Il y a un peu plus d'un an, je publiais mon dernier billet de blog.
J'étais fatigué du blogage, exercice devenu particulièrement pénible depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande. En effet, les premières décisions politiques du PR n'ont fait que nous diviser, entre socialistes béats (de moins en moins cependant), écologistes perdus et Frontdegauchistes revendicatifs mais hors des processus de décision. A cela s'était ajouté une dégradation des relations avec les blogueurs de droite, qui, comme à chaque fois à droite, supportaient très mal d'avoir perdu le pouvoir et devenaient donc très agressifs. La stratégie de la droite de ranger le FdG avec le FN pour le diaboliser m'a de plus beaucoup touché : me faire classer avec les fascistes, et ce simplement pour éviter le débat, c'était insupportable. Le fait que de nombreux blogueurs socialistes se fassent les spécialistes de ces amalgames, histoire de masquer leur désarroi et de trouver des responsables ailleurs que chez eux à l'impopularité de leur gouvernement, n'a rien arrangé. Beaucoup de gens sympathiques ont malheureusement révélé un manque réel de culture politique et une incapacité assez dommageable à accepter le débat.
Depuis, les choses n'ont pas cessé de se dégrader. Si je ne blogue plus, je continue de militer dans le monde syndical, et il est bien clair que l'ambiance est lourde. Les camarades ont le sentiment d'avoir été trahis, mais en même temps, tout ce petit monde rechigne à engager la lutte avec le pouvoir pour éviter d'en faire profiter la droite. Le résultat est un sentiment d'impuissance et de désespoir terrible.
Pour finir, le FN a fortement progressé aux deux dernières élections, alors que nous espérions tous que ce contexte profite aux autres partis de gauche. Cela n'a pas fonctionné, pour plein de raisons sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir.
Et maintenant ? L'avenir est sombre. La décision de Hollande de maintenir la ligne, le raidissement continu de la droite, la posture donneuse de leçon et suiviste des médias et le désarroi du mouvement social ne peuvent qu'amener à la catastrophe. Pour la première fois, on peut envisager l'arrivée au pouvoir d'un FN allié avec des mouvements de droite qui auraient décidé de trahir la République pour accéder aux responsabilités. Tout va se jouer, je le pense, dans les prochaines semaines à l'UMP, et il faudra regarder cela avec intérêt.
Pour nous, à gauche, reste la perspective de retourner dans l'opposition pour les 20 prochaines années. On en est là, je le crains. C'est d'autant plus désespérant qu'ailleurs en Europe, il se passe plein de choses intéressantes à gauche. Heureusement que le maintien du score du FdG et l'émergence de Nouvelle Donne ont donné quelques signes positifs...
Quant aux moyens de renverser le cours des choses, ce n'est certainement pas en faisant ce qu'ont tenté de faire les organisations de jeunesse ces dernières semaines qu'on avancera. Ces cortèges réduits ne font que démontrer la faiblesse générale du mouvement social. De toute façon, la diabolisation du FN ne sert à rien : ce qui peut le faire baisser, c'est que nos concitoyens aient le sentiment que leurs vies s'améliorent concrètement. Ce n'est pas avec ce que le PS semble vouloir faire durant les trois prochaines années qu'on y parviendra.
Alors que c'est pire, je republie ? Oui, parce qu'à un moment, ce n'est plus possible de rester là à attendre que la catastrophe arrive. Il est bien évident que ce n'est pas sur la blogosphère que les choses se régleront, mais au moins, elle aura l'avantage de nous faire passer le temps, en attendant peut-être que cela bouge ailleurs et qu'on y contribue.