mardi 30 décembre 2008

Et la dette, et la dette, alouette, alouette !

66%... Voilà la part du PIB français que devrait avoir contracté l'État en endettement à la fin de cette année 2008, riche en rebondissements économiques. Alors que le traité de Maastricht impose normalement aux signataires de ne pas dépasser la limite des 60%, la France a à nouveau largement outrepassé cette barre. Doit-on s'en inquiéter, cher lecteur, comme le font certains de nos collègues blogueurs ? Je ne le crois pas.

La France est certes un pays endetté, comme l'ensemble des pays développés par ailleurs. (70% en moyenne, ce qu'on oublie souvent de dire). Globalement, les grandes agences de notation considèrent que la France est un pays très solvable. Son problème actuel est qu'elle engloutit 15% de son budget pour payer les intérêts de sa dette. Seule l'Éducation nationale coûte plus chère à l'État aujourd'hui. Cependant, l'État a un très grand avantage : il est éternel ! Il peut s'endetter, mais il a les moyens, surtout dans un pays riche comme le nôtre, d'étaler sa dette et de la rembourser progressivement. De plus, vu la richesse de nos concitoyens, on sait que les prêteurs retrouveront un jour leur épargne.

Je ne dit pas qu'il faut continuer à s'endetter indéfiniment. Je ne le crois pas, surtout dans la situation actuelle. Cependant, les solutions proposées pour réduire la dette sont souvent de sabrer dans les dépenses, en réduisant la qualité du service public, plutôt que de jouer sur les rentrées. Tu vas me dire, cher lecteur : "augmenter les impôts, mais ça va pas ???" Non, ce n'est pas ma proposition. En France, la majorité des impôts repose sur la consommation (TVA) et les salaires (impôt sur le revenu). Ces recettes sont structurées par les salaires des classes moyennes et des pauvres, qui sont les plus nombreux et qui, mécaniquement, consomment le plus et suscitent ainsi de grosses recettes fiscales. Il faudrait donc pousser les acteurs économiques à privilégier les salaires plutôt que les revenus du capital pour tenter de rétablir un peu l'État et de lui redonner des moyens de lutter contre sa dette.

L'autre solution est celle qui consiste à réduire les dépenses de l'État. Pour pouvoir le faire, il faudrait forcément mener la politique qu'ont adopté des pays comme les États-Unis, l'Espagne ou le Royaume-Uni : déporter l'endettement (qui est un investissement sur l'avenir, je le rappelle), nécessaire quand le travail ne rapporte pas suffisamment, du public vers le privé, c'est-à-dire vers les citoyens, ceux-ci payant ce que l'État assure aujourd'hui (éducation, santé, chômage...) par les prélèvements obligatoires. Or, la dette des ménages est beaucoup plus dangereuse, car une fois surendettés, les ménages font faillite et entraînent avec eux les banques et les entreprises. C'est ce qui vient de se passer dans cette crise financière aux États-Unis ou en Islande par exemple.

Je sais, cher lecteur, que la dette de l'État est une vraie question. Authueil nous apprend aujourd'hui que le gouvernement va tenter de profiter des conditions actuelles du crédit pour restructurer notre dette. On pourra sûrement améliorer les choses ainsi, mais on ne réglera pas le problème de fond : créer les conditions qui évitent la destruction des services publics tout en ne provoquant pas la faillite de l'État.

4 commentaires:

  1. Vincent Bénard a écrit hier un super billet sur le sujet, qui offre une contradiction assez intéressante à ce que tu viens d'écrire. J'ai mis ça en lien chez moi.

    Il me semble que ce que l'épisode islandais nous apprend, c'est qu'aucun État ne peut indéfiniment vivre trop largement au-dessus de ses moyens, que ce soit suivant des politiques économiques libérales ou pas...

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  2. @ Rubin : le billet dont tu parles est en lien dans mon billet. Attention car les Islandais ont aussi endettés les habitants. Ce qu'a fait l'Islande est le pire : endetter l'État et la population.

    Je suis d'accord sur "au-dessus de ses moyens", mais la France ne vit pas au-dessus de ses moyens (si c'était le cas, on serait dans la situation islandaise). Pour moi, ce sont les inégalités sociales qui font le plus de mal dans tout ça.

    A bientôt,

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  3. La dette, la dette... déjà, avant 1789...

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  4. @ Cloran : oui, il semble bien que ce soit une spécificité locale. Les permanences françaises en quelque sorte...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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