Depuis le début des velléités de Xavier Darcos de réformer le lycée, les manifestations des enseignants ont eu un certain impact, les lycéens ont commencé à s'agiter, et puis, lundi, Darcos a reculé.
Devant ce recul, je me suis dit qu'on avait peut-être enfin les moyens de faire une vraie réforme consensuelle, négociée, qui nous permettent de sortir des difficultés du lycée général hérité de Claude Allègre. Certes, cette réforme ne se ferait pas forcément avec Darcos, sans doute assis maintenant sur un strapontin, mais rien n'empêchait plus qu'elle ait lieu.
Il est intéressant de voir que les enseignants, dans leur majorité, voudraient réformer le lycée sur plusieurs aspects. D'abord, la réduction des heures semble admise par tous. Les élèves ont en effet, en seconde, presque 33 heures de cours par semaine, ce qui est trop élevé. Ensuite, la question des modules nous a beaucoup divisé, ce qui signifie qu'ils pourraient être acceptés assez facilement. L'accompagnement éducatif pour tous est une idée positive, puisqu'elle permettrait de se débarrasser de tous les instituts privés d'un coup, s'il ne sert pas à remplacer de vrais cours. Enfin, la rénovation des filières était actée par la majorité : il faut rendre la terminale S réellement scientifique, redonner un sens à la terminale L et continuer de développer les bacs professionnels, qui sont assez recherchés par les employeurs et qui illustrent la volonté de la France de doter les salariés peu qualifiés d'une culture solide et de vrais outils pour améliorer leurs situations.
Les enseignants du secondaire souhaitaient donc, à mon avis, l'apaisement, d'autant plus que d'autres réformes, beaucoup plus profondes, comme celle du recrutement, nécessitaient toutes les attentions. Or, les syndicats lycéens ont maintenu leur appel à la manifestation d'aujourd'hui.
Assez expérimenté maintenant concernant les réactions lycéennes, j'ai eu, cher lecteur, la pensée suivante : "les lycéens font un baroud d'honneur après une victoire ; certains d'entre eux n'ont pas envie de reprendre les cours à deux jours des vacances et il y a sans doute une petite minorité qui prend son pied à contester". La manoeuvre me semblait inutile, car la possibilité de négocier ouvrait de réelles perspectives de changement. Si la réforme aboutissait effectivement à quelque chose d'inacceptable, rien n'empêcherait de reprendre dans quelques mois. Franchement, je m'attendais à un gros bide.
Ce sentiment était conforté par l'absence complète de mouvement dans mon lycée dit difficile. Il y a bien eu une tentative de blocus mené mardi matin par deux classes qui venaient de se rendre compte qu'il se passait quelque chose. Elles avaient surtout deux contrôles à ce moment-là. Le blocus a duré une heure et s'est achevé une fois le couperet du contrôle passé et le froid ayant fait son petit effet.
Et là, ce soir, en rentrant, je découvre dans la presse que, selon la police, 127 000 lycéens ont manifesté aujourd'hui !!! Cela représente 8% du total de la population lycéenne. Cette manifestation est loin d'être anecdotique.
Je dois admettre, cher lecteur, que je suis totalement désarmé pour expliquer cette ampleur, alors que la réforme est repoussée à 2010 et sera, selon Darcos devant le Sénat, complètement refondue. Je ne comprends pas ce que veulent vraiment les lycéens. Bon, les vacances de Noël arrivent, les choses vont se calmer d'elle-même, mais si tu as une opinion là-dessus, cher lecteur, n'hésite pas à me le faire savoir.
Devant ce recul, je me suis dit qu'on avait peut-être enfin les moyens de faire une vraie réforme consensuelle, négociée, qui nous permettent de sortir des difficultés du lycée général hérité de Claude Allègre. Certes, cette réforme ne se ferait pas forcément avec Darcos, sans doute assis maintenant sur un strapontin, mais rien n'empêchait plus qu'elle ait lieu.
Il est intéressant de voir que les enseignants, dans leur majorité, voudraient réformer le lycée sur plusieurs aspects. D'abord, la réduction des heures semble admise par tous. Les élèves ont en effet, en seconde, presque 33 heures de cours par semaine, ce qui est trop élevé. Ensuite, la question des modules nous a beaucoup divisé, ce qui signifie qu'ils pourraient être acceptés assez facilement. L'accompagnement éducatif pour tous est une idée positive, puisqu'elle permettrait de se débarrasser de tous les instituts privés d'un coup, s'il ne sert pas à remplacer de vrais cours. Enfin, la rénovation des filières était actée par la majorité : il faut rendre la terminale S réellement scientifique, redonner un sens à la terminale L et continuer de développer les bacs professionnels, qui sont assez recherchés par les employeurs et qui illustrent la volonté de la France de doter les salariés peu qualifiés d'une culture solide et de vrais outils pour améliorer leurs situations.
Les enseignants du secondaire souhaitaient donc, à mon avis, l'apaisement, d'autant plus que d'autres réformes, beaucoup plus profondes, comme celle du recrutement, nécessitaient toutes les attentions. Or, les syndicats lycéens ont maintenu leur appel à la manifestation d'aujourd'hui.
Assez expérimenté maintenant concernant les réactions lycéennes, j'ai eu, cher lecteur, la pensée suivante : "les lycéens font un baroud d'honneur après une victoire ; certains d'entre eux n'ont pas envie de reprendre les cours à deux jours des vacances et il y a sans doute une petite minorité qui prend son pied à contester". La manoeuvre me semblait inutile, car la possibilité de négocier ouvrait de réelles perspectives de changement. Si la réforme aboutissait effectivement à quelque chose d'inacceptable, rien n'empêcherait de reprendre dans quelques mois. Franchement, je m'attendais à un gros bide.
Ce sentiment était conforté par l'absence complète de mouvement dans mon lycée dit difficile. Il y a bien eu une tentative de blocus mené mardi matin par deux classes qui venaient de se rendre compte qu'il se passait quelque chose. Elles avaient surtout deux contrôles à ce moment-là. Le blocus a duré une heure et s'est achevé une fois le couperet du contrôle passé et le froid ayant fait son petit effet.
Et là, ce soir, en rentrant, je découvre dans la presse que, selon la police, 127 000 lycéens ont manifesté aujourd'hui !!! Cela représente 8% du total de la population lycéenne. Cette manifestation est loin d'être anecdotique.
Je dois admettre, cher lecteur, que je suis totalement désarmé pour expliquer cette ampleur, alors que la réforme est repoussée à 2010 et sera, selon Darcos devant le Sénat, complètement refondue. Je ne comprends pas ce que veulent vraiment les lycéens. Bon, les vacances de Noël arrivent, les choses vont se calmer d'elle-même, mais si tu as une opinion là-dessus, cher lecteur, n'hésite pas à me le faire savoir.
La question serait plutôt de savoir ce que ne veulent pas les lycéen. J'ai entendu parler de leur côté d'abandon de la réforme… Il me semble que pour eux, la méfiance vis à vis de Darcos s'impose, non sans raison.
RépondreSupprimerThe Greek syndrom?
RépondreSupprimer@ LCC : S'ils ne veulent pas de Darcos, pourquoi pas, mais je ne suis pas sûr de l'intérêt de l'opération.
RépondreSupprimer@ Manuel : peut-être, mais pas dans mon bahut encore en tout cas.
Et si les lycéens n'aient pas une masse homogène ? Et si par exemple, certains lycéens de "province" (oui je sais Manuel, tu adores ce mot) avaient plus d'ambition que ceux de banlieue (élevés par Booba et son "illegal" qui considère que faire de la maille est un aboutissement en soi) ?
RépondreSupprimerJe suis globalement d'accord avec ton billet, mais je ne comprends pas la phrase suivante :
RépondreSupprimer"Ensuite, la question des modules nous a beaucoup divisé, ce qui signifie qu'ils pourraient être acceptés assez facilement."
Si cette question vous a beaucoup divisés, le principe des modules ne devient-il pas alors difficile à accepter ?
quand on ne comprend plus les jeunes, c'est mauvais signe. Ca veut dire qu'on vieillit...
RépondreSupprimerIls bougent parce qu'ils savent ce que signifie véritablement le pas de danse du ministre.
RépondreSupprimerFranchement, je suis sidéré de lire ton billet. Ton vocabulaire ("les lycéens ont commencé à s'agiter"), ton analyse à côté de la plaque ("les manifestations des enseignants ont eu un certain impact"), ta manière de dénoncer l'opportunisme des élèves.
Besoin de vacances ? A moins que Authueil n'ait raison sur ce coup là ?
salut mathieu
RépondreSupprimeralors on se laisse bercer par le calme de la Seine Saint Denis !!! à Lyon les manifestations vont bon train avec de sérieux débordements en marge
comment les interpréter ?
tout d'abord à mon sens la piste grecque est une manoeuvre gouvernementale pour masquer l'impossibilité de mettre en place un réformette montée dans la précipitation et dont Darcos a pu constater qu'elle ne pourrait être mener à terme dans le ridicule laps de temps qu'impose le volontarisme sarkosien
ensuite je rejoins Fabrice quant à la diversité des élèves, il y a tout des élèves qui développent une réelle réflexion politique (en lien avec le PS d'ailleurs) aux manifestations plus physiques avec des contours anarchisants et aux manifestations proches des pratiques du mouvement altermondialiste depuis 1995 avec les mots d'ordre qui vont avec, et puis la "plaine" cet ensemble d'élèves qui voient arriver noël quelques jours avant et qui font la fête. C'est dans cette plaine que l'on trouve notamment des individu-e-s au comportement plus que discutable (genre "si vous voulez traverser le cortège avec votre voiture c'est cinq euros" aventure qui est arrivé à une de mes collègues).
Plus généralement je suis frappé par la radicalisation des modes d'action comme si les dernières manifestations lycéennes marquées par les attaques de "nos" jeunes de banlieues (remember La Courneuve)influeraient sur leur approche de la contestation.
Sarkosy étant durablement discrédité sur son impossiblité devenue pathologique de se présenter en banlieue suite aux rébellions urbaines qu'il a déclenché lié à la redoutable efficacité des groupes à la recherche de portables au fil des manifestations lycéennes, est-ce qu'une nouvelle culture de la manifestation n'est pas en train d'émerger ? et comme tout commence par les jeunes, cela nous promet sans doute un janvier chaud.
PS : Quant au 93, il démarre toujours après tout le monde, bon mois de janvier ...
@ Fabrice : j'ai dit que les lycéens étaient homogènes ?
RépondreSupprimer@ Rubin : la division démontre qu'il y a débat sur cette question, et que tout va dépendre de la manière de l'appliquer. On attendra le projet du ministre.
@ Authueil : no comment !
@ Mtislav : Tu auras peut-être remarqué que mon texte est la reconnaissance de l'échec d'une analyse qui s'est complètement plantée. Et oui, j'ai besoin de vacances. Voir le commentaire de Vincent qui résume assez ce que je pense aussi, en le disant mieux que moi en plus. Il y a de tout parmi les lycéens qui manifestent, c'est un fait...
@ Vincent : Salut camarade, et heureux de te voir commenter ici pour la première fois.
Oui, le 93 ne bouge que peu depuis le début de ce mouvement. Je sais qu'ils sont toujours en retard, mais d'habitude, ils bougent avant que le mouvement au plan national décolle autant. Pour le moment, c'est plutôt un mouvement qui ne touche pas les lycéens les plus pauvres.
Sur les violences, je ne sais pas comment cela se passe. Je n'ai pas encore eu l'occasion de participer à une de leurs manifs. J'y voyais plutôt de la désinformation gouvernementale.
Sur les suites, je ne ferai pas de pronostic...