Les oraux de rattrapage du baccalauréat sont toujours un moment particulier de l'année scolaire. Ils marquent tout simplement la fin de celle-ci. Une fois terminées ces épreuves, nous entrons dans la torpeur des vacances et dans la préparation progressive de l'année prochaine.
Les oraux se déroulent par demi-journée. En général, un lycée convoque entre 20 et 30 gamins par période et essaie d'avoir le nombre de professeurs nécessaire dès le début. Le proviseur du lycée centre d'examen s'appuie sur les pratiques des élèves en convoquant les professeurs des matières ayant les plus gros coefficients. Pour les autres, il garde leurs téléphones sous le coude et en fait usage si besoin pour que le collègue de la discipline rare arrive en vitesse pour faire passer le candidat qui veut le voir.
Les enseignants et les élèves arrivent ensemble à 7h30. On nous distribue ensuite un planning qui correspond aux demandes des élèves exprimées le jour précédent. Cependant, les changements sont réguliers car les élèves peuvent changer d'avis le matin même. Ainsi, si un gamin s'est rendu compte, hier après-midi, qu'il vaut mieux qu'il évite les maths, il peut toujours déclarer à 7h30 ce matin qu'il prend l'histoire à la place.
En fonction des matières, les modalités sont différentes. En histoire, les enseignants font eux-mêmes leurs sujets. Ils doivent juste respecter le temps (20 mn de préparation et 20 mn de passage), évaluer les deux matières et proposer au moins deux sujets au choix. Bien évidemment, on peut interroger sur tout le programme.
Or, depuis deux ans, les chefs d'établissement s'alarment. En effet, les élèves deviennent de plus en plus procéduriers, surtout s'ils ont de mauvais résultats. La proviseure du lycée où j'étais ce matin me racontait qu'un candidat avait déposé un recours l'an dernier parce que le correcteur l'avait gardé 22 mn au lieu de 20, "l'ayant perturbé ainsi et ayant fait échouer son oral."
Ces tendances se vérifient aussi à l'écrit où les élèves demandent de plus en plus leurs copies. Lors des réunions d'harmonisation, on nous a demandé de bien marquer quelque chose sur chaque page, même s'il n'y avait rien à dire, pour qu'un gamin n'aille pas dire à un tribunal administratif que nous aurions loupé une page qui aurait fait remonter la note.
Cette tendance à l'attaque au Tribunal administratif des usagers de l'Éducation se vérifie de plus en plus, à toutes les étapes, et elle vient autant des élèves eux-mêmes que des familles. Est-ce une tendance plus générale de la société ? Est-ce une réaction à la dureté de notre institution ? Est-ce une manière de se mentir à soi-même sur son échec ?
En tout cas, vu la taille de cette machine qu'est l'Éducation nationale, il est bien évident que des erreurs arrivent. On n'est donc pas prêt de sortir de cette dynamique de remise en cause de notre autorité.
Au moins cela a-t-il l'avantage d'obliger la hiérarchie et les professeurs eux-mêmes à respecter les règles, ce qui n'est, après tout, pas si négatif.
Les oraux se déroulent par demi-journée. En général, un lycée convoque entre 20 et 30 gamins par période et essaie d'avoir le nombre de professeurs nécessaire dès le début. Le proviseur du lycée centre d'examen s'appuie sur les pratiques des élèves en convoquant les professeurs des matières ayant les plus gros coefficients. Pour les autres, il garde leurs téléphones sous le coude et en fait usage si besoin pour que le collègue de la discipline rare arrive en vitesse pour faire passer le candidat qui veut le voir.
Les enseignants et les élèves arrivent ensemble à 7h30. On nous distribue ensuite un planning qui correspond aux demandes des élèves exprimées le jour précédent. Cependant, les changements sont réguliers car les élèves peuvent changer d'avis le matin même. Ainsi, si un gamin s'est rendu compte, hier après-midi, qu'il vaut mieux qu'il évite les maths, il peut toujours déclarer à 7h30 ce matin qu'il prend l'histoire à la place.
En fonction des matières, les modalités sont différentes. En histoire, les enseignants font eux-mêmes leurs sujets. Ils doivent juste respecter le temps (20 mn de préparation et 20 mn de passage), évaluer les deux matières et proposer au moins deux sujets au choix. Bien évidemment, on peut interroger sur tout le programme.
Or, depuis deux ans, les chefs d'établissement s'alarment. En effet, les élèves deviennent de plus en plus procéduriers, surtout s'ils ont de mauvais résultats. La proviseure du lycée où j'étais ce matin me racontait qu'un candidat avait déposé un recours l'an dernier parce que le correcteur l'avait gardé 22 mn au lieu de 20, "l'ayant perturbé ainsi et ayant fait échouer son oral."
Ces tendances se vérifient aussi à l'écrit où les élèves demandent de plus en plus leurs copies. Lors des réunions d'harmonisation, on nous a demandé de bien marquer quelque chose sur chaque page, même s'il n'y avait rien à dire, pour qu'un gamin n'aille pas dire à un tribunal administratif que nous aurions loupé une page qui aurait fait remonter la note.
Cette tendance à l'attaque au Tribunal administratif des usagers de l'Éducation se vérifie de plus en plus, à toutes les étapes, et elle vient autant des élèves eux-mêmes que des familles. Est-ce une tendance plus générale de la société ? Est-ce une réaction à la dureté de notre institution ? Est-ce une manière de se mentir à soi-même sur son échec ?
En tout cas, vu la taille de cette machine qu'est l'Éducation nationale, il est bien évident que des erreurs arrivent. On n'est donc pas prêt de sortir de cette dynamique de remise en cause de notre autorité.
Au moins cela a-t-il l'avantage d'obliger la hiérarchie et les professeurs eux-mêmes à respecter les règles, ce qui n'est, après tout, pas si négatif.
Oui, c'est bien une tendance, repérée notamment dans les séries S et ES en français : dans cette matière, les élèves ont quelques mois pour "ruminer" ce qu'ils ont vécu dans les épreuves écrites et orales, puisqu'ils passent ces épreuves en fin de 1° et sont au lycée pendant encore une année, ce qui leur donne le temps de penser à grapiller quelques points en contestant leurs notes.
RépondreSupprimerAussi en français, à l'écrit, on nous demande de ne pas laisser de trace écrite de notre correction, exceptée une remarque globale placée en tête de la copie: mais pas de remarque dans les marges, pas de biffure, ne pas souligner les fautes d'expression... car en cas de procédure, n'importe quel avocat pourrait trouver dans à peu près n'importe quelle copie une faute de grammaire oubliée, une remarque excessive, ce qui pourrait lui permettre de conclure à une copie mal corrigée.
A l'oral, c'est très protocolaire: le temps d'interrogation doit être respecté à la minute près, et même les hochements de tête, les "bien" que l'on dit parfois en manière transition ou pour inviter un candidat à s'exprimer avec plus de confiance sont proscrits... 4 jours comme ça, 8h par jour, c'est rude, mais on y survit. Ainsi va le bac: il faut le débarrasser de l'humain et de ses imperfections...
Ceci dit, bonnes vacances à toi !
Tiens, une idée : inventons le bac débarrassé de l'humaine erreur : des Sujets parfaits, conçus par la Fine Fleur de l'Education Nationale, une Administration qui règle impeccablement l'Ordonnancement de l'Examen, aucun candidat pour trébucher sur les Subtilités de l'Epreuve, pas de correcteur pour souiller l'Idée par le Verbe matérialisée... Que reste-t-il au bout du compte ?
RépondreSupprimerPlus rien.
(C'est pour bientôt).
Epreuves anticipées de 1ère (L). Que répondre à une lycéenne qui s'interroge: "J'ai 20 en maths alors que je n'ai pas répondu à toutes les questions!"? Que le bac ne vaut rien? Qu'ils sont notés sur plus de 20?...
RépondreSupprimerJ'aurai jamais pensé à faire ça à mon époque... Quand tu vois, en effet, que les élèves sont notés sur plus de 20, ceux qui échouent devraient plutot s'interroger sur leur niveau réel...
RépondreSupprimerJ'adore lire ce genre de choses, j'adore. Parfois, je me souviens des bouilles des élèves le matin et de la pêche que ça me donnait, comme j'étais contente, et j'avais la pèche, et je me marrais en cours et tout et tout. Et, dans un moment de faiblesse, je me dis : OoOoOoOhhh et si j'allais postuler ? Des fois qu'ils aient besoin près de chez moi ?
RépondreSupprimerPuis après je lis ça et tout le reste me revient. Et je ne postule pas. Je te trouve même bien gentil de dire qu'il peut y avoir des erreurs - il peut forcément y en avoir. Tu vois, moi j'en étais à anticiper les problèmes pour avoir un truc à dire aux parents au cas où. Je gardais un papier, une note, une fiche, pour sortir mon Joker et réduire au silence celui que se plaignait ou le parent. Mais j'aurais aimé que l'énergie intellectuelle soit utilisée pour mémoriser les cartes ou la méthode d'analyse des documents. Et non pas pour recompter les points ou découvrir que la question 3 se basait sur un cours antérieur et ressortir LE papier qui prouvait par A+B que j'avais bien prévenu de la possibilité d'utiliser les acquis de la leçon du mois de octobre pour un contrôle en décembre.
Je ne dois pas être faite pour ça, au fond. Pourtant, j'adore faire cours aux élèves, leur parler, expliquer.
@ LGDC : tiens, c'est marrant. Nous, on nous a vraiment dit d'annoter au maximum les copies. C'est drôle, ces contradictions.
RépondreSupprimer@ Ink : il arrive que le barème soit sur plus de 20 dans certaines matières, c'est vrai.
@ Homer : moi non plus, mais c'est souvent une stratégie d'élève en difficulté.
@ Fanette : nous, en lycée, n'avons pas trop ce type de problèmes, car les problèmes sont plus dilués, et on voit moins les parents.