Le débat qui a eu lieu aujourd'hui à l'Assemblée Nationale a révélé la limite de l'une des réformes de la constitution votée en juillet. Il s'agit de la possibilité offerte au Parlement de contrôler les opérations que mène l'armée française à l'étranger, soit en intervention directe, soit sous contrôle d'institutions internationales comme l'ONU ou l'OTAN.
Le débat d'aujourd'hui est le premier du genre. Il est la conséquence directe de la mort de dix soldats français durant le mois d'août et de l'émotion populaire qui a suivi.
Je ne vais pas revenir sur les opérations en Afghanistan directement et sur les tenants du vote d'aujourd'hui. D'autres blogueurs résument très bien les différents arguments développés, et je leur laisse la joie de mener ces débats.
Les députés ont pu aujourd'hui développer leurs positions. Le premier ministre a fait une intervention où il a annoncé un renforcement du dispositif. Les intervenants se sont ensuite exprimés, et il se dégage un consensus sur le fait que la politique menée par la France, et par l'ensemble des alliés, est aujourd'hui un échec. Il est évident pour tous les groupes politiques que nous ne sortirons pas d'Afghanistan sans revoir radicalement notre politique dans ce pays.
Mais, là, arrive le moment du vote, et se dégage un travers tout à fait inattendu mais classique au Parlement. La droite, qui critique pourtant régulièrement les politiques menées, se sent obligée de voter oui pour soutenir le gouvernement qui est issu d'elle-même, et éviter une crise institutionnelle. Le Nouveau Centre suit, vu que le ministre de la défense est le leader du mouvement. Le Modem se prononce aussi pour. La gauche, qui critique autant la politique de la France mais ne souhaite quand même pas le retrait, décide de voter non pour marquer sa volonté de voir la politique du gouvernement changer, ce que la droite veut sans doute aussi.
On arrive donc à un vote gauche-droite caricatural alors que personne ne souhaite ni rester en Afghanistan dans les conditions actuelles, ni en sortir tout de suite en laissant les Afghans seuls dans la situation catastrophique où ils sont.
Il est dommage que les députés ne puissent pas se saisir d'un projet de loi obligeant le gouvernement à infléchir une politique extérieure. Il y aurait sûrement des moyens de trouver des points d'accord entre gauche et droite et de faire un consensus sur ce type de questions. Le gouvernement serait ainsi obligé d'exécuter les projets parlementaires, si l'opération pose question aux citoyens.
Évidemment, certains contradicteurs me diront qu'au moins, on a demandé son avis au Parlement. S'il s'agit de reproduire les votes majorité-opposition, je n'en vois malheureusement pas vraiment l'intérêt...
Non... Strictement aucun intérêt. Encore une réforme bidon.
RépondreSupprimer@ Nicolas : ouais, on se demande presque pourquoi on s'est autant empaillé sur cette réforme de la constitution, vu son impact. ;)
RépondreSupprimerfausse réforme, d'accord. Un petit progrès en cherchant à la loupe :le gouvernement donne quelques informations au pays.
RépondreSupprimer@ LCC : Mouais, enfin, quand tu observes la communication du gouvernement sur le soi-disant rapport sorti au Canada sur l'équipement des troupes, il semble bien que les informations ne soient encore que très lacunaires...
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe crois qu'il ne faut pas mettre en cause le principe qui censé donner l'occasion d'un débat sur les opérations de l'armée, il n'y a jamais trop d'occasions de débattre !
Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, ce que révèle , encore une fois, cette situation, c'est la sclérose de la vie politique française qui fait que les députés de Gauche sont incapables de débattre de manière fructueuse avec les députés de Droite (et vice versa), c'est l'allégeance obligée des députés de la majorité à leur gouvernement et c'est l'ineptie et l'incohérence des Socialistes !
@ Nicolas007bis : je suis en total désaccord avec toi. A l'évidence, gauche et droite étaient d'accord globalement. La logique majoritaire a malheureusement repris ses droits.
RépondreSupprimer@ Mathieu
RépondreSupprimerEn quoi la logique majoritaire imposerait t’elle, sur un sujet comme celui-ci, que les Socialistes votent contre alors qu’ils sont d’accord ? …la logique majoritaire interdit-elle des consensus ponctuels ?...bien sur que non ! …quand on est d’accord avec ceux d’en face, pourquoi ne pas le dire ?...pour des raisons purement politiques : par peur de cautionner la politique gouvernementale dans son ensemble, par peur d’être débordé par sa gauche ???
Et puis d’ailleurs, qu’ils soient d’accord ou non n’est pas la question, sur un sujet comme celui-ci, il y a toujours matière à débattre pour peu que nos politiques soient capables de le faire avec intelligence et surtout honnêteté intellectuelle !
Or, il n’y a pas eu de débat, non pas parce qu’ils étaient d’accord mais parce qu’ils en sont incapables !
Ce n’est pas parce qu’on est minoritaire et que le vote final ne sera pas en sa faveur, qu’il faut refuser le débat !...après tout c’est bien ce que l’on attend de l’opposition !
En résumé, je le répète mais ce qui pose problème ce n’est pas qu’il y ait une obligation de débattre dans la constitution mais que cette opportunité soit gâchée parce que la Gauche et la Droite ont érigé un mur qui empêche toute confrontation d’idées !
@ Nicolas007bis : tout simplement parce que si le PS avait voté oui, cela signifiait l'acceptation d'une politique vouée à l'échec, alors qu'ils sont quand même en accord avec le principe de l'intervention.
RépondreSupprimerLa droite, qui pense exactement la même chose, ne pouvait voter non sans paraître remettre en cause le gouvernement.
Je suis d'accord, c'est totalement débile, mais c'est la logique du vote.