« Franchement, Mathieu, la grève du 21 janvier ne servira à rien. Par contre, aller manifester pour le No Sarkozy Day le 27 mars, là, oui. »Voilà ce qu'un collègue m'a balancé à la figure il y a quelques jours, alors que nous discutions des futurs appels à la grève des organisations syndicales de la fonction publique. Je voudrais y revenir un peu ici, pour tenter de faire un peu le tri.
Le 21 janvier, un appel important des syndicats de la fonction publique à la grève a donc été déposé. Bien évidemment, les syndicats n'étant pas des organisations politiques, ils n'appellent pas à lutter contre Sarkozy, mais posent des exigences auprès d'un employeur, l'Etat, concernant ses salariés. Comme d'habitude, se mêlent à cela des revendications sur la qualité du service public. Il y a donc dans cette action une véritable stratégie de lutte contre la politique du gouvernement, même si on peut douter de son succès si les fonctionnaires ne se saisissent pas de l'occasion pour lancer un mouvement dans la durée, au risque de perdre pas mal de jours de salaires.
Ensuite, on a le No Sarkozy Day. J'ai déjà exprimé mon opinion à son sujet ici. Cette initiative vient d'un collectif qui ne dépend pas d'un des grands partis politiques d'opposition. Elle vise à demander la démission du président. Même si je doute grandement de son efficacité et que je suis persuadé que Sarkozy remporterait une élection s'il démissionnait et se présentait dans la foulée (ce qui serait le pire scénario), je considère qu'il ne faut pas perdre une occasion de manifester pour donner son opinion, à partir du moment où Sarkozy incarne à ce point une politique.
Pour moi, ces deux formes de mouvement sont liées car, d'une certaine manière, il s'agit d'une forme de résistance à une politique. Or, on voit souvent se développer un rejet de la première et une vision favorable de la seconde. Il s'agit à mon sens d'une erreur politique grave qui est liée aux acteurs et au type de mouvement :
- La grève du 21 janvier est lancée par des syndicats et impliquerait, pour avoir un succès, une reconduction qui va coûter cher. De plus, elle ne peut pas mêler les salariés du privé si les syndicats ne tentent pas d'élargir. Pour de nombreuses personnes de gauche, elle porte la marque d'une stratégie syndicale usée. Ce n'est pas ma vision. Il me semble important d'habiter ces mouvements et d'essayer de leur donner le sens qui nous plaît. Certes, les syndicats se sont beaucoup fourvoyés ces dernières années, mais les délaisser est le meilleur moyen de nous tirer une balle dans le pied. Repeuplons-les, prenons-en possession, et faisons-en un nouveau moyen d'action, modernisé et efficace.
- Le NSD a une image positive parce qu'il ne vient pas d'un parti de gauche traditionnel et semble inaugurer un nouveau type d'action, plutôt festif et sans perte de salaire à la clé. Cependant, il risque bien d'être aussi inefficace à terme sans une alternative crédible à gauche. Il me semble pourtant intéressant d'y participer, dans un but contestataire mais aussi pour voir s'il est possible d'y trouver une énergie pour organiser une contestation plus large, en attendant les élections de 2012. On pourra toujours essayer de briser l'élan réformateur du président. Un candidat à gauche parviendra peut-être à s'appuyer dessus (même si j'en doute beaucoup).
En clair, les deux mouvements participent d'une même dynamique. Vu que le danger sarkozyste est une réalité, je ne vois pas pourquoi on dirait non à un mouvement inefficace (parce qu'il est lancé par des syndicats), pour dire oui à un mouvement inefficace (parce qu'il est lancé par des inconnus qui ont des objectifs politiques par ailleurs). Soit on considère que contester le roi le président est une nécessité (même sans impact, la beauté du geste est aussi très importante), et dans ce cas, on se saisit de tous les moyens disponibles, soit on laisse tomber et on attend 2012.
Personnellement, je saisis toutes les possibilités que je peux attraper. Je manifesterais le 21 janvier et le 27 mars, de même que le 30 janvier, et sans doute plusieurs fois en février. Je ne peux pas dire que j'y crois vraiment, mais enfin… Au boulot, camarades !
PS : pour te motiver, pourquoi ne pas réécouter un album de Mano Solo ?
Peut être parlerons nous aussi de la Guadeloupe d'ici au 20 janvier pour dénoncer un peu plus les manquements de la politique de Sarkozy...
RépondreSupprimer@ Stef : les manquements de Sarkozy, on en trouve à la pelle...
RépondreSupprimerLe moment ne serait-il pas venu d'associer tous les fonctionnaires qui ont un ras le bol du sarkozisme avec tous les salariés du privé et les chômeurs?
RépondreSupprimerCeux que vous appelez les privilégiés sont payés grâce à la richesse produite par tous les travailleurs salariés, or, ce sont tous les salariés qui sont touchés plus ou moins par cette politique de casse social. Le bouclier fiscal, les cadeaux aux chefs d'entreprises, au patronat et aux banques y participent grandement.En participant à la défense des emplois du privé vous défendez par contre coup vos emplois dans les services publics.
Le sarkozisme veut balayer le programme du C N R, cette division des travailleurs salariés lui permet de jouer sur du velours.
Par ailleurs la division des syndicats, la division de la vrai gauche, la main mise sur les média dominants, les débats qui servent d'enfumage affaiblissent encore plus tous les citoyens qui n'ont que leur tête et leurs bras pour vivre.
Je maintiens qu'il est blasphématoire de mener une grève le jour de l'assassinat du roi de France !
RépondreSupprimer(Et il est hors de question que j'écoute un album de votre ami mort...)
@ Anonyme : oui, vous avez raison. On aimerait une action construite et cohérente. On attend.
RépondreSupprimer@ Didier : tiens, je croyais qu'un chanteur mort, cela plairait à votre esprit nostalgique.
J'approuve de toutes mes forces le billet ci-dessus, très bien construit et très pertinent.
RépondreSupprimerOui, il faut se battre sans attendre que "tout le monde" s'y mette. parce que si on attend, on ne partira jamais....
Oui bravo Mathieu L pour cette prise de position.
jf.
@ Jacques : merci pour les compliments.
RépondreSupprimerEffectivement, il serait idiot d'opposer ces deux formes de contestation, elles sont si complémentaires.. je pense que cela n'a jamais été dans l'esprit de quiconque... je suis donc d'accord avec toi, Matthieu L; Mais dis moi, que dois je faire quant à mon petit travail de recensement visible ici : http://gauchedecombat.wordpress.com/2010/01/10/no-sarkozy-day-la-contre-offensive-de-blogs-un-peu-plus-populaires/
RépondreSupprimert'inclure ? Ou pas ? j'attendrai sagement ta réponse sur ma boite mail. Bye et bonne soirée. RP.
@ GDC : Non, merci de ne pas m'inclure. J'ai exprimé ici et sur l'autre blog mes positions et ce que je ferais et sur ce que je pensais du NSD. Les lecteurs se font leur opinion. Je n'ai pas envie de donner de leçons, ni de participer à des collectifs de blogueurs qui n'auront aucun impact sur le processus, qu'ils soient pour ou contre. Si le NSD doit servir à quelque chose, ce n'est pas grâce aux blogs que cela se fera.
RépondreSupprimerDe toute façon, je suis rétif aux groupes de blogueurs (kiwis, leftblogs...) et je préfère mon indépendance, pour pouvoir exprimer mes accords et désaccords comme je l'entends, sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit.
euh...
RépondreSupprimer"Vu que le danger sarkozyste est une réalité"
c'est pas un peu le délire, par ici..? Quel danger sarkozyste ??????
@ LOmiG : ouh là, tu arrives après la bataille. Je ne vais commencer une discussion là-dessus en commentaire. Je te conseille la lecture de mon blog régulièrement et tu en auras des illustrations.
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