Tu t'attends sûrement, cher lecteur, à ce que je parle de Gaza. Il est vrai que sous le coup des événements, la blogosphère politique s'emballe mais tient un discours que je trouve bien plus posé et cohérent que celui des médias. Personnellement, même si je suis avec attention les billets de Manuel, j'ai totalement adhéré à la modération de Juan, auteur d'un billet de synthèse qui reproduit presque complètement ma position. Et en plus, il est bien écrit ! J'en reste donc là pour le moment sur ce sujet.
Le 6 octobre 2008, une enseignante, Muriel, se donne la mort dans son école primaire de Massy (91). Elle était enseignante du RASED et avait connu plusieurs problèmes de santé. Elle s'est pendue dans sa salle de classe. A l'époque, même si je n'avais rien écrit sur le sujet, j'ai ressenti une émotion très forte, équivalente à celle provoquée par le professeur qui s'est suicidé en juillet. C'est sans doute parce que ma conjointe est aussi professeur des écoles, mais aussi à cause de ces communiqués des représentants du ministre. J'avais été très étonné par la réaction de la hiérarchie de l'Éducation nationale, qui avait immédiatement tenu à signaler que ce suicide n'avait rien à voir avec l'exercice de son métier, et avait même rendu public des pièces du dossier médical de la collègue. Sur le moment, je m'étais dit que se suicider dans sa salle de classe n'était pas du tout un acte anodin. On ne se suicide pas n'importe où et on donne toujours un sens très symbolique à cet acte, même si on ne laisse aucune lettre explicative.
A l'époque, il m'aurait semblé logique de faire une enquête administrative, pour voir si le problème ne venait pas de problèmes professionnels, mais surtout de se taire. L'empressement de la hiérarchie avait sans doute un lien avec le climat très mauvais dans l'Éducation à ce moment-là (autour de la grande manifestation nationale du 19 octobre) et visait à empêcher les syndicats d'utiliser cette affaire comme symbole. Heureusement, ceux-ci ne l'ont pas fait et l'affaire a progressivement été oubliée.
Mais elle rebondit aujourd'hui. Le mari de cette collègue a publié une lettre à Xavier Darcos (que tu peux lire ici ou encore là) que je trouve empreint d'une grande dignité. Loin de faire de la politique, l'homme demande au ministre de s'expliquer sur la manière dont son épouse a été traitée par son administration, juste après son décès. J'espère qu'il aura rapidement des explications cohérentes.
Cet épisode illustre la fébrilité de l'administration de l'Éducation nationale en ce moment, et la crainte d'un conflit social de grande ampleur. Le report de la réforme des lycées est dans la même veine. Ce qui m'étonne le plus est que les stratèges du ministère ont pu penser que cette affaire aurait provoqué une catastrophe politique. Ont-ils quelque chose à se reprocher ? Même si ce n'est pas le cas, les comportements de l'inspecteur d'académie et du recteur ne peuvent que nous rendre soupçonneux.
En tout cas, j'espère que le gouvernement donnera une réponse rapide au compagnon de cette collègue, à qui j'adresse tous mes vœux pour cette nouvelle année, ainsi qu'à ses enfants.
Le 6 octobre 2008, une enseignante, Muriel, se donne la mort dans son école primaire de Massy (91). Elle était enseignante du RASED et avait connu plusieurs problèmes de santé. Elle s'est pendue dans sa salle de classe. A l'époque, même si je n'avais rien écrit sur le sujet, j'ai ressenti une émotion très forte, équivalente à celle provoquée par le professeur qui s'est suicidé en juillet. C'est sans doute parce que ma conjointe est aussi professeur des écoles, mais aussi à cause de ces communiqués des représentants du ministre. J'avais été très étonné par la réaction de la hiérarchie de l'Éducation nationale, qui avait immédiatement tenu à signaler que ce suicide n'avait rien à voir avec l'exercice de son métier, et avait même rendu public des pièces du dossier médical de la collègue. Sur le moment, je m'étais dit que se suicider dans sa salle de classe n'était pas du tout un acte anodin. On ne se suicide pas n'importe où et on donne toujours un sens très symbolique à cet acte, même si on ne laisse aucune lettre explicative.
A l'époque, il m'aurait semblé logique de faire une enquête administrative, pour voir si le problème ne venait pas de problèmes professionnels, mais surtout de se taire. L'empressement de la hiérarchie avait sans doute un lien avec le climat très mauvais dans l'Éducation à ce moment-là (autour de la grande manifestation nationale du 19 octobre) et visait à empêcher les syndicats d'utiliser cette affaire comme symbole. Heureusement, ceux-ci ne l'ont pas fait et l'affaire a progressivement été oubliée.
Mais elle rebondit aujourd'hui. Le mari de cette collègue a publié une lettre à Xavier Darcos (que tu peux lire ici ou encore là) que je trouve empreint d'une grande dignité. Loin de faire de la politique, l'homme demande au ministre de s'expliquer sur la manière dont son épouse a été traitée par son administration, juste après son décès. J'espère qu'il aura rapidement des explications cohérentes.
Cet épisode illustre la fébrilité de l'administration de l'Éducation nationale en ce moment, et la crainte d'un conflit social de grande ampleur. Le report de la réforme des lycées est dans la même veine. Ce qui m'étonne le plus est que les stratèges du ministère ont pu penser que cette affaire aurait provoqué une catastrophe politique. Ont-ils quelque chose à se reprocher ? Même si ce n'est pas le cas, les comportements de l'inspecteur d'académie et du recteur ne peuvent que nous rendre soupçonneux.
En tout cas, j'espère que le gouvernement donnera une réponse rapide au compagnon de cette collègue, à qui j'adresse tous mes vœux pour cette nouvelle année, ainsi qu'à ses enfants.
Tu as raison de le souligner:
RépondreSupprimerse suicider dans une salle de classe n'est pas anodin et il est évident que cette femme a voulu dire quelque chose sur le sujet. L'éducation des enfants demande beaucoup d'investissement et si l'on supprime les moyens, alors que va t'on trouver si ce n'est une école en perdition.
Les enfants vivent déjà une vie compliquée avec des parents qu'ils ne voient jamais et une rivalité scolaire basée sur la culture du résultat à tout prix, ou plutôt à n'importe quel prix...
Comment vivre une éducation sereine autant pour les enseignants que pour les élèves ?
Quel monde pour demain ?
On peut aussi y voir la même réaction que peut avoir un employeur privé (par exemple Renault Guyancourt ...) quand un salarié se suicide sur les lieux de travail, pour ne pas que cela soit qualifié "d'accident du travail". Et que la gestion des relations sociales ne soit pas remise en cause dans l'entreprise.
RépondreSupprimer@ Christie : je n'en sais rien (pour le monde de demain). Par contre, pour la collègue, ne connaissant pas suffisamment le dossier, je ne sais pas si son suicide est uniquement lié à son parcours professionnel. Le mari ne le dit pas.
RépondreSupprimer@ Audine : c'est possible, mais comme il s'agit de services publics, la politique n'est jamais loin...
J'ai déjà commenté sur le blog de Nicolas J. pour dire à quel point je trouve cette réaction de l'éducation nationale stupide, que leurs craintes soient légitimes ou pas.
RépondreSupprimerCela nous montre à quel point l'ambiance sociale à propos de cette réforme est pourrie. Alors qu'au départ j'étais partisan de la fermeté, je comprend à présent le "report" de Darcos : on attend que ça se calme et on en reparle sereinement. Rien de bon ne sortira de ce climat délétère.
Espérons que le gouvernement ait compris la leçon, espérons également que les opposants les plus radicaux seront modérés par les autres.
@ Paul : oui, le climat est délétère, mais le report n'est pas lié à cette affaire à mon avis.
RépondreSupprimerPour les leçons, je doute...
@ Mathieu :
RépondreSupprimer"le report n'est pas lié à cette affaire à mon avis".
Je ne disais pas ça, simplement que le report, comme la réaction malheureuse de l'administration suite au suicide de l'enseignante résultent des mêmes causes : pression médiatique, dialogue de sourds...
@ Paul : ok, merci de la précision.
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