En cette période de congés estivaux, il me semblait important, cher lecteur, de faire le point sur les mots d'argot actuellement employés dans les bahuts difficiles de mon département. Il s'agit de te permettre de te repérer si tu devais, à un moment fortuit de ta vie personnelle, te retrouver face à de jeunes sauvageons et que tu devais, par obligation, tenter de communiquer.
Au premier abord, le langage de la banlieue parisienne est assez bien connu, largement diffusé par la télévision, par la musique et par quelques émissions de TV-réalité de bas niveau. Pas la peine, donc, de faire un cours complet.
De toute façon, il y a un moyen très simple de se débrouiller avec le langage des cités : il s'agit de l'exclamation "wesh".
Ah, le "wesh"... Lorsqu'on l'entend la première fois, évidemment, on a un moment de surprise, mais avec un peu d'habitude, on apprend facilement à le manipuler.
Le but du "wesh" est d'appuyer clairement une affirmation ou un ordre. Par exemple, au lieu de dire, "Sarkozy est mon président", on dira simplement : "Sarkozy est mon président, wesh !" A noter que ce système peut aussi marcher avec une phrase négative : "Sarkozy n'est pas mon président, wesh !", ce qui peut permettre à tout le monde de participer au débat.
Dans le cadre d'un ordre, on peut voir surgir un "bouge ton cul, wesh !" qui signifie que la phrase a déjà été prononcée une première fois mais qu'elle n'a pas été suivie d'effet. Un "ta gueule, wesh !" précède généralement une "stomb".
Lorsqu'un enseignant, par contre, utilise un wesh, cela signifie en général qu'il se moque de l'élève qu'il a en face de lui. Par exemple, un échange type :
"- Monsieur, j'ai oublié mon devoir à la maison, wesh !"
- Eh bien, si je n'ai pas ce devoir sur mon bureau avant ce soir, tu vas avoir un beau zéro, wesh !"
A ce moment-là, il faut vraiment appuyer sur le wesh et imiter l'accent banlieusard. Dans certains cas, les gamins ont bon esprit et comprennent la blague, mais dans d'autres, c'est très mal pris.
Il y a aussi un terme facile d'usage, que vous connaissez tous, cher lecteur. Il vous suffit de mettre un quoi à la fin de chacune de vos exclamations. Par exemple, si vous aimez un bon vin dites : "il est bon ce vin, quoi." Cette expression se diffuse très facilement, et moi-même, j'ai maintenant une lourde tendance à l'employer.
Si vous maîtrisez bien, vous pouvez vous risquer à mélanger les termes. Par exemple :
"- Wesh, il est bon ce vin, quoi !
- Tu as raison, wesh !"
Attention : on entend rarement un wesh et un quoi à la suite l'un de l'autre. Par contre, on peut facilement mettre plusieurs quoi à la suite, surtout lorsqu'il a conflit avec un adulte, particulièrement un enseignant. Par exemple :
"- Vous, là-bas, taisez-vous !
- Quoi, quoi, quoi, M'sieur ! J'ai pas parlé !"
Il est bien plus rare d'entendre plusieurs wesh à la suite. Certains de mes collègues, malveillants, appellent les jeunes de cité des "wesh wesh" mais je doute que les gamins emploient eux-mêmes ce terme à leur propos.
Au niveau des insultes, vous en connaissez la plupart, largement diffusée par les médias. Cependant, il faut en signaler trois qui restent assez méconnues mais qui ont pourtant un réel intérêt.
Ainsi, on entend parfois des gamins se faire traiter de bolos. Il semble que l'insulte varie en fonction des cités. Dans certains cas, le bolos (j'ignore si on retire le s au singulier) est un jeune blanc, "gaulois" d'origine, quelle que soit sa condition. L'insulte est donc utilisée entre jeunes de l'immigration. Dans d'autres cas, il semble que le bolos symbolise le jeune blanc issu de la bourgeoisie, c'est-à-dire le blanc habitant des communes comme Neuilly-sur-Seine et le Raincy. Dans ce cas, l'insulte peut être adressée à un blanc vivant en cité.
Une autre insulte, découverte il y a deux ans, est celle de fatou. J'ai mis du temps à comprendre de quoi il s'agissait. Si je résume bien, on adresse ce terme à une jeune femme noire, pour signifier qu'elle a encore comme mentalité celle d'une femme à peine arrivée d'Afrique. Apparemment, l'insulte est très mal vécue, car elle peut rapidement déclencher une bagarre. Je vous déconseille vigoureusement de l'utiliser.
Enfin, on entend souvent ressortir le terme de blédard (l'orthographe est de mon choix). Il s'agit d'un homme, issu de l'immigration, qui a encore la mentalité, les pensées et les pratiques du pays d'origine. Cette insulte-là, car c'en est bien une, semble relativement acceptée entre les jeunes eux-mêmes. Par contre, je doute de l'effet positif si un enseignant se risquait à l'employer par lui-même.
Au premier abord, le langage de la banlieue parisienne est assez bien connu, largement diffusé par la télévision, par la musique et par quelques émissions de TV-réalité de bas niveau. Pas la peine, donc, de faire un cours complet.
De toute façon, il y a un moyen très simple de se débrouiller avec le langage des cités : il s'agit de l'exclamation "wesh".
Ah, le "wesh"... Lorsqu'on l'entend la première fois, évidemment, on a un moment de surprise, mais avec un peu d'habitude, on apprend facilement à le manipuler.
Le but du "wesh" est d'appuyer clairement une affirmation ou un ordre. Par exemple, au lieu de dire, "Sarkozy est mon président", on dira simplement : "Sarkozy est mon président, wesh !" A noter que ce système peut aussi marcher avec une phrase négative : "Sarkozy n'est pas mon président, wesh !", ce qui peut permettre à tout le monde de participer au débat.
Dans le cadre d'un ordre, on peut voir surgir un "bouge ton cul, wesh !" qui signifie que la phrase a déjà été prononcée une première fois mais qu'elle n'a pas été suivie d'effet. Un "ta gueule, wesh !" précède généralement une "stomb".
Lorsqu'un enseignant, par contre, utilise un wesh, cela signifie en général qu'il se moque de l'élève qu'il a en face de lui. Par exemple, un échange type :
"- Monsieur, j'ai oublié mon devoir à la maison, wesh !"
- Eh bien, si je n'ai pas ce devoir sur mon bureau avant ce soir, tu vas avoir un beau zéro, wesh !"
A ce moment-là, il faut vraiment appuyer sur le wesh et imiter l'accent banlieusard. Dans certains cas, les gamins ont bon esprit et comprennent la blague, mais dans d'autres, c'est très mal pris.
Il y a aussi un terme facile d'usage, que vous connaissez tous, cher lecteur. Il vous suffit de mettre un quoi à la fin de chacune de vos exclamations. Par exemple, si vous aimez un bon vin dites : "il est bon ce vin, quoi." Cette expression se diffuse très facilement, et moi-même, j'ai maintenant une lourde tendance à l'employer.
Si vous maîtrisez bien, vous pouvez vous risquer à mélanger les termes. Par exemple :
"- Wesh, il est bon ce vin, quoi !
- Tu as raison, wesh !"
Attention : on entend rarement un wesh et un quoi à la suite l'un de l'autre. Par contre, on peut facilement mettre plusieurs quoi à la suite, surtout lorsqu'il a conflit avec un adulte, particulièrement un enseignant. Par exemple :
"- Vous, là-bas, taisez-vous !
- Quoi, quoi, quoi, M'sieur ! J'ai pas parlé !"
Il est bien plus rare d'entendre plusieurs wesh à la suite. Certains de mes collègues, malveillants, appellent les jeunes de cité des "wesh wesh" mais je doute que les gamins emploient eux-mêmes ce terme à leur propos.
Au niveau des insultes, vous en connaissez la plupart, largement diffusée par les médias. Cependant, il faut en signaler trois qui restent assez méconnues mais qui ont pourtant un réel intérêt.
Ainsi, on entend parfois des gamins se faire traiter de bolos. Il semble que l'insulte varie en fonction des cités. Dans certains cas, le bolos (j'ignore si on retire le s au singulier) est un jeune blanc, "gaulois" d'origine, quelle que soit sa condition. L'insulte est donc utilisée entre jeunes de l'immigration. Dans d'autres cas, il semble que le bolos symbolise le jeune blanc issu de la bourgeoisie, c'est-à-dire le blanc habitant des communes comme Neuilly-sur-Seine et le Raincy. Dans ce cas, l'insulte peut être adressée à un blanc vivant en cité.
Une autre insulte, découverte il y a deux ans, est celle de fatou. J'ai mis du temps à comprendre de quoi il s'agissait. Si je résume bien, on adresse ce terme à une jeune femme noire, pour signifier qu'elle a encore comme mentalité celle d'une femme à peine arrivée d'Afrique. Apparemment, l'insulte est très mal vécue, car elle peut rapidement déclencher une bagarre. Je vous déconseille vigoureusement de l'utiliser.
Enfin, on entend souvent ressortir le terme de blédard (l'orthographe est de mon choix). Il s'agit d'un homme, issu de l'immigration, qui a encore la mentalité, les pensées et les pratiques du pays d'origine. Cette insulte-là, car c'en est bien une, semble relativement acceptée entre les jeunes eux-mêmes. Par contre, je doute de l'effet positif si un enseignant se risquait à l'employer par lui-même.
J'espère que ce billet relève tout entier de l'humour. Car, dans le cas contraire, je trouverais particulièrement déprimant que les "enseignants" fassent des efforts pour parler comme les "jeunes", alors que leur tâche est en principe exactement l'inverse.
RépondreSupprimer@ Didier : les expressions sont tout à fait réelles. Le reste, c'est de l'humour.
RépondreSupprimerJe me permet de compléter ton billet sur le sujet du "wesh" accolé au "quoi".
RépondreSupprimerWesh pouvant être utilisé pour attirer l'attention de l'auditeur, il m'est déjà arrivé d'entendre "wesh, quoi?" signifiant en gros "qu'est-ce que tu me veux?"
M'avez fait peur...
RépondreSupprimerWesh...
RépondreSupprimerPas de problème pour l'orthographe de "blédard" (qui vient donc du bled)... Pour "Fatou", à l'origine, c'est une fille gentille qui sait rendre des services. Au Sénégal, ça n'a rien de péjoratif. Ici, je suppose que ça rejoint un peu le même lexique que "victime", subalterne, etc.
RépondreSupprimerExcellent, wesh
RépondreSupprimer@ Seco : je ne l'ai jamais entendu, celle-là. Sans doute une variation de ton coin.
RépondreSupprimer@ Nicolas : wesh wesh...
@ Gilles Pradeau : je crois même que c'est pire que "victime", parce qu'ils l'utilisent aussi.
@ Disparitus : Wesh, merci !
Je me demande si les banlieusards de cité provinciale "wesh" aussi.
RépondreSupprimerFab fatou.
@ Manuel : je doute que Fab Fatou réponde à un de mes billets, wesh. Il est en vacances, quoi.
RépondreSupprimerFatou wesh est quoi aussi le wesh nom d'un quoi grand mathématicien. http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Fatou
RépondreSupprimerPardon si mes wesh et mes quoi sont mal placés mais je débute.
@ Florian : ah non ! Trop de wesh et de quoi dans ta phrase.
RépondreSupprimerJe ne pense pas que mes élèves connaissent ce Fatou-là...
Vous exprimez de la tendresse envers vos élèves enfin, je l'entends ainsi. J'aimerais que l'Académie Française ait cette même attention tendre envers la langue française non pas en acceptant simplement les nouveaux mots populaires mais surtout en n'enlevant pas du dictionnaire ceux qui ne sont plus utilisés.
RépondreSupprimerVous n'avez pas "aïe aïe aïe " par chez vous ?
RépondreSupprimer... et là, quand il a vu la meuf, aïe aïe aïe, il savait plus quoi dire. Mort de honte, quoi. En même temps, aïe aïe aïe, faut comprendre.
Et "frais" ?
Trop fraîches, les nouvelles Adidas.
et "beaugosse" ?
aïe aïe aïe, trop riche, les mecs. C'est que des beaugosses ici, t'as vu les scoots qu'y z'ont ?
... et "ça s'fait pas"
RépondreSupprimerLe prof il a gueulé sur Momo t'aurais vu comme ! parler comme ça ça s'fait pas.
Les keufs y z'avaient pas à tirer s'y pouvaient pas les arrêter ça s'fait pas...
... et "voilà"
RépondreSupprimeralors y m'a dit qu'y viendrait pas, voilà... Il a pas d'fric, quoi. Et puis, vu sky s'est ramassé la dernière fois, comment on lui a trop mal parlé, il a plus envie, voilà.
@ Suzanne : alors :
RépondreSupprimer"aïe aïe aïe" : non
frais : oui, mais il me semblait que c'était diffusé publiquement
"beaugosse" : oui, bien sûr.
"ça s'fait pas" : si tout le temps, mais c'est très connu. Pas de quoi en faire un billet.
@ Anonyme : même si l'Académie condamne un mot, elle ne l'élimine pas de toute façon.
RépondreSupprimer@ Suzanne : non, voilà, pas tant que cela... Enfin, d'un autre côté, j'ai l'impression que ce mot-là est assez universellement utilisé, en tout cas sur Paris.
RépondreSupprimerMathieu: notez que je suis en province facile, hein. (comment ça, trop communes, mes expressions... y s'la joue trop DU 9-3, lui!)
RépondreSupprimer@ Suzanne : pour une fois que j'arrive à vous apprendre quelque chose...
RépondreSupprimerWesh, c'est un mot assez intéressant qui a une fonction phatique non négligeable. Beaucoup utilisé aussi dans les petites banlieues de province.
RépondreSupprimer@Didier : hors de question d'utiliser ce langage, mais le comprendre, c'est une question de survie !
@ CC : je me disais bien qu'il ne se cantonnait pas à l'Île-de-France.
RépondreSupprimerJe suppose que ce que vous écrivez "wesh", vous le prononcez "ouaiche"? Ou "vaiche"? À moins que vous ne parliez également de ouagons de voyageurs.
RépondreSupprimer@ Anonyme : j'ai écris wesh parce que les élèves l'écrivent comme cela. Cependant, cela se prononce "ouaiche".
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