Ce matin, cher lecteur, je me suis levé à 5h30. En effet, un membre très proche de ma famille atterrissait à l'aéroport Charles-de-Gaulle tôt le matin. Avec ma conjointe, nous nous sommes lancés sur les routes vers 6h15, et, assez naturellement, j'ai mis en route l'autoradio pour que nous puissions nous informer sur l'actualité du jour.
Immédiatement, s'est déversé sur nous le torrent d'émotions lié à la mort du petit Ilyes, à l'hôpital Cochin hier. La journaliste de France Inter nous décrit par le menu le décès de l'enfant, et on entend ensuite le père qui raconte comment les personnels de l'hôpital auraient laissé son fils mourir en ne réagissant pas assez rapidement. Puis, suite à ces déclarations, la journaliste nous explique que l'infirmière fautive est en garde-à-vue, et on termine par une interview du docteur Patrick Pelloux réclamant la démission de Roselyne Bachelot à cause des dysfonctionnements de l'hôpital public.
Lorsqu'on est ainsi submergé par l'émotion, au petit matin, on entre en résonance complète avec le discours journalistique, on éprouve une réelle émotion en écoutant le père, et on ne réfléchit plus. Et puis, on retrouve ses proches, on prend un bon petit déjeuner, on se pose et on réfléchit.
Ma première réflexion a été de m'étonner que l'infirmière, qui a pourtant reconnu immédiatement sa faute, soit toujours en garde-à-vue. On sait qu'en ce moment, la justice a une tendance lourde à la disproportion. Heureusement, les avocats blogueurs sont là : Maître Eolas m'a permis de lire ce très intéressant article de Gilles Devers, qui nous incite au calme et à l'attente des résultats de l'enquête. Je te le dis, cher lecteur, cela fait du bien et permet de se poser et de réfléchir. Pour moi, cette déformation médiatique de jouer sur le pathos est un vrai problème, que nous devons toujours essayer de combattre. Cela ne nous empêche pas d'éprouver une réelle compassion pour ce père de famille, et d'espérer qu'une telle aventure ne nous arrive jamais.
Vient ensuite le rebondissement politique de l'affaire, et l'affrontement médiatique qui s'ensuit. Il faut à mon avis distinguer deux problèmes. On a d'abord Mme Bachelot qui indique que la procédure de garde-à-vue est normale alors que nos avocats nous disent le contraire, surtout dans le cas d'aveux aussi rapides. Pourquoi la ministre a-t-elle affirmé cela ? A-t-elle justement voulu couvrir une polémique qui risquerait de naître devant la disproportion de l'action judiciaire ? A-t-elle voulu mener une récupération politique ? Je ne peux évidemment me prononcer, mais la moindre des choses serait qu'elle s'en explique.
Faut-il aller jusqu'à réclamer sa démission ? Sur ce point, je vais me placer différemment de Patrick Pelloux. Certes, il faut vérifier si c'est le fonctionnement de l'hôpital qui est en cause, si l'infirmière est seule responsable et si, surtout, le décès vient bien de cette erreur de prescription. Si jamais l'enquête révèle que c'est bien l'organisation de l'hôpital qui est en cause, là, il faut demander la démission du ministre. Si ce n'est pas le cas, il vaut mieux se taire pour éviter d'avoir l'air de faire de la récupération politique : il y a un risque que Pelloux apparaisse comme un opportuniste si jamais l'enquête conclut à une simple, mais terrible, erreur humaine.
Cher lecteur, sortons du pathos, et attendons tranquillement les résultats de l'enquête.
En tout cas, j'adresse à cette famille toutes mes plus sincères condoléances.
Immédiatement, s'est déversé sur nous le torrent d'émotions lié à la mort du petit Ilyes, à l'hôpital Cochin hier. La journaliste de France Inter nous décrit par le menu le décès de l'enfant, et on entend ensuite le père qui raconte comment les personnels de l'hôpital auraient laissé son fils mourir en ne réagissant pas assez rapidement. Puis, suite à ces déclarations, la journaliste nous explique que l'infirmière fautive est en garde-à-vue, et on termine par une interview du docteur Patrick Pelloux réclamant la démission de Roselyne Bachelot à cause des dysfonctionnements de l'hôpital public.
Lorsqu'on est ainsi submergé par l'émotion, au petit matin, on entre en résonance complète avec le discours journalistique, on éprouve une réelle émotion en écoutant le père, et on ne réfléchit plus. Et puis, on retrouve ses proches, on prend un bon petit déjeuner, on se pose et on réfléchit.
Ma première réflexion a été de m'étonner que l'infirmière, qui a pourtant reconnu immédiatement sa faute, soit toujours en garde-à-vue. On sait qu'en ce moment, la justice a une tendance lourde à la disproportion. Heureusement, les avocats blogueurs sont là : Maître Eolas m'a permis de lire ce très intéressant article de Gilles Devers, qui nous incite au calme et à l'attente des résultats de l'enquête. Je te le dis, cher lecteur, cela fait du bien et permet de se poser et de réfléchir. Pour moi, cette déformation médiatique de jouer sur le pathos est un vrai problème, que nous devons toujours essayer de combattre. Cela ne nous empêche pas d'éprouver une réelle compassion pour ce père de famille, et d'espérer qu'une telle aventure ne nous arrive jamais.
Vient ensuite le rebondissement politique de l'affaire, et l'affrontement médiatique qui s'ensuit. Il faut à mon avis distinguer deux problèmes. On a d'abord Mme Bachelot qui indique que la procédure de garde-à-vue est normale alors que nos avocats nous disent le contraire, surtout dans le cas d'aveux aussi rapides. Pourquoi la ministre a-t-elle affirmé cela ? A-t-elle justement voulu couvrir une polémique qui risquerait de naître devant la disproportion de l'action judiciaire ? A-t-elle voulu mener une récupération politique ? Je ne peux évidemment me prononcer, mais la moindre des choses serait qu'elle s'en explique.
Faut-il aller jusqu'à réclamer sa démission ? Sur ce point, je vais me placer différemment de Patrick Pelloux. Certes, il faut vérifier si c'est le fonctionnement de l'hôpital qui est en cause, si l'infirmière est seule responsable et si, surtout, le décès vient bien de cette erreur de prescription. Si jamais l'enquête révèle que c'est bien l'organisation de l'hôpital qui est en cause, là, il faut demander la démission du ministre. Si ce n'est pas le cas, il vaut mieux se taire pour éviter d'avoir l'air de faire de la récupération politique : il y a un risque que Pelloux apparaisse comme un opportuniste si jamais l'enquête conclut à une simple, mais terrible, erreur humaine.
Cher lecteur, sortons du pathos, et attendons tranquillement les résultats de l'enquête.
En tout cas, j'adresse à cette famille toutes mes plus sincères condoléances.
J'aime beaucoup ton billet, et ta mesure dans cette triste affaire. Assez détestable cette polémique entre personnalités, assez détestable.
RépondreSupprimerBon dernier weekend de l'année
@ Montfaucon : que veux-tu, les gens de gauche ne sont pas toujours dans l'excès... ;)
RépondreSupprimerBon week-end à toi aussi.
@ L'Inositol : cela dépend du politiquement correct. Le problème est que Pelloux a peut-être raison, et il a sûrement raison sur la mauvaise déclaration de Bachelot au départ, concernant l'habitude de la garde-à-vue. Aller jusqu'à la démission est peut-être prématuré, mais attendons les résultats de l'enquête. Après, je suis d'accord avec vous sur le mauvais lien entre cette affaire et les problèmes hospitaliers dans leur ensemble.
RépondreSupprimerC'est un peu ce que moi et mon frère pensions. Une telle tragédie n'est à souhaiter à personne mais il est peut-être temps de relativiser. On ne démolit pas un système (aussi faillible qu'il puisse être) à cause d'une erreur ... Après tout l'infirmière est humaine, elle n'est malheureusement pas un robot. C'est un peu aussi ce qui s'est déroulé avec le bébé mort, c'est la loi de Murphy il y en aura surement un autre.
RépondreSupprimerBref, trêve de pessimisme, cette sur médiatisation m'avait énervé. Oui, je manque surement de cœur ...
@ Anonyme : avec le recul, les médias ont sans doute été pris par l'émotion du père.
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