Il est intéressant d'évoquer deux aspects très au cœur des réflexions des Américains actuellement, et qui ne sont pas beaucoup relayés ici.
Le premier concerne la libération que représente ce projet pour beaucoup de salariés. En effet, même si l'offre publique ne passe pas, les entreprises seront désormais obligées d'assurer les salariés. Aujourd'hui, un employeur n'est pas obligé de le faire, un citoyen pouvant aller s'assurer lui-même, en théorie tout du moins. De plus, une personne au chômage pourra avoir accès aux assurances à coût beaucoup plus réduit. Dans une période de chômage comme aujourd'hui, de nombreux salariés se sentent rassurés par l'idée de ne plus avoir à prendre le risque de perdre leurs couvertures-maladies. Évidemment, cela va aussi diminuer la force des employeurs sur des salariés très isolés. Il ne faut pas oublier que, depuis les années 1970, les syndicats américains se sont écroulés, sauf dans le secteur public où l'État fédéral et les États locaux continuent à négocier avec eux.
Le second est encore plus intéressant. En France, les médias évoquent surtout le coût des assurances pour les salariés, mais on oublie de dire que les entreprises paient aussi des primes d'assurance considérables, parfois six à huit plus élevées que la part des salariés. Comme quoi, la concurrence ne génère pas forcément une baisse des coûts pour les entreprises. Or, celles-ci ont apparemment souvent utilisé l'argument des primes d'assurance pour justifier les blocages des salaires. Les salariés américains, en particulier les classes moyennes qui paient des assurances, attendent donc beaucoup de la limitation inscrite dans le projet de loi des primes payées par les entreprises. Pourquoi, cher lecteur ? Tout simplement pour récupérer la part libérée ainsi, les employeurs ne pouvant plus invoquer les assurances. Cependant, une lourde inquiétude subsiste : la loi n'oblige pas les entreprises à reverser la part libérée aux salariés, et la crise inquiète beaucoup. Tout va se négocier dans chaque boite, et, dans un contexte de crise, rien n'indique que les employeurs ne vont pas récupérer la différence.
Ces deux enjeux pèsent lourds sur le projet en discussion actuellement, autant pour les lobbies des employeurs et des assurances que pour les salariés. De plus, le président américain sait qu'il joue gros si les citoyens ne voient pas leur situation s'améliorer réellement suite à la réforme, alors que le déficit public va s'accroître.
Ne perdons pas, cher lecteur, l'évolution de cette réforme de vue…
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