Ainsi, maintenant, pour continuer à jouer avec le classement, il va falloir tweeter, et massivement si on espère se rapprocher des blogs geek ou SEO. Je le disais hier à Dagrouik en douce, en m'inquiétant des suites.
Personnellement, je n'ai toujours pas réussi à me mettre vraiment sérieusement à Twitter. La question des 140 caractères est déjà, en soi, un vrai problème, car la concision porte aux raccourcis, et le simplisme survient vite. On ne peut donc sérieusement exprimer une idée sur ce support.
Par contre, on peut facilement répercuter un billet, que ce soit un des siens (par un système automatique comme Twitterfeed), soit ceux d'un camarade par des boutons de partage ou par des tweets faits manuellement. Cependant, cela prend un temps fou : aujourd'hui, je me suis amusé à retweeter les billets que j'appréciais, et cela consomme encore des minutes de notre précieux temps libre. Et puis, contrairement aux flux RSS que l'on peut rattraper, Twitter devient vite un espace surchargé de messages qu'on ne peut réellement lire le soir lorsqu'on rentre du boulot. Les jours où je suis au lycée à plein temps, je découvre plus de 600 tweets alors que je ne suis abonné qu'à 129 comptes. Que se passe-t-il pour les personnes qui ont 1 000 abonnements ? On ne suit plus rien, sauf...
...si on est équipé d'un smartphone. Hier, lors de la réunion, Pierre Chappaz a lancé une blague sur le nombre d'Iphone présents dans la salle. J'ai découvert effaré que j'étais l'un des seuls à ne pas en avoir un sur moi, n'ayant pas encore franchi le cap. Si on est toujours connecté, il est plus facile de pouvoir tweeter et retweeter en permanence. Or, malgré tous les discours à ce sujet, ces appareils ne sont pas accessibles à tous.
J'ai découvert aujourd'hui en kiosque le dernier numéro de "60 millions de consommateurs" consacré aux smartphones. Les journalistes sont clairs : pour pouvoir investir dans ces gadgets, il faudra débourser entre 180 et 220 € pour acheter l'appareil, puis payer un forfait au moins dix euros plus cher que ce que paie un Français moyen pour un portable, soit environ 50 € par mois. Cela signifie donc qu'un blogueur qui n'a pas d'usage d'un de ces appareils pour des raisons professionnelles et qui ne gagne rien avec son blog doit engager des dépenses s'il veut jouer au "kikalaplugrosse" avec les autres. Je rappelle qu'un SMIC net se monte à 1 056 € par mois actuellement.
Certes, je l'ai déjà souvent dit, la blogosphère est animée par des gens qui sont loin d'être des prolétaires. Globalement, nous sommes là face à des classes moyennes et des bourgeois qui ont les moyens d'investir dans ces outils. Cela signifie cependant que le jeu du classement, qui permet de devenir visible et de partager ses écrits, se complique et deviendra rapidement moins accessible à ceux qui ne disposent pas des outils adéquats. Ainsi, cette évolution, que je ne condamne pas par ailleurs car Wikio cherche vraiment à percevoir les réseaux qui traversent le net, marque à la fois le début d'une certaine professionnalisation, au moins dans la manière de bloguer, de la blogosphère (vu le temps et les moyens qu'il faudra investir pour émerger) et le fait que les blogueurs sont très majoritairement des privilégiés capables de mettre 600 € par an dans un forfait internet mobile.
Je ne suis pas le seul, cher lecteur !