samedi 20 décembre 2008

Le 29 janvier, huit centrales syndicales appellent les Français à la grève !

Cher lecteur, je sais qu'en ces journées, tu es préoccupé par des choses assez futiles. Tu te demandes si les cadeaux qui tu as achetés pour tes proches sont acceptables, s'il faut que tu mettes des huitres ou du foie gras en entrée mercredi soir, et si ton gosse va bien réagir quand il va découvrir sa nouvelle Xbox jeudi matin alors qu'il te réclame une Wii depuis six mois.

Pour te permettre de t'aérer un peu l'esprit, je veux t'aider à te projeter un peu dans l'avenir. Comme tu le sais déjà peut-être, huit fédérations syndicales appellent les salariés, les retraités et les chômeurs à l'action le jeudi 29 janvier 2009. Cette journée a été qualifiée de journée de mobilisation interprofessionnelle, sûrement pour éviter le vocabulaire un peu trop connoté de grève générale. Cela y ressemble pourtant furieusement.

Les mots d'ordre sont de plusieurs niveaux, mais ils concernent principalement le pouvoir d'achat, dont je vais te parler ici. Il y a certes aussi des revendications sur la protection sociale et la qualité du service public : pour te faire ton idée, l'appel est .

Je sais, cher lecteur, ce que tu vas immédiatement te dire : "décidément, ce privilégié en est vraiment un ! Il veut que je m'aère l'esprit avec une grève. En plus, il pense déjà à un moyen d'éviter de travailler alors qu'il vient à peine de débuter une nouvelle période de vacances totalement imméritée. Et puis, me parler de pouvoir d'achat alors que je n'ai plus d'argent après avoir acheté tous mes cadeaux et que je ne peux même plus m'acheter une botte de poireaux, faut le faire".

Eh bien, justement. Si on lit la presse, cette réclamation peut sembler totalement ahurissante, alors qu'on est en pleine crise financière, que les entreprises se cassent la gueule et que l'État croule sous sa dette. Les économistes avancent deux types de raison pour justifier cela : d'abord, si on élève les salaires, les Français achètent des produits étrangers ce qui ne sert à rien pour l'économie française ; ensuite, les entreprises sont incapables de surmonter ce gouffre que sont les salaires, et l'État encore plus, et ce n'est donc pas le moment de jouer avec cela. Attention aussi aux fameuses tensions inflationnistes dont on nous rabâchait les oreilles avant le début de la crise.

Il est intéressant de constater tout d'abord que les arguments étaient les mêmes durant la période de croissance. Finalement, on en vient à se dire que les salaires ne doivent jamais augmenter. C'est étrange, car il me semble que les économistes s'accordent quand même sur le fait que les pauvres et les classes moyennes, globalement, ont tendance à dépenser leurs salaires et à faire tourner la machine. Or, depuis le début des années 1980, les entreprises ont privilégié la hausse des revenus du capital, ce qui fait que la croissance régulière du PIB a moins bénéficié aux salariés qu'aux capitalistes. On pourrait envisager de rééquilibrer un peu les choses, ce qui aurait l'avantage de faire repartir la machine économique. Certes, cela imposerait aux entreprises de revoir leurs politiques de dividendes, mais après tout, pourquoi pas ?

Reste l'argument de l'argent qui sort. Globalement, peut-on empêcher notre argent de sortir ? Ces économistes qui se plaignent de la sortie de l'argent ont été ceux qui ont largement soutenu un processus de mondialisation qu'ils estiment être bénéfique. De plus, n'est-ce pas aussi très positif pour nous que les pays du Sud ne décroissent pas ? Vu que nous sommes en haut de la chaîne économique, les Chinois et les Indiens achètent des produits occidentaux de haute-technologie s'ils ont des moyens, et l'argent revient donc par la suite, peut-être même en plus grande quantité, car nous achetons au Sud des produits peu chers, alors qu'eux nous achètent du cher. La mondialisation est quand même, globalement, un processus qui bénéficie avant tout aux pays riches, dont nous faisons partie.

Pour toutes ces raisons, la grève du 29 janvier ne me semble pas du tout incohérente et illégitime. D'ailleurs, c'est souvent dans des périodes de crise que certains mouvements sociaux ont eu de vrais succès et ont fait progresser nos droits et notre qualité de vie : souviens-toi de 1848 ou de 1936.

Maintenant, je n'irai pas, vu mon échec de prévision sur la manifestation de jeudi des lycéens, me risquer à un pronostic de succès ou de flop. Deux choses joueront pour permettre le succès :
  • Il faut que tout le monde soit dans la rue, public comme privé. Si le privé ne se mouille pas un peu, cette grève n'a aucune chance de fonctionner.
  • Il faut que Sarkozy continue à s'inquiéter du contexte. L'influence de la Grèce est sans doute plus une angoisse qu'une peur, mais le gouvernement s'inquiète. Peut-être est-ce le moment de créer un rapport de force ?
J'espère juste que les syndicats, si jamais le mouvement est fort, ne se dégonfleront pas et mèneront une véritable action. Cette lutte en vaut la peine : le salaire est le seul revenu cohérent et honnête et qui permet de vraiment se construire un avenir, ne l'oublions pas !

4 commentaires:

  1. Tiens, mon syndicat appelle aussi à la grève... En ce moment, tellement marre d'un peu tout que...

    Après, faudra voir pour quoi faire le rapport de force. Pour quel projet.
    Mais celui du pouvoir d'achat, et d'une meilleure valorisation du travail, ça ne me semble pas être un combat choquant...

    Bon weekend

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  2. @ Faucon colline : allez, une journée de salaire, c'est pas si terrible. Cela fait toujours du bien, une petite manif.

    Pour les suites, ouh là, c'est bien trop tôt pour se poser ces questions...

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  3. @ Faucon : allez, juste une fois pour voir...

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