Aujourd'hui, le premier ministre a une nouvelle fois appelé à l'unité nationale devant la crise. Contrairement à son attente, l'Assemblée nationale va apparemment se diviser sur le plan Sarkozy pour sauver les banques.
Je voudrai revenir, cher lecteur, sur le terme d'Unité nationale. Ce vocabulaire-là n'est pas du tout innocent. Il date de la Première Guerre Mondiale. Au début du conflit, l'ensemble des partis politiques se réunirent pour former un gouvernement pour enfin régler leurs comptes aux infâmes Prussiens qui nous avaient scandaleusement dérobé l'Alsace-Lorraine. C'est à ce moment-là qu'un socialiste entra au gouvernement pour la première fois, Albert Thomas. Cette alliance tint bon jusqu'en 1917. L'Unité nationale est donc une tradition lorsque la patrie est menacée. Est-ce le cas ? La réponse est non.
François Fillon a sorti ce vocable dès le début de la débâcle boursière. Y avait-il un précédent économique ? La réponse est encore non. Bien au contraire, en 1929, la droite et la gauche française se sont royalement affrontées. La gauche est finalement parvenue à accéder au pouvoir en 1936. Il en fut de même dans les années 1970, la gauche du programme commun affrontant l'alliance centro-gaulliste. En France, la question économique n'a jamais fait l'objet d'un consensus quelconque, contrairement à ce qui peut se passer dans d'autres pays de notre beau monde développé.
Dès le début du mandat du petit président, les mouvements de gauche ont dénoncé l'inefficacité de la politique sarkozyste, celui-ci poursuivant la libéralisation tout en accroissant le poids du travail sur les salariés, coulant les finances publiques pour faire des cadeaux fiscaux aux plus aisés sans résultat économique avéré, gesticulant plus qu'agissant. Cette faiblesse des leaders de droite est une constante depuis les années 1980 dans le domaine économique.
Le vote par la gauche de ce sauvetage des banques n'est en rien une nécessité. Tout le monde sait qu'il faut financer le système bancaire pour éviter de ruiner les citoyens qui y ont mis leurs économies. D'ailleurs, le PS va s'abstenir et le PCF voter contre, mais vu le nombre de députés, cela n'empêchera pas le vote de la loi. Ce qui est plus scandaleux, c'est que le gouvernement tente de se refaire une légitimité sur ce sauvetage de l'économie alors qu'il a lui-même aggravé la crise, qu'il a refusé de voir venir, en sapant les moyens d'intervention de l'État.
Alors, cher lecteur, non seulement je soutiens les parlementaires de gauche dans leurs choix, mais je les appelle aussi à déposer une motion de censure. La crise était annoncée par certains économistes depuis au moins deux ans (je pense à Bernard Maris, à Pierre Larrouturou, à Joseph Stiglitz) mais ce gouvernement a refusé d'écouter les avertissements. A cause de cela, il mérite d'être mis à la porte.
Cher lecteur, répercute cet appel sur les autres blogs et sur les sites de journaux, et demande que le PS, le PCF et les Verts déposent une motion de censure. Pas question d'Unité Nationale avec une majorité d'irresponsables !
Ce n'est pas une remarque mais un brulôt !
RépondreSupprimer@ Mtislav : ça, c'est un compliment.
RépondreSupprimerBonjour Mathieu,
RépondreSupprimerEffectivement c’est un brulot dans lequel tu t’es défoulé et j’avoue avoir été un peu étonné de lire ça de ta part !
On en a déjà un peu parlé à propos du vote sur l’Afghanistan et tu soutenais déjà comme une évidence que le système majoritaire impose de ne jamais voter comme ses adversaires. Inutile de te dire que je n’étais déjà pas d’accord et que ça ne s’est pas vraiment arrangé avec l’épisode « sauvetage des Banques » !
Je peux comprendre tes reproches fais au gouvernement sur sa politique même si je ne les partage pas tous, je peux comprendre que tu utilises cette crise pour appeler à la censure de ce gouvernement, mais je ne comprends pas comment tu peux encore justifier sinon encourager la non-position du PS et des Verts !
Sur un sujet d’importance comme celui-ci, je considère qu’il faut exprimer un avis clair et voter en cohérence avec cet avis et que les considérations de petite politique interne au parti et externe devrait être, pour une fois, mise à l’écart !
En agissant de cette manière le PS et son parti croupion, les Verts, sont parfaitement illisibles !
Encore une fois après le traité de Lisbonne et l’Afghanistan on en ressort sans vraiment savoir quelle est leur position ou en d’autres termes sans savoir ce qu’ils auraient faits s’ils avaient été au gouvernement !!!
Crois-moi, je le regrette vraiment car on a besoin d’une opposition crédible, capable de représenter une alternative à Sarkozy !
On peut effectivement peut-être parler de « faiblesse des leaders de Droite » en matière d’économie mais les leaders de gauche sont certainement pas mieux lotis.
Enfin, je ne comprends pas comment tu peux dire que le Gouvernement a «...aggravé la crise, qu'il a refusé de voir venir, en sapant les moyens d'intervention de l'État » ! ...en quoi le Gouvernement à sapé les moyens d’intervention de l’Etat et en quoi cela a aggravé la crise ?... j’ai du mal à faire le lien ! ...si je n’avais pas l’habitude de te lire, j’aurais été tenté de considérer que tu ne fais que répéter le discours un peu facile sinon populiste de certains membres de l’opposition voire de la LCR ! ...mais non, il y a certainement une autre explication !
@ Nicolas007bis : Merci pour ce long commentaire auquel je vais essayer de répondre en t'éclairant le mieux possible.
RépondreSupprimerJe ne justifie pas pleinement la position du PS et des Verts. Pour moi, ils auraient dû voter non, en sachant bien que cela ne bloquerait pas de toute façon la loi. Malheureusement, cette loi est indispensable pour sauver le système bancaire. L'objectif de mon papier était plutôt de demander qu'une motion de censure soit déposée.
Concernant la crédibilité de l'opposition, si le PS avait voté pour, on aurait dit qu'elle suivait la droite. C'est à mon avis pour rejeter le discours "unité nationale" de Fillon qu'il fallait à ce moment-là voter non.
Pour la dernière phrase que tu as indiqué en gras, je pensais à la loi TEPA, qui a privé l'Etat de 15 milliards d'euros sans aucune efficacité sur l'activité économique, sur des idées vaseuses que je dénonce régulièrement sur ce blog. Je pensais aussi à ce qui se passe en ce moment dans l'Education nationale, où on commence à nous dire que l'Etat n'a plus de moyens pour l'école et qu'il va falloir encore faire plus d'économies sur le dos des gamins, alors que cet argent était là. Moi, j'aurai préféré qu'on mette l'argent public dans l'école, les hôpitaux, les transports, que dans le sauvetage des capitalistes et des libéraux irresponsables.
C'est vrai, c'est une réaction sanguine, mais des fois, ça fait du bien.
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RépondreSupprimerVoter non, s'abstenir, voter oui, il y a des arguments valables pour chaque des positions.
RépondreSupprimerOn peut voter non parce qu'on est contre le texte sur le fond. S'abstenir parce qu'on est contre le texte mais pour le sauvetage du système bancaire. Voter oui parce qu'on est pour le texte.
Quel que soit le choix qu'aurait fait le PS, il aurait été illisible.
Il ne pouvait pas voter oui alors que le texte proposé n'est qu'un palliatif sans garantie (sinon les promesses de Sarko dont on sait ce qu'elles valent).
Voter non aurait été perçu comme un manque de réalisme flagrant et aurait donner des arguments destructeurs à la droite.
L'abstention n'est jamais satisfaisante, mais ce fut sans doute le moindre mal.
@ CC : voter oui aurait été catastrophique.
RépondreSupprimerEntre le non et le bof, mon coeur balance...
@ CC
RépondreSupprimerSi l'abstention est parfois le moindre mal, c'est surtout manifestement le réflexe premier du PS dès qu'un vote un peu "politique" doit se faire, et je ne pense pas qu'il sorte grandi de cette tiédeur. On fait tout un tintouin médiatique, on s'offusque, on fait des envolées lyriques pour combattre une réforme institutionnelle sans réel intérêt (hormis pour les politiques, le citoyen lambda n'a que peu d'intérêt pour les rapports de force Président/Assemblées au final) et dès qu'il est question de politique il n'y a plus personne....
Au final, l'UMP sort moins abîmée de ce non-débat que le PS, "moindre mal", il faut savoir pour qui...
@ Mathieu
RépondreSupprimerUn 2ème et, rassure toi, dernier (sur ce billet en tout cas) long commentaire
Je suis d’accord avec toi, la loi TEPA me semble effectivement une erreur dans son principe de base, mais si on en croit les promesses de campagne de Ségolène, les Socialistes au pouvoir se seraient également empressés, certes sous une forme différente, de distribuer du pouvoir d’achat et probablement pour des montants plus importants.
Quand à dire que l’on préférerait dépenser de l’argent dans les écoles, les hôpitaux ou les sans abris, évidemment tout le monde est d’accord (enfin moi en tout cas)!
Le seul problème c’est que de l’argent la France n’en a plus et elle est endettée jusqu’au cou !
Il ne faut pas considérer que l’argent destiné au système bancaire est de l’argent qui aurait pu être (mieux) utilisé ailleurs d’abord parce que cet argent sera ou prêté (et souvent sur des courtes durées) ou qu’il servira à entrer dans le capital des banques avec l’espoir d’une plus value à terme. De toute façon, c’est à mon sens en tout cas, un cas de force majeur qui ne laisse que peu de choix.
Enfin, pour en revenir au vote des Socialistes, je suis d’accord avec Fabrice, cette tiédeur est préjudiciable au PS.
Personnellement, ce que j’attends d'eux c’est qu’ils me disent ce qu’ils auraient fait s’ils avaient été au pouvoir. Ou ils auraient proposé et voté ce plan et dans ce cas qu’ils le votent ou ils auraient proposés un autre plan et dans ce cas qu’ils nous le disent … et je n’ai pas connaissance d’une solution alternative de leur part !
Comment peuvent-ils espérer être crédibles s’ils ne nous montrent pas clairement à quoi eux même ils croient ?
Cela dit, la réaction sanguine tant qu’elle est exprimée tel que tu le fais, ça défoule, ça fait du bien et ne t’en prive surtout pas !
@ Nicolas007bis : soit pour l'ensemble de ton argumentaire. Je continue à penser que l'abstention n'aurait pas été un mauvais choix, mais le discours de Fillon imposait le vote non.
RépondreSupprimerPour ce qu'aurait fait les socialistes, je ne ferai pas de politique fiction : ils n'ont pas été élus, donc, on n'en sait rien...