Bon, maintenant que j'ai sabré les gauchistes, je vais pouvoir m'attaquer à nos syndicats, parce que vraiment, là, ils font forts. Alors que ces organisations sont parvenues à mobiliser rapidement et massivement les Français à deux semaines d'intervalle, voilà que les organisations représentatives sont en train de temporiser et de faire retomber le soufflé.
Quelles actions à venir ? D'abord, une manifestation un samedi. Il s'agit, à priori, de pousser des gens qui ne font pas grève à se joindre aux cortèges. Cependant, en général, ces manifestations de week-end marchent moins bien que celles de semaine lorsqu'elles arrivent au milieu d'un mouvement, tout simplement parce qu'elles ne sont pas un signe fort de conflit. Un samedi, la majorité des manifestants ne font pas grève et estiment donc qu'il s'agit d'un acte moins marquant qu'une manifestation en semaine.
Ensuite, on laisse passer dix jours et on remet une journée de grève sur le tapis, alors que le projet de loi arrivera en séance au Sénat. Or, nous savons déjà, grâce à des fuites bien informées que les propositions de Gérard Larcher, qui voulait que le gouvernement cède sur la limite de 67 ans et revienne à 65 ans, ont été rejetées en bloc par le gouvernement. Le Sénat ne fera donc rien à priori, à moins d'un mouvement de fronde des sénateurs dont on peut tout de même douter sur un projet aussi médiatique.
Au lendemain du 23, le Premier ministre a dit "non" aux manifestants. Soit. Il se tient ainsi à sa doctrine du "ce n'est pas la rue qui gouverne", accédant ainsi à l'idée que les manifestants sont une minorité dont il ne faut absolument pas tenir compte. Or, le jour précédent, le président de la République a tenté de faire passer l'idée d'un affaiblissement du mouvement, preuve que celui-ci intéresse tout de même nos dirigeants.
Clairement, maintenant, les syndicats ont deux solutions claires. Soit ils tentent d'enterrer le mouvement parce qu'ils considèrent qu'il ne prendra pas. Il semble bien que ce soit la stratégie choisie, en reconvoquant les grévistes à deux dates assez éloignées les unes des autres. Soit ils tentent de lancer une grève générale.
Or, il faut bien constater une chose. Depuis le début des années 1980, les syndicats français ne lancent jamais un appel pareil et cherchent systématiquement à encadrer le mouvement social et à le juguler au maximum. Les droitiers voient les syndicats comme l'incarnation du mal, mais ils se trompent ! Ils sont au contraire les alliés objectifs des réformes engagées par les gouvernements successifs. Les quelques mouvements qui sont parvenus à faire craquer des gouvernements ces dernières années (je pense à 1995 et à 2006 contre le CPE) sont partis essentiellement de la base, les syndicats suivant les militants. Par contre, un exemple de mouvement ayant échoué lamentablement à cause de syndicats trop timorés est celui de 2003, la CGT et la CFDT ayant décidé de lâcher l'Education en rase campagne et de laisser passer la loi Fillon sur les retraites.
Bien au-delà des adhérents, la faiblesse des syndicats français est marquée par leur faiblesse stratégique et leur incapacité à avoir un impact sur l'évolution des lois. Cette faiblesse vient avant tout de leur mode de financement, venant massivement des employeurs et des pouvoirs publics, spécificité française que la dernière loi de soi-disant "modernisation sociale" a accru.
Sur ce point, je suis totalement d'accord avec mes petits camarades libéraux : il ne faut pas que les fonds qui soutiennent les syndicats proviennent non seulement de l'argent public, mais aussi des entreprises. Seuls les adhérents devraient avoir un poids réel. Les libéraux demandent cela parce qu'ils espèrent bien que les syndicats se cassent la binette. Personnellement, j'y vois le seul moyen possible pour leur permettre de se rénover.
Et justement, une vraie question que je me pose, en ce dimanche matin : qu'est-ce que les adhérents de la CGT pensent de cette stratégie de leur direction ? Chez les enseignants, la CGT n'est pas majoritaire et la FSU se montre assez offensive sur la question des retraites. Cependant, nous ne sommes pas majoritaires dans le corps social et nous sommes à la remorque des décisions des confédérations. Or, depuis le début la CGT semble temporiser, refuse d'appeler au retrait du projet, se contente de manifestations ponctuelles et semble se préparer à enterrer le mouvement. Je me demande bien ce qui se passe à la base, dans les sections CGT. S'agit-il d'une stratégie partagée par les militants ?
Militant cégétiste, où es-tu ?
Mathieu,
RépondreSupprimerTout cela est bien gentil et peut être pas si loin de la vérité, mais il me semble qu'en terme de stratégie, tu souhaiterais que les syndicats se dévoilent trop vite.
Si le calendrier se restreint, il faut quand même occuper le temps médiatique. Ce qui est très important, c'est qu'il n'y a pas de temps de parole limité au Sénat, et que la fronde des sénateurs dont tu parles pourrait bien avoir lieu.
C'est d'ailleurs la stratégie de la CFDT, que d'attendre et d'obtenir du Sénat quelques avancées qui permettront de mieux vendre "l'acceptation"
Il peut encore y avoir un durcissement à la mi-octobre.
@ Stef : il est vrai que je ne crois absolument pas en la voie parlementaire sur ce texte, vu l'état de soumission des élus au gouvernement.
RépondreSupprimerJe doute sur le durcissement de la mi-octobre, parce que nos concitoyens ont déjà perdu des journées et qu'il sera d'autant plus difficile de faire sauter une loi déjà votée. Il me semble que c'est maintenant que tout cela se joue, pas dans un mois.
En ce qui me concerne, la réponse est non.
RépondreSupprimerSalut Mathieu,
RépondreSupprimerLe but est plutôt de temporiser mais surtout de casser le mouvement. En gros le jeu des syndicats, c'est : protester oui mais pas trop quand même! Car, ils finissent toujours (sauf CGT) par signer les textes en faisant semblant d'avoir batailler pour obtenir des avancées...
Le "pouvoir" sait, depuis 2003, qu'il est plus astucieux de laisser s'organiser une protestation en "négociant" des petits truc de rien au final.
"Manifester OUI mais pas touche au coeur de la "réforme"" pourrait être le slogan UMP. Ils le disent d'ailleurs à chaque "réformes" : pas touche au coeur, on ne revient pas sur l'essentiel....! Ce qui primo témoigne d'une certaine vision de la démocratie mais qui également force les organisations syndicales à se positionner. Soit elles veulent rester dans "jeu politique" et du coup composent en encadrant la révolte et ne touchent pas à l'essence du projet, soit, elles refusent ce rôle et dans ce cas tout devient possible.....
"ensemble tout devient possible".... tiens, ça me rappelle quelqu'un ça!
Bonjour Mathieu,
RépondreSupprimerC'est une erreur de croire que les libéraux souhaitent la disparition des syndicats. Au contraire pour les libéraux "Le syndicalisme est légitime" voir : http://www.wikiberal.org/wiki/Syndicat
Pour ma part je suis devenu libéral après être passé par le parti socialiste et le parti communiste.
Ayant été secrétaire d'établissement d'un site menacé de fermeture je peux raconter comment le personnel doit se comporter pour éviter une telle fermeture.
http://www.orvinfait.fr/emplois_comment_empecher_ou_forcer_la_fermeture_d_un_etablissement.html
Par contre je montre, avec un exemple concret situé dans la même ville comment l'idéologie ne donne aucune chance aux salariés :
http://www.orvinfait.fr/emplois_comment_empecher_ou_forcer_la_fermeture_d_un_etablissement_2.html
Voici la vidéo la plus importante de l’année 2010 :
RépondreSupprimerhttp://www.dailymotion.com/video/xf47nl_cantona-la-revolution-est-tres-simp_news
Regardez-la vite : elle est en train d’être censurée de partout.
Dommage que la réalité vous donne tort ce coup-ci.
RépondreSupprimer"Cependant, en général, ces manifestations de week-end marchent moins bien que celles de semaine lorsqu'elles arrivent au milieu d'un mouvement, tout simplement parce qu'elles ne sont pas un signe fort de conflit."
Le samedi nous étions à 3 millions. Ce mardi 3,5...
Malheureusement on a besoin de ses syndicats pour leur côté organisation et relais.
Sinon rien ne prend côté particuliers indépendants: cf No Sarkozy Day
C'est triste mais c'est ainsi.
@ Cpolitic : il ne faut pas dire "dommage". Le 2 octobre a eu des avantages finalement.
RépondreSupprimerJe sais bien que les syndicats sont utiles, même si je les critique beaucoup par ailleurs. Il faudrait que tous les gauchistes en peau de lapin arrêtent de râler et rentrent dans ces structures pour les faire bouger de l'intérieur. Si on laisse les bureaucraties aux bureaucrates, on obtient la situation actuelle...