L’exploitation médiatique du crash de l’airbus d’Air France Rio-Paris : oublions les élections européennes…

Comme tu le sais, cher lecteur, un avion Air France s'est écrasé hier dans des circonstances mystérieuses. Aujourd'hui, quelques débris ont été repérés, flottant sur l'Atlantique.

Comme le signalait l'Hérétique, à chaque fois que ce genre de catastrophe se produit, l'émotion est très forte. Malgré les peurs qui nous assaillent à ce sujet, très souvent irrationnelles, l'avion comporte des risques, comme tous les modes de transport. Dans ce cas précis, l'absence de l'épave, de survivants, de corps, de boites noires, permet tous les fantasmes. Personnellement, je ressens une vraie émotion et de la sympathie pour les familles des victimes.

Cependant, comme Authueil le signalait, les médias se sont lancés dans une espèce d'exploitation honteuse de cette catastrophe. Heureusement, je ne regarde que peu la télévision. Par contre, j'écoute la radio et particulièrement France Inter, dont j'apprécie la matinale. Et là, franchement, cher lecteur, Nicolas Demorand et son équipe ont fait fort, y consacrant une émission entière. Nous avons entendu tout un défilé d'experts qui nous ont décrit tous les phénomènes possibles autour de ce crash, sans aucun élément matériel solide. Nous avons pu entendre Jean-Louis Borloo (dont j'avais oublié la présence au gouvernement d'ailleurs) venir nous expliquer que, franchement, on ne savait rien, et que même au gouvernement, finalement, on ne savait rien, et ce pendant 10 minutes. Le pic a été franchi avec les questions des auditeurs : sont ressorties la théorie des missiles et l'idée de la productivité des compagnies aériennes. Je me suis d'ailleurs étonné que personne n'évoque le tir de missile d'un chalutier russe en patrouille dans le coin, un missile nord-coréen ou iranien, un attentat islamiste ou encore un enlèvement mené par les extra-terrestres.

Je peux comprendre l'aspect cathartique de l'émission, mais n'est-ce pas trop tôt, alors qu'on ne sait rien ? Si ce n'est pas pour cela, à quoi servent ces programmes, à part à jouer sur les émotions des auditeurs ? Franchement, cher lecteur, est-ce que les médias ne pourraient pas avoir un peu de respect pour les victimes et ne pas toujours essayer de faire de l'audimat ?

Et puis, d'un coup, une pensée m'est venue à ce propos. Je me suis brusquement rappelé que nous étions en campagne européenne. Ainsi, à cinq jours du scrutin, l'un des principaux médias français n'a fait aucune place à l'élection proche, alors que la catastrophe n'a aucun lien avec le pouvoir politique. Le phénomène s'est répété dans les journaux télévisés et papiers.

Décidément, cette élection n'intéresse pas les grands médias. On se demande aussi si le pouvoir politique n'a pas un petit intérêt à ce que les électeurs se détournent de la campagne et pensent à autre chose (crash aérien, Roland Garros, météo…) plutôt que de s'occuper de politique.

Bon, je sais, je suis énervé. Je retourne à ma lecture du rapport Descoings et cesse de vous appesantir de mes lourdes réflexions…