minimum Interprofessionnelle de Croissance est pourtant une création de la droite : en 1970, J.-Ch. Delmas fait voter cette mesure qui vise à répondre aux aspirations au progrès social exprimées durant les événements de mai 1968. L'objectif du SMIC, qui remplace le SMIG datant de 1950, était de faire monter le salaire minimum pour qu'il se rapproche du salaire moyen des Français. Durant les années 1970, le gouvernement fait régulièrement monter le SMIC et les Français les plus pauvres connaissent une importante hausse de leur niveau de vie. Il est indexé sur l'inflation mais suit aussi la hausse du salaire moyen. Le SMIC horaire est de 14,79 F en 1980 contre 3,42 F en 1970.

Mais, et c'est la seconde bizarrerie, le SMIC va freiner sa croissance sous Mitterrand, lors du tournant de 1983. Mauroy puis Fabius ont voulu casser la spirale inflationniste, et le SMIC n'est plus indexé que sur l'inflation prévue par le gouvernement. D'ailleurs, la croissance est beaucoup moins rapide, mais cette tendance est compensée dans les années 1990 par des allègements de charges aux entreprises embauchant des smicards, ce qui fait repartir la hausse. Le SMIC a donc permis une hausse régulière des bas salaires, bien plus importante qu'à l'époque du SMIG. A cette période, le SMIG est passé 1,63 F en 1960 à 3,42 en 1970, alors que la croissance flirtait avec les 5%

Cet aspect me semble fondamental, et il faut revenir à l'argumentaire anti-SMIC. Pour ces personnes, le SMIC est un frein car il empêche les entreprises de créer des emplois peu payés. On interdit ainsi aux moins qualifiés de reprendre un travail, à cause de l'intervention de l'État qui passe encore son temps à réglementer l'économie alors qu'il devrait s'occuper de la police et de la défense, voire de la justice s'il a le temps. On devrait donc permettre la création d'emploi bien moins payé pour permettre à tous de travailler. Le chômage n'existe donc que parce que ce type de barrière gène le fonctionnement naturel du marché de l'emploi.

Il est intéressant de constater que, lorsque le salaire minimum était fixé au nécessaire vital et ne bougeait que peu, les salaires stagnaient réellement, même si cela ne concernait que les bas salaires. A une époque où la croissance atteignait les 5%, le salaire minimum imposé restant bas, les employeurs ne payaient pas souvent plus, sauf si les salariés potentiels étaient rares. Aujourd'hui, ces salariés disponibles sont très nombreux, et il n'y aura donc aucun moyen pour eux de faire une amicale pression sur les employeurs pour que les salaires minimums restent décents.

En clair, la suppression du SMIC entraînerait uniquement une baisse des salaires minimums. Permettrait-elle un retour à l'emploi de tous ces chômeurs ? Peut-être d'une partie, mais on peut constater en Angleterre et aux États-Unis que les emplois sous-qualifiés sont aujourd'hui souvent des temps partiels précaires, soit sans sécurité pour les salariés.

Au total, la question est de savoir si on préfère avoir sept points de chômage avec un SMIC décent et des aides pour les chômeurs, ou si on choisit d'avoir des bas-salaires faibles, qui tireront tous les petits salaires vers le bas vu la situation de l'emploi, des emplois précaires et mal payés et toujours 5 points de chômage (ce sont les chiffres des États-Unis avant la crise). Entre les deux, cher lecteur, mon choix est fait, et je préfère continuer à payer des cotisations-chômage...

Didier B., où es-tu ?

Une question me taraude, cher lecteur curieux : mais qu'est devenu Didier B. ? Si tu as la réponse, n'hésite pas à éclairer ma lanterne.

P.S. : je te signale au passage, cher lecteur, deux bons billets de Mtislav et de CSP. Ah, qu'il est sympa, ce privilégié qui pense à occuper ton vendredi soir...

Regardons ensemble la propagande : Carla Bruni sur Canal+.

Aujourd'hui, cher lecteur, la journée a été très agitée. Quelques bons billets sont parus sur des blogs sérieux (ou pas). Mes compères d'Avec nos gueules... ont été s'affronter avec LOmiG et quelques-uns de ses commentateurs les moins sympathiques, plutôt que de nous gratifier d'un (voire de plusieurs) excellent article sur notre blog collectif. Et moi, j'ai passé la journée classique d'un prof normal d'un lycée dit difficile.

Fatigué par cet harassant labeur quotidien, je suis rentré chez moi vers 18h30. Ma conjointe étant encore coincée dans une obscure réunion pédagogique (elle a la joie d'enseigner en école maternelle), j'ai commencé par lire mes blogs favoris et par répondre à quelques commentaires. Cependant, las, j'ai fini par m'aplatir sur le canapé, puis, en préparant notre repas du soir, j'ai branché la télévision.

Machinalement, j'ai zappé sur Canal+ qui diffuse à cette heure-là le Grand Journal. J'apprécie plus ce programme pour les quelques séquences comiques (et particulièrement les Guignols de l'info) que pour sa partie politique : souvent, l'invité, et surtout s'il est de gauche, a à peine le temps d'en placer une entre deux chroniques, deux gags et la météo. L'émission symbolise la personnalisation de plus en plus croissante de notre vie politique. C'est là que les journalistes, plutôt que de l'interroger sur sa politique éducative, avait demandé à Xavier Darcos de résoudre une règle de trois, ce qu'il avait avoué ne pouvoir réaliser. Ce fut un bon moment de rigolade, mais on ne peut pas dire que le débat politique y a gagné.

Et là, à la place du très sarkozyste Michel Denisot, se trouve assise CARLA BRUNI !!! Non, je ne rêvais pas : la première dame de France était en train de présenter l'émission. Pendant un instant, j'ai eu peur. Je me suis dit : ça y est, un putsch a eu lieu, les chaînes sont sous contrôle de l'État, et la femme du nouveau dictateur est en train de lire une déclaration. Mais non, elle était simplement la rédactrice en chef de l'émission pour cette soirée.

Je dois te dire, cher lecteur, que ce type d'initiative me pèse. On ne peut pas vraiment dire que Bruni parle politique elle-même, mais sa présence nous fait forcément penser au président. En plus, les journalistes en ont rajouté en interrogeant Carla sur sa vie privée avec son mari, sujet dont on se fout complètement. Pour moi, ce type d'intervention devrait être décompté du temps de parole de la majorité. Demain, le grand journal devrait être animé par Mme Bayrou, Mme Besancenot ou François Hollande (ben oui, l'ex de Ségolène...) pour donner à l'opposition un droit de réponse. Je n'ose proposer de faire venir Mme Cohn-Bendit, car on risquerait de voir débarquer José Bové ou Nicolas Hulot...

Mais, comme je te le disais plus haut, cher lecteur attentif, il y a une partie politique dans cette émission, et Carla devait choisir des invités. Elle avait donc convoqué deux membres du gouvernement : Martin Hirsch, l'ignoble promoteur du RSA qui taxe le capital, et Fadela Amara, celle qui trouve les tests ADN dégueulasses pour les étrangers. Il ne manquait plus que Bernard Kouchner et J.-P. Jouyet pour que tous les socialistes défroqués soient présents. Carla aurait ainsi voulu exprimer son attachement à ses racines de gauche.

Je n'en crois rien, cher lecteur. Ces invités sont des secrétaires d'État, et toute la stratégie a donc été montée par l'Élysée. L'objectif est on ne peut plus clair : montrer que Carla Bruni représente un pendant de gauche à son mari droitier, et compenser ainsi les errements conservateurs de ces derniers jours. On aurait presque pu supposer que la première dame aurait ainsi une influence sur son mari, puisqu'elle s'est présentée comme un soutien à Hirsch, qui, je te le rappelle, semble parvenir à mettre en oeuvre son RSA. Je ne sais pas si nos concitoyens gobent ces tours de passe-passe, mais une chose est sûre, Mme Sarkozy est loin d'être une oie blanche...

En seconde partie de programme, elle recevait ses amies ! Devant ces retrouvailles, je me suis dit qu'il fallait mieux les laisser seuls, et j'ai zappé pour regarder Laurence Ferrari, qui, décidément, fait tout pour paraître insipide depuis qu'elle anime le 20 heures. De dépit, j'ai éteint la télévision et suis retourné lire les ébats de Manuel et Fabrice avec les commentateurs de LOmiG...

mercredi 17 septembre 2008

Vive l'usure : les cartes de crédit de la grande distribution.

Je ne sais pas si tu as vu passer une information qui est primordiale, cher lecteur. Je sais, tu es en ce moment totalement obnubilé par la disparition potentielle de ton portefeuille d'actions et par l'effondrement du système financier mondial. Rassure-toi, cher lecteur pessimiste, les États paieront pour permettre aux citoyens d'être sécurisés. En fait, cela ne devrait pas tellement te rassurer car si l'État paie, cela veut dire que nous payons. Le capitalisme reste donc marqué par la collectivisation des risques, et c'est bien dommage.

L'information dont je te parlais plus haut tient à la publicité récente de quelques grandes marques de grande distribution, et particulièrement d'
Intermarché. L'idée est la suivante : voici une carte de crédit au nom d'un magasin qui te permettra, cher lecteur, de payer tes courses quotidiennes et hebdomadaires. Traditionnellement, en France, le crédit est plutôt réservé à de gros achats, à des vacances exceptionnelles, à un événement important ou à une situation de crise particulière. Là, la carte de crédit te permet de payer de toutes petites sommes que tu rembourses par de toutes petites mensualités.

Pour le consommateur, l'avantage apparent de ce système est de compenser la baisse nette de pouvoir d'achat de ces dernières années. Nous vivons dans une société, cher lecteur, où les appels à la consommation à outrance sont permanents. Or, depuis le début des années 1980, les salaires augmentent lentement, plus lentement que l'inflation. Depuis trois ans, la nouvelle hausse des prix n'a pas été compensée par des hausses de salaire, car les capitalistes souhaitent préserver la rente de leurs investissements, dont la part n'a cessé de croître dans la répartition du PIB, alors que les salaires et les impositions de l'État ont baissé. En France, dans nos élites, les termes même de "hausse de salaire" sont totalement tabous.
Intermarché, comme d'autres comme Carrefour, espère ainsi faire d'une pierre trois coups :
  1. Il s'agit d'abord d'aider les petits salaires à consommer plus, en permettant d'abattre l'hésitation du client, pour faire monter les bénéfices de l'enseigne.
  2. Il s'agit de fidéliser des clients dotés de la carte de crédit.
  3. Il s'agit enfin de compenser la hausse de l'inflation par un endettement sur l'avenir pour le client.

Ce type de système existe déjà à grande échelle aux États-Unis. Dans les grandes enseignes, tu peux, cher lecteur, payer n'importe quel achat avec une carte de crédit. Les supermarchés y trouvent leur compte, et les consommateurs aussi, dans un pays où les salaires n'ont pas variés depuis l'arrivée de Reagan au pouvoir.

A priori, les banques y gagnent aussi. Il faut voir le taux de ce crédit : entre 14% et 19% !!! C'est quasiment de l'usure. Si un consommateur se lâche un peu trop, rapidement, il ne rembourse plus que les intérêts de son crédit, et devient quasiment à la merci des établissements bancaires. Il peut certes faire faillite personnelle, mais il perdra alors tous ses biens et risque une mise sous tutelle sociale ! Un processus bien douloureux dont il faut user avec modération...

Voilà donc un beau système : comme les consommateurs ne peuvent pas espérer de hausses massives de revenus alors que les prix augmentent, on leur offre des crédits hors de prix pour leur permettre de continuer à consommer tout en s'endettant et en enrichissant un peu plus les capitalistes.

Ce processus est économiquement dangereux. Il construit une croissance sur du vide, c'est-à-dire les revenus supposés à venir de la majorité de la population. Il fait miroiter des bénéfices aux banques, tout en ne sachant pas si ces bénéfices viendront réellement. Et que se passe-t-il en cas de krach général ? Si on découvre brusquement que la majorité de ces crédits ne seront pas recouvrés alors que les prix continuent de grimper ?

C'est là la vraie différence entre la dette publique et la dette privée. Lorsque l'État s'endette, c'est ennuyeux mais on sait qu'il pourra toujours se refaire dans le futur grâce à l'impôt. Par contre, lorsque un particulier s'endette, lorsqu'il ne peut plus payer, le capital est perdu pour tout le monde, y compris pour les capitalistes. A ce moment-là, c'est l'État qui refinancera les banques, et nous paierons donc tous l'inconséquence de ces politiques de crédit.

La seule voie saine de croissance est le basculement d'une partie du PIB des revenus du capital vers les salaires. Le crédit à grande échelle ne produit que des risques et construit une croissance malsaine. Tant que l'on aura pas admis ces logiques économiques, on connaîtra toujours des crises régulières du système financier (tous les quinze-vingt ans environ) qui se propageront à l'économie réelle.

Un bon billet de Superno.

Ah, loué soit Nicolas qui nous communique cet intéressant billet ! Vite, lisez-le.

lundi 15 septembre 2008

La polémique "pape à Paris" : réglons nos comptes avec l'Eglise.

Cher lecteur, je ne m'étais pas encore exprimé sur la visite du pape en France. J'attendais simplement que la tournée papale soit achevée, histoire de me faire une opinion exacte sur les conditions de sa réalisation. Maintenant que le pape est retourné à Rome, il me semble intéressant de revenir sur tout cela.

Comme à chaque fois, la polémique a été forte à cause des agissements de Nicolas Sarkozy. Celui-ci a décidé de recevoir le pape, entraînant les réactions des défenseurs de la laïcité sur ce comportement du chef d'un État laïque, se compromettant avec un chef religieux.

Quand on réfléchit un peu à notre histoire, ce conflit traditionnel entre la République et l'Église est assez logique. A chaque fois, ce sont les années 1790 qui ressurgissent. Souviens-toi de tes cours d'histoire, cher lecteur cultivé. Avant la révolution, l'Église était le soutien inconditionnel de la monarchie absolue. Lorsque les événements de 1789 ont eu lieu, les prêtres élus aux États Généraux ont hésité, certains ralliant les députés de la constituante sans état d'âme. Cependant, l'Église de France a finalement combattu la révolution pour deux raisons : la constitution civile du clergé et la condamnation par le Vatican de la déclaration des droits de l'homme.

Le ralliement de l'Église à la République a été long, et la crise de 1905 a à nouveau creusé le fossé, car elle a coupé ce lien entre le religieux et le politique qui caractérisait la France depuis 313. Depuis, l'Église a rallié la démocratie, mais, dans les fantasmes de tous les Républicains, elle reste une menace potentielle car son comportement n'a pas été clair dans le passé. Ainsi, voir le président de la République rencontrer le pape fait toujours craindre le retour potentiel de la tyrannie.

Et pourtant, qu'est-ce que le pape aujourd'hui ? Il est le chef d'une institution religieuse qui peut encore avoir une certaine influence en France. Il défend certaines positions conservatrices qui peuvent poser problème. Il reste le leader spirituel de la plus grande communauté religieuse de la planète. Et il n'est rien d'autre que cela. Après tout, même s'il a de l'influence sur Sarkozy, qu'en a-t-on à faire ? On savait tous que Sarkozy était un conservateur. Ces deux-là sont de la même catégorie, du même groupe politique, et le fait que le pape fasse de la visite ici ne change rien du tout. Lorsqu'on a élu Sarko, on a élu un conservateur qui pouvait faire des courbettes devant le pape, comme Chirac le faisait avant lui. Croyez-vous pourtant que l'Église pourrait vraiment menacer notre République ? Non, vraiment, je sais que nos amis FAF en rêveraient, mais ce n'est pas le cas.

Finalement, le seul problème réel est que le pape est un soi-disant chef d'État, et qu'il peut utiliser ce statut pour se faire recevoir comme un chef d'État au frais de la République. Et là, tous les fantasmes ressortent. La seule solution serait que notre République ne reconnaisse plus le Vatican comme un État et gère les relations avec l'Église comme avec toutes les autres institutions religieuses.

Au final, il serait bon que l'Église renonce définitivement à la politique, et que les Républicains laissent tomber leurs fantasmes. Sinon, on continuera à s'intéresser à des questions qui occultent les vrais problèmes...

Contribution intéressante de SarkoFrance.

SarkoFrance fait ce matin une revue des blogs de nos ministres préférés, qui permet de se faire une belle idée de la stratégie actuelle de communication vers le net de notre gouvernement.

Si vous avez envie de troller nos ministres, lorsque la possibilité de laisser des commentaires existe, n'hésitez pas !!!

Lène recommence à écrire.

Tiens, Lène se décide à reprendre son activité d'écrivain ! On trouve ce premier texte ici.

dimanche 14 septembre 2008

Une pensée pour certains de mes élèves, et pour bien d'autres...

Le Cancre

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.

Jacques Prévert, 1945.

samedi 13 septembre 2008

Comment tenter d'être lu ? Les sites de z'influence...

Si tu es, cher lecteur, un habitué des blogs francophones de toute nature, tu verras vite que de nombreux articles sont consacrés à un sujet fondamental : les classements de blogs. Ces classements sont censés matérialiser « l’influence » d’un blog. Qu’est-ce que l’influence, cher lecteur curieux ? Il s’agit, apparemment, du nombre de liens qui sont faits par d’autres sites en direction de ton papier du moment ou de ton site dans son ensemble, mais aussi d’une mesure du référencement sur Google par exemple. Lorsque j’ai débuté, à la toute fin du mois d’avril 2008, j’ai commencé par écrire des articles, et j’ai suivi une stratégie de commentaires et de liens vers d’autres blogs pour attirer quelques lecteurs. Je dois admettre que j’ai réussi à en attirer maintenant un nombre certes petit, mais quand même significatif.

Les classements n’utilisent pas le nombre de visiteurs uniques absolus, pour éviter les buzz, qui sont, d’après ce que j’ai compris, des articles pleins de mots-clés qui visent à attirer les surfeurs. Bon, je t’admets, cher lecteur, que j’ai moi-même marqué une fois dans un article Paris Hilton nue, au détour d’une phrase, pour tester, mais cela n’a rien attiré du tout. Peut-être que si je marquais Carla Bruni-Sarkozy nue avec le Dalaï-Lama qui mâte, cela marcherait mieux, mais franchement, je doute… Donc, les classements se basent sur les liens, pour éviter ce type de stratégie qui aboutiraient à des résultats totalement artificiels.

Un beau jour, alors que je fouillais mes blogs politiques préférés, j’ai découvert les conseils de blogage de Nicolas, l’aimable tenancier d’un nombre important de blogs. Intéressé par l’expérience de l’auteur, je me suis rué sur ces quelques pages et j’ai découvert l’existence des systèmes de classement de blogs.

Wikio est apparemment le plus important pour nos blogueurs influents. Il a d’ailleurs été au centre de vives polémiques durant l’été et d’affrontements sanglants entre divers auteurs par ailleurs tout à fait honorables. Wikio référence les liens faits vers tes papiers, en les triant pour éviter les blogueurs qui font des liens artificiels. C’est assez compliqué, et n’étant pas informaticien moi-même, je ne sais pas vraiment comment cela fonctionne. Chaque mois, Wikio classe les 100 premiers blogs de plusieurs catégories, mais aussi les 500 premiers blogs francophones les plus consultés. Suivant les conseils de Nicolas, je me suis fait référencer sous Wikio. Cela me permet surtout de publier mes articles dans un moteur de recherche particulier de plus, mais le nombre de lecteurs provenant de ce site est pour le moment très loin d’être significatif. Si, un jour, j’ai la joie d’être dans le top 100 politique, alors, je verrai si cela sert vraiment à quelque chose. Il est clair que Betapolitique, en mettant un seul de mes papiers à sa une, m’a apporté beaucoup plus de monde…

Il y a un autre site qui semble fondamental : Technorati. Ce site américain classe aussi les blogs. Comme Wikio, il référence les liens que l’on fait vers tes sites, et il définit ce qu’il appelle l’authority, qui est censé représenter, de manière totalement imagée bien sûr, ton influence sur la blogosphère. Nicolas définissait Technorati comme primordial et je m’y suis donc mis. Cependant, ce site plante souvent. De plus, le principe du ping m’échappe toujours autant : parfois, cela marche très bien, et parfois, le site met des jours à repérer mes articles, sans que je puisse vraiment savoir si c’est moi qui aie fait une bêtise en créant mon compte… Enfin, les chiffres de classement changent tout le temps sans cohérence clairement visible pour un béotien comme moi : durant le mois d’août, je suis passé de la 611 000e place (environ, hein ! Je ne me souviens pas des chiffres exacts) à la 850 000e place, pour revenir, avant mon départ de Madrid, à la 591 000e place, dont je n’ai bougé qu'hier, le site n’enregistrant plus mes pings pendant presque un mois. Il amène aussi un visiteur une fois de temps en temps.

Bon, dans l’ensemble, ma stratégie de lecteur et surtout de commentateur, même si elle est très critiquable, comme je te le disais précédemment, est pour le moment ce qui m’a amené le plus de lecteurs. L’important est quand même que le blog soit lu, non ? Sinon, à quoi peut bien servir tout ce travail…

vendredi 12 septembre 2008

Darcos, ou la saine pratique de la démocratie et du débat.

Hier soir, pendant que d'autres blogueurs parlent assidûment de la visite papale ou de la Fête de l'Huma (l'ayant fait il y a deux jours, je n'en dis pas plus), j'ai décidé de regarder une émission politique sur France 2. Arlette Chabot recevait, en première partie de A vous de juger le futur premier ministre mais encore ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos. Je ne regardais plus ce programme depuis les émissions de Sarkozy alors ministre de l'intérieur. Il s'agit d'un véritable show qui trace les qualités positives de l'invité de droite, tout en ne laissant pas la possibilité à un contradicteur intéressant de s'exprimer.


D'ailleurs, dès le début, Arlette Chabot a donné le ton en demandant à Darcos s'il n'était pas trop difficile pour un homme de droite de diriger l'Education. Cette phrase est d'autant plus drôle qu'elle est de plus en plus fausse. En effet, en 2002, 40% des profs avaient voté à droite, et ils ont été 50% en 2007, sans doute à cause de l'abandon par la gauche de la thématique éducation et des discours plutôt volontaristes de Sarkozy. Darcos, d'ailleurs, certes homme de droite, est aussi un prof, ce qui démontre bien qu'il peut exister des enseignants de droite.



Durant cette émission, Darcos a inauguré un changement radical de comportement politique de la droite à l'égard des profs. Dans la décennie 1990, époque où la FSU était parvenue à mettre en place un rapport de force favorable avec l'Etat (de droite ou de gauche), la droite attaquait l'ensemble des profs avec le discours sur les privilégiés et les fainéants. Cela a perduré jusqu'à la victoire de Sarkozy. Aujourd'hui, les syndicats enseignants ont quand même réussi à faire passer l'idée que pour beaucoup d'enseignants, le boulot était dur et qu'il n'était pas très bien payé par rapport aux qualifications demandées et à sa difficulté. En plus, beaucoup de profs votent maintenant à droite.



Darcos a donc changé de fusil d'épaule en divisant le corps professoral en deux parties inégales. Dans une première, on trouve les enseignants qui travaillent, et qui sont aimés des parents d'élèves et des élèves eux-mêmes du fait de leur sérieux. Et puis, il y a une petite minorité pénible, les syndicalistes, qui sont des réactionnaires complètement de gauche et qui paralysent, pour de sombres raisons idéologiques, toute réforme possible de l'Education. Darcos a débité cela pendant une heure, tirant sur les syndicats systématiquement.



Bon, après tout, pourquoi pas ? C'est ce que j'ai pensé en me disant que Chabot allait forcément donner la parole à un syndicaliste à un moment qui pourrait s'exprimer et répondre au ministre. Mais non, pas du tout. Pour être interrogé, Darcos a eu droit à deux de ces profs écrivains qui sortent des bouquins imbuvables sur le thème "Ah, qu'elle était bien l'école d'avant, quand les élèves marchaient au pas ! Ah, que c'est dur de bosser en ZEP ! Ah, pourquoi les pauvres, y sont pas respectueux !", et qui lui ont demandé de ramener un peu d'ordre et d'autorité dans tout cela, le tout enrobé de la sortie à venir de la palme d'or de cette année.

Cet écart aurait pu être effacé par l'arrivée d'un membre du PS très dynamique et offensif, et pour porter la pensée de gauche avec force, Chabot avait invité... Manuel Valls ! Ouais, bon, finalement, c'était vraiment la soupe servie au ministre.


Il existe, dans toute démocratie cohérente, ce qu'on appelle le droit de réponse. Lorsque quelqu'un affirme une idée sur quelqu'un d'autre, celui-ci devrait pouvoir répondre sans problème. Or, il n'y avait pas un syndicaliste, pas un seul, même pas quelqu'un du syndicat de droite, le SNALC-CSEN ! C'est quand même dingue, alors que les discours des syndicats enseignants ne sont jamais réellement diffusés dans les médias. Le Canard Enchaîné avait sorti en juin une déclaration de Sarkozy appelant à briser les syndicats de profs : sans doute le fait que ce soit l'un des derniers milieux syndicaux résistants à la politique du pouvoir en est-il la cause.



Tu pourrais me dire, cher lecteur, qu'après tout, vu que les syndicalistes sont une espèce à part, il est normal qu'on donne plutôt la parole à de vrais profs qui bossent. Je vais te répondre clairement, cher lecteur. Les syndicalistes profs bossent toujours, et tous, car aucun syndicat ne pratique la décharge complète. Ils font leurs cours comme les autres, et ne sont pas moins aimés par les élèves. Certains ont des décharges, mais qui sont peu nombreuses, car les décharges interdisent la possibilité des heures supplémentaires et donc, obligent les jeunes profs à rester à temps complet et à mener leur activité syndicale de front s'ils veulent avoir un salaire réellement intéressant.



Enfin, les représentants syndicaux sont des gens élus par les collègues, et donc représentatifs. Ils expriment donc la voix des profs. On peut nous trouver réactionnaire (en langage de droite, cela veut dire de gauche), mais il faut aussi savoir que les plus gros syndicats enseignants ne sont pas du tout révolutionnaires, loin s'en faut. Si tu souhaites te cultiver, tu trouveras sur le côté une blogroll des syndicats enseignants.



Un blogueur a souvent affirmé que 70% des journalistes étaient de gauche. Une chose est sûre, Arlette Chabot et son équipe n'en font pas partie.

jeudi 11 septembre 2008

J.-M. Le Pen prend sa retraite. Enfin une bonne nouvelle ?

C'est vrai qu'en ce moment, l'actualité politique et économique ne donne pas envie de se réjouir. Entre le bordel au PS, la rehausse du chômage, la crise économique qui semble s'installer chez nous, EDVIGE, les politiques contre les étrangers, j'en passe et des meilleurs, le militant de gauche lambda a de quoi être abattu. Je regarde d'ailleurs avec toujours autant d'étonnement l'optimisme invétéré de la droite française devant les difficultés qui s'avancent et l'inefficacité patente de la politique gouvernementale pour relancer la machine et redresser le budget de l'Etat.

Mais il y a une bonne nouvelle, tombée ce matin dans nos journaux : Le Pen prend sa retraite. Enfin, le leader d'extrême-droite décide de jeter l'éponge. Il a écumé la vie politique française pendant une cinquantaine d'année. Le Pen a débuté sa carrière derrière Pierre Poujade dans les années 1950, se faisant élire député en 1956 pour la première fois. Il navigue ensuite dans l'extrême-droite française, submergée par la vague gaulliste. Il soutient Tixier-Vignancour en 1965, puis participe à la fondation du Front National en 1972 dont il prend vite le contrôle. Il est depuis candidat à la présidentielle à chaque fois sauf en 1981, n'ayant pu réunir les 500 signatures nécessaires. Il fait son premier gros score à la présidentielle de 1988, après des succès électoraux enregistrés par le FN à partir de 1983. Régulièrement, son score croît pour culminer en 2002 avec son passage au second tour de la présidentielle, à cause de l'effondrement du candidat socialiste.

En 2007, il ne faut pas le cacher, toute la gauche l'attendait au tournant. Marqué par 2002, beaucoup d'électeurs de gauche ont fait bloc derrière Ségolène Royal, entraînant l'effondrement des autres candidats (Buffet, Voynet, Laguiller, Bové...). Mais là, surprise ! Le Pen a été incapable de réitérer sa performance de 2002, s'effondrant aux alentours de 10% des voix. A l'époque, les journalistes n'ont cessé de parler du "siphonnage des électeurs du FN" que Nicolas Sarkozy a effectué, le présentant comme un réel succès du candidat UMP. Depuis, le FN vivote, en pleine crise financière et ayant été incapable de faire un score aux municipales de 2008, malgré le bon score de la fille du chef à Hénin-Beaumont.

Apprenant la nouvelle de la retraite, je ressens, cher lecteur, comme je l'avais déjà éprouvé en 2007, comme un lâche soulagement. Je fais en effet partie d'une génération qui a commencé à s'éveiller à la politique quand Le Pen est apparu comme un acteur central de la vie politique française. Toute mon adolescence a été marquée par la présence de ce personnage bizarre, à la fois très moderne dans sa manière de faire de la politique mais en même temps incarnation de tout ce que l'histoire de France peut compter d'expériences totalitaires et réactionnaires. Certains ont grandi dans le monde de la Guerre Froide, d'autres ont été marqués par Mai 1968 ou par l'apartheid. Moi, c'était Le Pen dans mon paysage politique, réapparaissant toujours à chaque grande élection, alors que les médias l'ignoraient totalement le reste du temps. En 2007, je me suis dit que nous allions enfin pouvoir faire de la politique sans craindre sans cesse que le FN parvienne un jour aux affaires. Une vraie bouffée d'air s'offrait à nous.

Mais ce soulagement ne peut être que lâche, car rien n'est en fait résolu. Certes, le FN est moribond et n'a plus de leader capable aujourd'hui de faire les scores du vieux chef. Cependant, les 20% d'électeurs qui votaient Le Pen en 2002 sont toujours là. Ils ont choisi Sarkozy et son discours de rupture en 2007, mais que feront-ils dans le futur, vu le naufrage actuel de notre économie et le démantèlement régulier et méthodique de l'Etat. Je ne vois pas ces électeurs-là se tourner ni vers le Modem, ni vers la gauche démocratique, ni vers le NPA. Il est à craindre que l'extrême-droite ressurgisse rapidement.

De plus, si Sarkozy est parvenu à "siphonner" l'électorat FN, c'est aussi qu'il a repris certains des discours lepénistes qui se sont diffusés parmi la droite démocratique. Je le constate parfois d'ailleurs dans les articles de la presse de droite, mais aussi chez mes camarades blogueurs de droite lorsqu'ils parlent des étrangers ou de certains thèmes économiques, voire de l'Union Européenne.

En fait, si Le Pen se retire vraiment, ne te rassure pas trop, cher lecteur. L'extrême-droite existait avant lui, et elle va lui survivre, et peut-être à une échelle que nous ne voyons pas encore bien mais qui mérite, indéniablement, qu'on s'en inquiète.

mercredi 10 septembre 2008

Jésus ou Karl ?

Et toi, cher lecteur, tu es plutôt croix et goupillon ou faucille et marteau ? Plutôt merguez frites ou plutôt le pain et le vin ? Plutôt révolution ou plutôt dévotion ? Plutôt Marie-Georges Buffet ou plutôt Benoît XVI ?

Une seule réponse de ma part : je crois que je vais rester chez moi...

P.S. : par contre, un de mes compères de
Avec nos gueules... sera apparemment à la fête de l'Huma pour manger, écouter de la musique et peut-être parler politique.

mardi 9 septembre 2008

L'arbitraire du droit des étrangers.

Pendant que la France entière se passionne pour EDVIGE, d'autres questions politiques continuent d'occuper l'actualité. Hier, le joyeux ministre de l'immigration, Brice Hortefeux, était l'invité du 7h-10h de France Inter. Durant cette émission, l'invité doit répondre pendant une vingtaine de minutes aux questions nombreuses des auditeurs.

A la toute fin de cette partie, une auditrice du nom de Leïla, qui se déclare citoyenne marocaine, explique qu'elle vit en France depuis 4 ans en tant que femme de Français. Depuis son arrivée, elle est obligée de demander chaque année la reconduction de sa carte de séjour d'un an. En effet, pour contrôler les mariages blancs, les autorités ont mis en place ce système pour tenter de surmonter les divorces immédiats après mariage, une fois la carte longue durée obtenue. Cependant, cette période est censée durer trois ans. De plus, la jeune femme explique ne pas pouvoir décrocher un CDI à cause de cette situation, car les dossiers sont traités tellement lentement que sa carte expire toujours avant l'attribution du renouvellement, et que les patrons ont peur d'une expulsion éventuelle.

Pour moi, ces situations sont symptomatiques de deux politiques qui sont ouvertement menées depuis le retour de la droite aux affaires en 2002 :
  • il s'agit d'abord du non-respect total des droits humains fondamentaux dont sont victimes les couples mixtes. Les époux doivent démontrer qu'ils sont bien ensembles, alors que des mariages ont été célébrés. Pour moi, il faudrait attribuer le titre de séjour et mener un contrôle à posteriori en cas de soupçons fondés sur tel ou tel couple. Mais non, on embête tout le monde et on surcharge l'administration avec un travail totalement inutile.
  • S'ajoute à cela la part très grande d'arbitraire qui a été mise en place dans les préfectures. Finalement, chaque préfet mène sa politique, plus ou moins sévère, plus ou moins laxiste, entraînant un flou total pour les étrangers et la constitution d'un important espace de non-droit. Malheureusement, Leïla n'a pas indiqué quelle était la préfecture qui gérait son dossier. Le fait que le droit soit de plus en plus flou ne permet en rien de régler le problème.
Il nous faudrait donc des règles claires, compréhensibles par tous et qui permettent aux étrangers de se défendre, et à l'opposition de proposer autre chose.

J'attendais d'Hortefeux qu'il entame ce débat avec la jeune femme. Pour moi, il aurait dû lui dire : "Quoi, vous êtes victimes d'un tel arbitraire ? Ecrivez-moi immédiatement et je vais saquer ce préfet dont les services se permettent de ne pas respecter la loi !" Ainsi, le ministre aurait pu marquer sa volonté de faire cesser un peu l'arbitraire des administrations et de se comporter comme un ministre républicain.
Mais non ! Au contraire, Hortefeux, très amène, a dit à l'auditrice : "Ecrivez-moi, décrivez votre cas, et je vous aiderai à débloquer votre situation." Heureusement que le ministre est le chef de l'arbitraire, puisqu'il peut ainsi décider, comme cela, de donner une carte de séjour. Sans doute, s'il avait refusé, Leïla aurait pu écrire au premier ministre, puis, en cas de refus, au président, chef national de l'arbitraire.

Décidément, nous vivons vraiment une époque moderne...