L'un d'entre eux, un peu haut placé dans le PS, m'a expliqué la stratégie de Solferino (car il y a une stratégie !), et je voudrais la partager avec toi.
Pour Martine, la gauche ne peut pas laisser passer une nouvelle réforme des retraites sans gagner quelque chose. Il s'agit d'abord de réaffirmer la logique de la répartition (ce que Sarkozy a dit aussi ce soir) et surtout d'obliger la droite à ne pas ignorer certains sujets, comme la politique fiscale du gouvernement, la question de la pénibilité (que le MEDEF s'évertue à bloquer) et la question du chômage de longue durée chez les vieux.
Face à cette analyse, je n'ai pu m'empêcher de demander au camarade comment il expliquait alors cette déclaration, vu la liste importante de préalable. Rien de plus simple : « les journalistes n'ont retenu que cette phrase. » Mais alors, pourquoi l'a-t-elle prononcée ? « Pour montrer que le PS est prêt à discuter éventuellement de sujets difficiles si on pose les bonnes questions. »
Comme cela, cette stratégie est très jolie, mais le problème, c'est qu'elle est déjà caduque. La droite a déjà imprimé dans la tête des Français que l'allongement de la durée du travail fait consensus là-haut (alors que nos concitoyens sont contre) et il est sûr que les sujets qui tiennent à cœur au PS n'avanceront pas plus qu'avant. Cette déclaration a aussi permis à la CFDT de faire de nouvelles propositions dans la droite ligne du « toujours moins pour les salariés ». Les autres syndicats sont d'ores et déjà braqués, et l'extrême-gauche se frotte les mains.
J'aimerais bien savoir comment Martine va se sortir de l'ornière. En tout cas, une nouvelle fois, c'est l'ancrage à gauche du PS qui est discuté, et le débat sur les retraites démarre n'importe comment. Espérons que nous parvenions à sortir des petites phrases et des caricatures pour avoir un vrai débat démocratique sur ce sujet.
Oui, elle a tout faux...
RépondreSupprimerBen non, elle a raison : attitude très responsable.
RépondreSupprimerL'Hérétique,
RépondreSupprimerNon : se couper avec son électorat est totalement irresponsable.
Martine Aubry agit en responsable politique, ce qui n'est pas si fréquent que cela !
RépondreSupprimerComment peut-on, sur un tel sujet, ne pas envisager sérieusementle recul de la date de départ à la retraite ?...Même si on ne règlera pas le pb des retraites en jouant uniquement sur ce paramètre, on ne pourra pas y échapper !
De toute façon, elle parle de 61 voire 62 ans et en plus sous conditions. ce qui signifie que si elle décrète que les conditions ne sont pas remplies elle pourra très bien revenir en arrière !
Je ne comprend pas comment on peut faire un tel tollé autour d'une proposition aussi négligeable !...encore une fois, ce débat s'annonce complètement foireux pour cause de blocages idéologiques qui empêchent d'envisager la meilleure solution !
Autre chose: Il est absurde de s'appuyer sur les sondages pour éliminer ou préconiser une solution !
Je viens de voir le film Invictus, où Nelson Mandela dit que le rôle d'un leader est de s'opposer à son peuple, s'il estime que celui-ci se trompe. C'est le courage politique de dire aux gens : vous êtes dans l'erreur, et je vais vous dire pourquoi. C'est le rôle d'un gouvernant.
RépondreSupprimerAubry a fait preuve de courage, et risque en maintenant cette position de se couper d'une partie de son électorat. Mais ce faisant, elle se construit une carrure de présidentiable, en se montrant pragmatique et pas aux basques de ses militants. Il ne faut pas oublier que ce sont les français et pas l'aile gauche du PS qui élisent les représentants du peuple.
Qui est le politique le plus responsable?
RépondreSupprimerCelui ou celle qui dit ce que son electorat veut entendre?
Ou celui ou celle qui dit ce qu'il ou elle pense etre le mieux pour l'avenir du pays?
C'est sur, il est plus facile d'avoir une posture a la NPA ou PdG, mais ce n'est pas eux qui regleront nos problemes...
Quand j'ai entendu à la radio le salut lancé par Sarko à la retraite par répartition, j'ai compris qu'il nous informait qu'il avait déjà commencé à la réduire en charpie. C'est tout à fait possible de maintenir l'âge de la retraite actuel, c'est un choix de société. Le type qui est au chômage à 50 ans en fin de droits, il y arrive. Pourquoi pas vous ? Le courage politique, c'est de commencer à voir qu'il y en a déjà pas mal au bord de la route, pas de se crisper sur son volant en gueulant "je suis sur la bonne route !"
RépondreSupprimerBien vu Mathieu.
Complètement d'accord avec Mathieu et Mtislav et Nicolas.
RépondreSupprimerVoir de plus la CFDT continuer son manège de "syndicat responsable" en poursuivant sa remise en cause du système des retraites est assez déprimant.
Pour moi, le PS et la CFDT ne sont plus à gauche et trahissent les classes sociales qu'ils devraient défendre bec et ongles.
Mais quel rapport avec les classes sociales ?
RépondreSupprimerLes français gagnent un trimestre d'espérance de vie chaque année. En 2050, un tiers de la population aura plus de 60 ans.
Est-ce qu'il faudra attendre que l'espérance de vie ait dépassé les 100 ans pour que certains conçoivent qu'on puisse allonger la durée du travail d'un ou deux ans ??
@ Audine, Mtislav et Nicolas : merci de votre soutien.
RépondreSupprimer@ autres : les amis, je suis bien évidemment en désaccord avec vous.
Il faut prendre en compte l'allongement de la durée de vie, bien sûr. Cependant, et assez bizarrement, je crois que la très grande majorité des Français ont envie de se tirer du boulot le plus tôt possible. Dans votre tête, ce sont des fainéants. Dans la réalité, cela illustre des relations du travail complexe et un chômage prégnant chez les vieux.
Là où je souscris pleinement à l'analyse du PS, c'est que d'autres chantiers sont à traiter avant de reculer l'âge de départ à la retraite. La question de la pénibilité doit être traitée (je ne crois pas, Paul, que les personnes commençant à bosser à 18 ans aient envie de bosser jusqu'à 65, surtout que ces boulots là sont souvent les plus pénibles). D'autre part, la France a la spécificité d'être un pays où, à l'exception des employeurs publics, tout le monde met ses vieux au chômage dès que possible.
En clair, dans ces conditions, si on recule l'âge de la retraite alors que les vieux sont au chômage à 57 ans et trouvent le boulot pénible, cela ne fera qu'accroître la souffrance et creuser le trou de l'assurance-chômage. Ah, mais, c'est vrai, l'assurance-chômage couvre de moins en moins... Tiens donc...
Ha ha j'ai compris la stratégie : Aubry aura 60 ans cette année, et elle ne veut pas partir à la retraite !
RépondreSupprimerLa retraite à 67 ans (Danemark) lui conviendrait parfaitement pour un mandat présidentiel 2012-2017.
@ Paul : malheureusement, très difficile de mettre les politiques à la retraite, très difficile...
RépondreSupprimerbhein ça alors, je viens juste de lire ton billet et je viens d'en faire un il y a une heure sur le sujet!
RépondreSupprimerCamarade, ne désespère pas. Beaucoup au PS pensent comme toi.
@ Nico93 : j'ai lu vos articles après avoir publié mes deux billets.
RépondreSupprimerIl y a des fois où je me demande comment les militants de base du PS tiennent le coup.
@Mathieu
RépondreSupprimer"Je crois que la très grande majorité des Français ont envie de se tirer du boulot le plus tôt possible"
Mais je le crois également, et je fais partie de cette majorité !
"Dans votre tête, ce sont des fainéants..."
Pas du tout, c'est une accusation gratuite, qui permet de discréditer ce que nous disons à peu de frais, un grand classique de la rhétorique de gauche !
"...d'autres chantiers sont à traiter avant de reculer l'âge de départ à la retraite. La question de la pénibilité doit être traitée"
Bien sur que la question de la pénibilité doit être traité mais ce n'est pas la question centrale !
Je suis désolé d'avoir à utiliser un gros mot sur ce blog mais c'est la question du financement qui est la plus urgente et la plus difficile à traiter !...or, ce n'est pas en relevant que tout le monde n'est pas égal devant la pénibilité du travail et que le chômage des seniors est scandaleusement élevé, que l’on va l’apporter cette réponse !...qu’on en tienne compte dans la solution bien entendu, mais n’en faisons pas le sujet principal !
Mais c’est sur qu’il est beaucoup plus facile et moins dangereux politiquement de mettre ces 2 points au centre du débat !
Parce que le PS sait pertinemment qu’il n’y aura pas de solution au financement de retraites sans effort et ça, il préfère que ce soit Sarkozy qui s’en débrouille et se ramasse les jets de tomates et d’œufs pourris !...courageux le PS !
Gageons qu’avec cette politique d’obstruction, nous n’aurons pas d’autre solution que de léguer ce fardeau aux générations futures !
@ Nicolas007bis : pour ton troisième paragraphe, n'empêche que tu parles de faire des efforts.
RépondreSupprimerPour le reste, si on laisse les vieux au chômage, par choix des entreprises (car l'Etat ne les vire pas, les siens), un allongement de l'âge légal du départ à la retraite ne fait que déplacer la charge vers l'assurance-chômage, sauf si on dérembourse vite le chômage. En plus, si quelqu'un reste longtemps au chômage, il rogne sur sa retraite. En clair, on aboutira à une baisse des pensions sans contrepartie et sans, de plus, régler le problème à terme. De même, le traitement de la pénibilité me semble être un facteur fondamental d'équité.
Pour finir, je crois, et cela m'étonne d'ailleurs, que tu adhères au discours médiatique sans prendre la peine de te dire qu'on n'est pas là dans un débat gauche-couard et droite-courageuse, mais face à deux visions différentes de la société, et que c'est là-dessus que le débat devrait se porter.
Alors, oui, tant que mes contradicteurs de droite auront ces arguments, je continuerai à riposter de la sorte. Les gens qui donnent des leçons alors qu'ils sont totalement dans le discours idéologique, j'ai vraiment du mal.
@Nicolas 007
RépondreSupprimerGrossier personnage ! Vous avez osé parler de financement. Berk, quel mot répugnant. En plus, dans financement, il y a finance, donc banque, crise, capitalisme, exploitation du peuple, accumulation du capital au profit de la bourgeoisie etc etc...
@Mathieu
RépondreSupprimer2 visions de la société !!!!...mais bien sur !..eh bien, la question des retraites n'est pas près d'être réglée !
La question n'est pas d'avoir telle ou telle vision d'une société idéale, la question est de trouver une/des solutions à un problème important auquel est confronté la Société !
Oui, je le répète l'attitude qui consiste à se retrancher derrière de beaux sentiments et la critique de la société (nécessairement imparfaite), sans faire aucune proposition constructive, c'est de la facilité, c'est de la couardise !
(Pour autant je ne dis pas que la Droite est courageuse avant d'avoir entendu les propositions qu'elle fera.)
La question des retraites pose évidemment d'autres questions, comme celle du chômage et plus spécialement celui des seniors, mais se contenter de le psalmodier est complètement stérile, c'est surtout un bon prétexte pour ne pas avoir à se confronter à la réalité !
Ca veut dire quoi ? ...qu'on ne touche à rien avant d'avoir réglé le problème du chômage en France ????....Cette attitude du tout ou rien conduit nécessairement à rien !
Et tu m'accuses d'avoir un discours idéologique ! mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité !
@l'Hérétique
RépondreSupprimerJe suis confus, c'est mon coté idéologue donneur de leçons, je ne peux pas m'en empêcher !
@ Nicolas007bis : bon, je reprends donc.
RépondreSupprimerSans faire d'angélisme, le problème est plus global que la simple durée des annuités.
Si on veut que les Français travaillent plus, on doit travailler à la fois sur le chômage des vieux (question qu'on ne peut pas évacuer d'un revers de main) parce que cela facilite le passage à la retraite, sur les conditions de travail, sur des facilités faites aux séniors. On pourrait envisager, par exemple, une cessation progressive d'activité très élargie, sur de nombreuses années, qui permettrait de garder en activité ceux qui le souhaiteraient, mais à temps réduit, sans que cela impacte la pension future. D'autre part, on ne pourra pas se passer d'une hausse des cotisations, même si on augmente le nombre d'annuités. Et là, je trouve que dire l'un sans l'autre est irresponsable. Par exemple, on pourrait faire cotiser d'autres revenus. Autre idée, il faudrait que la médecine du travail soit bien plus forte pour que les salariés soient mieux suivis et puissent travailler plus longtemps. Dans l'EN, nous n'en avons pas, par exemple.
Mon idéologie, sur ce point, est que le travail est un fardeau (dont on peut quand même tirer du plaisir) dont le poids s'alourdit au fur et à mesure du temps. Il faut donc que les conditions du travail s'améliorent pour que nos concitoyens ne considèrent pas qu'on ne fait que dégrader leur vie en allongeant la durée de cotisation, et qu'ils considèrent que rester au boulot ne sera pas une mauvaise chose.
@ L'Hérétique : là, tu me fais un procès déplacé. Bien au contraire, les systèmes de retraite sont de véritables moyens de redistribution des richesses. Tout dépend de leurs organisations. C'est bien pour cela que la droite s'y attaque aujourd'hui d'ailleurs.
Tiens, les lois de 1993 et de 2003 ne devaient pas régler les problèmes du système ? On ne devait pas attendre 2012 pour en reparler ?
Enfin, attendons de voir les propositions de Sarko...