« Franchement, Madame, votre fils ne travaille pas assez. »
Nous sommes en mars 1994. Je suis en classe de première scientifique, dans un lycée dit difficile. Je suis face à ma professeur de mathématiques. Depuis le début de l’année, je déteste ses cours, sa pédagogie ne passe pas, elle ne m’intéresse pas. En seconde, ma moyenne de maths tournait autour de 18 sur 20, et ma prof de math considérait que j’étais sa tête de classe. Elle m’utilisait comme un moteur, et s’étonnait toujours lorsque je ne parvenais pas à résoudre quelque chose : à chaque fois, j’étais flatté.
Là, rien, aucune envie. J’avais commencé l’année à 15, mais, en ce deuxième trimestre, ma moyenne tomba à 5. Ce fut ma plus mauvaise moyenne de toute ma carrière d’élève, plutôt facile globalement. Je n’ai pas repris de note de ce type avant ma préparation à l’agrégation d’histoire.
Cette prof s’adresse à ma mère, qui ne dit rien. Je m’inquiète, me demandant ce que ma génitrice est en train de penser. Je n’ai jamais été sanctionné pour des notes, vu qu’il n’y a jamais eu de raison à cela. Quelques minutes plus tard, nous sortons du lycée. Je me tortille un peu en me demandant comment aborder le problème. Je me tourne vers elle et lui dit : « tu sais, Maman, cette prof, elle est nulle, elle ne m’intéresse pas. C’est pour cela que je ne fais rien. »
Ma mère tourne vers moi un regard positif, sans amertume, sans méchanceté, sans rien de négatif, et me dit, tranquillement : « ce n’est pas grave, je sais que tu réussiras de toute façon. » Sur le moment, en plein dans ma crise d’adolescence, je réagis en me disant que, décidément, ma mère est bien oedipienne. Aujourd’hui, ses paroles prennent pour moi un autre sens.
Elles sont d’abord les fondements de ma liberté par rapport aux autres. Ce jour-là, ma mère m’a affirmé, de manière claire, que j’étais le maître de mon avenir professionnel, et qu’elle ne se donnerait pas le droit de m’en faire reproche. Après tout, ce que je fais ne concerne que moi, tant que cela ne touche pas les autres individus. De plus, elle a montré son assurance face à l’affirmation de ma prof de maths, inquiète pour mon avenir, et a réaffirmé la confiance qu’elle me portait. J’ai pu profiter librement de mes vacances de printemps 1994, sans m’infliger de cours particuliers ou de devoirs de vacances. Un an plus tard, j’obtenais un 11 sur 20 en math, sans vraiment me fouler, mais j’avais décidé que je n’irai pas dans cette voie. D’une certaine manière, j’avais un peu grandi.
Aujourd’hui, mon expérience d’enseignant m’affole par rapport aux élèves qui échouent. Il y a différents types d’élèves en échec : certains décident de ne pas travailler parce qu’ils rejettent l’école, d’autres vivent des situations cauchemardesques chez eux et ne peuvent se concentrer sur leurs études, quelques-uns ont tellement de difficultés scolaires dues à leurs problèmes de logique et de compréhension qu’ils sont totalement perdus et que tous les acteurs du système éducatif ne peuvent plus rien pour eux, avec le système actuel. Parfois, les trois vont ensembles !
Face à ces souffrances de l’échec, face à ces douleurs, il souffle un vent mauvais : les parents des milieux populaires, très angoissés, et encore plus maintenant en période de crise économique, réagissent par les cours particuliers, par les punitions, par les baffes, par la privation de sorties. Les professeurs restent majoritairement dans le reproche et dans la vulgate du « il faut travailler plus pour avoir de bonnes notes », alors que certains gamins travaillent déjà tant et plus qu’ils nous vomissent dès qu’ils nous voient, parce que leurs notes ne bougent pas d’un iota. On n’hésite pas à dire à un élève : « tu devrais arrêter le sport (seul moment de détente qu’il lui reste) pour travailler encore plus ». Le système propose à ces gosses stressés et épuisés des soutiens le soir, des stages durant les petites vacances et les vacances d’été, rogne leurs loisirs chaque mois un peu plus, met la pression aussi. Au final, on est de plus en plus dans les objectifs, dans l’optimisation, dans le traitement de la difficulté comme s’il s’agissait d’une maladie.
Toute cette politique oublie d’abord l’importance du temps libre : les élèves en difficulté ont le droit de se reposer. Dans cette logique, les vacances deviennent une récompense au travail bien fait et ne sont plus un droit dont chacun peut jouir, quels que soit ses succès et ses échecs. On oublie aussi la confiance de l’élève, déjà très abîmée par l’humiliation des notes, en le pressurant tant et plus. On omet de rappeler qu’il est possible à tous de réussir et d’être heureux sans avoir un parcours scolaire flamboyant. Certes, tous ces dispositifs restent dans la proposition, pas dans l'obligation, mais quand le jeune refuse, on ne cesse pas de le culpabiliser, de lui dire qu’il se gâche, qu’il se perd, qu’il ne fera rien de bien de sa vie.
A travers ces évolutions de la manière de faire la classe, c’est toute une société, toute une mentalité qui change. C’est une société des bons points et des mauvais points, une société où le choix d’être nul est de plus en plus impossible, une société où on récompense et où on corrige, où on soigne et où on traite, qui se met en place.
Tout cela, à mon humble avis de privilégié, au prix de notre qualité de vie et de nos libertés.
Nous sommes en mars 1994. Je suis en classe de première scientifique, dans un lycée dit difficile. Je suis face à ma professeur de mathématiques. Depuis le début de l’année, je déteste ses cours, sa pédagogie ne passe pas, elle ne m’intéresse pas. En seconde, ma moyenne de maths tournait autour de 18 sur 20, et ma prof de math considérait que j’étais sa tête de classe. Elle m’utilisait comme un moteur, et s’étonnait toujours lorsque je ne parvenais pas à résoudre quelque chose : à chaque fois, j’étais flatté.
Là, rien, aucune envie. J’avais commencé l’année à 15, mais, en ce deuxième trimestre, ma moyenne tomba à 5. Ce fut ma plus mauvaise moyenne de toute ma carrière d’élève, plutôt facile globalement. Je n’ai pas repris de note de ce type avant ma préparation à l’agrégation d’histoire.
Cette prof s’adresse à ma mère, qui ne dit rien. Je m’inquiète, me demandant ce que ma génitrice est en train de penser. Je n’ai jamais été sanctionné pour des notes, vu qu’il n’y a jamais eu de raison à cela. Quelques minutes plus tard, nous sortons du lycée. Je me tortille un peu en me demandant comment aborder le problème. Je me tourne vers elle et lui dit : « tu sais, Maman, cette prof, elle est nulle, elle ne m’intéresse pas. C’est pour cela que je ne fais rien. »
Ma mère tourne vers moi un regard positif, sans amertume, sans méchanceté, sans rien de négatif, et me dit, tranquillement : « ce n’est pas grave, je sais que tu réussiras de toute façon. » Sur le moment, en plein dans ma crise d’adolescence, je réagis en me disant que, décidément, ma mère est bien oedipienne. Aujourd’hui, ses paroles prennent pour moi un autre sens.
Elles sont d’abord les fondements de ma liberté par rapport aux autres. Ce jour-là, ma mère m’a affirmé, de manière claire, que j’étais le maître de mon avenir professionnel, et qu’elle ne se donnerait pas le droit de m’en faire reproche. Après tout, ce que je fais ne concerne que moi, tant que cela ne touche pas les autres individus. De plus, elle a montré son assurance face à l’affirmation de ma prof de maths, inquiète pour mon avenir, et a réaffirmé la confiance qu’elle me portait. J’ai pu profiter librement de mes vacances de printemps 1994, sans m’infliger de cours particuliers ou de devoirs de vacances. Un an plus tard, j’obtenais un 11 sur 20 en math, sans vraiment me fouler, mais j’avais décidé que je n’irai pas dans cette voie. D’une certaine manière, j’avais un peu grandi.
Aujourd’hui, mon expérience d’enseignant m’affole par rapport aux élèves qui échouent. Il y a différents types d’élèves en échec : certains décident de ne pas travailler parce qu’ils rejettent l’école, d’autres vivent des situations cauchemardesques chez eux et ne peuvent se concentrer sur leurs études, quelques-uns ont tellement de difficultés scolaires dues à leurs problèmes de logique et de compréhension qu’ils sont totalement perdus et que tous les acteurs du système éducatif ne peuvent plus rien pour eux, avec le système actuel. Parfois, les trois vont ensembles !
Face à ces souffrances de l’échec, face à ces douleurs, il souffle un vent mauvais : les parents des milieux populaires, très angoissés, et encore plus maintenant en période de crise économique, réagissent par les cours particuliers, par les punitions, par les baffes, par la privation de sorties. Les professeurs restent majoritairement dans le reproche et dans la vulgate du « il faut travailler plus pour avoir de bonnes notes », alors que certains gamins travaillent déjà tant et plus qu’ils nous vomissent dès qu’ils nous voient, parce que leurs notes ne bougent pas d’un iota. On n’hésite pas à dire à un élève : « tu devrais arrêter le sport (seul moment de détente qu’il lui reste) pour travailler encore plus ». Le système propose à ces gosses stressés et épuisés des soutiens le soir, des stages durant les petites vacances et les vacances d’été, rogne leurs loisirs chaque mois un peu plus, met la pression aussi. Au final, on est de plus en plus dans les objectifs, dans l’optimisation, dans le traitement de la difficulté comme s’il s’agissait d’une maladie.
Toute cette politique oublie d’abord l’importance du temps libre : les élèves en difficulté ont le droit de se reposer. Dans cette logique, les vacances deviennent une récompense au travail bien fait et ne sont plus un droit dont chacun peut jouir, quels que soit ses succès et ses échecs. On oublie aussi la confiance de l’élève, déjà très abîmée par l’humiliation des notes, en le pressurant tant et plus. On omet de rappeler qu’il est possible à tous de réussir et d’être heureux sans avoir un parcours scolaire flamboyant. Certes, tous ces dispositifs restent dans la proposition, pas dans l'obligation, mais quand le jeune refuse, on ne cesse pas de le culpabiliser, de lui dire qu’il se gâche, qu’il se perd, qu’il ne fera rien de bien de sa vie.
A travers ces évolutions de la manière de faire la classe, c’est toute une société, toute une mentalité qui change. C’est une société des bons points et des mauvais points, une société où le choix d’être nul est de plus en plus impossible, une société où on récompense et où on corrige, où on soigne et où on traite, qui se met en place.
Tout cela, à mon humble avis de privilégié, au prix de notre qualité de vie et de nos libertés.
Le souci c'est que c'est du cas par cas, et ce n'est pas en diminuant le nombre d'enseignants à l'écoute des élèves que ça va changer les choses. J'ai été dans le même cas que toi (pratiquement identique) et il est vrai qu'avoir le soutien de la famille compte plus que quelques critiques de prof. Le souci c'est qu'un élève en difficulté manque de bases, que ce soit au niveau famille qu'au niveau scolaire, où il a souvent été mis à l'écart pour ses difficultés.
RépondreSupprimerVous devriez travaillez plus pour gagner plus... de bonne notes : Tiens, ça me rappelle quelque chose !
RépondreSupprimerUne vision simpliste basée sur une fausse idée qui imagine que, de la quantité, découle automatiquement la qualité.
C'est une société de "bons points et de mauvais points" dis-tu ? Je pense surtout que c'est une société de "mauvais points".
Depuis que j'oeuvre dans la formation pour adulte, je suis toujours perplexe quand j'observe le système de notation en France : L'enfant ne "gagne pas des points" au fur et à mesure qu'il donne de bonnes réponses : il en PERD au fur et à mesure de ses erreurs. C'est tout à fait à l'inverse de ce qui est préconisé pour la motivation en formation pour adultes.
Là où le système solaire est fondé sur la sanction, la démarche pédagogique pour adulte est fondée sur la valorisation...
Là où le système de pédagogie pour adulte valorise les processus mis en oeuvre pour obtenir un résultat (quel qu'il soit), le système scolaire ne se focalise que sur la mesure du résultat (dont, par une simplification extrême que tu soulignes, le seul "ingrédient" explicatif serait la quantité de travail fourni).
Là où, pour les adultes, on cherche à donner confiance sur un spectre large de "capacités" (ce que l'on appelle vulgairement le potentiel), le système scolaire réduit l'estime de soi à la seule faculté de régurgiter du savoir emmagasiné.
Aussi, pour un élève dont les aptitudes naturelles ne sont pas la mémoire assortie d'une certaine docilité - ou pour ceux qui ne bénéficient pas d'un contexte propice à la concentration - point de salut ! L'image qu'on va lui renvoyer pendant des années sera celle du "nul" : jolies conséquences en perspectives sur la confiance en soi et l'esprit d'initiative...
Bonjour Mathieu
RépondreSupprimerLe thème est très intéressant. Personnellement, je pense que le premier facteur de réussite, scolaire ou pas, c'est la motivation. Que celle-ci soit engendrée par le regard des autres à travers le mécanisme de la reconnaissance (efficace chez les extravertis) ou bien par un processus plus introverti de l'intérêt aux choses et aux sujets, la motivation est occultée de la démarche pédagogique. Ceci résulte souvent sur une orientation baclée, et à laquelle je trouve que l'éducation nationale porte trop peu d'efforts et de temps.
En effet, le travail fourni par les élèves n'est pas une fonction linéaire de leurs capacités intellectuelles et cognitives, mais bien de leur motivation. Tant qu'effort et travail seront associés dans une logique douloureuse, sans que plaisir et motivation ne les accompagnent, nulle solution à l'échec scolaire ne fonctionnera.
Je vais illustrer ce propos par un exemple, celui de mon frère:
Enfant, il était en échec scolaire sur toutes les matières sauf le sport. Pourtant, ce n'était pas par manque de travail. Notre mère, enseignante, passait en moyenne 2 heures chaque soir à essayer vaille que vaille de faire entrer dans son esprit orthographe, grammaire, mathématiques, etc... Mais peine perdue, ce qui entrait par la petit porte était immédiatement aspiré par la cheminée de son ennui. Redoublements et travail personnel intense n'y faisaient rien.
Et puis un jour, il était alors en classe de 3ème, il découvrit par hasard le travail du bois. Ce fut pour lui une révélation au point qu'il en fit son unique activité de loisir dans notre garage qu'il transforma en atelier d'ébénisterie. Voyant ceci, mes parents décidèrent d'arrêter le massacre et de lui permettre de quitter le cursus scolaire classique pour entrer dans une école professionnelle de menuiserie/ébénisterie afin d'obtenir un CAP ou un BEP.
Ce fut leur meilleure décision. Motivé à l'extrême, il se mit à travailler de facon démesurée, les matières pratiques bien entendu pour commencer. Les résultats qui suivirent, excellents, lui donnèrent l'énergie et l'envie de faire encore plus, lui qui connaissait la réussite pour la première fois de sa vie. Il supplia mes parents de lui faire suivre des cours supplémentaires en francais et en anglais, afin de pouvoir parfaire son tableau de chasse. A celà s'ajouta une volonté farouche de s'en sortir lui-même, refusant l'aide quasi fusionnelle que lui avait apporté quotidiennement notre mêre depuis son plus jeune age.
Bref, non seulement il obtint ses diplomes CAP et BEP, mais il continua avec un bac technique d'agencement, un BTS d'architecture intérieure et pour finir, un BAC+4 d'architecture dans une des école les plus prestigieuses de France, l'Ecole Boule.
Si, au lieu de parier sur ses motivations, mes parents avaient commis l'erreur de miser sur la seule valeur travail,je ne sais pas ce que serait devenu mon petit frère.
Voilà, l'éducation nationale ne sait pas identifier ce qui motive nos enfants, c'est là que le modèle unique est en échec. Il n'y a pas de mauvais élève, j'en suis persuadé. Chacun a des potentiels et peut donner le meilleur de lui-même, mais la société ne lui en donne pas l'opportunité.
Eh bien je crois que mon gamin aurait eu bonheur avec un enseignant tel que toi. Et je me bats contre un proviseur qui pense que sanctionner l'élève est le rendre responsable de sa scolarité.
RépondreSupprimerIl se prétend pédagogue. Ce que je n'ai pas hésité à lui contester haut et fort, commettant un grave crime de lèse-majesté.
Ou là là: que n'ais-je dis! simplement parce que j'ai osé affirmer que j'avais confiance en mon gamin et que le fait qu'il n'aille pas en classe comme les autres, subir la torture des quolibets des 2 ou 3 élèves de la classe (en classe d'UPI, ils ont 5 élèves) à plein temps ne l'empêcherait pas de réussir.
Je retrouve dans ton billet la situation de mon fils.
De 15,5 de moyenne Générale sur toute l'année en maths, il est tombé à 10,5 en ce début d'année. Idem pour la physique-chimie.
Mon fils a l'impression d'être devenu complètement idiot alors que cette maladie l'empêche de vivre, c'est évident et attesté par des certificats médicaux..
Depuis qu'il ne va plus à l'école, il ne prends plus de traitements pour les migraines et n'en a presque plus. Il prend moins de traitements pour soulager les douleurs musculaires dues aux stations debout, aux changements de classes aux courses effrénées pour être à l'heure et au stresse permanents
ça fait une différence je crois. Et je pense que sa scolarité va se passer à la maison maintenant. il y sera mieux, quand à la socialisation avec des profs sur le dos toute la journée à vous traiter de nuls et des élèves qui vous traitent de cons.. Je ne vois vois où la socialisation réussie..A moins que oui, peut-être, j'ai râté quelque chose...
@ Homer : il manque souvent tout aux élèves en difficulté...
RépondreSupprimer@ Marie-Laure : d'accord avec toi sur la manière dont se passe l'évaluation, mais je ne suis pas sûr qu'un système soit meilleur que l'autre. Peut-être trouver un mix ?
@ Titophe : tout ce que tu dis est très juste, mais je ne pense pas que l'EN puisse aller aussi loin. Ce que tu proposes signifierait presque qu'il faudrait psychanalyser chaque gamin pour trouver ses clefs. Cela me semble impossible et un peu dangereux.
@ Christie : c'est la mentalité "qui aime bien châtie bien"... Désolé que ton fils en soit victime.
Je ne suis pas d'accord. Il ne s'agit pas de psychanalyser nos enfants, ce serait dangereux, j'en conviens.
RépondreSupprimerNon, je pense qu'il faut tout simplement accepter de revoir les fondements de l'ecole, aujourd'hui trop orientée sur le binome travail=souffrance. Si l'ecole devenait avant tout un lieu de plaisir, avec des enseignants formés à cette vision plus épicurienne de l'education et plus adaptée à l'enfance, ce serait un progrès gigantesque.
Enfin, le meilleur psychanalyste d'un individu est lui-même. Nos enfants n'apprennent pas suffisament à se connaitre. Je pense qu'il serait possible d'investiguer sur cette piste qui leur donnerait les clefs d'une orientation adaptée et donc d'une réussite garantie.
Vous n'avez oublié qu'une chose,l'école c'est fait pour faire de bons petits soldats,de bons travailleurs.Vous avez un moule,une toise,tout les gamins y passent .Il y a un enfant original,qui apprend plus doucement,ou son esprit s'éveille plus tard il est foutu,l'école va le gaspiller.
RépondreSupprimerVotre école ne sert qu'à mesurer,évaluer,donner des notes,blesser,handicaper,faire de la répréssion de flic,vous même profs vous êtes hors courses puisque vous avez été dressé d'une certaine manière par cette même école.
Je pense que vous vous tirez trop sur la nouille.Vous êtes la société,justement elle est malade.
@ Anonyme : je ne nie pas du tout le rôle formateur de l'école. Par rapport aux enfants originaux, les choses sont plus complexes. Certains se font en effet briser par le système, mais l'école n'est pas seule en cause : les parents et les familles jouent un rôle fondamental là-dedans.
RépondreSupprimerSur le rôle de l'école, c'est en partie juste. Si nous sommes dressés, tant mieux, car cela veut dire qu'il suffira d'un coup de fouet pour nous faire changer de pratiques. Formidable !
Quant à ma nouille, j'en fais ce que je veux, mais merci de vous en soucier.
Je suis d'accord avec les commentaires de Titophe et d'Anonyme, je suis moi même maman de 2 enfants de 14 et 17 ans dyslexique et dyslexique orthographique et je constate au jour d'aujourd'hui que si je ne continuais pas à me battre à leur côté pour leur dire qu'ils existent, qu'ils ont un cerveau et qu'ils seront quelqu'un à la sortie, alors je pourrai dire que je n'ai pas su les épaulé et les soutenir dans l'épreuve qu'est l'école aujourd'hui. Ce n'est pas le cas de tout ces professeurs qui eux baissent les bras au nom du "nous ne sommes pas préparés face à la difficulté", ce qui leur permet de se défalquer et de continuer à enseigner au "moule" et persécuter les autres par la non valorisation mais plutôt par l'humiliation, cela est tellement plus facile de jouer au rôle de "petit" pouvoir de domination et de finalement en faire de bons petits soldats comme nous l'a dit Anonyme.
RépondreSupprimerJe constate que les enseignants perdent régulièrement de leur prestige, et qu'ils ont de plus en plus de mal à faire leur travail dans un environnement qui se dégrade. Le modèle qu'on leur a enseigné y a d'ailleurs largement contribué. Ce manque de respect des enseignants par les parents (enseignants qui parfois ont eux-mêmes un comportement fermé vis-à-vis des parents) se développe sur des malentendus réciproques.
RépondreSupprimerDu côté des enfants, je partage l'avis des commentaires de Titophe. J'ajouterai qu'il manque un travail sur "l'estime de soi". Je comprends bien l'importance de l'effort, de la sélection sur l'acquisition de connaissances abstraites et complexes. Mais les enfants qui ne rentrent pas dans ce schéma et ne sont pas destinés à la voie royale des concours, doivent ajouter cette humiliation aux doutes de l'adolescence. Ils en ressortent parfois blessés, quand ce n'est pas brisés. Cette casse passe de moins en moins bien.
On se moque de modèles éducatifs qui apprennent moins de choses que le nôtre, mais c'est un choix qui se fait souvent au bénéfice du développement personnel des élèves : expression orale, travaux par équipe, place du sport... Au final, les élèves qui ont une bonne estime de soi ratrappent plus facilement le niveau que nos enfants ont laborieusement acquis.
Simple illustration, très anecdotique mais parlante : depuis 30 ans, nos enfants de primaire portent des sacs qui peuvent peser 6 à 8 kilos chaque jour. Peu de pays tolèreraient une telle maltraitance de jeunes enfants. Lorsque vous abordez le sujet avec les enseignants, peu en ont conscience, cela alimente le malentendu avc les familles.
Toutes ces crispations expliquent que le climat soit si dégrardé.
@ Titophe : excuse-moi, mais j'ai oublié de répondre à ton deuxième commentaire. Sans doute parce que je suis globalement d'accord avec toi. Là aussi, cependant, l'idée que le travail est une souffrance est largement présente dans notre société. Écoute donc les discours de notre président sur le travail...
RépondreSupprimer@ Lolo91 : je ne nie pas que mes collègues ont des réactions souvent problématiques sur les cas de dyslexie. Cette affection n'est en effet pas traitable par nous, mais souvent par des orthophonistes. Nous sommes malheureusement impuissants et nous ne pouvons qu'attendre que les élèves et leurs soignants avancent. Par contre, je suis totalement d'accord avec toi sur l'humiliation, qui est un fondement de l'école française. Maintenant, l'humiliation est aussi, à mon humble avis, un fondement de la société française dans son ensemble.
@ Aurélien : je suis en grande partie d'accord avec toi, et cela rejoint ce que je viens de dire à Lolo91. L'estime de soi est un vrai problème. Par contre, je ne pense pas que nous devions réduire nos objectifs, mais tout simplement ne pas blâmer les élèves qui ne veulent ou ne peuvent les acquérir. L'estime de soi, c'est aussi à prendre à assumer ses choix.
Sur le cartable, c'est un vrai problème aussi. Maintenant, sur les modèles étrangers, attention aux caricatures. Pour les livres d'histoire, les manuels français sont souvent parmi les moins riches en connaissance : allez jeter un œil dans un manuel allemand ou polonais, vous verrez. En France, c'est plutôt le grand nombre de matières qui amène ce poids.