On peut au moins reconnaître un avantage à la réforme de Sarkozy sur le système de retraites : elle a l'avantage, dans la blogosphère, de nous faire discuter de la question, et plus globalement, de l'Etat-providence et du fonctionnement des systèmes sociaux.
Ce qui est intéressant, c'est que je crois avoir compris quelque chose de fondamental chez les blogueurs de droite. On peut constater que ce qui intéresse la droite, c'est le coût du budget de l'Etat, et uniquement le coût. Lorsque nos camarades blogueurs abordent le sujet, ils ne parlent que de l'équilibre des comptes (tiens, une voix discordante là-dessus). On a presque l'impression que l'objectif des politiques développées par les systèmes sociaux s'effacent devant l'impérieux problème du déficit. Dès qu'on évoque la question de l'augmentation des cotisations, par exemple, le blogueur de droite réagit en invoquant l'entrave à l'activité économique et à l'emploi, et le poids du système de retraites sur l'ensemble de la société.
Ce qui est mystérieux, c'est que ce poids ne disparaîtra nullement si on démantèle progressivement le système public. De toute manière, ce poids existe et il continuera à exister ! Il en est de même pour l'armée, la police, l'éducation, la santé, le chômage. Ces dépenses sont inscrites dans le fonctionnement même de nos sociétés.
En effet, je doute que nos concitoyens souhaitent se priver de retraite. Ils trouveront donc d'autres moyens et se tourneront vers les assureurs et les banques. Là, ils placeront, s'ils en ont des moyens, des capitaux dont ils espéreront des retours en taux d'intérêt. Si la banque ne fait pas faillite entre-temps, ils toucheront une pension ou le fond au moment de la liquidation.
Mes camarades gauchistes vont me dire : "Oh, c'est horrible, ce système ! Cela va enrichir les banques et les bourgeois et va appauvrir les autres !" Je suis d'accord avec toi, camarade, et je soutiens cet argumentaire. Cependant, la droite a tellement d'avance avec l'argument du coût que nous ne pouvons nous contenter de cela et qu'il faut bien accepter d'aller sur le terrain de l'adversaire pour espérer reprendre l'avantage.
Je crois qu'il faut axer le tout sur le coût. Actuellement, le gouvernement est en train de rendre le système de retraite déficitaire, cher et sans intérêt pour les cotisants, dans le but d'aller sûrement vers son démantèlement à terme. Or, il est évident que le système privé coûtera plus cher. Il faudra bien payer les retraites à des vieux nombreux pendant 30 ans (le temps que la génération du baby-boom s'éteigne) tout en dégageant des marges pour que les entreprises qui gèrent tout cela survivent voire versent des dividendes à leurs actionnaires.
En clair, un système privé coûtera moins cher en dépense public (évidemment) et l'homme de droite frétille déjà à cette idée. Cependant, il coûtera bien plus cher à l'ensemble de la société pour un service qui ne concernera pas tout le monde et ne sera assuré que si les Etats le renflouent au moment des faillites, qui se produiront forcément, les acteurs privés n'étant pas plus cohérents que les acteurs publics (ils sont irrationnels aussi, quand ils veulent, l'actualité récente le montre).
Tu vas me dire, cher lecteur, que je joue le jeu de la droite en utilisant ce type d'arguments. En fait, il me semble quand même important de rappeler que ce débat est avant tout idéologique et qu'il s'agit d'une confrontation d'intérêts qui essaient de se disputer le gâteau.
Si la gauche veut faire avancer ses idées, elle doit reprendre un argumentaire individualiste pour montrer au citoyen lambda qu'il a sans doute intérêt à accepter qu'une partie de ses gains lui échappe pour aller dans les systèmes publics, sur lequel il conserve un contrôle par le biais de l'élection.
Aller vers l'individu pour retourner vers le collectif peut être une voie intéressante, d'autant plus qu'il s'agit vraiment là d'un point de rupture fondamentale avec la pensée de droite.
Après, à nous de faire des propositions : système par points ? Augmentation des cotisations ? Capitalisation menée par l'Etat ? Taxation de nouveaux revenus ? Refiscalisation des heures supplémentaires ? Action sur la CSG ?
Des idées, il y en a. Ouvrons le débat.
Si la droite voulait vraiment se débarrasser du système par répartition, elle le laisserait se casser la gueule, non ?
RépondreSupprimerLe débat idéologique que tu décris ne correspond pas au clivage droite/gauche. Les deux partis de gouvernement essaient de faire perdurer ce système, de rétablir l'équilibre, mais en proposant des solutions différentes (recul de l'âge de départ ou taxations supplémentaires).
Tu devrais aller lire ça, si ce n'est déjà fait :
http://www.libgauche.fr/retraites-il-ne-faut-pas-sauver-le-systeme/
Que penses tu de l'allocation universelle ?