Hier, comme cela avait été le cas par le passé pour l'affaire Courjault, la presse est massivement revenue sur les huit infanticides qui se seraient déroulés dans le nord de la France. Comme à l'habitude, nous avons eu le droit à une kyrielle de psychiatres, de psychanalystes et de journalistes tentant de comprendre comment une femme, forcément une mère par nature marquée par son instinct maternel, a pu en arriver à tuer huit de ses enfants.
Je vais passer sur le fait que cette affaire se déroule dans le Nord et sur les habituelles assertions sur le retard sanitaire de cette partie du monde, histoire de ne pas vexer mes camarades nordistes.
Par contre, une nouvelle fois, nous voilà devant un beau cas de victimisation d'une criminelle.
Nous avions déjà pu constater, lors de l'affaire Courjault, une volonté forte des médias de presque excuser la criminelle grâce au déni de grossesse. Certes, celui-ci est reconnu comme une circonstance atténuante, mais la notion de meurtre n'avait cessé de s'effilocher tout au long de la procédure.
Dans le cas présent, Mme Cottrez a affirmé avoir eu conscience de ses grossesses et les avoir ressenties. Elle a aussi confirmé qu'elle les avait dissimulées à son mari et à ses proches grâce à son surpoids, ce qui lui avait permis de se débarrasser de ses bébés plus facilement.
Dans ce cas précis, nous sommes donc face à des aveux clairs, même si le parquet préfère attendre les résultats de l'expertise psychiatrique, ce que l'on peut entièrement comprendre. Cependant, les médias retournent vers leurs vieilles lanternes, allant même jusqu'à ramener le déni de grossesse alors que l'accusée ne le met pas en avant.
Une nouvelle fois, c'est le célèbre instinct maternel qui revient à la une. Bien sûr, rien ne démontre qu'il existe réellement et qu'il soit une constante de l'humanité. Par contre, il permet au machisme le plus basique de subsister. On insinue le fait qu'une mère s'occupera forcément bien de ses gamins, et qu'à partir de là, on ne voit pas comment elle pourrait arriver à de tels crimes sans être sérieusement dérangée. Finalement, la criminelle est quasiment immédiatement excusée en partie du fait de sa condition de mère, alors qu'on pourrait envisager qu'elle est dérangée en tant qu'individu.
Que se passerait-il si l'assassin était un homme ? J'avais déjà posé la question dans un billet précédent, et mes commentatrices de l'époque m'avaient expliqué qu'un homme ne vivant pas la grossesse, il ne pouvait appréhender les choses de la même façon : son crime serait alors bien plus grave. Certes, je ne vais pas prétendre qu'un homme puisse ressentir toutes les émotions de la grossesse, mais il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas participer aux crimes en lui-même. D'ailleurs, si M. Courjault avait été reconnu innocent par la justice, le mari de Mme Cottrez reste apparemment soupçonné, car la presse affirmait hier que deux bébés n'auraient pas été enterrées par la mère. Nous avons donc un exemple de crimes apparemment liées aux troubles psychiatrique de la mère mais dans lesquelles le père aurait pu tremper, ou quelqu'un d'autre.
Pourquoi, dans ce cas, ne pas simplement envisager que cette femme soit une personne ayant des pulsions meurtrières, comme une sorte de serial-killer ? La presse s'y refuse obstinément. Cela pourrait être pour respecter la présomption d'innocence, mais ça, non, on ne le fait pas, en France. Par contre, on essaie ici d'expliquer et de dédouaner la meurtrière, alors que la presse s'empresse souvent d'enfoncer des accusés de tous ordres.
On ne peut que le maintenir : le traitement de ces affaires n'est pas un bon signe pour les femmes. Le fait que la condition de mère maintienne un traitement différent des crimes installe le statut de mère dans la société, en position d'infériorité. Si une femme devient automatiquement une mère, pourquoi retournerait-elle travailler après l'accouchement ? Pourquoi ne resterait-elle pas à la maison pour torcher les mômes, pendant que le mari, inconscient de tout cela, retournerait chercher le pain quotidien ? De fait, une mère ne sera pas traitée de la même manière. Que se serait-il passé si c'était le mari ou une autre personne qui était passé à l'acte ? Il serait déjà lynché par l'ensemble des journalistes.
De fait, persiste ainsi une espèce d'impunité des mères dans leurs actes de maltraitance à l'égard des enfants. De nombreux gamins vont donc continuer à en souffrir dans le futur et vont se heurter à une inertie plus grande de la justice face à leurs souffrances.
On ne peut qu'espérer que, si Mme Cottrez se révèle coupable, elle soit condamnée conformément à l'esprit du code pénal concernant les meurtres d'enfants. Cette décision donnerait un signe positif pour l'ensemble des femmes et pour les enfants subissant des maltraitances de la part des mères. Il est temps, cher lecteur, d'abattre cette bonne vieille survivance du patriarcat de notre société soi-disant si développée et de traiter les mères qui déconnent comme ce qu'elles sont : des criminelles qui doivent être prises en charge par la justice.
Je vais passer sur le fait que cette affaire se déroule dans le Nord et sur les habituelles assertions sur le retard sanitaire de cette partie du monde, histoire de ne pas vexer mes camarades nordistes.
Par contre, une nouvelle fois, nous voilà devant un beau cas de victimisation d'une criminelle.
Nous avions déjà pu constater, lors de l'affaire Courjault, une volonté forte des médias de presque excuser la criminelle grâce au déni de grossesse. Certes, celui-ci est reconnu comme une circonstance atténuante, mais la notion de meurtre n'avait cessé de s'effilocher tout au long de la procédure.
Dans le cas présent, Mme Cottrez a affirmé avoir eu conscience de ses grossesses et les avoir ressenties. Elle a aussi confirmé qu'elle les avait dissimulées à son mari et à ses proches grâce à son surpoids, ce qui lui avait permis de se débarrasser de ses bébés plus facilement.
Dans ce cas précis, nous sommes donc face à des aveux clairs, même si le parquet préfère attendre les résultats de l'expertise psychiatrique, ce que l'on peut entièrement comprendre. Cependant, les médias retournent vers leurs vieilles lanternes, allant même jusqu'à ramener le déni de grossesse alors que l'accusée ne le met pas en avant.
Une nouvelle fois, c'est le célèbre instinct maternel qui revient à la une. Bien sûr, rien ne démontre qu'il existe réellement et qu'il soit une constante de l'humanité. Par contre, il permet au machisme le plus basique de subsister. On insinue le fait qu'une mère s'occupera forcément bien de ses gamins, et qu'à partir de là, on ne voit pas comment elle pourrait arriver à de tels crimes sans être sérieusement dérangée. Finalement, la criminelle est quasiment immédiatement excusée en partie du fait de sa condition de mère, alors qu'on pourrait envisager qu'elle est dérangée en tant qu'individu.
Que se passerait-il si l'assassin était un homme ? J'avais déjà posé la question dans un billet précédent, et mes commentatrices de l'époque m'avaient expliqué qu'un homme ne vivant pas la grossesse, il ne pouvait appréhender les choses de la même façon : son crime serait alors bien plus grave. Certes, je ne vais pas prétendre qu'un homme puisse ressentir toutes les émotions de la grossesse, mais il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas participer aux crimes en lui-même. D'ailleurs, si M. Courjault avait été reconnu innocent par la justice, le mari de Mme Cottrez reste apparemment soupçonné, car la presse affirmait hier que deux bébés n'auraient pas été enterrées par la mère. Nous avons donc un exemple de crimes apparemment liées aux troubles psychiatrique de la mère mais dans lesquelles le père aurait pu tremper, ou quelqu'un d'autre.
Pourquoi, dans ce cas, ne pas simplement envisager que cette femme soit une personne ayant des pulsions meurtrières, comme une sorte de serial-killer ? La presse s'y refuse obstinément. Cela pourrait être pour respecter la présomption d'innocence, mais ça, non, on ne le fait pas, en France. Par contre, on essaie ici d'expliquer et de dédouaner la meurtrière, alors que la presse s'empresse souvent d'enfoncer des accusés de tous ordres.
On ne peut que le maintenir : le traitement de ces affaires n'est pas un bon signe pour les femmes. Le fait que la condition de mère maintienne un traitement différent des crimes installe le statut de mère dans la société, en position d'infériorité. Si une femme devient automatiquement une mère, pourquoi retournerait-elle travailler après l'accouchement ? Pourquoi ne resterait-elle pas à la maison pour torcher les mômes, pendant que le mari, inconscient de tout cela, retournerait chercher le pain quotidien ? De fait, une mère ne sera pas traitée de la même manière. Que se serait-il passé si c'était le mari ou une autre personne qui était passé à l'acte ? Il serait déjà lynché par l'ensemble des journalistes.
De fait, persiste ainsi une espèce d'impunité des mères dans leurs actes de maltraitance à l'égard des enfants. De nombreux gamins vont donc continuer à en souffrir dans le futur et vont se heurter à une inertie plus grande de la justice face à leurs souffrances.
On ne peut qu'espérer que, si Mme Cottrez se révèle coupable, elle soit condamnée conformément à l'esprit du code pénal concernant les meurtres d'enfants. Cette décision donnerait un signe positif pour l'ensemble des femmes et pour les enfants subissant des maltraitances de la part des mères. Il est temps, cher lecteur, d'abattre cette bonne vieille survivance du patriarcat de notre société soi-disant si développée et de traiter les mères qui déconnent comme ce qu'elles sont : des criminelles qui doivent être prises en charge par la justice.
Des femmes traitées comme des hommes par les juges, voilà un beau signe que l'égalité homme-femme continuerait à progresser.
Je ne vois pas en quoi le fait que Cottrez soit une mère rende la chose moins grave, elle faillit à son rôle de mère, je me demande justement où se cache l'instinct maternel de cette femme (qui devrait pousser la mère à protéger son enfant et non tuer...).
RépondreSupprimerMais de toute façon, n'importe quelle personne qui tue 8 bébés est dérangé.
Ensuite tu pars du côté du féminisme en remettant en cause le rôle maternel d'une femme.
C'est du déjà vu, ça!
Et bien à mon avis, j'aurai beau faire ce que je veux, je ne serai jamais mère, je suis donc bien content de pouvoir considérer ma femme comme une future mère.
@ Manuel : toute personne qui tue est à priori dérangée, mais cela n'enlève rien à la gravité du crime. Le juge est libre d'évaluer les circonstances atténuantes et/ou aggravantes.
RépondreSupprimerJe n'ai pas remis en cause le rôle maternel des femmes, j'ai juste dit que cela ne devait pas impliquer l'inégalité, et en particulier devant le tribunaux.
Il s'est passée la même chose il y a quelques années en Allemagne. C'est 9 cadavres de nouveaux-nés qui ont été trouvés. Dans les deux cas, on constate qu'il y a à la base un couple, donc un mec sur place capable d'observer certaines choses, or : est-il mis en cause ? Si quelqu'un qui vit à mes côtés même de manière moins intime se retrouvait enceinte aussi souvent sans jamais qu'un être vivant émerge quelque part, je m'en apercevrais et agirais ! Pas vous messieurs ?
RépondreSupprimerEnsuite, il s'agit à chaque fois d'un couple vivant assez retranché dans un bled paumé et pratiquant certainement ses propres lois, ses propres modes de pensée, sans lien véritable à l'extérieur, juste bonjour/bonsoir d'où "le gens sans histoire" et le "toujours polis" . Si à l'aube du XXIe siècle on a ce genre de cas, c'est quand même symptomatique d'une société dans laquelle le lien social est mort. La télé et l'ordinateur ont rendu la population autiste, on ne partage plus rien à "l'extérieur". Les fêtes populaires, les concours du parcours à vélo le plus lent qui se pratiquaient dans les communes où les villes (à Montmartre, par ex) dans les années sans télé, et je ne sais quels amusements bidons mais qui nous unissaient un peu les uns les autres, ont disparu. Réduire cette affaire à UNE seule personne, la MÈRE, c'est beaucoup de responsabilités pour un être humain qui ne vit pas sous vide entouré de rien ni de personne sans aucun contexte social. J'ai bien peur que de réduire sans cesse l'individu.e a lui(elle)-même sans se poser des questions plus approfondies ne nous fasse régresser un peu plus. En France, il n'y a pas encore eu de tueries massives dans les lycées perpétrées par des adolescents (masculins) perdus et fous de haine pour cette société mortifère. Cela peut encore venir. Les psychanalystes pourrant recommencer à faire leur malin. Et on sera vachement avancé.
@ Euterpe : sur l'individualisme, je partage cette analyse. Maintenant, en justice, c'est celui qui commet l'acte qui est jugé, avec d'autres s'il a des complices.
RépondreSupprimerDans cette affaire, la justice semble penser que Mme Cottrez est l'unique auteure du crime.
A Mathieu L. : Oui, c'est abusif de se focaliser uniquement sur elle. Je suis d'ailleurs d'accord avec vous quand vous écrivez que le traitement de cette affaire n'est pas un bon signe pour les femmes. Quand les femmes sont traitées comme une espèce à part, politiquement nous glissons vers l'extrême-droite. Du coup, le traitement de cette affaire n'est pas non plus un bon signe pour les hommes. La femme réduite à sa fonction de mère signifie parallèlement l'homme réduit à sa fonction de pion au service des seigneurs, avec l'usine et le front comme horizon. Travail, famille, patrie, quoi.
RépondreSupprimer@ Euterpe : je crains que beaucoup de mes congénères masculins ne soient pas gênés par ce traitement des femmes, mais je m'avance peut-être...
RépondreSupprimerA mon avis nous ne savons pas toute la vérité…
RépondreSupprimerJ’ai beaucoup de mal à croire que son époux (même si effectivement sa surcharge pondérale favorisait la dissimulation de ses multiples grossesses) ne ce soit jamais douté que sa femme soit enceinte.
Apparemment, elle refusait de consulter un médecin pour qu’il lui prescrive un moyen de contraception, mais son mari dans tout ça devait bien se douter que s’ils avaient des rapports non protégés il y avait des risques…Ils n’en parlaient donc jamais ?
Jamais il lui a posé la question à savoir quelle méthode elle utilisait ? Ça me parait complètement surréaliste !
Je n’y crois pas une seule seconde !
Puis, une femme en surpoids ou pas, à un moment donné, il faut bien qu’elle accouche, et on ne peut jamais prévoir vraiment à l’avance.
Elle doit probablement souffrir d’une pathologie psychiatrique très lourde, c’est une évidence, mais de là à ce que son mari soit dédouaner de toutes responsabilités, je ne suis pas d’accord.
Quoi qu’il en soit, cette femme doit se faire interner à vie.
Elle est dangereuse, perverse et sa place n’est pas avec nous.
@ Anonyme : seuls l'enquête et le procès apporteront, peut-être, des réponses à toutes ces interrogations.
RépondreSupprimerEn suivant ton raisonnement, il faudrait ne plus appeler une femme une femme. Comme si une femme n'était pas différente d'un homme!
RépondreSupprimerje trouve ce raisonnement très dangereux. Il revient à supprimer les distinctions entre les deux sexes qui sont pourtant la base de notre humanité.
L'instinct maternel n'existe peut-être pas chez toutes les femmes, mais nier jusqu'à son existence, sans autre forme de preuve que ta simple opinion, me paraît assez court.
J'ai vu vingt fois ma mère m'attendre au retour de soirées, quand j'étais étudiant : elle était morte de trouille parce que j'étais en retard. Jamais vu mon père dans de telles situation : il dormait.
@ Le Chafouin : je n'ai jamais prétendu qu'une femme n'était pas différente d'un homme. Cependant, si nous ne pouvons nier cette évidence, le droit se doit de nous rappeler que nos sexes n'imposent pas un traitement différent devant le crime.
RépondreSupprimerPour l'instinct maternel, vu que tout le monde pense qu'il existe selon sa simple opinion, je ne vais pas faire plus d'efforts que les autres.
Enfin, je ne me lancerai pas dans une analyse de tes parents. L'usage de l'exemple personnel ne me semble de toute façon pas concluant.