Tout d'abord, comme Hypos le signale, Descoings nous a indiqué ne pas vouloir être ministre de l'Education. Il nous a tenu tout un discours sur la gratuité de l'acte auquel je n'ai pas adhéré, considérant que quelqu'un qui était parvenu à la tête d'une grande école devait avoir d'autres objectifs que la simple beauté de l'action politique. Par contre, il semble évident que ce ministère est pour lui un terrain glissant pour le moment. D'ailleurs, on s'est rapidement rendu compte des différences qui séparaient Richard Descoings de Xavier Darcos. Le directeur de Sciences Po s'est placé dans la ligne des grands rapports sur le lycée, comme le rapport Prost ou le rapport Meirieu, et a critiqué le rapport Thélot qui n'a consacré que quatre pages à la question du lycée.
Lorsque je lui demandais s'il évoquerait la question des postes dans son rapport, il a manié la langue de communicant pour nous expliquer que la suppression des postes ne pouvait être un objectif en soi, mais que les Français devaient s'approprier le lycée et lui donner des objectifs. Ainsi se démarque-t-il, en apparence, des suppressions de poste, mais que se passerait-il si les Français choisissaient des orientations permettant les dites suppressions, sous la pression bienveillante d'idées politiques anti-étatistes ? En tout cas, il remet fortement en cause la méthode que Xavier Darcos a utilisée au début de cette année scolaire, mais aussi, de fait, la méthode utilisée pour réformer le primaire, c'est-à-dire un centralisme doublé d'une absence de négociations. Il a aussi botté en touche sur la masterisation et sur les mouvements des universités ; en fait, il ne s'est pas vraiment engagé sur un sujet chaud…
Sur la commission Apparu, le directeur de Sciences Po nous a affirmé avoir été auditionné par les parlementaires. Par contre, il a indiqué que le Parlement avait parfaitement le droit de se saisir de la question. Justement, je me disais que le boulot du Parlement était de fixer de grandes orientations, pour ce qui concerne l'école, selon la constitution. Or, le rapport, publié en début de semaine dernière par Benoist Apparu, est avant tout un rapport technique qui reprend les principales idées de la réforme Darcos. Richard Descoings n'a-t-il pas voulu critiquer l'action des parlementaires ? On peut l'imaginer.
Que te dire d'autre, cher lecteur ? Finalement, rien de plus. Descoings ne nous a rien dit de très précis sur ce qu'il présenterait aujourd'hui à Nicolas Sarkozy. En fait, j'ai eu le sentiment que le rapport proposerait des cadres et de grands objectifs mais ne rentrerait pas dans les aspects techniques. Rognez-vous la mission du Parlement, Monsieur Descoings ? Ici, on se rend compte du désordre qui règne dans les institutions et dans les positions de chacun.
Aujourd'hui, le rapport a été mis en ligne, près de 10 jours avant la date prévue. Je vais tenter de le lire rapidement pour vous en donner les principaux éléments, cher lecteur. Je sais que ce type de documents est difficile d'accès pour les non-initiés. J'essaierai d'être le plus simple possible.
PS : je suis en vidéo avec Hypos et Jon à cette adresse, pour un petit débat improvisé sur l'Union européenne. C'est court, mais bon, je travaille mon anonymat…
Il dirige Sciences Po qu'il a réformé, qui devient une grande école "modèle" (ouverture par les conventions ZEP) particulièrement performante et ouverte sur l'international. qu'irait-il faire dans un ministère difficile, périlleux pour sa carrière ? D'autant qu'un non-politique serait particulièrement attendu au tournant, voire flingué rapidement au moindre problème ou faux pas...
RépondreSupprimer@ Cloran : sans doute, mais il a à l'évidence de l'ambition. Peut-être avec un autre président et/ou une autre majorité...
RépondreSupprimerUn très grand bravo pour votre travail .
RépondreSupprimer@ +
Big Bésitos
PS : le député APPARU est un libéral tendance autiste et groupie du sarkozysme ... n'attendons rien de bon de son rapport.
J'ai eu l'occasion (avec d'autres sur RUE89) de croiser le fer avec lui.
Après avoir lu les différents thèmes autour duquel sont organisé les recommandations, je ne vois que du bon sens et déplore que déjà, certains préfèrent attaquer sous l'angle des apriori.
RépondreSupprimerReprocher à Descoings de faire de la participation alors que l'on dénonce l'autocratie de Darcos & co, lui reprocher de fixer un cadre souple alors que l'on se plaint d'avoir trop souvent des élites qui, de leur siège, organise tout dans le moindre détail et sans savoir, dénoncer le fait qu'il refuse l'élitisme et revalorise les filières techniques et en même temps se dire de gauche et vouloir donner à chacun sa chance, c'est débile je trouve.
C'est pour ça que j'ai intitulé mon billet "qui aura la peau de Descoings ?".
Les corporatismes et les apriori politiciens sont davantage présents dans les commentaires que j'ai lu que la critique honnête et objective.
@ Eric : merci !
RépondreSupprimer@ Hypos : je viens à peine de commencer le rapport, et je n'ai pas encore critiqué un texte que je n'ai pas lu. Tu pourrais me laisser le bénéfice du doute...