dimanche 28 mars 2010

"Notre point G, il est dans la penderie."

En prenant le métro aujourd'hui, j'ai découvert une série d'affiches pour une grande marque de prêt-à-porter vendu par correspondance. L'une des affiches portait le slogan qui sert de titre à ce billet.

Je ne sais pas comment mes camarades blogueuses prennent ce genre de campagnes publicitaires, mais moi, en tant qu'homme, j'admets que cela me fait sortir de mes gonds.

A priori, le ton est plutôt humoristique. L'affiche fait directement référence à des articles parus récemment dans la presse, et stipulant le fait que le fameux point G, saint-Graal de toute la gente masculine depuis 1950, date de l'invention du concept, n'existerait pas : je suis d'ailleurs désolé pour Ernest Gräfenberg dont le nom devait être loué pour des siècles et des siècles...

Par delà le fantasme et le jeu, il est évident que la sexualité, loin d'être dans l'avoir, est un moment, lorsqu'elle se passe bien, de jouissance et de plaisir bien au-delà de tout aspect consumériste. Il s'agit de partager quelque chose avec un (ou des) partenaires, quelque chose de profond qui se traduit par bien plus que le fait de posséder quelqu'un, et encore moins quelque chose.

Or, voilà que cette campagne de pub rabaisse les femmes de deux manières différentes :
  • Tout d'abord, le publicitaire, de fait, invite le passant à penser que le plaisir féminin (mais on peut très bien y mettre le masculin) est équivalent au fait de posséder quelques vêtements dans un placard. Le message est simple : "donner du plaisir et en recevoir équivaut à aller se payer des fringues !" Belle image des relations humaines.
  • Et ensuite, on pourrait très bien considérer que, alors que la sexualité est à priori un moment gratuit et épanouissant, l'achat de fringues a le même effet. Voilà, chère camarade, comment suppléer à ton manque de coït : va t'acheter un tee-shirt sur internet ou dans un catalogue, et tu ressentiras un plaisir vraiment intense, ou en tout cas, au moins aussi fort que celui que ton crétin de conjoint peine à te procurer.
Chaque jour, je suis fasciné par cette volonté des entreprises d'essayer de nous faire penser que la consommation, quelle que soit sa forme, serait équivalente à des choses intimes et personnelles comme le sexe, qui ont pourtant la force d'être gratuites (même si elles ne sont pas toujours simples).

Et au passage, merci pour l'image des femmes et de leur plaisir. Je m'en vais de ce pas acheter un pull à ma conjointe, en espérant qu'elle n'arrachera pas mes rideaux lorsqu'elle s'y accrochera.

16 commentaires:

  1. Je ne voudrais pas m'immiscer dans cette réflexion plutôt exotique et spirituelle sur le sexe et l'amour. Mais c'est bien un sujet sur lequel j'évite de calquer un modèle aussi évoluer sur ce type de support.

    Personnellement la pub m'a fait sourire, je pense qu'elle touche son publique et les trois quatre féministes effarouchées qui s'effaroucheront devant ne compenseront pas le flot des personnes ayant pris cette pub pour ce qu'elle est un peu provocatrice et amusante.

    Je ne pense pas que la publicité ait vocation à faire de la philosophie ou du militantisme. Elle doit toucher et ici, La Redoute a rempli son pari !

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  2. Personnellement, je ne suis pas une chienne de garde mais je suis choquée par la teneur de ce slogan. La publicité utilise déjà le corps de la femme pour vendre tout et n'importe quoi mais là, ça va encore plus loin! La féminité devient synonyme de superficialité et de vulgarité.
    La publicité est toujours très parlante sur les clichés que nous pouvons avoir et ceux qui apparaissent à travers cette campagne ne sont vraiment pas rassurants...

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  3. Ha il semblerait que comme c'est souvent le cas la pub ait encore faillit en effet la chaîne de vente par correspondance qu'AsTeR à notée dans son commentaire n'est autre que la principale rivale de l'annonceur... Pas de bol... Je comprends ton billet privilégié mais je ne savais pas que tu étais devenu(e) chien(ne) de garde...

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  4. Je m'effarouche en tant que féministe effarouchée et fière de l'être. Voir mon article de demain matin.
    Merci Mathieu d'être sorti de tes gonds, et en plus j'aime bien ta propre lecture du message

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  5. - La même pub avec un homme et une voiture n'aurait fait réagir personne.
    - C'est du second degré, la pub ne prend pas les gens pour des cons, mais propose de rire d'un cliché.

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  6. j'ai bien vu les pubs... j'ai même pensé y réagir, puis je me suis dit : "sûrement qu'Olympe va nous écrire quelque chose là-dessus...". Je me suis même demandé comment elle avait encore la force de répondre à chaque fois (qu'il y a de la misogynie, qu'il y a du sexisme contre les femmes, qu'il y a de l'injustice) : ça en devient plus que lassant, ça en devient usant !!!

    De trouver qu'un homme, lui aussi, se fatigue de tant de bêtise, de tant de nullité affichée ! me rassure. Je me dis que les hommes vont finir par se réveiller de leur sommeil au bois dormant, qu'ils vont bientôt se rendre compte qu'eux aussi étaient leurrés par tout ce fatras...

    Et enfin, princes et princesses, nous pourrons nous aimer.

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  7. Comme féministe modérée mais fermement convaincue, je dirais que tu as eu raison de souligner la banalisation de la féminité comme objet de consommation.

    En même temps, la meilleures façon de ne pas rentrer dans leur jeu serait de les ignorer et cela veut dire, ne rien leur acheter.
    En tant que femme, je ne me précipiterais donc pas pour faire la moindre commande dans ce contexte. Et si, éventuellement, j'avais vraiment envie d'acheter un vêtement, j'aurais, au préalable, envoyé un mail (je suppose que c'est possible) à l'entreprise pour souligner l'indélicatesse de cette pub.

    Qu'elle me fasse sourire ou non, tout en n'étant pas dupe, je crois que c'est à nous, clientes et clients potentiel d'en faire la remarque à qui de droit et d'attendre une réponse satisfaisante..
    Nous avons toujours un moyen d'action à notre portée...

    ;-)

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  8. J'arrive ici via un lien tweeté par Le Monolecte, et je trouve votre article très intéressant.

    Je suis également heurtée par la formulation, et également par les clichés éternellement véhiculés : fringues pour les femmes, bricolage pour les hommes.

    Peut-être aurais-je été moins choquée si le sloglan avait été : "Notre point G est dans la Bosch GKS 65" ?

    Mais en fait non. Le slogan est réducteur et stupide, à mon sens. Et je l'aurais également trouvé insultant pour les hommes si le schéma avait été inversé.

    PS : tiens, me voici donc féministe effarouchée à l'insu de mon plein gré. Ciel. Vite, remettons-nous du gloss pour compenser notre effarouchement !!!

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  9. @ AsTeR : je ne suis pas d'accord avec toi. La publicité porte très souvent un discours politique, pas pour changer le monde, mais pour nous faire consommer.

    @ Anonyme : au moins n'ont-ils pas mis une femme nue cette fois-ci...

    @ Julien L. : je suis féministe dès que je sors de chez moi... ;)

    @ June : oui, j'ai vu que la tienne était un peu différente, mais j'aurai du mal à m'exprimer sur les ressentis de la sexualité féminine.

    @ Paul : je n'en suis pas sûr pour le cliché. Pour l'homme, là, par contre, je te suis.

    @ Lucia Mel : j'ai toujours rêvé d'être prince charmant.

    @ Christie : ce billet n'empêche pas d'écrire à l'entreprise. Personnellement, je ne commande chez eux, mais si vous êtes client, n'hésitez pas.

    @ Gaëlle-Marie : votre point G dans une perceuse, cela fait un peu sexualité brutale, mais enfin, pourquoi pas...

    Plus sérieusement, oui, je crois que le message est stupide, mais la marque va sans doute réussir à faire parler d'elle.

    @ Didier : merci !

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  10. Je ne pas cliente de vente par correspondance de toutes les façons mais je m'exprimai sur ma façon de faire lorsque je ne peux pas éviter ou m'empêcher d'utiliser un service qui ne correspond pas à une certaine idée de l'étique, en tout cas la mienne..

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  11. @ Christie : oui, je ne critiquais pas du tout ta manière de faire. Chacun trouve sa voie pour contester et résister.

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  12. J'en parle aussi rapidement sur un billet, mais c'est toujours de problème du buzz et de contribuer à la visibilité du machin horripilant.
    Sur le fond, c'est encore la mauvaise fois de la pub, qui cherche à toucher quels que soient les moyens. Mais l'affichage dans l'espace public lui interdit ce retrait en dehors de toute conscience. Oui, la pub veut que nous arrêtions de penser dans l'espace public, mais non, nous n'obéirons pas !
    Hommes et femmes, même combat, pour reconquérir notre droit de penser : merci Mathieu !

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  13. @ Stedransky : c'est le problème. On peut ignorer pour dénoncer. Pour le reste, de rien.

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  14. Ai enfin répondu : http://polluxe.wordpress.com/2010/04/08/le-point-g-dans-le-placard/

    épuisant ces chaines :-)

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  15. @ Polluxe : mais, ce n'était pas une chaîne... Bon, je vais aller lire le billet.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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