Je vais peut-être te surprendre, cher lecteur, mais pour une fois, je suis en total accord avec un billet de Didier Goux.
"Quoi, toi, Privilégié, tu soutiens ce facho-réac sur une de ses soi-disant opinions ?"
Oui, et je vais m'en expliquer.
Depuis quelques jours, la blogosphère de gauche est animée par un débat assez vigoureux concernant l'opportunité de cette journée de grève et de manifestation du 23 septembre. Le Monolecte a fait sur ce sujet le billet le plus offensif, mais il a ensuite été soutenu par d'autres.
Quand on est un citoyen, il me semble qu'on a le devoir d'utiliser nos droits pour exprimer nos opinions. Cela se fait bien sûr lors du vote, mais aussi à d'autres occasions, même si certains aimeraient que l'on se cantonne à l'expression électorale. La grève fait partie de ces moyens d'action, et même si elle est régulièrement remise en cause, elle existe bel et bien.
Quand je lis que les blogueurs de droite s'y opposent, je les comprends. Ils soutiennent d'abord leur gouvernement, mais ils affirment aussi des idéologies propres qui expliquent leurs rejets profonds de la grève en elle-même. Par contre, lorsque cette dénonciation vient de la gauche, il faut commencer à s'inquiéter.
Nombreux sont ceux qui ont annoncé ne pas vouloir soutenir la stratégie des syndicats. Après tout, pourquoi pas. Je m'en fais suffisamment l'écho ici. Nos syndicats, structurellement, sont amenés à avoir tendance à ne pas vraiment engager de bras de fer gagnants avec des employeurs qui les financent massivement. Cependant, cela ne veut pas dire que l'outil syndical doit être sacrifié. Au contraire, en participant à l'étiolement du syndicalisme, la gauche est en train de se priver de l'un de ses principaux moyens de pression. Pour les faire bouger, il me semblerait évident de rentrer dans les centrales, d'y militer, d'y voter et d'y critiquer les dirigeants.
Or, si la gauche se montre solidaire de nos actions (c'est ce que disent les sondages...), de là à s'engager, il y a un pas que la majorité ne franchit pas. Certes, il est parfois difficile de faire grève, j'en conviens parfaitement, même pour un enseignant qui a la sécurité de l'emploi. Cependant, l'enjeu est énorme, car nous avons là une réforme qui va dégrader nos conditions de retraite à tous sans sauver pour autant le système. Il me semble totalement aberrant que les opposants à ce processus se refusent à l'action parce que les syndicats sont faibles, contribuant ainsi à la chute même de ces syndicats, et faisant finalement le jeu de Sarkozy et de ses ministres.
Pour revenir au billet de Didier, il n'y a absolument aucun intérêt à se montrer solidaire des grévistes en restant à son bureau. Soit tu es contre, et tu trouves des moyens de te bouger, même si la grève t'es impossible. Soit tu es pour, et tu soutiens Sarko. Je ne vois pas bien comment on peut se situer dans l'entre-deux, car on ne fait rien. Malgré tout, qui ne dit mot consent.
On peut toujours attendre 2012 en espérant, mais il faut être un peu raisonnable. D'abord, rien ne dit que la gauche l'emportera (j'aurai tendance à penser le contraire mais je te renvoie au billet de Fabrice que je soutiens totalement) et même si c'était le cas, je n'ai aucune confiance en le PS pour revenir dessus, d'autant plus qu'il propose de revenir à 60 ans tout en jouant sur les trimestres, ce qui reviendra de toute façon au même. C'est maintenant que tout se joue, malheureusement pas dans deux ans.
Tiens, cher lecteur, si tu ne peux pas faire grève mais que tu es contre cette réforme, je peux te donner une bonne idée que nous avons expérimenté dans mon lycée dit difficile l'an dernier. Si tu as des grévistes dans ton entreprise ou dans ton service public, propose la création d'une caisse de grève et met dedans un trentième de ton salaire. Ainsi, les grévistes pourront continuer leur action plus longtemps et tu n'auras pas à te dire que tu n'as rigoureusement rien fait.
Prendre des positions, cela coûte, et particulièrement dans les mouvements sociaux.
Comme d'autres, je ne parviens pas à comprendre qu'on ne puisse pas accepter de perdre une journée alors que l'on se prépare à bosser deux ans de plus pour rien.
Je ne suis pas étonné, étant moi même assez d'accord avec Goux sur ce coup là...
RépondreSupprimer@Matthieu L. : je crois que tu donnes au débat et aux réactions de certains blogueurs de gauche sur le sujet une position assez manichéenne. On peut en effet être dans un camp et dans l'autre en même temps. je ne crois pas qu'Agnès soit dans le camp des jaunes que décrit Didier Goux, avec son cynisme habituel, l'humour noir étant sa marque de fabrique un peu facile, mais qui ne fait aucunement avancer le débattant la caricature est grossière, et la situation nécessite davantage de finesse dans l'analyse.
RépondreSupprimerMais je vais ici parler pour moi : je considère que la stratégie des syndicats est totalement inexistante, qu'ils avancent au coup par coup, qu'ils sont si déconnectés de leur base qu'ils ne voient même pas que celle-ci est en train de vaciller vers la radicalsiation des conflits, et que beaucoup parmi nous attendent, parcequ'ils ont le sentiment que seul un bras de fer et un vrai coup de poing sur la table sera entendu, une forme d'action un peu plus efficace et vindicative qu'une simple manifestation, dont ce gouvernement là ce fout totalement. je crois que beaucoup n'en ont pas encore pris conscience : la grève et la manif, ça marchait avec les autres gouvernements, cela pouvait suffire à le faire reculer. Mais pas celui là : il n'est pas d'essence démocratique. Aussi, je suis à la fois pour les grèves, tout en estimant que d'autres formes d'actions plus spectaculaires, réfléchies, et de nature plus stratégiques et symboliques seront certainement beaucoup plus efficaces que le fait de se rassembler dans la rue pour ne rien faire de plus que marcher... Comme l'a dit Méluche il n'y a pas très longtemps : "la gauche manque d'imagination". je confirme. A nous de cosntruire d'autres formes de lutte, sans nous laisser abattre par le fatalisme ambiant. Non, ils n'ont pas (encore) gagné. il suffirait d'une alumette pour tout faire cramer... la tension dans les quartiers, les syndicats, les partis, est à son comble, beaucoup attendent d'en découdre, loin des intelligentsia que nosu représentons aussi dans les blogs, et il suffirait de bien peu pour que tout cela ne s'embrase. Même si ce genre de discours gauchiste fait proablement rire Didier Goux, comme son acolyte de Jegoun, paire impayable.. Moi, je ne ris pas : l'avenir confirmera les propos de ceux qui pensent qu'un autre monde est possible... avec ous ans les syndicas : ils ne sont qu'un maillon du mouvement de colère qui va bien finir un jour par tout emporter afin de nosu eprmettre de recosntruire un monde meilleur dont nousa vons tous besoin : celui-ci est devenu insupportable, avec ce triompe de la cupidité, du mensonge, de la corruption auquel nous assistons tous els jorus un peu plus... Agissons.
faudrait vraiment un concours de circonstance extraordinaire pour que celle qui a appris de Mitterrand, la cumularde en chef du Nord, qui a été aidée par la triche pour prendre le PS, qu 'elle n'y arrive pas.
RépondreSupprimerQui comprend la gauche ? Toujours aucune proposition qui permettrait de rassembler ! Où est la proposition du Dividende Universel / Revenu de Base ?
RépondreSupprimerC'est Sarko qui va le proposer en 2012, le RSA cumulable partiellement + ouverture aux moins de 25 ans, on y est presque, et c'est bien lui qui est légitime pour le proposer, alors qu'en face sur le sujet c'est le silence radio absolu !
Et pourquoi ? Parce qu'un revenu de base suppose la liberté individuelle, qui est anti-étatique par définition, donc contre le "sur-moi Marxiste" !
http://www.creationmonetaire.info/2010/09/revolution-de-perspective-monetaire.html
On ne gagne pas d'élections pour une fois au pouvoir faire des choix, on gagne le simple fait d'être choisi pour mettre en oeuvre ce qu'on propose et que le peuple souhaite dans sa conscience collective.
Or nulle proposition de changement de système à l'horizon.
Dividende Universel + Simplification drastique de la fiscalité, voilà un changement de système que préparent activement les acteurs qui ont compris !
@ Fabrice : c'est sûr. Désolé pour hier, je ne vais ton texto que très tard.
RépondreSupprimer@ GdC : oui, il faut imaginer plein d'actions différentes. Mais non, il ne faut pas jeter les syndicats car ils sont nécessaires à l'action, rien que par leurs structures.
Personnellement, je trouve que gueuler contre les actions existantes est surtout un moyen de ne rien faire, quand bien même la stratégie des syndicats est nulle.
@ LPL : pas du tout. Aubry ne sera pas en position facile.
@ Stéphane Laborde : ce revenu minimal ne réglerait en rien les inégalités et aurait l'avantage de permettre la suppression de tous les systèmes de redistribution pour les riches. Je rejette.