A nouveau, cher lecteur, me voici enchaîné par Rubin, mais pour un défi que je trouve beaucoup plus intéressant que le précédent : choisir six livres qui nous représentent le mieux. LOmiG, par un hasard bien opportun, m'a entravé avec la chaîne une seconde fois le même jour. Me voici donc obligé de répondre.
Pourtant, cher lecteur, je vais te faire une confidence : je ne suis pas un grand fan de littérature. Non pas que je n'ai rien lu dans ma vie, au contraire, mais je dois être l'une des personnes qui a le plus d'ouvrages entamés et inachevés dans sa bibliothèque. Ma conjointe, fine lectrice, s'étonne souvent qu'un enseignant d'histoire-géographie ne se passionne pas pour les belles lettres. C'est une évidente contradiction, que j'admets avoir du mal à expliquer. Sans doute faudrait-il l'intervention d'un psychanalyste pour décrypter les tenants et les aboutissants de ce comportement finalement assez mystérieux.
En plus, je dois te dire, cher lecteur, que je suis souvent incapable de t'expliquer les causes de mes choix. Ma sœur, écrivaine qui s'essaie parfois sur internet, m'a souvent demandé ce qui justifiait mes préférences de lecture, et je n'en sais rien. Quand j'aime un livre, je parviens à l'expliquer, mais quand je n'aime pas... En général, le livre mal-aimé traîne sur ma table de nuit quelques semaines, avant que je me décide à le ranger délicatement sur une quelconque étagère.
Je ressens souvent une véritable culpabilité d'avoir calé sur des grands ouvrages de notre littérature française : tout dernièrement, alors que je jetais Voyage au bout de la nuit sur une étagère, je m'interrogeais sur ce qui me faisait cracher sur Céline, alors qu'à l'évidence, ce texte ne manquait pas d'intérêt. Cher lecteur, cette culpabilité n'a pourtant pas duré et le livre est retourné sur son étagère.
Je vais donc tenter quelque chose, mêlant littérature, histoire et géographie, parce que là, j'ai lu beaucoup, et certains ouvrages m'ont vraiment marqué.
En effet, c'est l'histoire qui m'a d'abord donné envie de lire, y compris lorsqu'elle est très romancée, chez Dumas ou Hugo par exemple. Pourtant, je me souviens avoir lu, assez jeune car je le situe mal, Les Raisins de la Colère, de Steinbeck (1938), qui a vraisemblablement joué sur mes idées politiques. Je sais que cet ouvrage fut une souffrance en même temps qu'une révélation.
A la même époque, j'ai été très marqué par un roman sur la Première Guerre Mondiale, La Main coupée, de Blaise Cendrars (1946). Je me suis vu dans les tranchées durant toute la lecture, et j'ai souffert avec les soldats. Dans ce cas précis, bien plus que les délires mémoriels officiels, le livre est une magnifique ouverture sur la mémoire des combattants.
Au passage, au fil de la plume, me viennent tous les auteurs de science-fiction que j'ai dévorés à une période. Malheureusement, beaucoup sont médiocres, mais je te conseille, cher lecteur, de lire Isaac Asimov, et particulièrement les trois premiers tomes du Cycle de Fondation (1951-1953). Asimov est l'un des rares auteurs de SF dont on se dit en le lisant que ce monde est possible.
J'en suis déjà à trois ouvrages. Bon, passé ce cap, je vais te conseiller quelques livres d'histoire. Un choix un peu incongru tout d'abord : L'Etrange défaite, de Marc Bloch (1940). Cet historien est le fondateur de l'Ecole des Annales, qui a refondé l'histoire française au début du XXe siècle en travaillant sur le temps long, en histoire médiévale, avec un monument, à mon humble avis, Les Rois thaumaturges. Pourtant, l'Etrange défaite est tout à fait à part. Bloch s'y livre à une analyse des causes de la défaite de 1940, à peine quelques semaines après la fin des hostilités. C'est un bouquin passionnant, d'une grande rigueur intellectuelle, et qui montre que parfois, devant le poids du présent, l'historien se doit de sortir un peu du passé. C'est un ouvrage touchant et d'une grande humanité à mon sens. S'ajoute à cela l'émotion de savoir que c'est son dernier ouvrage, puisque juif et résistant, il sera assassiné par les nazis durant l'occupation...
En parlant de cela, me revient Machiavel et son Prince (1532). Cela va peut-être te surprendre chez un blogueur comme moi de conseiller ce texte. Pourtant, je m'y réfère souvent intellectuellement, même si je ne le dis jamais.
Enfin, j'aboutis à un ouvrage de géographie. Je trouve que la géographie est souvent assez difficile d'accès au grand public. Tout jeune étudiant, j'ai cependant lu un ouvrage qui devrait te donner envie de te passionner pour l'étude de l'espace. Il s'agit du manifeste pour une géographie politique d'Yves Lacoste : La Géographie, ça sert d'abord à faire la guerre (1976). C'est clair, efficace, logique, tragique et passionnant, quoiqu'un peu dépassé sans doute.
Voilà, cher lecteur (et chers Rubin et LOmiG à travers toi), une tentative un peu difficile de répondre à cette chaîne, après avoir renâclé pendant trois jours.
Il faut maintenant que je désigne des gens pour poursuivre le cycle. Je vais évidemment tendre la perche à Manuel et à Fabrice, qui s'en sortiront, je le sais, avec la plus grande dextérité. Et puis, comme tu as pu le constater, j'ai un faible pour les blogueuses et je passe le relais à Audine et à Marie-Georges Profonde. Comme Gaël a la flemme, voilà un beau thème de billet pour lui. Et enfin, comme il est un de mes principaux pourvoyeurs de lecteurs, je lance le défi à L'inositol.
Bonne lecture !
En plus, je dois te dire, cher lecteur, que je suis souvent incapable de t'expliquer les causes de mes choix. Ma sœur, écrivaine qui s'essaie parfois sur internet, m'a souvent demandé ce qui justifiait mes préférences de lecture, et je n'en sais rien. Quand j'aime un livre, je parviens à l'expliquer, mais quand je n'aime pas... En général, le livre mal-aimé traîne sur ma table de nuit quelques semaines, avant que je me décide à le ranger délicatement sur une quelconque étagère.
Je ressens souvent une véritable culpabilité d'avoir calé sur des grands ouvrages de notre littérature française : tout dernièrement, alors que je jetais Voyage au bout de la nuit sur une étagère, je m'interrogeais sur ce qui me faisait cracher sur Céline, alors qu'à l'évidence, ce texte ne manquait pas d'intérêt. Cher lecteur, cette culpabilité n'a pourtant pas duré et le livre est retourné sur son étagère.
Je vais donc tenter quelque chose, mêlant littérature, histoire et géographie, parce que là, j'ai lu beaucoup, et certains ouvrages m'ont vraiment marqué.
En effet, c'est l'histoire qui m'a d'abord donné envie de lire, y compris lorsqu'elle est très romancée, chez Dumas ou Hugo par exemple. Pourtant, je me souviens avoir lu, assez jeune car je le situe mal, Les Raisins de la Colère, de Steinbeck (1938), qui a vraisemblablement joué sur mes idées politiques. Je sais que cet ouvrage fut une souffrance en même temps qu'une révélation.
A la même époque, j'ai été très marqué par un roman sur la Première Guerre Mondiale, La Main coupée, de Blaise Cendrars (1946). Je me suis vu dans les tranchées durant toute la lecture, et j'ai souffert avec les soldats. Dans ce cas précis, bien plus que les délires mémoriels officiels, le livre est une magnifique ouverture sur la mémoire des combattants.
Au passage, au fil de la plume, me viennent tous les auteurs de science-fiction que j'ai dévorés à une période. Malheureusement, beaucoup sont médiocres, mais je te conseille, cher lecteur, de lire Isaac Asimov, et particulièrement les trois premiers tomes du Cycle de Fondation (1951-1953). Asimov est l'un des rares auteurs de SF dont on se dit en le lisant que ce monde est possible.
J'en suis déjà à trois ouvrages. Bon, passé ce cap, je vais te conseiller quelques livres d'histoire. Un choix un peu incongru tout d'abord : L'Etrange défaite, de Marc Bloch (1940). Cet historien est le fondateur de l'Ecole des Annales, qui a refondé l'histoire française au début du XXe siècle en travaillant sur le temps long, en histoire médiévale, avec un monument, à mon humble avis, Les Rois thaumaturges. Pourtant, l'Etrange défaite est tout à fait à part. Bloch s'y livre à une analyse des causes de la défaite de 1940, à peine quelques semaines après la fin des hostilités. C'est un bouquin passionnant, d'une grande rigueur intellectuelle, et qui montre que parfois, devant le poids du présent, l'historien se doit de sortir un peu du passé. C'est un ouvrage touchant et d'une grande humanité à mon sens. S'ajoute à cela l'émotion de savoir que c'est son dernier ouvrage, puisque juif et résistant, il sera assassiné par les nazis durant l'occupation...
En parlant de cela, me revient Machiavel et son Prince (1532). Cela va peut-être te surprendre chez un blogueur comme moi de conseiller ce texte. Pourtant, je m'y réfère souvent intellectuellement, même si je ne le dis jamais.
Enfin, j'aboutis à un ouvrage de géographie. Je trouve que la géographie est souvent assez difficile d'accès au grand public. Tout jeune étudiant, j'ai cependant lu un ouvrage qui devrait te donner envie de te passionner pour l'étude de l'espace. Il s'agit du manifeste pour une géographie politique d'Yves Lacoste : La Géographie, ça sert d'abord à faire la guerre (1976). C'est clair, efficace, logique, tragique et passionnant, quoiqu'un peu dépassé sans doute.
Voilà, cher lecteur (et chers Rubin et LOmiG à travers toi), une tentative un peu difficile de répondre à cette chaîne, après avoir renâclé pendant trois jours.
Il faut maintenant que je désigne des gens pour poursuivre le cycle. Je vais évidemment tendre la perche à Manuel et à Fabrice, qui s'en sortiront, je le sais, avec la plus grande dextérité. Et puis, comme tu as pu le constater, j'ai un faible pour les blogueuses et je passe le relais à Audine et à Marie-Georges Profonde. Comme Gaël a la flemme, voilà un beau thème de billet pour lui. Et enfin, comme il est un de mes principaux pourvoyeurs de lecteurs, je lance le défi à L'inositol.
Bonne lecture !
Que du très bon ! Je me rappelle avoir moi aussi été bousculé par les Raisins de la Colère. En revanche, ma lecture n'avait pas été politique du tout. Ca me donne envie de le relire...
RépondreSupprimerSinon j'apprécie beaucoup tes choix de Bloch et Asimov. Je trouve en revanche Machiavel un peu "overrated".
Gaël ne connaît pas six livres.
RépondreSupprimerOk Mathieu, c'est noté !
RépondreSupprimer(faut que j'ai un peu de temps)
En revanche, en attendant, tu n'aurais pas un atlas sympa à me conseiller, pour offrir à mon p'tit frère qui adore la géographie (et l'histoire) ?
Nicolas ! ça se paiera !
RépondreSupprimerargh 6 livres ?!
@ Rubin : merci. J'exprime ici mon machiavélisme de gauchiste ! ;)
RépondreSupprimer@ Nicolas : cela fait combien en euros ?
@ Audine : on conseille traditionnellement l'Atlas 2000 (qui ne doit plus s'appeler comme cela maintenant). Pour l'histoire, il y a l'Atlas historique de Larousse, assez complet.
@ Gaël : au boulot, flemmard !
salut Mathieu (et les autres)
RépondreSupprimerJ'ai adoré Les "Raisins de la Colère" également, ainsi que Fondation d'Asimov.
Du coup, j'ai envie d'aller découvrir les autres livres que tu as choisis...!
à bientôt, et merci d'avoir pris le relais !
@ LOmiG : mais de rien. C'est un article que je n'ai pas aimé écrire, mais dont je suis satisfait à postériori.
RépondreSupprimerA bientôt,
Une liste qui donne des idées, très belle liste.
RépondreSupprimerAu fait, Audine a-t-elle répondu ? Je serais curieux de la lire.
RépondreSupprimer@ Mtislav : merci pour le compliment. Je ne crois pas qu'Audine ait répondu.
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