samedi 10 janvier 2009

Education nationale : le calme avant la tempête ?

Depuis quelques semaines, l’Éducation nationale est le terrain d’une tentative permanente d’apaisement.

Pourquoi te dis-je cela, cher lecteur ? Tout simplement à cause de l’évolution récente du contexte politique.

Durant le mois de décembre, Xavier Darcos est resté étonnement offensif, devant la montée d’un mouvement social venant de tous les niveaux (écoles, collèges, lycées, universités) et de tous les acteurs de l’école (élèves, parents, étudiants, professeurs). Encore au milieu du mois de décembre, il proclamait qu’il ne serait pas le « ministre de l’hésitation nationale », entretenant le climat, à mon avis assez délétère, régnant dans mon administration.

Et puis, le ministre a craqué, sous l’impulsion du président de la République. La première étape a d’abord été le report de la réforme des lycées en décembre. Depuis, les annonces visant à l’apaisement se multiplient. Le ministère semble se préparer à un recrutement plus important de fonctionnaires que les années précédentes. De plus, Darcos a brutalement annoncé qu’il reculait partiellement sur les RASED, puisque le nombre de suppression de poste pour 2009 passe de 3 000 à 1 500. Partout, on sent que la tendance est à l’apaisement. Je t’invite à lire ici le compte-rendu qu’a fait le SNES de sa rencontre avec Darcos de ce jeudi, assez marquée par ce nouveau climat.

Cependant, cher lecteur, approche un événement qui me fait craindre à nouveau de nouveaux bouleversements, voire même de véritables séismes !

Le 12 janvier 2009, Nicolas Sarkozy adresse ses vœux à l’Éducation ! Rien que devant cette échéance, je crains que le président ne nous adresse une nouvelle excellente bonne idée de réforme, avec la méthode dont il a le secret. Darcos, dans le compte-rendu dont je te parle ci-dessus, n’a pas l’air de vraiment savoir ce que va dire le président. Quant on sait que Rachida Dati a appris la suppression du juge d’instruction dans la presse, on peut s’attendre à tout.

Je crains le pire. Essayons au moins de bien profiter de ce week-end avant ce nouveau tsunami présidentiel…

9 commentaires:

  1. Il y a un an, Albanel et Carolis ont appris en direct la suppression de la pub lors de la fameuse conférence de presse...

    Sur le début de ton billet, et sur ton sentiment que ça risque d'être chaud parce que le, les, raslebol, sont importants, je suis d'accord avec toi. Je ne le souhaite pas forcément de mes voeux, parce que je ne crois pas que les choses doivent se faire dans la rue. Mais je crois, en effet, que ça va faire mal...

    Bon dimanche

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  2. Effectivement, c'est le genre de discours qui se prête tout-à-fait aux annonces fracassantes.

    Dans le contexte extrêmement difficile de l'état de nos finances publiques, je ne sais pas si la "reculade" sur les suppressions de poste est une bonne chose. Enfin si, je sais. Ce n'est pas une bonne chose ;-)

    C'est reculer pour mieux sauter. À moins que l'on ne préfère visiter le fond du précipice...

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  3. Rubin : Et augmenter les subventions à l'école privée est en revanche sans conséquence sur le budget de l'État, c'est ça ? Je pense qu'il n'y a pas à réaliser d'économies sur les moyens de l'éducation publique et qu'il faut arrêter de croire que Sarkozy est obsédé par les économies. Et que si Sarkozy pensait vraiment que le pays était au bord du gouffre, il n'aurait pas augmenté certains budget comme celui de l'Elysée. Une goutte d'eau ? Oui, oui, on dit toujours ça pour excuser le train de vie princier d'un type qui demande au pauvres de réaliser des économies au niveau de la redistribution de leur propre argent tout en payant naturellement autant d'impôts qu'avant.

    Mathieu : il faudrait que j'arrive plus tôt sur tes billets, à chaque fois les avis en commentaires me détournent de ma mission première :))
    Donc eh bien merci pour cette nouvelle, tiens figure-toi que cela m'avait échappé, cette histoire de vœux. Je suis à présent impatiente. Réformons, c'est urgent, réformons... Toujours le même discours depuis la nuit des temps... Pitoyable. Moi j'ai reçu aujourd'hui une info sur le projet d'évaluation des enseignants en fonction des évaluations nationales du primaire. Un régal... C'est tellement ça, la priorité de l'EN... Encore la pression avec des outils qui bien évidemment ne rendront absolument pas compte des qualités pédagogiques de chacun... Quelle conséquences bénéfiques pour les élèves en difficulté (parce que normalement c'est ça, la priorité) ? Aucune. On y remédiera en donnant aux bons enseignants les plus mauvais élèves ? Je ris pour ne pas pleurer devant la dépense d'énergie de ce gouvernement à ne rien faire de concret...

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  4. @MGP : tu as du mal me lire. Je n'ai pas dit qu'il fallait subventionner les écoles privées ; j'ai dit qu'il faudrait bien finir par se résoudre à arrêter l'hémorragie des dépenses.

    Et je ne pense pas que Nicolas Sarkozy soit "obsédé par les économies". Loin s'en faut, et c'est bien regrettable.

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  5. @ Faucon sous la neige : cet accord permanent avec un membre de la droite gaulliste me fait dire que je suis en train de virer de bord. Bientôt le coming-out ?

    @ Rubin : c'est marrant, la France est toujours très bien notée par les grandes agences internationales concernant l'endettement. Cette tendance des libéraux de vouloir déplacer le poids de l'investissement est toujours dangereuse, mais aussi inégalitaire par essence. Enfin, je me doutais bien que tu adopterais cette position...

    @ MGP : il faut que tu mettes mon blog dans un agrégateur, et tu seras informée en temps réel.

    Je pense que le ministère doit satisfaire son électorat, toujours anti-EN, anti-fonctionnaires et anti-dépenses publiques (cf Rubin ci-dessus). Avoir l'air de reprendre les profs en main, cela permet de flatter ces groupes-là. En effet, cela va coûter de l'argent et risque de ne pas avoir grand impact. On est toujours, et c'est malheureux, dans les effets d'annonce...

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  6. Rubin : je n'ai pas mal lu, j'ai certes extrapolé, mais il le fallait, pour montrer qu'on n'est pas tant dans une logique d'économies - argument que l'on sort pourtant pour justifier des suppressions de postes qui, je le rappelle, ne se justifient pas dans le primaire au vu des 20 000 élèves supplémentaires attendus - on est dans une logique idéologique sous couvert d'arguments de rationalisation financière et Mathieu l'explique très bien dans le dernier commentaire.
    Mathieu : Oui c'est vraiment de cet ordre-là. Dire au peuple ce qu'il veut entendre et créer des mesures démago, je n'aurais jamais vu un gouvernement s'y adonner avec autant d'application.
    Pour l'agrégateur j'ai bien google reader... Mais tes commentateurs sont juste plus rapides que moi, c'est juste la rançon de ton succès :D

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  7. @Mathieu : bien notée, c'est (très) vite dit. Et d'autres Etats mieux notés ont beaucoup de mal à lever de la dette ces jours-ci. Déplacer le poids de l'investissement ? Mais sur qui ? Et de quel investissement parles-tu ?

    @MGP : Accuser du délit d'idéologie, ça évite de répondre sur le fond. Et si, effectivement, rationaliser les finances publiques est une ambition idéologique, et creuser les déficits une politique pragmatique, alors c'est le monde à l'envers !

    Question de point de vue, j'imagine.

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  8. @ MGP : ah, les instits sont toujours un peu lents...

    @ Rubin : l'éducation est un investissement, par définition, qui vise à créer du capital humain. Actuellement, en France, cet investissement est supporté collectivement par l'impôt. Ta logique consiste à déplacer cet investissement sur les citoyens directement. Vu le coût qu'il représente, de nombreux citoyens ne pourront y faire face, et les autres s'endetteront. En cas de crise comme en ce moment, ce sera le drame. Cette politique n'est pas proposée que pour l'investissement. Vous proposez aussi de déplacer la charge de la santé sur les citoyens. Il n'y a pas, pour moi, de liberté là-dedans : il y a un déplacement des dépenses vers d'autres acteurs. J'espère avoir été clair.

    Pour la notation : "http://www.fitchratings.com/corporate/ratings/issuer_content.cfm?issr_id=80442195&grp_typ_id=20&mm_id=&sector_flag=5&marketsector=1&detail="

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  9. Rubin : Il me semble pourtant tout à fait parler du fond de cette affaire de suppression de postes. Je disais et je répète que le choix qui est fait se réclame de l'économie des dépenses publiques alors que la vraie raison est ailleurs.
    C'est comme pour tout un chacun : nous économisons dans certains domaines en établissant des priorités ( moi pour économiser je réduis mon budget "sorties" mais je garde mon budget "resto du samedi", par exemple, c'est juste un exemple hein). Je constate juste que la priorité du gouvernement n'est clairement pas la qualité de notre école publique. Et que brandir la "nécessité d'économiser" à tout bout de champ, cela n'explique pas les choix qui sont faits.
    Mathieu : je ne répondrai pas à cette vile provoc :))

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